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Éclipse totale 2017 aux USA - Lucid Dream


Vakoran

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J'ai cherché un titre qui me différencierait de ceux choisis par Lasilla et Serge Vieillard pour leurs excellents CROA (allez vite les lire ici et si ce n'est déjà fait, bande de sacripants), mais comment ne pas parler de "rêve", lorsque :

- L'on prépare un voyage pendant plus de 2 ans

- L'on n'a pourtant pas l'habitude de voyager

- L'on découvre ainsi un pays grandiose et magnifique

- L'on observe ainsi sa première éclipse totale de soleil

- Etc. :)

 

Eh oui, plus de 2 ans que j'écume discrètement (c'est mon côté lurker) les divers forums et autres sources d'information sur Internet, pour mettre tout cela en musique.

Plus de 2 ans que je m'enthousiasme à l'idée de visiter des sites qui paraissent majestueux.

Plus de 2 ans que je prévois notre parcours, prenant en compte les dates, la météo probable, le coût des billets, les moments de visite et ceux plus calmes pour souffler un peu (car je tiens à ce que les petites nous accompagnent pour ce périple qui s'annonce inoubliable).

Plus de 2 ans que je me renseigne sur les dangers sur place, m'imaginant en train de repousser vaillamment un lion des montagnes pendant que ma famille admirative m'encourage. :cool:

Plus de 2 ans que je tremble, parfois, lorsque certains évoquent la probabilité que les forces de l'ordre américaines bloquent toutes les routes par mesure de sécurité, le long de la bande de centralité... :confused:

 

Bref, plus 2 ans de préparation en pointillés, avec des périodes plus ou moins chargées. En août 2016, je ne vous raconte pas le temps passé à trouver les billets d'avion les plus avantageux et les hôtels les mieux placés et les moins chers possible pour notre parcours !

 

P*****, 2 ans, comme dirait l'autre au début des années 90, ce qui ne nous rajeunit pas !

 

Eh ben vous savez quoi ? Deux ans, ça passe très vite en fait.

 

Mais le boulot et les divers tracas de la vie quotidienne m'ont aidé à patienter, c'est sûr !

 

Ceci n'est pas qu'un CROA. En fait, la partie "A" sera réduite à la portion congrue et j'espère que vous m'en excuserez, car voici...

 

Le récit du périple de Vakoran (et sa famille) dans l'Ouest américain !

 

Vous voilà donc prévenus, en fait de CROA, vous allez donc, si vous en avez le courage, lire un CROTALE (Compte-Rendu d'Observation en Terre Américaine Lors de l'Eclipse), ce qui semble à-propos.

 

Plus sérieusement, j'avoue écrire ce récit avant tout pour moi-même : je compte dessus pour y revenir plus tard, de temps en temps, et me remémorer chaque instant de ce séjour unique. J'ai parfaitement conscience qu'il sera bien trop long pour que beaucoup de lecteurs me suivent jusqu'à son terme. J'espère néanmoins qu'il y aura parmi ces lecteurs quelques personnes qui y trouveront leur compte, elles aussi, en les faisant rêver un peu...

 

Comme pour les pièces de théâtre, et afin que les choses soient claires, laissez-moi présenter les "nombreux" personnages de cette épopée :

 

- Vakoran : Père de famille et astronome amateur, cet homme dans la force de l'âge, beau, intelligent, modeste et d'une volonté à toute épreuve, a toutes les qualités requises pour que sa famille et lui passent un séjour inoubliable. :cool:

 

- Madame : Ce n'est pas celle de La Compagnie Noire, même si elle en a le charme et l'autorité naturelle. Épouse et fidèle soutien de Vakoran dans sa quête, et bien que parfois un brin râleuse, elle saura le soutenir et apprécier ces deux semaines à leur juste valeur. :love:

 

- L'Aînée : Première fille du couple ci-dessus décrit, c'est une enfant de 10 ans, aimant par-dessus tout grimper sur les rochers et rencontrer la faune américaine. Peu intéressée par les paysages, sa blasitude liée à l'approche de l'adolescence l'amènera à des réactions peu en accord avec celles du reste du groupe. :blase2:

 

- La Cadette : Automobile compacte du constructeur allemand Opel. La benjamine du groupe, une fillette de 8 ans au sourire charmeur et permanent, du moins tant qu'on lui passe ses (rares) caprices. Car dans le cas contraire, l'éruption de Yellowstone est une flammèche en comparaison. :D

 

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Week-end du 12 août 2017

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La tension monte doucement à l'approche du grand départ. Madame me faisant une totale confiance (on la comprend), j'ai préparé le voyage seul, sans expliquer notre parcours à l'avance à ma petite famille.

 

Nous ne sommes pas de grands voyageurs, et ce séjour aux USA se dessine comme celui d'une vie...

 

Je n'ai donc rien prévu de spécial ce week-end : juste reprendre les derniers éléments nécessaires, notamment les passeports et autres documents officiels, sésames vers des vacances de rêve. Faire les bagages évidemment, sans oublier ce tas de trucs mis de côté patiemment depuis plusieurs mois, pour être sûr de ne rien oublier : adaptateurs de prise de courant, piles de rechange pour les jumelles Canon stabilisées, feuille de filtre solaire, lunettes spéciales éclipse, couteau suisse (à mettre soigneusement en soute, pas en cabine !), le tome en cours de lecture de Harry Potter et que nous partageons tous les quatre en toute occasion, et j'en passe.

 

Mais tout cela est vite fait, trop vite fait pour s'occuper vraiment l'esprit. Et ainsi, brutalement, alors que je briefe ma petite famille sur le parcours prévu en leur faisant un récapitulatif du trajet sur Google Earth, je réalise d'un coup la proximité du voyage. Un sourire bizarre et peut-être un peu effrayant se dessine sur mes lèvres alors que je bondis sur place : "On part dans deux jours ! C'est passé tellement vite, j'ai du mal à y croire !" Et de continuer à m'occuper tant bien que mal, notamment le dimanche, tout en me débrouillant pour finir les quelques denrées périssables qui ne pourront survivre à deux semaines au frigo.

 

Le soir tombe sur le dernier jour en France. Nous essayons de nous endormir tôt, malgré notre fébrilité...

 

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Lundi 14 août 2017

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Le réveil me cueille à 5h du matin. Aussitôt je bondis hors du lit, je réveille tout le monde au son de "

", que j'imite super bien à la bouche. Le petit déjeuner est rapide et, pour tout dire assez frugal. L'angoisse monte en moi : plusieurs choses doivent être réglées dès ce matin :

- Déposer ma voiture en un point précis de l'aéroport de Marignane afin qu'elle soit récupérée par une collègue de travail

- Trouver mon chemin dans l'aéroport international (je connais mieux le Hall 4, réservé aux vols nationaux)

- Enregistrer les bagages en espérant éviter la cohue et ne pas prendre de retard

- M'enregistrer moi-même, car la veille, ça n'avait pas été possible sur le site de Lufthansa, au contraire des filles... ça, c'est encore la partie qui m'inquiète le plus : ne pas pouvoir partir avec mes 3 compagnes, ce serait ballot !

 

Mais finalement tout se passe bien : notre vol vers Munich ne part que vers 9h10 et, suivant ma prudence habituelle, nous sommes à l'aéroport avant 7h. Et puis, cela faisait partie de mes décisions de voyage : placer le départ un jour de "pont" plutôt que le samedi 12 ou le mardi 15, jours de probables nombreux départs et arrivées pour cause de week-end prolongé.

 

Bref : il y a si peu de monde sur place que nous patientons quasiment deux heures, après avoir réglé les nombreuses et pesantes formalités accompagnant tout voyage aérien.

 

Vient le moment du décollage. Madame n'aime pas l'avion, qui lui fait assez peur. Quant aux filles, ce sera leur première fois et je ne sais pas trop comment elles réagiront. Mais finalement, là aussi, tout se passe plutôt bien : mon épouse tient le coup en se concentrant très fort sur le siège devant elle (qui n'en mène pas large), l'Aînée décide rapidement de fermer le hublot car ce qu'elle y voit lui semble assez peu naturel, et la Cadette sourit de toutes ses dents en poussant de petits couinements enjoués et en collant son nez à sa fenêtre pour mieux voir Marseille d'en haut.

 

C'est assez beau, la Provence vue du ciel. Il faut dire que cela permet de mieux voir ses paysages, et de moins bien voir ses habitants, donc c'est tout bénef. :p

 

Bien vite, les collines cèdent la place aux montagnes enneigées des Alpes et autres massifs nous séparant de Munich. J'en profite donc pour commencer à occuper la mémoire de mon fidèle smartphone, qui sera le photographe officiel du séjour :

 

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Après les températures vécues ces derniers temps, voir la neige fait du bien...

 

Munich n'est évidemment qu'une courte escale. L'aéroport y est immense, et nous devons carrément prendre une sorte de métro pour atteindre notre prochain terminal. Qui plus est, les Allemands ne semblent pas du genre à rigoler, et lors de notre passage au contrôle, après avoir montré nos passeports, ils décident de m'inspecter de manière plus approfondie (j'en vois qui rigolent : non, ce n'est pas ce que vous croyez !). Ça fait un peu drôle d'avoir devant soi un petit bout de femme autoritaire qui vous enjoint à la suivre en parlant allemand (mes cours de lycée sont bien loin...) alors que la foule fait qu'on a du mal à passer pour lui obéir, et qu'elle semble s'impatienter. Un peu plus loin, je me retrouve donc à rouvrir mes bagages, à passer quelques secondes dans une sorte de cabine les bras levés, puis à montrer tout le contenu de mon sac. Un monsieur aimable passera une sorte de bande de papier sur mes effets personnels, m'interdisant d'y toucher avant qu'il ne revienne quelques minutes plus tard, après analyse. Heureusement quand même que nous ne sommes pas en retard, car j'aurais commencé à m'inquiéter de tout ce zèle !

 

L'Airbus qui doit nous emmener à Denver, c'est autre chose que le gentil coucou qui nous a fait quitter Marseille ! Je crois que c'est la première fois que j'entre dans un machin aussi gros qui peut pourtant voler. À l'intérieur, des rangées de sièges permettent de caser une foule assez considérable. Pour notre part, nous sommes assis tous les quatre en ligne sur les sièges du milieu, ce qui nous ferme l'accès aux hublots. C'est un peu dommage, j'aurais bien aimé voir le paysage de si haut... même si ça devait consister essentiellement en une mer d'eau ou de nuages.

 

Malgré la promiscuité et l'exiguïté des lieux, nous sommes plutôt confortablement installés. Les filles, qui ont compris depuis longtemps qu'elles pourraient profiter du voyage pour voir des films et dessins animés qu'elles ne connaissaient pas encore, se jettent sur l'indispensable "Baby Boss", tandis que Madame mate "The Artist" et que je jette mon dévolu sur le quelque peu brutal "Logan". Je me rends alors compte que nous participons tous quatre à la perpétuation d'une normalité désespérante ! :confused:

 

C'est là que les petites apprennent sérieusement leurs premiers mots d'anglais, en commençant par le minimum vital : "Apple juice, please ! Thank you !" C'est mon premier vol long courrier, mais je pense pouvoir juger que Lufthansa fait bien les choses, car les hôtesses et stewarts sont très serviables et souriants. Les repas et autres snacks sont tout à fait satisfaisants, contrairement à l'idée que je m'en faisais. Et ainsi, les quelque 10h de vol, que l'on peut suivre par l'écran se trouvant fixé devant chaque siège (j'aime bien constater que l'on survole le Royaume-Uni, puis l'Islande, puis un bout du Groenland, puis le Canada...), passent assez rapidement. L'atterrissage du monstre se déroule sans accroc, et malgré l'engourdissement dans les jambes et la fatigue, nous devons nous secouer : il est temps d'affronter l'entrée au pays des cow-boys.

 

J'avais lu pas mal de trucs concernant les autorités américaines, surtout en cette période de suspicion et de prudence face au terrorisme, et plus encore alors que de très nombreux touristes doivent venir dans le coin pour l'événement de l'année. Je préviens mes trois compagnes que nous devrons être patients et obéissants pour éviter de les fâcher... Tâche d'autant plus ardue pour les petites qu'elles commencent à sentir la fatigue du voyage, et elles s'agacent peu à peu en conséquence. Nous faisons taire ces chamailleries en prenant notre mal en patience dans une queue fort longue, puis en tentant de nous dépêcher lors de l'enregistrement automatique qui prend nos empreintes et une photo de nos yeux (normal : ils le méritent bien). ;)

 

Vient la dernière étape : l'officier assis devant nous s'empare avec autorité de nos passeports, des autorisations ESTA et des preuves de billets retour, indiquant que nous prévoyons vraiment, juré-promis, de rentrer en France tantôt. Je m'attends à tout, faisant taire ma fatigue et espérant comprendre les questions qu'il me posera peut-être. Mon anglais n'est pas mauvais, mais je crains l'accent en vigueur dans ces contrées transatlantiques. Finalement, ça se passe plutôt bien : eh, nous sommes quand même à Denver, aéroport international, pas dans une bourgade perdue en pleine cambrousse... La Cadette, trop petite pour être visible depuis le comptoir d'accueil de l'officier, croit être à l'abri de son regard, mais ce dernier s'empresse de lui montrer du doigt trois emplacements de caméras et de conclure par un "I can see you !" ferme, mais accompagné d'un petit sourire complice à notre intention. Finalement, c'est au son d'un cordial "Welcome in America !" qu'il nous laisse enfin passer.

 

Ben finalement, ce n'était pas si terrible ! Selon mes statistiques sociologiques très perfectionnées, 100% des officiers gérant les entrées aux USA sont sympathiques comme tout. Autre bonne nouvelle : nous retrouvons nos bagages sans problème ! Quel plaisir de dire re-bonjour à ma petite valise à roulettes et aux trois gros sacs à dos de mes accompagnatrices, remplis d'affaires pesantes et superflues ! :D

 

La bonne tendance se poursuit lorsque je cherche les agences de location de véhicules et que je demande mon chemin à un factionnaire, qui prend la peine de m'accompagner quelques mètres pour me montrer la direction exacte, tout en s'assurant que j'ai bien compris. Quelques infos glanées sur le Net et ailleurs m'avaient prévenu que les Américains étaient serviables, et cela semble se confirmer... mais ce n'est que le début du voyage, aussi, je reste prudent, l'œil vif et aux aguets. !ph34r!

