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Vous n'avez pas le monopole du cœur


roger15

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Remarque préliminaire pour la modération de Webastro : ce sujet ne parle pas de politique, mais évoque une période de l'histoire de France il y a déjà 38 ans. D'ailleurs je supplie les Webastrams de ne poster aucune réponse à caractère politique concernant ce sujet. Merci d'avance.

;)

 

Vous n'avez pas le monopole du cœur.

 

 

Bonjour à toutes et bonjour à tous, :)

 

Je voudrais vous ramener 38 ans en arrière, très précisément à la soirée du vendredi 10 mai 1974. Ce soir-là sur les deux premières chaînes de la télévision française était diffusé en direct le premier débat télévisé opposant les deux finalistes de la troisième élection présidentielle au suffrage universel de la cinquième république française. Vingt-cinq millions de téléspectateurs en France suivirent ce premier débat (qui fut également retransmis en direct sur la plupart des pays francophones du monde).

 

Pour l'avoir à l'époque suivi très attentivement, et pour en avoir discuté la semaine suivante avec pas mal de monde, je peux vous assurer d'une chose : ce type de débat ne change quasiment rien au score final, chacun trouvant évidemment que c'est son candidat préféré qui a été le meilleur... ;)

 

Le dimanche 19 mai 1974 à 20 heures les deux chaînes de la télévision française communiquèrent les estimations de l'institut de sondage "SOFRES" :

 

Voici comment la deuxième chaîne (la future "Antenne 2" puis "France 2"), déjà diffusée en couleur, a présenté cette estimation :

 

 

ERROR: Si vous lisez ce texte, YouTube est hors-ligne ou vous n'avez pas installe Flash

 

 

Les chiffres officiels du Conseil Constitutionnel confirmeront ensuite cette estimation (voir la décision du Conseil Constitutionnel du samedi 25 mai 1974 : http://www.conseil-constitutionnel.fr/conseil-constitutionnel/francais/les-decisions/acces-par-date/decisions-depuis-1959/1974/proclamation-presidentielle-1974/decision-proclamation-presidentielle-1974-du-24-mai-1974.7411.html) :

 

  • Electeurs inscrits : 30 600 775 ;
  • Votants : 26 724 595 (soit 87,33 % des électeurs inscrits) ;
  • Suffrages exprimés : 26 367 807 (soit 86,17 % des électeurs inscrits et 98,66 % des votants) ;
  • Majorité absolue : 3 183 904 (la moitié des suffrages exprimés plus un) ;
  • Suffrages obtenus par Monsieur Valéry Giscard d'Estaing : 13 396 203 (50,81 % des suffrages exprimés) ;
  • Suffrages obtenus par Monsieur François Mitterrand : 12 971 604 (49,19 % des suffrages exprimés).

Six ans et demi plus tard, il devenait évident qu'en mai 1981 les deux finalistes de l'élection présidentielle de mai 1974 se retrouveraient face à face pour un nouveau débat télévisé. Le candidat socialiste fit visionner très attentivement l'enregistrement du débat du 10 mai 1974 pour en tirer des conséquences. Le verdict fut : si Mitterrand a perdu ce fut à cause des "plans de coupe" !... Les "plans de coupe" concernent les moments où un candidat s'exprime mais où l'on voit à l'image celui qui ne s'exprime pas. Il parait qu'il y en eu beaucoup trop montrant François Mitterrand alors que Valéry Giscard d'Estaing parlait. Depuis lors, une des premières conditions des socialistes lors de ces débats télévisés est l'interdiction des fameux "plans de coupe".

 

Ayant gagné l'élection présidentielle de mai 1981 François Miterrand a annoncé en 1983 à son premier Premier Ministre, Pierre Mauroy, ce qui selon lui lui aurait fait perdre l'élection de mai 1974 : ce serait la phrase prononcée par Valéry Giscard d'Estaing « Vous n'avez pas le monopole du cœur » (voir :

).