 

Un coup de navette de courtoisie plus tard, nous arrivons à l'agence de location. Grâce à un collègue ayant bossé dans ce domaine aux USA pendant un moment, je bénéficie d'un tarif bien aimable. Mais après avoir noté les options dont j'avais besoin, l'agent de comptoir me fournit le contrat de loc... indiquant un tarif près de 3 fois plus élevé que ma réservation initiale sur Internet ! La fatigue me rattrape, et j'ai du mal à piger l'intérêt des options qu'il me propose (alors que je suis du métier... :mad:). Je luis fais enlever le second conducteur, le péage pour Denver (120 dollars pour en bénéficier alors qu'on prévoit de passer 24h à tout casser dans cette ville, et que des routes gratuites existent bel et bien !), et surtout, 300 dollars pour un GPS de fou qui fait téléphone et borne wifi. Mais, heu, la Toyota Camry, elle n'a pas un GPS intégré ? Ben non... J'avoue que cette mésaventure m'a un peu gâché l'arrivée sur ces terres : si j'avais su, j'aurais emporté mon propre GPS, ayant préalablement chargé la carte des USA pour une quarantaine d'euros. Mais il est trop tard pour y penser, et me voilà contraint de régler le supplément.

 

L'inquiétude grandit un peu lorsqu'un voyant de pression des pneus s'allume fièrement quand je mets le contact. Comme je suis encore sur le parking du loueur, je demande aux préparateurs de la contrôler pour me rassurer : problème électronique, le voyant reste allumé, mais pas d'inquiétude, il y a "eight" dans chaque pneu. Connaissant la propension des Américains à adopter un tas de mesures que personne d'autre n'utilise, je ne perds pas de temps à demander s'il s'agit d'eight ozknoul ou d'eight glopurt et, à peu près rassuré, je pars enfin.

 

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La Camry, partenaire fidèle de notre périple. Notez le degré de préparation du séjour : l'Aînée tient un paquet de sacs de congélation en cas de vomi lors des trajets en voiture. Eh ouais, c'est ça le talent.

 

Tout le monde est crevé et n'aspire qu'à rejoindre l'hôtel pour se coucher. Il faut dire que les voyages, c'est le cauchemar de l’arithmétique : partis à 9h du matin, nous avons fait près de 14h de trajet, et après une heure passée à récupérer la bagnole, il est donc fort logiquement... 16h. Personnellement, je suis assez confiant quant à ma capacité à m'adapter au décalage horaire : en France, les passages à l'heure d'été ou d'hiver ne me font rien, alors hein ! :moaaa:

 

L'hôtel tout proche de l'aéroport où nous descendons confirme ce que nous constatons depuis notre récente arrivée : les gens sont sympathiques et souriants ! Les filles qui nous accueillent se rendent bien compte de notre fatigue et nous indiquent notre chambre avec un exquis sens du service, ça fait bien plaisir. Pendant que Madame se repose un peu en réorganisant les bagages, les filles décident de profiter de la piscine fraîche, juste à côté d'un petit jacuzzi sans bulles mais bien chaud. Tout en les surveillant, je profite du Wifi local pour rédiger un mail et rassurer ainsi le reste de la famille, qui se demande si nous avons survécu à la traversée de l'Atlantique. Je discute également avec une Américaine d'un certain âge qui me parle de sa petite fille qui habite la Côte d'Azur, du ranch où elle souhaite l'emmener fêter ses 10 ans, et de l'éclipse qui approche. Contact facile, décidément !

 

Pour le repas du soir, nous nous contentons de quelques biscuits achetés directement à l'hôtel. Nous sommes éreintés et le sommeil nous gagne vite, après avoir éteint les lumières vers 18h, heure locale (et qui sera désormais utilisée dans ce récit).:dort:

 

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Mardi 15 août 2017

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Éveillés naturellement vers 5h du matin, nous patientons avant l'ouverture du petit déjeuner, pour prendre contact avec les spécialités gastronomiques sur place. C'est l'abondance ! Œufs durs et brouillés, pains toastés ou briochés, muffins, jambon, cheddar râpé, chair à saucisse, céréales diverses, dont des sortes de mini-donuts multicolores dont les filles n'ont apprécié que l'aspect, pas le goût. À noter que dans cet hôtel comme dans la plupart de ceux que nous visiterons par la suite, le choix de confitures est limité. En revanche, il y a TOUJOURS du beurre de cacahuète. Heureusement que j'aime bien ça !

 

L'une des merveilles de ce petit déjeuner, c'est cette belle machine à faire des gaufres, que mes compagnes de voyage ont pu utiliser avec l'aide d'un sympathique Américain dodu, barbu, portant casquette et bretelles, et pourtant très aimable (comme quoi ça n'a rien à voir). La gaufre obtenue devait faire pas loin de 30 cm de diamètre... ce qui est assez impressionnant, surtout une fois nappée de sirop d'érable et autres sauces au chocolat pour faire passer le tout. :p

 

Juste après avoir quitté ce sympathique établissement, et croisé de nombreux lapins qui semblent n'avoir pas peur de grand-chose, nous faisons halte au Wal-Mart. L'occasion pour moi de constater que les points d'accès au Wifi gratuit sont nombreux aux USA, en tout cas dans les gros commerces de ce genre. Par ailleurs, je me mets à la place du touriste américain en visite dans notre beau pays, et qui ne trouve pas de magasin ouvert le dimanche... Car ici, de nombreux commerces en tous genres (surtout ceux concernant la bouffe) sont ouverts 7 jours sur 7, de 6h à 23h, rien de moins.

 

Nous perdons un peu de temps à trouver une brosse à cheveux (rose forcément) à la Cadette, qui a oublié la sienne en France, et constituons un bon stock d'eau en bouteilles et de denrées non périssables. De quoi voir venir pour les prochains jours... Je n'ai pas prévu particulièrement de restaurant lors du séjour, alors il vaut mieux prévoir toute fringale. On prend aussi de quoi pique-niquer sur la route car aujourd'hui...

 

...C'est le jour du trajet vers Moab ! Ce qui va me permettre de parler de la route et de la conduite des Américains. En quatre mots : ça change des Marseillais ! Les gens sur la route sont cools, rares sont ceux qui dépassent les limitations (et quand ça arrive, ils sont vite attrapés par les Forces de l'Ordre), et ils se montrent indulgents avec les étrangers comme nous, qui avons toujours un peu de mal à tourner à droite au feu rouge (c'est fréquemment autorisé), ou à savoir quand c'est notre tour de franchir le Stop. Alors certes, il faut se faire à ces règles, et à ces mesures de distance en Miles. Il faut s'habituer aussi à ces feux situés de l'autre côté du carrefour (ce qui est loin d'être idiot car ça permet de bien mieux les voir qu'en France). Il faut, enfin, s'adapter à la totale liberté de doubler par la droite, ce qui a toujours tendance à me surprendre un peu. Ah, et un dernier détail (assez insignifiant) : les clignotants des véhicules sont souvent rouges, et pas toujours jaunes comme chez nous.

 

Mais globalement, on prend très vite ses marques, et c'est plutôt agréable de rouler au régulateur sur de longues lignes plus ou moins droites, entouré de conducteurs plutôt cools. :rover:

 

D'autres détails qui nous ont un peu étonnés. De nombreux pneus éclatés jonchent le bord des routes, apparemment surtout laissés par des camions. Conséquence de la gratuité des routes ? Nous ne le savons pas. Niveau carburant, c'est assez facile : on tourne globalement au sans plomb, qui est presque toujours 10% moins cher que le diesel de toute façon. Beaucoup de véhicules n'ont pas de plaque d'immatriculation, portant souvent (mais pas toujours) une date à la place, sans doute celle indiquant le moment où leur véhicule sera enregistré. Et puis, certaines plaques donnent l'impression d'être choisies par le conducteur, car les lettres qui les composent semblent avoir un certain sens. Enfin, de nombreux motards, surtout ceux en Harley, ne portent pas de casque : ça semble facultatif ici.

 

La route vers Moab est franchement jolie : nous passons de la plaine de Denver aux falaises des Rocheuses qui nous entourent de leur masse impressionnante. Nous commençons à prendre doucement conscience de l'immensité de ce qui nous entoure. Tout le monde le dit, et tout le monde a raison : les USA donnent une sensation de gigantisme qui fait mieux comprendre d'où vient l'esprit assez aventureux de ses habitants, héritiers d'explorateurs et de pionniers dont l'histoire n'est pas si ancienne. :barbe:

 

Les quelque 600 km parcourus ce mardi sont donc passés étonnamment facilement. Dévastées par le décalage horaire, les petites scient de grosses bûches derrière nous, sauf bien sûr lors de notre passage sur l'aire de repos de "No Name" (ça ne s'invente pas), où nous pique-niquons tranquillement, du moins une fois deux guêpes ennuyeuses enfermées dans les bacs de salade composée qui les rendaient folles (rassurez-vous, je les ai relâchées une fois le repas terminé). Le coin est plutôt mignon.

 

Par ailleurs, nous discutons brièvement avec un groupe d'Américains qui font remarquer que je m'en sors très bien dans leur langue. Si je mentionne cette anecdote, c'est pour aborder une chose qui m'a un peu posé problème, même si je ne peux pas en vouloir à nos hôtes : comme je parle anglais sans accent trop prononcé, je me retrouve face à des Américains qui me croient parfaitement bilingue et qui me répondent du tac au tac, parlant vite et sans prendre de gants. Bref, contrairement à ce que l'on dit parfois concernant les langues étrangères, moi je serais plutôt dans un trip "Je le parle, mais je ne le comprends pas !" Pire : comme ils constatent assez vite qu'au contraire, mon épouse manque de fluidité et de vocabulaire, ils sont très cools avec elle, si bien que tout au long du séjour, c'est souvent elle qui s'en sortira le mieux lors des échanges purement linguistiques ! Bah au moins, ça lui a permis de se débrouiller seule de nombreuses fois, on ne va pas s'en plaindre !

 

Plus loin sur la route, les falaises qui nous entourent cèdent la place à de grands espaces entourés de collines à l'aspect étrange. En particulier, nous notons des pentes formées d'une manière qui les fait ressembler à de gros tas de sable prêts à s'écrouler, tandis qu'un peu partout, les roches se mettent à rougir doucement, comme intimidées par notre arrivée (il n'y a pourtant pas de quoi : nous venons en paix !).

 

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Notez les sortes de "veines" dans les collines proches, puis ces rochers jaunes qui commencent à former des cheminées.

 

Plus loin encore, les panneaux commencent à prévenir de l'approche de Moab, petite bourgade touristique de 5000 habitants. Les falaises reviennent autour de nous alors que notre route se fait un peu plus sinueuse (enfin, ce n'est pas la Corse non plus, hein !). Mais cette fois, elles prennent une teinte rouge caractéristique qui ne va pas nous lâcher pendant deux jours, pour notre plus grand plaisir. Les falaises commencent à être striées de bandes colorées horizontales, du genre à donner envie de faire des études de géologie. Enfin, quelques rochers aux formes parfois étranges apparaissent, dont on se demande comment ils tiennent en équilibre ! Après avoir désaltéré l'automobile et gagné notre hôtel, nous laissons les filles, qui ont été bien patientes lors de ce long trajet, prendre un peu de bon temps dans la piscine... Puis nous prenons le dîner dans un restau (Denny's) tout proche et pas bien terrible, avec un service long et des plats moyens. Mais l'avantage, c'est que nous pouvons emporter ce qui n'a pas été terminé, afin d'avoir de quoi prendre le petit déjeuner le lendemain matin (car le Motel 6 où nous sommes descendus ne fait pas les petits déjeuners). C'est une excellente pratique dans les restaus américains qui évite le gâchis. Moi qui n'aime pas jeter la bouffe, ça me convient bien. :)

 

Nous nous couchons dans la foulée.

 

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Mercredi 16 août 2017

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Profiter d'une journée de visite d'un beau paysage, pour moi, ça implique de se lever tôt. Surtout quand on ambitionne de voir le lever de soleil sur les Arches du Parc National du même nom. C'est donc à 5h du matin que le réveil sonne, ce qui ne me tire pas du lit car le décalage horaire m'a éveillé avant... Nous partons rapidement vers le Parc National, mais c'est pour découvrir que le mercredi (entre autres), le Parc est fermé de 19h à 7h... Nous faisons donc demi-tour, pas découragés, pour emprunter une autre route longeant la Colorado River, et nous poser en surplomb, sur un rocher plat, espérant que l'horizon Est sera assez dégagé pour voir l'apparition du disque solaire.

 

L'obscurité encore bien présente donne une ambiance que j'aime, calme et un peu étrange. Je n'ai pas de quoi faire des clichés dignes de ceux de Thierry Legault, mais je garde quand même un trace de cette ambiance si particulière que l'on retrouve partout à l'approche de l'aube, alors que le monde semble retenir son souffle.

 

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Ma chère Lune, j'espère que dans quelques jours, le ciel sera aussi dégagé qu'ici...

 

Une fois notre petit déjeuner avalé, nous constatons que nous ne sommes finalement pas très bien placés pour admirer la lumière du jour sur le paysage proche (mais il faut dire que ce n'est pas très facile de trouver le bon endroit dans un décor essentiellement composé de collines et de falaises !). Et comme il est presque 7h, nous repartons donc, direction le Parc des Arches, pour commencer enfin notre visite. Pas de contrôle à l'entrée, ce qui m'étonne un peu. Mais nous ne sommes pas les seuls à avoir été matinaux : d'autres voitures nous précèdent et nous suivent le long de la route sinueuse qui monte vers le plateau où nous attend la plus grande concentration d'arches naturelles du monde.

 

Et là, le spectacle commence pour de bon.

 

Le long de la route qui parcourt le parc, sont disposés de petits parkings qui permettent d'accéder à des paysages à couper le souffle. Rochers en équilibre ou étrangement sculptés par l'érosion, falaises ressemblant aux murs encore debout d'une colossale maison effondrée, le tout arrosé de la généreuse lumière rosée de l'aube, dont les couleurs s'accentuent merveilleusement lorsqu'elle touche la roche orange et rouge.

 

C'est une chose que nous avons éprouvée de concert, Madame et moi, tout au long de ce séjour : les décors que nous visitons sont si vastes et si beaux que nous avons souvent l'impression qu'ils ont été conçus exprès, et non qu'ils sont le fruit d'une évolution géologique étonnante et magnifique. Comme si nous parcourions un décor de cinéma, à l'exubérance telle qu'il semble à la limite du réalisme acceptable pour le spectateur. Je ne résiste pas à l'envie de vous montrer un exemple ci-dessous. Ce genre de décor donne juste envie de prendre son sac à dos et de l'explorer dans ses moindres recoins :

 

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Avec la lumière du jour naissant c'est encore mieux !

 

Un peu plus loin, nous sommes accueillis par le très célèbre Balanced Rock, l'un des symboles de l'Utah. Là aussi, il est possible de se garer sur un parking tout proche pour le voir de plus près et en faire le tour. C'est juste impressionnant, surtout vu de dessous ! Ce qui est amusant, c'est qu'avec sa forme, on peut lui donner un apparence assez différente selon le côté d'où on le photographie. Pour ma part, j'ai bien aimé pouvoir l'accompagner de celle qui sera la star quelques jours plus tard :

 

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Photographier ainsi Sélène me permet d'ajouter une caution astronomique à ce récit !

 

Au passage, je constate que la vie est bien présente dans ces terres pourtant assez arides : un lièvre jaillit d'un petit buisson et passe tout près de moi, pressé de se planquer quelque part, des fois que j'aie caché un fusil dans mon short (d'où je conclus que le lièvre n'est pas un animal très observateur). À mes pieds, la terre est parfois largement craquelée, et au loin, les falaises entourant Moab sont majestueuses. Plus loin encore, nous pouvons souvent voir les Montagnes de La Sal, ce qui est l'une des sources de frustration de ce séjour : chaque lieu parcouru, tout magnifique qu'il soit, donne un aperçu d'un autre lieu plein de promesse, que nous n'aurons pas le temps de découvrir. Vu les distances aux USA, il est clair qu'une vie suffirait difficilement à tout explorer en détail... et nous n'avons que 2 semaines.

 

Ce genre de frustration est heureusement passager, puisque ce que nous avons sous la main est déjà sublime. Et pour nous en convaincre vraiment, nous nous arrêtons, comme beaucoup de monde déjà, sur un grand parking donnant accès à Delicate Arch, LE symbole de l'Utah (il apparaît sur presque toutes les plaques d'immatriculation de cet État). Bien qu'il ne soit pas 10h du matin, la chaleur commence à se faire sentir, et nous suivons docilement les conseils du grand panneau à l'entrée du sentier ("Heat Kills !", ce dont je ne peux que convenir) : emporter beaucoup d'eau, boire souvent sans attendre d'avoir soif, se couvrir la tête, mettre de la crème solaire... Accompagnés de dizaines de touristes plus ou moins bavards, nous parcourons vaillamment le chemin qui grimpe doucement, essoufflant plus d'un de ces randonneurs occasionnels. Les paysages sont toujours plus grandioses à mesure que notre vision porte loin à l'horizon. Et bientôt, nous rencontrons la principale mascotte de notre séjour : le tamia. :wub:

 

Ce petit animal en forme d'écureuil rayé semble habiter un peu partout, y compris dans ce genre d'environnement sec. Nous en verrons des quantités tout au long de notre voyage, certains moins craintifs que d'autres, car sans doute habitués à obtenir des humains de quoi se nourrir. Leurs mouvements saccadés et mignons charmeront toujours les filles, ce qui me fera prendre quantité de photos de ces ravissantes et opportunistes bestioles.

 

Plus haut, nous laissons Madame et la Cadette emprunter le chemin normal. L'Aînée a en effet décidé d'escalader les rochers proches, je l'accompagne donc pour la surveiller. De fil en aiguille, nous découvrons un moyen de rejoindre Delicate Arch sans être gênés par la foule, en arrivant par l'Ouest plutôt que par le Nord. Cela présente deux défauts : notre première vision de l'arche est de profil, donc nous ne la reconnaissons pas immédiatement, et notre chemin implique de passer par une pente assez forte et glissante pour retrouver le sentier normal. Car l'arche est posée au bord d'un trou peu profond mais qui favorise les tours de toboggan involontaires... Prudemment, nous passons avec succès l'endroit le plus délicat, et je profite d'être tout près de cette magnifique curiosité de la Nature pour prendre quelques clichés.

 

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Notez la présence de l'Aînée dont on voit bien la casquette en bas à gauche, ainsi que le beau décor au loin, à droite.

 

Nous rejoignons ensuite Madame et la Cadette, qui ont assisté à nos aventures depuis un point de vue plus en hauteur. Sur le chemin du retour vers la voiture, l'Aînée et moi ne pouvons nous empêcher de grimper encore quelques rochers, mais la fatigue se fait peu à peu sentir. Les filles sont assez épuisées au moment de rejoindre le parking (petites natures !). C'est le moment de rentrer à l'hôtel pour y grignoter quelques bricoles, profiter un brin de la piscine (qui en ce milieu de journée sera totalement vide et libre) et faire une bonne sieste. Sur la route, Madame prend des dizaines de photos, sans savoir où donner de la tête tant les décors qui nous entourent sont somptueux. À l'orée du Parc, environ 170 voitures (oui, nous les avons comptées) se pressent pour entrer alors qu'il n'est pas 11h du matin... nous les croisons avec la satisfaction d'avoir bien géré notre emploi du temps ! :cool:

 

En milieu d'après-midi, nous quittons la chambre climatisée pour retourner au Parc National des Arches, et en terminer la visite. À cette occasion, et comme l'entrée est cette fois gardée, j'en profite pour acheter le Pass America The Beautiful, qui donne un accès illimité aux Parcs Nationaux américains pour 80$ seulement, ce qui est rentabilisé en trois visites environ. Un peu plus tard, et alors que nous avons dépassé le site de Delicate Arch, Madame me rappelle que mon smartphone me permet de prendre des photos panoramiques, fonctionnalité dont je me servirai au début maladroitement en faisant des photos à 360° avec l'appareil orienté en paysage, alors qu'il est plus efficace de les prendre en portrait sur un angle moins important. Les arches se succèdent, plus ou moins faciles d'accès et attrayantes, alors que nous poussons les filles à continuer et nous suivre. Parfois, le sable digne d'une plage rend nos pas pesants et difficiles. Parfois, de gros rochers motivent provisoirement l'Aînée, mais elle finit toujours pas entonner la rengaine "J'en peux plus". La Cadette trouve des recoins où glisser son corps menu, mais elle présente elle aussi quelques signes de fatigue.

 

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Un aperçu du décor dans les parages. Les montagnes La Sal sont visibles au loin.

 

C'est donc tout seul que je termine le parcours, avec la frustration de ne pouvoir aller au fin fond de Devil's Garden et ainsi admirer les arches ayant servi de décor à Indiana Jones et La Dernière Croisade : un ranger souriant et sympathique nous a demandé de revenir avant 18h au parking correspondant, pour avoir le temps de regagner l'entrée du parc avant les 19h fatidiques. Bref, après quelques dernières visites en compagnie des immenses corbeaux qui se promènent non loin, nous repartons de ce magnifique parc, des images plein les yeux et ravis d'avoir découvert des paysages pareils...

 

De retour à Moab, nous décidons de profiter d'un restaurant de meilleure qualité de la veille, et dirigeons donc nos pas vers le Moab Grill, où nous profitons d'un service au top et de plats de viande excellents. Pour la barbaque, les Américains ne sont pas les derniers ! Pendant notre repas, une télévision diffuse des images de fous furieux en 4x4 qui parviennent à franchir des pentes, failles et autres gros rochers à bord de leurs engins, nous causant quelques frayeurs pour eux. Pour en revenir au restaurant proprement dit, il faut savoir que les serveurs reçoivent souvent la plus grosse partie de leur paye sous forme de pourboire, ce qui les incite à toujours sourire et à s'assurer que les clients ne manquent de rien. En revanche, ce qui nous surprend, c'est la tendances des Américains (hommes ou femmes) à roter parfois très bruyamment, où que ce soit : restau ou pas, ça ne les dérange absolument pas !

 

Là encore, les restes de notre repas pourront être emportés pour nous faire un solide petit déjeuner le lendemain ! Et pour être d'attaque à ce moment-là, il convient de se coucher tôt, alors dès 21h, aidés par le décalage horaire toujours sensible, nous éteignons sagement...

 

 

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Jeudi 17 août 2017

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Cette fois, c'est carrément à 4h30 que je sors les filles du lit, avant de préparer rapidement les affaires de la journée et de les emmener sur la route de Canyonlands. Comme il faut bien choisir, et comme je ne suis ni équipé ni expérimenté pour tenter The Maze, j'ai porté mon dévolu sur Island in the Sky, la partie du parc la plus accessible et touristique. Et tout particulièrement, j'ai décidé de tenter le lever de soleil à Mesa Arch, qui présente une magnifique structure illuminée par l'aube, où se pressent toujours quelques photographes avides de saisir l'instant magique. Nous arrivons alors qu'il fait encore nuit, après un trajet sans histoire au cours duquel j'ai croisé une biche pendant que les dames terminaient leur nuit.

 

Là encore, après avoir trouvé un rocher pas trop inconfortable, nous prenons un petit déjeuner constitué des restes du repas de la veille au soir, complété par quelques barres céréales. L'Aînée étant de mauvaise humeur, Madame finit par prendre le large, s'installant près du bord de la falaise qui prolonge l'arche. Et on la comprend : le décor au-delà de la falaise est époustouflant. La vision porte très loin sur un canyon en contrebas, au relief tourmenté et qui semble dessiner une sorte de griffe dans la terre. Autour de nous, les roches s'illuminent lorsque le soleil paraît, prenant une teinte orange saturée et éclatante. Au loin, des rochers formés en cheminées diffusent leur ombre à travers la lumière du jour naissant. Et surtout, une fois éloigné des visiteurs matutinaux assez nombreux, ce qui frappe, c'est le silence absolu dans ces terres : pas un avion, pas un oiseau, pas un grillon, tout semble totalement arrêté autour de nous, comme si la Nature entière avait décidé d'isoler cet endroit de l'agitation futile du monde extérieur, préservant un havre pour qui goûte le calme. :closedeyes:

 

Le lever de soleil sur l'arche n'est pas parfait, car quelques nuages ont bloqué ses rayons juste au moment de son émersion. Mais même quelques dizaines de minutes plus tard, le spectacle de l'arche éclairée par le dessous, donnant sur le canyon, c'est absolument féérique. Je ne publierai pas de photo de l'arche car d'autres font ça 100 fois mieux que moi (exemple ici, toujours chez Thierry Legault, qui était peut-être là le même matin que nous, qui sait ?). Mais je partagerai plutôt avec vous la vision de la falaise lorsqu'on s'éloigne un peu de l'arche :

 

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Et vraiment, ce n'est qu'un aperçu... il faut y être pour se rendre compte de ce que c'est.

 

Je ne peux qu'imaginer ce que doit être une séance d'observation astronomique dans un coin pareil. Passer une nuit blanche dans ce calme, avec un ciel à la pollution lumineuse très réduite, pour terminer par un lever de soleil pareil, ça doit être une sacrée expérience !

 

Alors que la matinée commence à peine, nous prenons la route de Upheaval Dome, un cratère dont on ignore s'il fut formé par une météorite ou une forme d'érosion comme ces terres savent en produire. Les filles sont assez enthousiasmées par la promenade, qui n'est pourtant pas évidente, mais il faut dire qu'il y a des rochers où grimper, quelques arbres à l'aspect bizarre (ils sont torsadés par le vent), et même un ou deux tamias à croiser, sans oublier de jolis lézards à photographier. Le cratère lui-même est impressionnant, avec ces roches rouges qui entourent une élévation gris-beige placée en son centre. Le premier point de vue est suffisant pour se faire une idée, mais l'Aînée se sent de taille à poursuivre la promenade vers le second, un peu plus loin. Je l'accompagne donc, heureux de pouvoir marcher un peu plus, tout en escaladant les rochers (moi aussi, j'aime bien ça :be:). Le second point de vue n'apporte, pour être franc, pas grand-chose de plus, si ce n'est la vue sur des paysages toujours renouvelés, que ce soit près de nous ou à l'horizon.

 

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Un aperçu du cratère et du chemin permettant de le longer. La taille respective de ces dames donne une idée de l'échelle !

 

Lors du retour, j'observe un rapace non identifié aux jumelles. Il tourne la tête fréquemment, balayant le sol de son regard avide et perçant à la recherche de sa pitance. Nous rejoignons alors Madame et la Cadette, qui ont heureusement trouvé l'un des rares coins d'ombre pour nous attendre, en profitant au passage du silence de ces lieux pour se reposer un peu. Puis nous regagnons la voiture tranquillement.

 

Le prochain arrêt prévu, après avoir manqué de peu d'écraser un tamia qui a voulu impressionner ses potes en passant sous la Camry, est pour Green River Overlook qui, comme son nom l'indique, donne des envies de paravoile. C'est qu'on se retrouve au bord d'une falaise abrupte, en bas de laquelle un immense territoire s'étend à perte de vue, strié d'un canyon au fond duquel serpente une rivière aux bords verts de végétation, ce qui contraste naturellement avec le reste du paysage. Devant ce genre de spectacle, on a simplement l'impression que le monde nous appartient, et qu'il réclame d'être connu et compris. Ce genre de chose titille nécessairement la fibre exploratrice que nous avons en chacun de nous...

 

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Hein ? Quand même !