 

« Tout d'abord je trouve toujours choquant et blessant de s'arroger le monopole du cœur. Vous n'avez pas Monsieur Mitterrand, le monopole du cœur ! Vous ne l'avez pas... J'ai un cœur comme le vôtre qui bat à sa cadence et qui est le mien. Vous n'avez pas le monopole du cœur. »

 

Et depuis lors, tous les médias et tous les "spécialistes" de la vie politique française ne cessent de répéter à l'unisson que c'est cette phrase qui a été le point fort du débat du 10 mai 1974.

 

L'ennui, c'est qu'au lendemain de ce débat aucun journal n'en a fait mention... Moi-même, je n'ai pas retenu cette phrase devenue parait-il "historique".

 

Vous pourrez retrouver l'intégralité (ça dure tout de même 1 heure 41 minutes et 19 secondes) de ce premier débat sur ce lien Youtube :

 

 

ERROR: Si vous lisez ce texte, YouTube est hors-ligne ou vous n'avez pas installe Flash

 

 

La fameuse phrase « Vous n'avez pas le monopole du cœur » se trouve à 1 heure 12 minutes et 37 secondes.

 

En revanche, aucun "expert" ou presque ne fait aujourd'hui mention d'une autre phrase de VGE, phrase qui m'avait beaucoup étonné à l'époque, celle où Valéry Giscard d'Estaing a subtilement lancé comme une "peau de banane" à François Mitterrand en lui déclarant publiquement : « Dans les élections de dimanche dernier vous avez noté les résultats de la ville de Clermont-Ferrand. Clermont-Ferrand est une ville qui a une des usines les plus grandes de France et qui a une municipalité socialiste. Et c'est une ville qui vous connaît bien, et qui me connaît bien, et qui donc sait ce que je suis et ce que je représente. Eh bien vous avez noté comme moi que la ville de Clermont-Ferrand m'a donné plus de voix qu'à vous. Et il y a des travailleurs à Clermont-Ferrand, Monsieur Mitterrand. »

 

Cette "pique" de Valéry Giscard d'Estaing à François Mitterrand est visible à 29 minutes et 12 secondes du débat sur le lien YouTube.

 

A l'époque j'avoue avoir été très surpris que VGE évoque devant François Mitterrand les résultats de Clermont-Ferrand. Pendant 33 ans je n'ai jamais su les dessous de l'allusion aux résultats de la préfecture du Puy-de-Dôme... :?:

 

Ce n'est qu'en janvier 2007 lorsque est paru le livre "La prise de l'Elysée" de Jacques Séguéla et Thierry Saussez que j'ai enfin su le sens de cette "peau de banane" lancée par Valéry Giscard d'Estaing.

 

 

9782259205634.jpg

 

 

Aux pages 120 et 121 de ce livre Jacques Séguéla (qui fut l'inventeur du célèbre slogan "la force tranquille" lors de la campagne présidentielle de mai 1981) déclare ceci :

 

« On a beaucoup glosé sur la formule de Giscard “Vous n'avez pas le monopole du cœur”. A coup sûr, elle a joué. Même si, comme pour l'affiche de 1981, “La force tranquille”, son impact a été très surévalué après coup. Devenues spectacles, les campagnes se déroulent comme des films ou des pièces de théâtre. On se laisse emporter sans réellement savoir ce qui nous porte, sinon une émotion, une vibration puis une adhésion qui nous transporte.

 

(...)

 

Il y a eu enfin le coup bas qui a peut-être décidé de la victoire. Nul ne le perçut, sauf l'agressé. Comme la France l'a appris depuis, le secrétaire du PS avait une liaison avec Anne Pingeot, qui vivait à Clermont-Ferrand. Giscard, qui était élu en Auvergne, avait bien évidemment eu vent de cette histoire. Il décochera en cours d'émission sa flèche assassine : une allusion à cette ville, au fait que Mitterrand la connaissait bien, et qu'il y était connu... Une perfidie qui scellera une haine sans fin.