 

Néanmoins, j'ai la peine de constater que l'Aînée n'est pas intéressée par ce paysage ("bah, ce sont juste des cailloux"). Nul doute que dans une dizaine d'années, elle y repensera en se disant qu'il serait agréable d'y retourner pour mieux en profiter... Non loin de là, nous remettons ça, mais cette fois, les gamines décident de rester dans la voiture et de nous laisser explorer le coin. Tout près du parking, nous nous délectons donc, Madame et moi, de Grand View Point Overlook, encore un spectacle démesuré avec un paysage inoubliable. Madame me laisse bien vite explorer les environs seul pour retrouver et surveiller notre progéniture blasée et fatiguée, ce qui me permet de poser l'œil sur encore bien des merveilles. Dans ce pays, chaque rocher, chaque arbre, chaque disposition étonnante précédant un paysage est matière à s'émerveiller. Encore une fois, je me dis qu'une vie entière ne suffirait pas à admirer tout ce qui s'offre à nous.

 

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Et encore, en vrai, c'est bien mieux !

 

Après tout ça, et comme la chaleur commence à sérieusement arriver, nous décidons de retourner vers l'entrée du parc. Nous en profitons pour aller au Visitor Center, ce qui permet à Madame d'acheter cartes postales et timbres pour notre inévitable correspondance, et aux filles, de faire des caprices pour réclamer l'achat de toutes les peluches en vente dans la boutique. Nous parvenons à résister vaillamment et à ne céder que pour un petit oiseau et un lapinou, mais après cette épreuve, la sieste à Moab nous tend les bras ! Pas tout de suite toutefois, car il y a quand même près d'une heure de route à couvrir (c'est fou comme les distances s'étirent rapidement aux USA), et par ailleurs, nous subissons des travaux. Alors les travaux, en Amérique, c'est pas tout à fait comme chez nous : certes, il y a un gars à chaque bout de la route qui indique aux voitures qui approchent qu'elles doivent s'arrêter ou qu'elles peuvent passer. Mais la différence, c'est que la route en travaux s'étend sur 3 bons kilomètres, ce qui implique un arrêt de 10 minutes environ au pseudo feu rouge ! Les Américains ont toujours eu la réputation de faire les choses en grand, et ce genre de démarche va bien en ce sens. Cela dit, ils savent aussi faire preuve de patience car personne ne se plaint de cette attente qui en ferait râler plus d'un en France...

 

De retour à l'hôtel, et après une sieste réparatrice, nous décidons d'explorer un peu mieux cette chouette petite ville qui nous a abrités pendant deux jours, et parcourons donc les rues de Moab.

 

Enfin, quand on dit qu'on parcourt les rues aux USA, ça veut plutôt dire qu'on marche le long de la rue principale, qui contient tout ce qu'il y a d'intéressant à voir, sans se pencher sur le reste. C'est sans doute parce que nous avons essentiellement visité de petites villes, mais ce schéma se retrouve souvent. Et globalement, je dois avouer qu'il manque aux petites villes américaines l'ambiance chargée d'histoire de nos villages. Ici, pas de vieilles pierres ni de ruelles anciennes, mais des quadrillages parfaitement formés, sans grand espoir d'y déceler la moindre surprise. Bon, ce n'est pas ce que nous étions venus chercher dans ce pays, de toute façon...

 

Moab recèle néanmoins quelques sympathiques pièges à touristes dans lesquels nous consentons à tomber avec joie. Une petite boutique permettant d'acheter de vrais objets fabriqués par d'authentiques Indiens d'Amérique fait la joie des filles, à qui j'ai indiqué un petit budget pour ramener un souvenir. Ce sera un marque-page et un magnet pour la grande, un bouquin de dessins pour la petite et quelques badges pour les deux. On la sent, l'influence de la mère qui fait de la reliure d'art, ou pas ? ;)

 

Bien sûr qu'on la sent, puisque nous allons aussi explorer une jolie librairie qui nous permet de faire l'emplette d'un futur cadeau de Noël pour ma mère (mais chut, c'est une surprise, si elle l'apprend, je saurai que ça vient de vous !). Nous discutons aussi avec la libraire, sympathique comme tout mais qui nous prévient que la qualité d'accueil de l'arrière-pays ne se retrouve pas forcément dans les grandes villes, où les gens sont plus "rude"... Bah ça tombe bien, je n'ai pas placé Los Angeles ni San Francisco sur la liste des patelins à visiter.

 

Encouragés par notre expérience de la veille, nous choisissons de retourner au Moab Grill pour garder un bon souvenir de cette sympathique bourgade. Puis nous laissons les filles profiter une dernière fois de la piscine et du jacuzzi, avant de nous coucher.

 

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Vendredi 18 août 2017

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Ce vendredi est l'un des jours de repos que je réserve aux dames : elles pourront pioncer tranquillement toute la journée, puisque nous nous contenterons d'un trajet en voiture vers Twin Falls. Pour ma part, il s'agira de prouver une fois encore ma proverbiale endurance en conduisant tout le long. Comme le décalage horaire continue de m'affecter (le coup de l'heure d'été/hiver, en fait ça ne veut rien dire !), je suis réveillé depuis 5h du matin et j'en ai profité pour regarder mes mails du boulot, puis pour consulter les sites météo qui m'inquiètent un peu : on dirait que lundi qui approche verra l'arrivée de quelques nuages...

 

À 6h30, je réveille tout le monde, nous piochons une nouvelle fois dans nos réserves de céréales et autres biscuits, puis nous prenons la route.

 

Adieu, Moab ! Ce n'est pas sans un pincement au cœur et un vrai regret de ne pouvoir tripler la durée du séjour afin de voir d'autres merveilles proches, que nous quittons cette petite ville. La route est plus monotone que celle reliant Denver à Moab : là, nous avons plutôt affaire à de très longues lignes droites autorisant à atteindre la vitesse folle de 80 Mph, ce qui fait environ 130 km/h chez nous. Bref, de la vraie "autoroute", si l'on peut dire. Un peu plus loin, ça sinue davantage, on longe une voie ferrée et quelques trains fort longs, à travers des collines mignonnes. La terre se fait moins rouge et la végétation, moins rase.

 

À l'approche de Salt Lake City, nous arrivons sur une large route à cinq voies, pas mal chargée de monde. Mais ça reste assez agréable d'y conduire, car les Américains sont cools, et ils prennent chacun sa voie, peinard, en changeant lorsqu'ils décident que je ne vais pas assez vite. Ce qui m'étonne le plus depuis notre arrivée, ce sont les camions : certains dépassent sans problème le 110 km/h, ce qui ne se voit jamais chez nous, et ils n'hésitent pas à me doubler lorsque je suis pourtant à la vitesse maximale autorisée. On sent la puissance et la grosse consommation de carburant dans ces moteurs...

 

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Après les paysages sauvages de la veille, ça change...

 

Salt Lake City ne nous impressionne guère, mais il faut dire que nous n'apercevons la ville que de loin, et nous ne pouvons tirer de conclusion sur son charme. Madame, qui tient un journal de notre voyage, écrira à ce sujet "C'est un peu comme St Étienne chez nous". En banlieue, nous trouvons un nouveau Wal-Mart qui nous permet de refaire nos réserves, ce qui nous permet de voir avec un certain amusement quelques Américains obèses faire leurs courses à bords de petits chariots motorisés qui leur permettent de slalomer dans les rayons. :rolleyes:

 

Puis la route se poursuit, assez monotone, mais je résiste toujours à l'assoupissement, lorsque nous quittons enfin ce joli Utah pour arriver dans l'Idaho. Et bien vite, nous parvenons à Twin Falls, notre prochaine étape. L'Idaho est dans ma tête l'État de l'éclipse, celui qui porte la promesse de cette vision à ne surtout pas rater, justification de ce voyage. Bref, ce n'est pas sans une certaine émotion que nous y pénétrons...

 

L'hôtel où nous descendons est très sympa, et son seul défaut est que sa piscine est en maintenance, ce qui marrit un peu les filles. Ah, et la douche est un peu bizarre aussi : pour faire venir l'eau, il faut tirer très fort sur la sorte de robinet, tout en choisissant sa position pour régler la température. D'une manière globale, les douches aux USA ne sont pas comme chez nous : on ne peut pas choisir l'orientation du pommeau de douche, ce qui implique de bien faire gaffe à la température avant de lever le bouton qui fait passer l'eau du robinet au pommeau. Enfin bref, ce n'est pas grand-chose, mais comme ce compte-rendu se veut exhaustif, autant le signaler.

 

Tant qu'on y est, et puisque le récit de cette journée particulière est plus bref que les autres, autant parler des toilettes aussi : les cuvettes sont souvent assez basses, et l'eau du fond est assez haute, ce que je ne trouve pas très agréable quand... hum, enfin bref, quand je n'y vais pas que pour faire pipi. !oops! Et puis la chasse n'est pas comme chez nous non plus : au lieu de balancer des litres d'eau, elle fonctionne comme une sorte de vortex qui fait tout tourner avant que le contenu de la cuvette ne disparaisse dans un "shloorrrp !" bruyant. Ah, et il n'y a pas de balayette non plus. Jamais.

 

Pour paraphraser Franck Dubosc : "Je vous avais dit que je vous ferais rêver !"

 

Bon, on va arrêter là pour les particularités des tuyauteries américaines et on va revenir au reste du séjour, promis ! Mais en attendant, il faut dormir : nous éteignons à 21h, restant sur un mode de vie de poules...

 

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Samedi 19 août 2017

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Une nouvelle journée de visite est prévue aujourd'hui, et je me réjouis de pouvoir explorer un nouveau Parc National ! Histoire d'en profiter avant les grosses chaleurs, nous nous levons tôt une fois encore : 5h45, pour déguster le petit déjeuner de l'hôtel qui commence à 6h. Nous sommes gâtés : pommes de terre sautées, œufs brouillés, bacon frit, bagels, céréales, fruits, yaourts, et même du thé à la bergamote pour Madame ! La Cadette n'est pas dans son assiette aujourd'hui hélas : une légère irritation va lui causer souci, et la pousser à de très fréquentes pauses pipi. Heureusement, le jus de canneberge (cranberries) que propose l'hôtel lui fera du bien, de même que le Doliprane que Madame, prévoyante, a emporté.

 

Avec tout ça, nous ne partons de Twin Falls que vers 8h, direction : Craters of the Moon ! La route se passe tranquillement, malgré les pauses imposées par l'état de la petite. Nous en profitons d'ailleurs pour poster quelques unes des cartes postales dans un petit patelin pas très loin du Parc (patelin qui s'amuse à faire des jeux de mots avec son nom du genre "Carey on !" sur les panneaux indiquant la sortie).

 

Craters of the Moon présente, comme tous les Parcs, un Visitor Center bien tenu qui explique en l'occurrence plein de détails géologiques sur le site. Celui-ci est remarquable car il fut le siège d'une éruption très récente à l'échelle de l'histoire de la Terre (2000 ans en gros). Ce qui en résulte, c'est un territoire à la roche noire et souvent luisante, à perte de vue, avec d'étranges formations. Nous gravissons bien vite Inferno Cone, une colline assez impressionnante du haut de laquelle on admirera ces terres désolées à perte de vue... Étrange vision, accentuée par la présence toute proche et assez incongrue d'un arbre imposant qui a trouvé le moyen de pousser sur ce terrain qui lui semble définitivement hostile. Comme quoi, il ne faut pas sous-estimer les plantes.

 

Un peu plus loin, nous pouvons gravir de petits volcans endormis, et au fond de l'un d'entre eux, nous pouvons même voir... de la neige ! Il faut dire qu'il ne fait pas si chaud que ça en réalité : nous sommes mine de rien à 1700 mètres d'altitude environ, et un léger vent souffle en permanence. C'est lorsque nous descendons dans les grottes et autres tunnels accessibles assez facilement que nous comprenons à quel point le sous-sol est isolé de la surface : on sent qu'on perd rapidement de nombreux degrés ! Bref, au fond de ce trou qui ne voit jamais le soleil, la neige est restée et ne fondra pas de l'été...

 

Les filles ont toujours du mal à me suivre, la Cadette étant encore incommodée et l'Aînée étant toujours blasée. Renonçant à profiter de leur présence, je les laisse à leur maman et me fais un petit parcours tout seul vers un cratère assez joli, aux parois noires et brunes et au fond orangé, qu'un arbre vient décorer de sa verdure, singulière en ces lieux.

 

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Croyez-le ou non, mais j'ai encore vu (à l'aide des jumelles) un tamia dans ce coin, occupé à gravir la pente...

 

Il est déjà près de midi, nous faisons donc une pause sur un grand parking menant aux tunnels de lave, où s'arrêtent moult camping-cars et autres vans imposants. Tiens, un truc rigolo à ce sujet, mais très logique. Nous avons souvent vu l'inverse de ce qui existe en France, où ce sont les voitures qui tirent les caravanes. Ici, les maisons roulantes tirent souvent des voitures, pour la simple raison que cela permet à ses occupants, une fois le monstre garé, de rouler plus librement et facilement sur les routes moins larges.

 

Le pique-nique terminé, nous parvenons à pousser les filles à nous accompagner, ce qui n'a rien d'évident. La Cadette doit bien vite repartir vers le parking pour une énième pause-pipi aux toilettes installées sur place, la région offrant bien peu de buissons suffisants pour la dissimuler. Bref, nous attendons pas mal, l'Aînée et moi, et heureusement, je parviens à l'occuper un peu en lui proposant d'explorer succinctement un tunnel effondré. Les risques sont dûment indiqués : les cailloux peuvent rouler sous nos pieds, des rochers peuvent tomber du plafond, ce dernier est bas et l'on peut s'y cogner, et évidemment, il fait sombre. C'est vrai qu'un incident serait vite arrivé, mais je veille sur ma gamine, qui se plaît à explorer le coin de son pas sûr et déterminé. Pour ma part, je prends de nombreuses photos de ces roches aux formes bizarres, parfois trouées et étirées comme un fromage bouillant qui se serait subitement pétrifié.

 

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Et parfois, ça fait même de jolies couleurs qui contrastent agréablement avec le noir de la roche autour.

 

Une fois rejoints par Madame et la Cadette, qui commence à se sentir un peu mieux, nous explorons un vrai gros tunnel de lave, formé lorsque la couche externe de la coulée a refroidi et s'est solidifiée, tandis que le flot de matière continuait à s'écouler à l'intérieur. C'est Indian Tunnel qui gagnera nos faveurs, proposant un parcours assez long à travers l'obscurité intermittente et les éboulis divers, le tout sous une voûte très haute qui fait résonner les cris des enfants des autres (car les nôtres sont plutôt sages, je dois dire). Une fois encore, Madame et la Cadette préfèrent rester en arrière et laisser l'Aînée m'accompagner pour gravir les éboulis et progresser vers le fond du tunnel. Nous parvenons bien vite à la sortie, et nous suivons docilement les sortes de piquets plantés dans le sol pour nous guider vers l'entrée, par l'extérieur cette fois. Sauf que là, personne ne nous attend ! Où sont passées nos deux compagnes ? Pensant qu'elles nous attendent encore dans le tunnel, à l'endroit où nous les avons laissées, je demande à l'Aînée de m'attendre et je retourne rapidement sous terre, profitant de la fraîcheur mais ne trouvant pas les deux absentes. Je rebrousse donc chemin, retrouve ma grande fille, et décide d'attendre. Un peu plus tard, les jumelles pointées vers la sortie au loin, je vois ces deux coquines me faire coucou en souriant : elles avaient décidé de parcourir tout le tunnel, finalement... :rolleyes:

 

Nous nous retrouvons avec les effusions propres à ce genre de péripétie sans gravité, puis je décide de poursuivre l'exploration vers deux autres tunnels plus loin. Les dames sont crevées, et choisissent plutôt de regagner la voiture. Elles ne verront donc pas la Beauty Cave (et ne perdront pas grand-chose), ni la Boy Scout Cave... cette dernière étant sans doute la plus impressionnante à explorer : au-delà d'un éboulis de rochers, on parvient à une entrée assez basse pour exiger de se plier en deux, le tout dans une obscurité qui devient très vite totale. Les voix de gens de tous âges quelques dizaines de mètres plus loin, et la lumière de leurs torches, m'indiquent que je ne suis pas le seul à avoir tenté cette aventure. À la lumière chiche de mon smartphone, je m'avance, prenant soin de mettre les pieds au bon endroit. Ce qui n'est pas facile dans ce genre de lieu, c'est de surveiller à la fois le sol et le plafond, qui forme parfois des dénivelées brusques. Je me cogne donc plus d'une fois la tête, heureusement sommairement protégée par mon fidèle chapeau et la lenteur relative de mes mouvements. J'atteins vite le fond de la grotte que j'ai le loisir d'observer seul, le groupe d'explorateurs en herbe m'ayant croisé pour repartir. Depuis un moment, je constate que je me sens bien, comme ragaillardi, et je comprends vite pourquoi : il fait plus frais. Froid, même, et moi j'aime bien ça. Froid au point que... le fond de la grotte abrite de la glace. Et encore, l'été a été assez chaud pour qu'il n'y ait pas de stalactites.

 

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Une petite plaque de glace au sol. Le reste des parois et du plafond brille d'une lueur d'argent lorsque je l'éclaire un peu...

 

J'abrège mon séjour dans ce lieu qui semble parfaitement coupé du reste du monde, en m'imaginant quand même brièvement en Indien se réfugiant dans l'un de ces abris naturels, et je me cogne encore une fois ou deux, avant d'emprunter le sentier du retour. J'aperçois alors une dame en robe violette fendue jusque là, en pleine séance de tournage ou de photographie, au beau milieu du plateau aux roches noires. Curieux endroit pour jouer à la star ! Mais un Américain, dont je suis courageusement le pas sportif, m'indique que les tournages ne sont pas rares en ces lieux si étranges qu'ils semblent dépaysants et bien adaptés aux films de dinosaures ou autres... Marrant ! :)

 

Retrouvant mes belles, j'entame le trajet de retour vers Twin Falls. Au passage, je m'arrête à une station-service et en profite pour demander le chemin des chutes de Shoshone, que je cherchais dans la ville du même nom. Perdu : elles sont à Twin Falls ! Mais si je relate cette discussion, c'est pour illustrer une fois encore le sens de l'hospitalité des autochtones : la dame propose spontanément de me dessiner un plan pour parvenir à mon but ! Je refuse poliment, la remercie abondamment, et ramène donc mes filles vers le point de départ de notre journée. Nous en profitons pour nous arrêter au Perrine Bridge, qui marque l'entrée de la ville. La vue sur la Snake River y est impressionnante, et pour mieux voir, nous prenons le chemin qui passe directement sous le pont.

 

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Jolie vallée.

 

C'est alors que Madame pousse un cri de terreur ! Je me retourne aussi sec, me demandant quelle bestiole elle a dû apercevoir, pour comprendre enfin ce qui se passe : un gars vient de se jeter du pont ! Mais il ne s'agit pas d'un lassé de la vie : seulement un adepte de "BASE jump", qui ouvre bien vite son parachute pour atterrir en douceur au bord de la rivière. Il est imité par plusieurs collègues qui sautent l'un après l'autre, impressionnant à chaque fois mes compagnes. L'un d'entre eux se paye même le luxe de commencer par un double saut périlleux arrière, le poussant à ouvrir son parachute bien plus tard que les autres et nous causant une jolie frayeur !

 

Après ce joli spectacle, nous poursuivons vers les chutes, qui se trouvent un peu plus loin en amont de la rivière. Les filles commencent à être vraiment lasses, mais nous les poussons à venir voir les fameuses Shoshone Falls, qu'elles admettent trouver jolies. Elles auraient pu être encore mieux, mais le coin est assez sec en cette période, et l'eau ne coule pas de partout comme elle le pourrait. Je fais encore plein de photos en évitant soigneusement les nombreux touristes qui se pressent le long des balcons aménagés, et ma maîtrise des photos panoramiques progressant, je parviens à sortir un joli souvenir :

 

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J'aurais juste pu exclure le coin de la balustrade du cliché final, quand même...

 

Rideau ! Les filles n'en peuvent décidément plus, même si elles ont apprécié. "On rentre à l'hôtel ?" supplient-elles. Nous faisons un rapide arrêt auprès d'un petit lac tout proche, un peu plus haut sur la route qui mène aux chutes, puis nous rentrons enfin au même hôtel que la veille... dont la piscine a été remplie ! Les filles sont folles de joie, mais elles en profitent peu. Ben oui, une piscine récemment remplie, c'est froid... Par la suite, Madame et moi nous rendons dans une laverie proche pour renouveler notre garde-robe (enfin, surtout celle des filles, qui produisent des vêtements sales à une vitesse étonnante). Après quelques tâtonnements, nous réussissons à mettre le programme en marche. Nous dînons de nos réserves habituelles, puis Madame retourne à la laverie accompagnée des filles pour tenter d'employer le sèche-linge avec un succès si relatif qu'il nous forcera à étendre sommairement nos effets personnels partout dans la chambre, sur chaque barreau de chaise et au bord de chaque tiroir ouvert. Après avoir éteint vers 22h, la nuit fut donc un peu humide, mais néanmoins reposante.

 

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Dimanche 20 août 2017

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Le grand moment approche inéluctablement... Ces derniers jours, je n'ai pu m'empêcher de regarder le moindre écran de télé diffusant la météo du pays, et j'ai déjà consulté Meteoblue et autres références sur le Web pour déterminer le meilleur lieu à investir pour lundi. Ce qui est assez absurde, car à plus de 48h, on ne peut pas dire grand-chose du temps qu'il fera, mais que voulez-vous : l'éclipse m'obsède... Je sais que ce matin est le dernier moment où je peux consulter Internet, car ce soir, aucun hôtel n'est prévu : vu l'impossibilité de se loger sur la bande de centralité, soit parce que les logements sont déjà tous complets depuis plus d'un an, soit parce que ceux qui restent sont hors de prix, et vu que je ne veux pas prendre le risque de me diriger sur le lieu de la totalité le matin même du lundi, j'ai depuis longtemps prévenu mes dames que la nuit de dimanche à lundi se passerait dans la voiture, ce qui sera probablement pénible et inconfortable.

 

Il faut dire qu'en fait, personne ne sait vraiment comment les choses vont se passer. Combien de personnes et donc de voitures tenteront l'aventure, et à quel moment ? Les Forces de l'Ordre américaines vont-elles bloquer certaines routes au prétexte de la sécurité ? Comment réagiront les habitants des localités placées sur la bande de centralité ? Depuis quelques jours, outre la météo, je consulte patiemment le Web, tentant de trouver des infos, mais tout cela semble bien flou... Certaines prévisions font froid dans le dos, annonçant des conditions de circulation si dégradées qu'elles provoqueraient des temps de trajets quintuplés. :o Un exemple parmi d'autres ici, pour archive...

 

Depuis Twin Falls, je dispose d'un peu plus de 24h pour me rendre sur la bande de centralité. Autant dire que je prévois large : pas question de rater l'objet primordial de notre venue ici ! Dans mes plans, j'ai prévu deux possibilités, toutes deux dans l'Idaho :

- Stanley, patelin qui semble situé dans un lieu de toute beauté, au pied des montagnes, ce qui ferait un cadre magnifique.

- Weiser, petite ville qui semble bien moins attrayante, à la limite de l'Oregon.

 

Autant dire que Stanley me tente bien plus, surtout que la suite du séjour se trouve à l'Est, et que cela m'éviterait donc un détour assez important. Sauf que depuis plusieurs jours, les prévisions météo pour Stanley indiquent quelques nuages, qui semblent prévus plutôt pour la nuit du 20 au 21, mais qui m'effraient quand même. Et comme plusieurs informations glanées sur Internet parlent aussi d'incendies, se diriger vers un coin moins forestier semble plus sage. Le fait que les prévisions pour Weiser indiquent un taux d'humidité minimal finit de me convaincre.

 

Pas question de prendre le moindre risque, je décide donc de me diriger vers Weiser, et tant pis pour les bornes en plus ! Afin de parachever notre préparation à cette journée un peu spéciale et à ce qui suit, nous engloutissons un solide petit déjeuner, nous prenons le temps de refaire le plein complet de la bagnole, puis nous reconstituons nos réserves de bouffe et d'eau. Rien ne nous empêchera d'atteindre notre but ! :pou:

 

Finalement, toutes ces précautions se révèlent superflues : les routes sont dégagées, et rien n'indique que la tension qui monte en moi soit partagée par d'autres. Nous parvenons à Weiser en tout début d'après-midi, sans problème, et nous nous mettons alors en quête d'un endroit où nous poser. Dès cet instant, je jubile : quoi qu'il arrive, nous voilà sur la bande de centralité, et je ne vois guère ce qui nous empêchera d'admirer le phénomène tant espéré ! Je fais quelques tours de la petite ville pour essayer de déterminer des spots tranquilles, mais je remarque une chose déjà constatée ailleurs au cours du séjour : rares sont les petites routes tranquilles au bord desquelles on peut se garer sans gêner personne. La plupart du temps, des clôtures empêchent d'accéder à tel ou tel coin non prévu pour. Au temps pour le côté sauvage et tranquille de la terre des pionniers...

 

Nous envisageons pendant un moment de rester sur le parking d'une grande surface, mais nous comprenons vite que cela ne sera pas autorisé. Malgré la grande réticence de Madame, j'envisage même de me mettre sur le parking du cimetière, pensant qu'on ne pourrait pas m'empêcher de me recueillir sur une tombe inconnue tout en admirant l'éclipse... En attendant de nous décider, nous visitons brièvement un petit festival organisé par la ville afin de célébrer l'événement. Il y a là tout ce que l'on peut attendre de ce genre d'effervescence : snacks et boissons, boutiques diverses proposant les créations artisanales du coin, t-shirts, diseuses de bonne aventure, le tout au son d'un orchestre reprenant des musiques connues. Nous observons même avec un certain amusement un coin de terrain clôturé où sont parqués ceux qui désirent boire de l'alcool et qui doivent avoir plus de 21 ans. :amigos:

 

Nous comprenons vite que le but des habitants du coin est de profiter du phénomène pour faire connaître leur bourgade, et pour profiter un peu de la situation, ce que je peux bien admettre. Ainsi, ils sont prêts à autoriser des visiteurs à se poser dans leur jardin ou leur terrain, moyennant paiement évidemment.

 

N'étant pas disposés à faire ainsi, et préférant un peu de tranquillité, nous reprenons la route et quittons Weiser pour rouler plus à l'Ouest, sans pour autant quitter la précieuse bande de centralité, vers ce qui était mon plan C : Lime, un village fantôme proche, mais déjà en Oregon, ce qui implique un changement de fuseau horaire sans conséquence pour nous. En guise de village fantôme, seule une cimenterie abandonnée nous accueille. Les rares bas-côtés de la route commencent déjà à se remplir de visiteurs, mais ça reste largement praticable. Nous finissons par nous poser sur un grand parking tout proche de la cimenterie, déjà envahi d'un grand nombre de véhicules, dont des militaires qui semblent décidés à camper ici !

 

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Notez la cimenterie en bas à gauche de la photo. À part ça, les collines sont mignonnes quand même...

 

Ça fait du bien de voir des gens préparer leurs instruments d'observation, on se sent en terrain connu. Mais comme je préfère le calme par-dessus tout, je cherche un endroit plus isolé... Du parking part une petite route, mais un panneau "Road Closed" dissuade de la tenter. Alors je longe le parking à pied, et découvre un chemin ouvert au fond de ce dernier, qui rejoint la fameuse petite route. Cela permet de prendre un peu d'altitude et de se retrouver plus isolé. Quelques bagnoles sont d'ailleurs déjà présentes, ayant eu la même idée que moi.

 

Je retrouve donc les filles, et je parcours l'astucieux chemin qui nous permet de voir le parking et la cimenterie d'en haut, sans oublier les collines proches. Vu d'ici, le coin n'est pas mal du tout, finalement ! Sauf que nous ne restons pas longtemps sur place : un shériff local passe avec son pick-up (LE véhicule le plus répandu en USA selon notre expérience), nous précise que la route est barrée et que nous ne devrions pas être là. Comme il est sympathique et souriant, je joue au français couillon (et un peu tricheur), expliquant que je ne suis pas passé par cette route, mais par un autre chemin qui n'indiquait pas la même chose, mais que s'il faut redescendre au parking, pas de souci. J'avais un peu peur de l'esprit "cow-boy" des Forces de l'Ordre locales, mais en fait, là encore, le contact est très bon : le gars est cool, même s'il s'assure bien de notre obéissance à ses instructions. Je pense qu'il en aurait été autrement si j'avais insisté ou râlé, mais comme ce n'est pas mon genre, tout se passe tranquillement. :cool:

 

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Le parking, déjà bien chargé le soir du 20 août.