 

Ce fatal face-à-face sonnera la victoire de VGE : 10% des sondés avoueront avoir changé d'avis au cours du débat. Le vaincu reconnaîtra lui-même avoir perdu ce soir-là 200 000 à 300 000 voix. L'élection s'étant joué à 424 000 voix sur 26,4 millions de suffrages exprimés. »

 

Roger le Cantalien. :rolleyes:

Modifié par roger15
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Totalement d'accord, sur ces phrases qui, plusieurs années plus tard, passent pour des phrases "historiques", alors qu'il n'en est rien... Mouais, tentative de théâtralisation de la vie politique certainement...

 

Le pire, c'est qu'on les retient. :be:

 

"En plus d'être un homme du passé, vous êtes l'homme du passif".

 

 

"Je ne suis plus le premier ministre, mais le candidat et adversaire.

- Je suis totalement d'accord, monsieur le premier ministre".

 

Arf, quelle bande.:rolleyes:

 

Donc, avant que ce topic ne ferme, je n'ai qu'une seule chose à dire:

 

"Au revoir!" *marseillaise* :cool:

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Le passage ou Mitterand s'exprime sur le parti communiste est amusant... Il semblerait donc qu'il ne faille pas exclure une partie de la population en raison de leurs idées...

 

Lorsque l'on voit ce qui est pratiqué par ces même personnes de nos jours à l'égard d'autres partis, on est en droit de se demander si la mauvaise foi n'est pas le mot d'ordre à suivre dans cette jungle qu'est la politique...

 

Nicolas

 

P.S: amusant également, si l'on écoute bien le débat, et surtout l'un des deux candidats, de constater que notre situation actuelle était parfaitement prévisible...

Modifié par White-Sky
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Remarque préliminaire pour la modération de Webastro : ce sujet ne parle pas de politique, mais évoque une période de l'histoire de France il y a déjà 38 ans. D'ailleurs je supplie les Webastrams de ne poster aucune réponse à caractère politique concernant ce sujet. Merci d'avance.

;)

 

Pour éviter ce risque, il y avait une solution simple : ne pas poster le sujet à quelques jours du 2ème tour d'une élection présidentielle, à 24 heures du débat entre les candidats. Dans le cas présent, ce n'est pas un peu tenter le diable Roger ? (mais c'est peut-être ton côté diabolique qui ressort... :rolleyes:)

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Thierry a raison! Si tu veux pas de problème, parle du lait en poudre, et encore, pas des vaches, c'est vite politique ces animaux là!

 

Personnellement je crains que ces débats donnent l'avantage au plus télégénique. D'ailleurs Mitt'rand l'a bien compris, qui a travaillé son image télé durant les sept années suivantes, pour l'emporter au coup suivant!

Ces débats donnent l'avantage au paraître sur le fond, c'est dommage.

 

 

Dans la série des petites phrases historiques, j'aime bien la réplique de Mitterrand à Chirac..

Chirac:

"Osez me dire dans les yeux que..."

 

Mitterrand, le regard féroce et le sourire carnassier, se penchant vers Chirac:

 

"Dans les yeux, j'ose..."

 

J'attends du prochain débat de savoir comment Hollande gérera l'agressivité de Sarkozy. S'il ne bafouille pas et sait ne pas se départir, garde une certaine aisance, il a gagné. S'il semble décontenancé, il a perdu. Connerie ces débats...

 

:)

Modifié par GéGé
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Ah ça... C'est vrai que je n'aimerais pas avoir à débattre face à un avocat d'affaire de profession qui quoique l'on en dise maîtrisera très certainement son sujet... Personnellement je ne sais pas si ce débat changera grand chose à l'issue finale... En soi, cela ne serait pas super pour la France... La guerre des chefs qui en découlerait à droite favoriserait grandement la vague extrème pour les législatives...