 

Bref, on se pose de nouveau sur le parking, et on en profite pour se trouver un coin un peu meilleur (comprenez : près de quelques buissons qui abriteront les pauses pipi de toute la famille, car il faut bien admettre que le coin manque singulièrement d'intimité). Et il ne nous reste plus qu'à patienter. Nous en profitons pour lire les aventures de ce cher vieux Harry Potter et pour jouer aux 7 familles. L'une de mes craintes, c'est cette interdiction de dormir dans sa voiture aux USA, dont j'ai entendu parler sur Internet. Crainte infondée, du moins cette nuit-là, car les autorités semblent très bien comprendre que tout le monde ne peut pas trouver un hôtel encore libre dans le coin... J'étais prêt à jouer les astronomes amateurs toute la nuit pour prouver que je ne dors pas, mais finalement, ça ne sera pas nécessaire. Ouf ! :)

 

Bien vite, alors que l'obscurité envahit peu à peu le ciel, nous essayons de trouver la position la moins inconfortable possible dans la voiture, pour prendre un peu de repos. Bien évidemment, c'est la Cadette qui s'en sort le mieux, car avec sa petite taille, elle partage sans problème la banquette arrière avec Madame. L'Aînée s'est installée sur le siège passager et remue pas mal au cours de la nuit, surtout qu'elle a omis de se vêtir un peu chaudement. Quant à moi, j'ai bien du mal à ne pas souffrir tôt ou tard de la nuque ou du derrière. Encore une chance que la Toyota soit relativement spacieuse. Des voitures circulent toute la nuit sur le parking, leurs feux puissants nous réveillant plusieurs fois. Par ailleurs, des trains de marchandise klaxonnent régulièrement en passant à toute heure par une voie ferrée toute proche, ce qui n'aide pas à se reposer !

 

Depuis la fenêtre côté conducteur, entre deux moments de somnolence, je regarde le passage des constellations. L'inconfort de la situation m'est supportable, comme un prix à payer pour le spectacle qui m'attend demain. Je m'amuse donc à deviner l'avancée de la nuit en regardant simplement le ciel. Tiens, ces deux étoiles brillantes, ça ne me dit rien... Ah ben si, c'est Pégase. Le ciel d'automne approche, c'est vrai... Ah, et voilà déjà les Pleïades, ça fait bizarre ! Est-ce que je verrai Orion avant de me réveiller... Hop, tiens, oui, le voilà le Chasseur. Je commence à trouver ma position sur mon siège, c'est moins pénible d'un coup. Mais je sais qu'il est trop tard, car le ciel a déjà commencé à s'éclaircir.

 

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Et sous l'éclatante Vénus, un halo de lumière dorée annonce une matinée historique. :closedeyes:

 

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Lundi 21 août 2017

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Vers 6h30, nous émergeons de ces quelques heures de repos relatif, courbaturés, mais d'assez bonne humeur. Seule la Cadette a vraiment bien dormi, et Madame a un peu mal au ventre à cause de la mauvaise position prise dans la voiture. Nous prenons un rapide petit déjeuner alors qu'autour de nous, on sent la tension monter d'un cran. De nombreuses voitures sont apparues depuis la veille au soir, y compris dans la zone interdite en hauteur.

 

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Le parking et la route proche se sont bien remplis...

 

Les gens qui nous entourent se préparent doucement à l'événement... Mais comme on ne se refait pas, je préfère quand même chercher un coin plus calme pour profiter à fond de ce moment unique. Plus d'un million de minutes d'anticipation et de préparation pour arriver à ces deux minutes tant espérées : c'est le moment d'en profiter au mieux, et je n'accepterai pas que quoi que ce soit me dérange le moins du monde ! D'ailleurs, ma brave Madame a bien briefé les filles, et leur a demandé de ne surtout pas m'accaparer : ce moment est le mien, je dois pouvoir en profiter le plus possible, même si elles ne sont pas aussi passionnées ni patientes que moi.

 

Aussi, pour nous isoler un peu, nous gravissons une colline proche, ce qui demande un certain effort à Madame et à l'Aînée, épuisées par cette nuit qui n'en a pas été une. L'ascension ne prend qu'une quarantaine de minutes, et nous ne nous arrêtons que lorsque des barbelés nous barrent la route. Le terrain est en pente, ce qui n'est pas très confortable, et le vent est bien présent. Mais le ciel parfaitement dégagé tient toutes ses promesses, et c'est le moment des ultimes préparatifs...

 

Je découpe rapidement deux carrés de feuille de protection, que j'adapte à mes jumelles à l'aide d'un système très perfectionné : deux chouchous appartenant aux gamines, pile à la bonne taille. Je distribue également les lunettes de protection aux dames, qui commencent à regarder l'astre du jour et sa couleur très légèrement bleutée à travers leurs filtres. Pour ma part, je fais un petit essai photo qui n'a rien d'évident. Pour immortaliser le soleil au mieux, je dois pointer l'astre de ma seule main gauche (et les jumelles font près d'un kg...), ce qui n'est pas si facile car avec les filtres, évidemment, aucun point de repère n'est disponible en regardant à travers elles. Ensuite, je dois attraper cette cochonnerie de smartphone dont la forme est faite pour tout sauf pour le tenir fermement, puis le placer doucement pile au bon endroit devant la bonnette des jumelles pour que l'image s'y forme, puis, idéalement, réussir à utiliser mon index droit, tout en tenant au mieux ce petit monde pour que ça ne bouge pas trop, pour régler, sur l'écran tactile, l'exposition au minimum. Je n'y parviens qu'une seule fois, alors que le spectacle n'a pas encore commencé.

 

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On aperçoit quand même les 3,5 taches près du centre du disque, et les 2 autres plus bas. Mais c'était plus évident en visuel ! :rolleyes:

 

Là, nous passons le temps en regardant le paysage. Les filles trouvent même le moyen de jouer à reproduire un quelconque cri d'oiseau, dont on se demande s'il ne s'agissait pas plutôt d'un autre gosse sur la colline d'en face. Dans mon impatience de gagner ce havre de paix où nous voyons néanmoins passer quelques personnes qui ont eu la même idée que nous, et avec qui nous échangeons quelques mots, je n'ai plus du tout en tête l'heure du premier contact. Je consulte mes notes : c'est prévu pour 10h10. L'heure approche doucement, et de drôles de pensées me viennent en tête : et si le phénomène ne se produisait pas ? Ma confiance absolue en la science, qui a permis de prévoir l'événement, n'est pas ébranlée, non, c'est tout autre chose : comme si je ne pouvais pas vraiment être là, dans ce pays si lointain, à quelques minutes d'un moment que j'espère depuis si longtemps. Comme si l'approche de cet instant si désiré était impossible. Comme si tout cela ne pouvait être qu'un rêve...

 

Et puis soudain, ça commence : une légère échancrure apparaît en haut à droite du soleil, timide d'abord, puis de plus en plus grosse à mesure que les minutes s'égrènent. Premier contact, pile à l'heure !

 

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C'est parti !

 

L'Aînée se désintéresse rapidement de l'événement, préférant jouer avec des cailloux et des herbes. Mais j'ai la joie de voir que la Cadette et sa mère braquent sans cesse leur lunettes vers les astres qui se rejoignent progressivement en un inéluctable rendez-vous. Peu à peu, à mesure que la lune grignote le disque solaire, je perçois une différence avec les autres éclipses partielles que j'ai pu observer par le passé. D'habitude, on sent bien que la lune ne passera pas par le centre du disque, et qu'elle ne pourra donc pas le recouvrir. Mais là, on perçoit assez bien qu'elle est pile dans l'axe, et qu'elle ne peut que finir par le recouvrir entièrement. Merveille des prévisions dont est capable l'intelligence humaine : je suis bien au bon endroit, plus rien ne pourra m'empêcher d'admirer ma première éclipse totale !

 

Comme le lieu où nous nous trouvons est peu confortable, nous nous déplaçons de quelques mètres pour trouver un terrain plus plat, mais pas très loin du vif dénivelé de la colline. Je me juche un moment sur un rocher relativement agréable pour observer le soleil plus confortablement (elles pèsent, ces jumelles, à force de les tenir pointées vers le haut...). Ce qui donnera lieu à cette photo prise par Madame, que j'apprécie particulièrement (oui, je parle à la fois de la photo et de Madame) :

 

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Ça ne se voit pas bien, mais derrière moi, c'est le vide. Ce qui ne m'empêche pas de me sentir bien installé.

 

Ce qui est marrant quand on regarde une éclipse partielle, c'est que ça paraît à la fois lent et rapide : on détecte difficilement l'avancée de la lune à l'œil nu, mais on se rend compte, au fil des pauses et à chaque fois qu'on y retourne, que ça progresse assez sensiblement tout de même. Bien vite, notre satellite couvre les taches solaires que l'on peut voir au milieu du disque. Puis notre beau soleil se voit réduit à la forme d'un croissant, juste vengeance d'une lune qui semble, pour une fois, lui imposer l'aspect d'une phase. 11h passe... et l'instant fatidique approche.

 

Une fébrilité jamais ressentie s'empare de moi : avec Madame, nous échangeons nos impressions sur un ton de plus en plus empressé, comme si malgré sa relative lenteur, le phénomène progressait encore trop vite. Il faudrait pouvoir ralentir le temps ! L'aspect du croissant solaire aux lunettes ou aux jumelles est étonnant et magnifique, mais ce qui nous frappe le plus, alors que nous ne pouvons toujours pas le regarder sans protection, c'est que l'environnement qui nous entoure commence réellement à se modifier. C'est vers 11h05 que nous constatons ce changement, qui ne fera que s'accentuer au cours des minutes suivantes.

 

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Sur cette ultime photo prise environ 30 minutes avant la totalité, on perçoit déjà un tout petit peu le changement de couleurs dans le paysage.

 

La différence est subtile, mais en y prêtant attention, on la perçoit bien. D'abord, c'est la couleur de l'herbe qui nous frappe : de jaune, elle commence à virer doucement vers l'orange profond. Les montagnes au loin, d'où l'ombre gigantesque de la lune va arriver, semblent s'assombrir légèrement. Et peut-être par un effet de couleur complémentaire, le ciel semble prendre une teinte de plus en plus violette. Lorsque nous regardons autour de nous, alors que le croissant solaire maigrit de minute en minute, nous avons l'impression d'avoir des lunettes de soleil ou autre filtre étrange, perturbant notre vision. Nous avons le réflexe de nous frotter les yeux, comme si nous n'y voyions pas clair. Mais rien n'y fait : la lumière qui nous entoure est réelle !

 

Puis l'impression s'accentue encore, les teintes autour de nous se font de moins en moins pastels, de plus en plus saturées. L'impression qui domine est celle d'un étrange coucher de soleil, dont les ombres, au lieu d'être interminables comme elles le devraient, resteraient courtes. D'où cette sensation unique de vivre un coucher de soleil qui arriverait de partout à la fois ! Le soleil semble décidé à éclairer coûte que coûte notre belle Terre. Et de lutter jusqu'à la dernière seconde contre l'inéluctable course de Sélène, en nous faisant profiter des plus dorés de ses rayons.

 

J'observe goulûment aux jumelles les derniers instants précédant la totalité. Le soleil n'est plus qu'un trait épais, dont les bouts sont de plus en plus fins... jusqu'à commencer à disparaître. Mais cette disparition ne se fait pas de manière régulière : les vallées et les montagnes de la lune les effacent en formant des pointillés, les fameux grains de Bailly, comme si là aussi, le soleil voulait profiter du moindre instant pour envoyer le plus insignifiant de ses rayons frapper quand même le monde des hommes.

 

À partir de là, tout va très vite : le disque lunaire achève implacablement sa tâche, indifférent au dernier des rayons du soleil qui explose en une petite et silencieuse tache de lumière : le solitaire s'embrase un bref instant avant de s'éteindre. "Vous pouvez enlever les lunettes !" C'est moi qui parle, indiquant aux filles le signal qu'elles attendaient. Aux sons de leurs réactions émerveillées, je me hâte d'enlever précipitamment et sans précision les filtres de mes jumelles. Maintenant, chaque seconde perdue est une seconde de moins pour garder en mémoire, le plus précisément possible, l'un des phénomènes les plus remarquables que la nature peut nous offrir.

 

Des cris de joie montent du lointain parking. Sur la route, des camions et des voitures ont allumé leurs feux et klaxonnent à tout va pour saluer l'événement. La température semble baisser de quelques degrés. Au loin, nous entendons quelques chiens aboyer, comme intrigués, tandis que quelques grillons se mettent peu à peu à chanter. Autour de moi, le paysage est plongé dans une sorte de nuit claire : le ciel, dans lequel de rares étoiles apparaissent, n'est pas noir ni bleu, mais d'un violet profond, qui s'éclaircit au fur et à mesure que l'on s'éloigne du zénith, pour terminer en dégradé de vert puis de jaune à l'horizon.

 

Ce dégradé est visible partout autour de nous, partout où il fait jour, partout où le monde n'est pas encore arrêté dans la contemplation de ce soleil noir, qui paraît presque petit à l'œil nu, suspendu dans un ciel étrange et enrobé d'une éclatante chevelure qui semble onduler et vivre autour de lui.

 

Pendant une seconde, je songe aux premiers hommes qui ont assisté à ceci, sans pouvoir l'expliquer. Et par une empathie qui traverse les âges, je perçois un peu de la panique qui a dû les gagner. Ce que nous voyons paraît totalement fou, comme un message adressé aux hommes pour leur rappeler quelle est leur place : microbes perdus sur un grain de poussière cosmique, dans un monde qui les dépasse infiniment... et que pourtant, ils ont réussi à comprendre. Rien de tel pour ressentir ce qui me pousse à pratiquer l'astronomie depuis toujours : le sentiment de percevoir enfin quelle est ma juste place, entre vulnérabilité, brièveté, petitesse... mais aussi intelligence et capacité à s'émerveiller.

 

Je me dépêche de pointer à nouveau les jumelles, angoissant en constatant qu'il me faut quelques longues secondes pour retrouver le soleil. Quelques secondes à jamais perdues une fois encore !

 

Et là, je pousse un vrai cri d'admiration, un de ces cris qu'on ne peut retenir en cas d'émotion trop forte. Ce que je vois me coupe le souffle.

 

Un disque noir, immense et imperturbable, d'où émergent de petites flammes rose-orangées en quelques endroits, est comme posé au centre du jaillissement d'une douce lumière blanche. Cette lumière se module en volutes multiples et argentées, qui semblent prendre la forme de pinceaux célestes. Il y a trop à voir, mais j'essaie tout de même. Je me nourris de cette vision, tentant à tout prix de la graver à jamais dans ma mémoire. Car je sais qu'aucune photo ne pourra rendre justice à ce que j'observe là.

 

La représentation qui permet le mieux de retrouver ce que j'ai vu, c'est ce dessin incroyable de Serge Vieillard, que je me permets de poster ici :

 

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Il n'y manque que l'ambiance si particulière de ce moment magique entre tous.

 

Et puis... et puis un côté du disque semble devenir un peu plus lumineux. Pendant un instant, je suis incrédule : ça ne peut pas déjà être terminé, ce n'est qu'un effet de lumière ou autre phénomène qui m'est inconnu, et... non, c'est bel et bien l'annonce de la fin. Un joyau, d'abord minuscule, apparaît et semble immédiatement grossir de seconde en seconde, devenant de plus en plus lumineux, jusqu'à couvrir d'une lumière aveuglante le disque noir qui nous a offert ces 120 secondes de félicité.

 

Il est temps de remettre nos lunettes de protection. Mais le spectacle du soleil qui retrouve sa gloire immortelle ne m'attire pas, en tout cas pas maintenant. Car je regarde ma famille autour de moi, ces dames qui m'ont accompagné dans cette quête désormais accomplie, et tout à coup, je craque : mes yeux se remplissent de larmes de pure joie, trop d'émotion devant forcément sortir à un moment ou un autre. Me voyant faire, ma chère petite Cadette se met à fondre en larmes elle aussi. Nous nous retrouvons tous les quatre, nous enlaçant fort, embrasés d'amour les uns pour les autres, et pour ce monde si beau.

 

Il est difficile de quitter un lieu qui vient de nous offrir autant de bonheur d'un seul coup. Mais je sais que l'impatience va bientôt gagner les filles, et qu'elles ne voudront pas observer la phase partielle qui suit. Et je dois dire que contrairement à ce que je prévoyais pour moi-même, je n'en ai pas envie non plus : ce spectacle me paraît bien fade en comparaison avec la totalité, et je ne veux pas substituer à l'image qui occupe désormais mon cerveau, celle d'un phénomène bien moins impressionnant. Pour l'heure, il me suffit de fermer les yeux pour revoir la totalité, et c'est très bien ainsi.

 

Tout au long de la descente de la colline, la Cadette pleurera à chaudes larmes. Regret que ce soit déjà terminé, fatigue accumulée, à moins que ce ne soit simplement de l'empathie envers son père (il est rare de voir ses parents pleurer...) ? Sans doute un peu tout ça à la fois. L'Aînée, qui a certes apprécié la totalité, est moins émotive et ne laissera rien paraître. Quant à Madame, elle a apprécié cette éclipse autant que moi, et se sent très heureuse d'avoir pu m'accompagner pour réaliser ce rêve de gosse. :wub:

 

Voilà le point d'orgue du séjour déjà passé. Cet événement extraordinaire marque la moitié du voyage.

 

Nous prenons un rapide repas sur le parking, avant de quitter ce dernier vers 13h30. Direction Hailey, dans l'Idaho, à 4h de route de là. Malgré le manque de sommeil et le décalage horaire auquel je ne me suis pas encore totalement habitué, je ne ressens pas de fatigue. Je crois que je me sens trop en harmonie avec la nature pour ça ! En revanche, les dames succombent à l'épuisement et s'endorment toutes profondément dès les premiers kilomètres avalés.

 

Je craignais de gros bouchons pour repartir de la bande de centralité, mais finalement, ça se passe bien : tout au plus un quart d'heure de ralentissements aux alentours de Boise, avant de trouver une grande route bien moins chargée. À Hailey, j'ai choisi un hôtel plus confortable que d'habitude, pour nous remettre de notre nuit presque blanche : nous bénéficions ainsi d'une chambre séparée en deux pièces, une pour les filles et une pour Madame et moi. Un peu d'intimité ne nous fera pas de mal... :blush:

 

Comme il n'est pas encore très tard, et pour remercier mes chères compagnes de leur patience à me suivre dans ce projet qui leur a causé beaucoup d'inconfort la nuit dernière, je les emmène dans une pizzeria proche. J'ai un peu de mal à faire comprendre comment doivent être constituées les pizzas choisies par les petites (c'est pas naturel de dire "olaïve" !), mais on s'en sort. C'est assez compliqué avec la fontaine à soda aussi : les Américains vont très vite pour s'y servir, sachant très bien ce qui est proposé et comment le trouver. Mais le choix est si vaste que ça nous prend un peu plus de temps, à Madame et moi.

 

Après ce bon repas, dont nous emportons une fois encore quelques restes pour le lendemain, nous faisons aux petites la surprise de les emmener manger une bonne glace. L'Aînée reste raisonnable en commandant deux boules chocolat-passion, mais la petite tente quelque chose de plus fun en remplaçant le chocolat par une sorte de boule rose et bleue au vague goût de barbe-à-papa. Ce qui frappe, c'est la taille des boules, et pourtant, nous avions demandé des "petites"... question de point de vue !

 

Les filles ayant du mal à venir à bout de leurs cornets, en bons parents, nous nous sacrifions en les terminant. Puis nous retournons à l'hôtel vers 20h pour une nuit de confortable repos et de rêves peuplés d'images célestes...

 

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Mardi 22 août 2017

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Nous ne sommes pas pressés, aujourd'hui. Fidèle à mon principe d'alterner coups de bourre et moments plus calmes, j'ai simplement prévu la route pour Island Park, notre prochain point de chute, aux portes du Wyoming. 4h de route à faire tranquillement. Nous prenons juste la peine de nous lever vers 8h30 pour profiter du petit déjeuner à l'hôtel, avant de prendre la route une fois encore.

 

Comme le trajet repasse par le Parc National Craters of the Moon, nous en profitons pour y refaire un saut rapide. Les filles, lassées par ce lieu, préfèrent rester à lire dans la voiture pendant que je montre à mon épouse le cratère exploré quelques jours plus tôt, alors que j'étais tout seul. Mais la visite est brève et nous repartons bien vite.

 

Le lieu du pique-nique, sur une sorte d'aire qui sert aussi de station météo (avec de beaux panneaux explicatifs), est envahi des désormais célèbres tamias, ce qui enchante évidemment les petites. Nous passons un long moment à les regarder nous tourner autour de leurs mouvements saccadés, et je parviens à en immortaliser plusieurs. Et comme mon smartphone n'est pas encore trop chargé en mémoire, je prends même quelques vidéos rigolotes.

 

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J'aime bien celui-ci, pris en pleine course alors qu'il ne touche même pas le sol !

 

La fin du trajet se déroule sans histoire. L'aridité des terres laisse place à de vastes forêts de conifères alors que nous arrivons à Island Park, patelin de moins de 300 habitants dont la particularité est d'être un village chilien : comprenez par là qu'il fait 150 mètres de large sur 50 km de long. :roflmao: La route principale est en effet censée être la plus longue du monde, et ça se ressent en la parcourant : à aucun moment, on n'a l'impression d'être dans un village. On a juste le sentiment de passer sur une grande route bordée de forêts et, par intermittence, de logements divers et autres stations-service.

 

Après avoir fait le tour du joli lac proche (Henrys Lake) en se gourant de lieu pour atteindre notre point de chute suivant, nous faisons demi-tour puis atteignons enfin la cabane qui va nous héberger pendant 4 nuits. Le concept n'est pas du goût de tous selon les avis que j'ai trouvés sur Internet, mais pour nous, ce fut parfait : il s'agit d'un joli petit logement un peu rustique, mais bien équipé, même si la connexion WiFi est lente. Surtout, nous disposons d'un frigo, d'un four à micro-ondes et de plaques de cuisson, qui vont nous permettre de cuisiner un peu ce que nous voulons. À peine arrivé, je laisse donc les filles en plan pour me rendre à West Yellowstone, dernière ville avant le célèbre parc du même nom, où les touristes sont fort nombreux.

 

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Mignon, non ?

 

Dans le petit magasin où je décide de faire mes emplettes, je découvre que l'on vend du beurre au miel ou à l’ail, et que la confiture "Bonne Maman" existe ici aussi, sous le même nom. Surtout, les nationalités se côtoient, et ça parle français, espagnol et autres. À la caisse, je laisse passer deux Américains qui n'avaient que 2 articles alcoolisés à payer, ce qu'ils apprécieront dûment en plaisantant sur le fait qu'ils se sont contentés d'acheter le principal. :)

 

De retour à la cabane, je dépose les courses, et après le repas, je lis un peu Harry Potter, au grand plaisir des filles qui apprécient particulièrement mon effort pour modifier ma voix à chaque personnage, pendant que Madame prépare des pommes de terre sautées pour le petit déjeuner du lendemain matin. L'Aînée est en forme et de bonne humeur, ce qui est toujours agréable. Nous nous couchons vers 21h30 car demain est une nouvelle grosse journée...

Modifié par Vakoran
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Maintenant je connais le nombre limite de caractères dans un message sur le forum. :p

 

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Mercredi 23 août 2017

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Toujours dans l'optique de profiter de la lumière de l'aube et d'éviter la foule, nous nous sommes levés tôt : 5h du matin pour les braves, et plus encore pour moi, qui me suis éveillé naturellement à 3h30 ! Pour faire "comme à l'hôtel", nous confectionnons un petit déjeuner efficace à base de pommes de terre (cf. la veille...), de bacon frit, de céréales et de tartines de confiture. Madame a pris le temps de faire la vaisselle avant notre départ, pendant que je m'occupais de préparer les affaires de tout le monde. Avec tout ça, nous sommes partis à 6h30 seulement, pour une heure de route nous menant dans le célébrissime Parc National de Yellowstone !

 

À noter que depuis que nous sommes arrivés à Island Park, nous sommes bien informés des dangers du coin en ce qui concerne la nature sauvage. Les précautions à prendre concernant les ours nous rappellent leur présence possible et jamais lointaine... Par exemple, notre petite cabane comporte une inscription qui interdit de laisser de la nourriture ou des poubelles dehors la nuit. En arrivant à proximité du Parc, ces avertissements se font plus fréquents. J'avoue que rencontrer un ours par surprise n'est pas ce qui me ferait le plus plaisir, malgré le caractère exceptionnel qu'aurait cette découverte.

 

Malgré notre départ relativement matinal, nous ne sommes pas seuls sur la route du Parc : les Américains sont plutôt du genre à se lever tôt, eux aussi ! Mais ça va encore. Ce qui surprend aussi, c'est la fraîcheur : de l'ordre de 5°C le matin. Cela ne m'empêche pas de me contenter, comme à mon habitude, d'un short et d'un t-shirt, surtout après les températures affreusement caniculaires que nous avons connues en Provence cet été...

 

La route serpente gentiment à travers la forêt, qui ménage parfois quelques jolis points de vue sur une rivière au flot énergique ou sur une petite prairie. Bien vite, nous apercevons notre premier bison au loin. Il ne faut pas sous-estimer ces bestioles : leur air impassible cache un tempérament à ne pas se laisser ennuyer plus que de raison, et il s'avère que contrairement à ce que l'on pourrait croire, ils ont fait plus de victimes dans ces terres que les ours eux-mêmes... Un peu plus loin, je prends le risque de m'arrêter près d'une rivière auprès de laquelle l'une de ces grosses vaches chevelues se promène tranquillement, car le cadre est trop joli.

 

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Peinard, comme si nous n'existions pas (et c'est tant mieux !).

 

En regagnant la voiture avec les filles qui grelottent malgré leur veste, nous remarquons un phénomène étrange au loin : au-delà d'une prairie à l'herbe dorée, de hauts panaches de fumée blanche s'élèvent. Signaux indiens ? Évaporation au soleil ? Rien de tout cela, évidemment : nous approchons simplement des fameuses sources chaudes de Yellowstone. Je ne vais pas faire ici un cours magistral sur cette terre, mais je vous invite à vous renseigner sur la question, tant les forces en jeu ici semblent immenses, ancestrales... et en attente de leur réveil.

 

Notre premier contact se fait au Fountain Paint Pot, un petit parcours qui nous permet d'admirer quelques trous fumants de vapeur et des structures étranges, parmi lesquels gisent parfois quelques arbres pétrifiés. Quand on n'a jamais vu une telle manifestation de la respiration de la terre, ça fait un drôle d'effet ! Et un peu plus loin, nous avons même la chance d'admirer un petit geyser que je filme quelques secondes, avant de me tourner vers un autre trou... d'où jaillit un autre geyser, pile à cet instant ! Quelle veine ! La vapeur d'eau est suffisamment loin de nous pour que nous ne risquions rien, et tout juste prenons-nous une légère pluie très fine lorsque l'eau se condense. Il faut dire que les pontons aménagés sur place sont excellents, et dénotent un sacré boulot : en-dehors de ce chemin balisé, il ne vaut mieux pas mettre les pieds, le sol étant si fin que nous pourrions passer à travers et finir ébouillantés dans une source à 90°C...

 

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Premier exemple de source remarquable, avec ces drôles de bords blancs entourant cet orange profond.