 

Plus que cinq ans allez... :p

 

Nicolas

 

P.s: cinq ans et mon diplôme en poche, je me c*** :be:

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quelque soit l'issue de ce scrutin cette deuxième partie de 2012 sera dure ... 2013 surement aussi et pour le reste on verra bien.

Peu importe l'issue des élections ...

La marge de manoeuvre est faible espérons qu'il n'y aura pas de faux pas dans la gestion de ce pays.

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La marge de manoeuvre est faible espérons qu'il n'y aura pas de faux pas dans la gestion de ce pays.

 

Comme qu'ils disent et martèlent à longueur d'interview ou débat en Belgique: "chacun doit prendre ses responsabilités" (et de rajouter "autour de la table des négociations")

 

Voilà, donc, vous savez quoi faire en France hein les amis?

Chacun doit prendre ses responsabilités.

C'est simple!

Et si c'est compliqué, il faut prendre ses responsabilités autour d'une table des négociations, ensemble avec les autres qui prennent leurs responsabilités.

Et tous et tout dans la joie et l'allégresse, nous prenons nos responsabilités!

 

Patte.

Modifié par syncopatte
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C'était toute une époque et une mentalité différentes : les politiciens même s'ils n'étaient pas meilleurs que maintenant, ne se prenaient pas autant au sérieux, comme disent les jeunes, "ils s'la petaient pas". Les humoristes pouvaient "casser" du politiciens sans se voir interdits ou carrément en procès. Je me demande ce qu'il adviendrait aujourd'hui d'un Coluche, Le Luron...Sans distinction d'appartenance politique, on leur clouerait le bec rapidos. Les places d'élus devaient être bonnes puisqu'ils se battaient pour, mais les politiciens faisaient beaucoup de spectacle et jouaient eux-même de leurs tics et habitudes en les exagérant comme une marque de fabrique.

Pour simplifier, la politique à cette époque arrivait à nous faire rire, maintenant elle nous fait systématiquement pleurer, au figuré comme au propre ; il n'y a qu'a voir le dedain des français pour les scrutins.

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C'était toute une époque et une mentalité différentes : les politiciens même s'ils n'étaient pas meilleurs que maintenant, ne se prenaient pas autant au sérieux

 

Ce qui a surtout changé, c'est la médiatisation à outrance. Les médias traitent la politique sous un angle "people" (les petites phrases, le paraître). On est presque dans la "starisation". Et les politiques se rendent compte que ça marche, et en remettent une couche.

 

Tout cela au détriment de la retenue et de la qualité des débats (il n'y a qu'à voir le niveau "cour d'école" d'un côté comme de l'autre, le ton irrespectueux à tous les étages). De la politique de bistrot, en somme.

 

Mais voilà, là, ça intéresse la plèbe, et les débats télévisés explosent l'audimat.

 

Ca s'applique surtout aux présidentielles (un homme ou une femme incarne un parti, c'est un peu le "combat des chefs"). Résultat: un taux de participation élevé.

 

Ca faiblit un peu aux législatives (on est toujours dans la mouvance des présidentielles), ça s'effondre aux cantonales, ça remonte un peu aux municipales.

 

Bref, rien de bien réjouissant sur le fond. Et pendant ce temps-là, rien ne change.

 

Enfin, vaut mieux en rire (mais pour ça, il faut voyager dans le temps, parce qu'aujourd'hui... :/)

 

"http://www.youtube.com/watch?v=gpxMMTsvVlI" via YouTube
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Modifié par Tannhauser
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Et les débats avec Georges Marchais, ça ça payait ! ! !

Pas un grand orateur, mais une bête de scène....

 

 

"Taisez-vous Elkabbach" ça ça avait de la gueule oui !

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Rhâââ... mais non, là on se remémore juste avec nostalgie certains grands moments du PAF.

 

Dès le 2è me tour passé, on ouvrira un sujet sur les phrases cultes des Bronzés pour convenir à ceux qui se sentent laissés pour compte! :be:

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