 

Après avoir repris brièvement la voiture, nous nous arrêtons à Midway Geyser Basin, site qui commence à prendre de l'ampleur. Outre le cadre ravissant, qui nous amène à franchir un pont enjambant une magnifique rivière à l'eau tiédie par les sources chaudes qui s'y déversent, nous prenons contact avec des sources bien plus imposantes. Et si, contrairement à Lasilla, nous n'avons pas pu voir d'en haut la fameuse Grand Prismatic Spring, nous avons néanmoins profité de l'aspect incroyablement saturé des terres qui l'entourent, d'un orange si intense qu'il semble parfaitement artificiel. Sans oublier les autres sources aux alentours, chacune valant le détour. C'est bien simple : de tout le séjour, je n'ai jamais pris autant de photos que ce matin-là... et ce n'était que le début de la journée.

 

Plus loin encore, nous visitons Biscuit Basin, et là, ça devient vraiment magique : les couleurs des sources et de la terre deviennent de plus en plus saturées et contrastées. Chaque source est unique, et il y en a tellement : les couleurs changent à chaque fois. Certaines sont calmes, d'autres produisent de minuscules bulles, d'autres enfin bouillonnent à intervalles irréguliers. La plupart sont emplies d'une eau si claire que l'on peut voir profondément en elles et que l'on est presque tenté d'y plonger. Et entre ces sources, le calcaire a formé d'innombrables structures complexes et variées. Il est vain de vouloir décrire tout cela en quelques mots, alors voici plutôt une série d'images qui illustreront mieux mon émerveillement :

 

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Depuis notre ponton, la terre à nos pieds présente un aspect si inouï que l'on a parfois l'impression d'être dans une montgolfière, admirant un paysage loin en contrebas, avec ses routes, ses dénivelées et ses striures multiples. Des toiles de maître conçues par la nature, voilà ce que nous admirons là ! Le seul inconvénient étant l'odeur particulière que nous devons supporter en permanence, encore que je n'y suis personnellement pas très sensible.

 

Plus tard encore, nous nous arrêtons sur un nouveau site, le plus impressionnant de tous :

. Nous l'abordons par un côté assez calme, d'où nous nous amusons à observer un petit geyser jaillir à intervalles assez réguliers. Les filles s'amusent à tenter de le commander, lui donnant l'instruction de s'élever ou de se calmer. Et là encore, la terre est couverte de couleurs incroyables, du blanc le plus pur au brun, en passant par du doré, du vert, et autres nuances infinies. Sans oublier les sources, dont certaines sont absolument remarquables :

 

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La bien nommée "Emerald Pool"

 

Enfin, nous atteignons un immense parking avec plein de gens et de bâtiments, entourant comme une arène LE point le plus célèbre dans les parages : Old Faithful, symbole du Parc de Yellowstone et geyser particulièrement remarquable en ce qu'il apporte le meilleur compromis entre taille et régularité. Il n'est jamais nécessaire d'attendre plus de deux heures pour en voir une éruption de plusieurs minutes et de 30 mètres de haut ! D'où son extraordinaire popularité.

 

Des panneaux estimant la prochaine éruption nous indiquent que nous avons le temps. Alors non loin du cône blanc où dort la star, nous prenons notre pique-nique, constitué de pommes et de sandwiches à la dinde (ce dernier mets va devenir l'un de nos plats de base ces jours-ci). Et puis enfin, l'heure arrive. Je tends mon smartphone vers la vapeur pendant de longues minutes, et à plusieurs reprises, il semble que l'eau soit sur le point de jaillir. Plus d'une fois, je commence à filmer avant de me raviser et de supprimer le très-court-métrage qui en résulte. Et puis soudain, ça démarre ! Nous n'en ratons pas une miette, et joignons nos "Oooh !" et nos "Aaahh !" à ceux de la foule rassemblée non loin. Cette éruption n'était apparemment pas particulièrement haute ni de longue durée, mais pour nous, c'est la plus impressionnante que nous ayons vue de notre vie !

 

Après le spectacle, nous permettons aux filles de visiter l'une des boutiques du coin et d'y choisir un souvenir. La Cadette prendra un t-shirt aux motifs phosphorescents beaucoup trop grand pour elle, mais qu'elle mettra pourtant la nuit avec plaisir, tandis que l'Aînée préfèrera remplir un petit sac de "pierres précieuses" du Wyoming. Après cet intermède mettant à l'épreuve ma légendaire patience, nous retournons dans les environs du Old Faithful pour suivre un sentier de découverte des plus fameux geysers du Parc. Là, il faut avoir de la chance pour en voir certains s'éveiller, mais ça ne sera pas notre cas. Ce qui est fou, c'est la diversité dans les formes, la hauteur possible, la régularité et l'intervalle entre deux éruptions ! Et puis, ce sont aussi ces arbres proches, devenus blancs de calcaire à force d'être patiemment couverts par l'eau des sources proches, et condamnés à tomber tôt ou tard. Mais faute de geysers, nous tomberons à nouveau sur d'innombrables sources aux noms divers et de toutes tailles, formes et couleurs, dont la plus impressionnante sera sans nul doute celle du bout du sentier, la fameuse Morning Glory Pool, aux teintes si saturées qu'on a du mal à croire que les photos qui la représentent ne sont pas retouchées sous Photoshop...

 

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Eh non, je ne vous montrerai pas Morning Glory, dont les photos abondent sur Internet ! Plutôt ces arbres pétrifiés que je trouve magnifiques et tristes à la fois...

 

Bien évidemment, les filles, surtout l'Aînée, commencent à se lasser de cette longue marche. Nous poursuivons néanmoins, nous émerveillant toujours davantage, en essayant de les motiver à continuer. Comme chaque endroit est différent, chacun mérite sa photo, et j'ai fait comme Lasilla : j'ai dû immortaliser la moindre source sur le chemin !

 

Plus loin, un sentier permet d'avoir une vue en hauteur sur le bassin. L'Aînée me lasse à gémir et à faire des pauses sans arrêt, surtout qu'il est assez difficile de ne pas marcher à son propre rythme, à force. Je la laisse donc avec sa maman plus lente, et je prends mon rythme de marche normal pour atteindre le sommet rapidement. De là, je ne trouve pas la vue exceptionnelle, et je ne m'attarde donc pas. Je reprends le sentier en sens inverse, sans croiser mes dames. Je les suppose donc en train de m'attendre à l'entrée dudit sentier, tout en bas. Sauf que quand j'y parviens, elles ne sont pas là... L'appréhension me gagne un peu car je ne comprends pas où elles ont pu passer. La seule idée qui me vient est qu'elles ont dû regagner la voiture pour se préparer à partir, alors je marche d'un pas alerte jusqu'à l'immense parking. Mais près de la Camry, personne ne m'attend... :o

 

Là, je commence à m'inquiéter. Pas qu'il risque de leur arriver grand-chose, mais enfin, dans un Parc si grand et si peuplé de touristes de toutes nationalités, comment se retrouver ? Sans autre solution, je rebrousse chemin et j'ouvre l'œil pour repérer mes compagnes. Cinq minutes plus tard, elles me rejoignent enfin, avançant à ma rencontre. Ouf ! :-_-:

 

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Rien à voir avec le récit à cet instant, mais c'est juste pour que vous constatiez la variété et la beauté du sol.

 

En fait, deux sentiers permettaient d'atteindre le point de vue, et nous n'avons pas pris le même... Je ne m'en étais pas aperçu sur le moment ! Heureusement qu'elles ont eu la même idée que moi et ont commencé à se diriger vers le parking... Après cet intermède un rien stressant, nous décidons de prendre le chemin du retour. Les filles, pendant le quart d'heure qu'a duré l'aventure, se sont fait de sacrés films : elles se sont imaginées qu'elles ne me retrouveraient jamais, et que leur maman serait obligée de se remarier, et qu'elles n'aimeraient pas leur beau-père, et qu'elles le lui feraient sentir en déformant son prénom, et... bref, ça va vite, l'imagination de deux enfants qui se montent le bourrichon ! :rolleyes:

 

Sur la route du retour, encombrée de circulation nous forçant à avancer au pas la plupart du temps, nous dépassons deux biches occupées à brouter tranquillement au bord du chemin. La nature, quoi ! Une fois rendus à la cabane, je cuisine pour tous et après une rapide lecture aux filles, je me couche dès 21h, pour récupérer un peu du manque de sommeil. Les filles ont attendu 22h pour se coucher, et quelques minutes plus tard, parlant et jurant dans son sommeil, la grande tombe du lit, sans dommage heureusement ! Un effet des émotions fortes de cette étonnante journée, peut-être...

 

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Jeudi 24 août 2017

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Ce matin encore, j'ai prévu un lever vers 5h. Et ce matin encore, je me réveille naturellement un peu plus tôt. :mad: Mais bon, ça me laisse le temps de m'occuper de mes mails en attendant que ce soit vraiment l'heure. Il faut dire que nous sommes très suivis : depuis le début du voyage, j'ai pour habitude d'envoyer chaque soir un mail à la famille pour raconter brièvement la journée écoulée, tout en joignant une photo. Ainsi, ils reçoivent en général ce mail la nuit (heure française), et y répondent le lendemain, alors qu'il fait nuit ici. Ce qui me permet de découvrir avec joie leurs réactions enthousiastes chaque matin, et ça donne du peps. :)

 

Comme la veille, nous partons du chalet vers 6h30, cette fois pour 2 heures de route, afin de rejoindre le Lac Yellowstone. Fidèle à mon organisation habituelle, je prévois une journée plus cool, afin de récupérer des longues marches de la veille. Sur la route, ça bouchonne déjà... nombreux touristes matinaux ? Non, bison sur le bord de la route ! Et malgré les innombrables panneaux qui demandent de ne pas s'arrêter n'importe où pour photographier les animaux, ni de s'en approcher, les gens sont ce qu'ils sont... Pour notre part, nous restons disciplinés et nous contentons de le photographier rapidement, sans arrêter la voiture (ce qui donnera une photo floue, mais tant pis !).

 

Nous parvenons bien vite près du lac, pour admirer de nouvelles et diverses sources chaudes, sur le site de West Thumb. Impossible de s'en lasser, surtout quand on peut voir ce genre de couleur et de pureté :

 

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Je maintiens que ça donne envie d'y plonger, et qu'on a vite fait d'oublier la température de l'eau !

 

L'originalité en plus, c'est la proximité du lac. Comme ce dernier est assez étendu, ça permet une jolie vue qui porte loin, mais aussi quelques bizarreries, comme ces deux trous dans l'eau :

 

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Peut-être qu'ils peuvent produire des geysers, auquel cas ça doit faire un drôle d'effet quand ça arrive !

 

Et pour compléter le tableau, on trouve toujours ces drôles de structures colorées au bord des sources, ou près des rigoles qui en sortent :

 

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J'aime assez cet orange qui côtoie le vert.

 

Ce site de West Thumb est bien moins étendu qu'Upper Basin, c'est donc sans fatigue que nous poursuivons la route en voiture, pour nous poser un peu plus loin sur l'une des berges du lac. Nous y sommes accueillis par notre mascotte habituelle (comprenez : un tamia), et là, au bord de l'eau et malgré la proximité d'une route assez passante, nous lisons paisiblement la suite de Harry Potter. À l'ombre de la forêt qui borde la petite plage, il fait assez frais, mais nous nous sentons bien, à voir passer quelques bateaux silencieux et à observer de temps en temps aux jumelles une cane et sa marmaille.

 

Lorsque l'heure du pique-nique approche, les filles passent un long moment à regarder un écureuil pas farouche, juché tout en haut de son arbre creux et aux attitudes marrantes. Maintenant, nous savons reconnaître le cri étonnamment puissant de ces petits animaux, ce qui nous permet de les repérer plus facilement. Celui-ci reste à quelques mètres de nous pendant toute la durée du repas, à regarder autour de lui, monter et descendre de son arbre, et autres simagrées amusantes. Autant dire que les filles sont aux anges !

 

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Coucou, toi !

 

Après ces quelques heures au calme, nous reprenons la voiture pour explorer la suite : Mud Volcano. Alors ça, ce sera un peu l'épreuve la plus difficile pour ma pauvre Madame. Car cette dernière "bénéficie", contrairement à son cher et tendre (c'est moi :cool:), d'un odorat très développé. Or, les effluves qui s'échappent des bains de boue bouillonnants des parages sont les pires que nous avons à affronter de tout le séjour.

 

Le charme de ces phénomènes géologiques n'est pas le même que celui des sources, c'est certain. Mais enfin, c'est tout de même impressionnant, pour dire le moins, d'imaginer que se tenait là une forêt luxuriante, juste avant qu'une considérable bulle de terre et d'eau décide d'éclater à la surface, dévastant tout sur des dizaines de mètres et constituant un petit étang bouillonnant furieusement.

 

Parmi les choses étonnantes à voir ici, on retiendra surtout Dragon's Mouth Spring, une grotte d'où s'échappent des nuages de vapeur à intervalles réguliers, ponctués d'un grondement grave à chaque éruption, d'où son nom d'animal fantastique et féroce. Et je dois dire que pour qui accepte de faire jouer son imagination, la pensée que le fond de la grotte est occupé par un dragon dont nous n'apercevons et n'entendons que le souffle puissant, comme la respiration lente d'un animal endormi, donne quelques frissons !

 

Les sources des parages sont moins bariolées que celles que nous avons vues jusque là, car comme le nom du coin l'indique, nous trouvons surtout de la boue. Bien vite, nous atteignons celle qui donne son nom au site, un petit bassin actif qui ne cesse de s'agiter. Partout, cela bouillonne et vit, dans une atmosphère chaude et humide, d'autant plus étouffante que l'odeur fait effectivement penser à de l'œuf bien pourri.

 

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Mud Volcano, donc. On le devine aux vaguelettes, mais il faut bien s'imaginer tout cela en mouvement permanent...

 

Après cette visite, Madame n'en peux plus : elle a passé une bonne heure avec un tissu devant le nez et la bouche, attirant les regards curieux de quelques visiteurs qui ne comprennent pas ce qui la dérange. :s

 

Il convient donc de changer d'air, dans tous les sens du terme, et ça tombe bien, car la prochaine étape est plus verte : Hayden Valley, un coin de paradis pour les animaux qui s'y retrouvent tranquillement. En l'occurrence, nous nous arrêtons sur le bord de la route pour admirer la plaine en contrebas, où coule une jolie rivière. De très nombreux canards y barbotent, et en regardant mieux, nous apercevons plusieurs bisons isolés. Comme la vue porte loin, certains ne sont guère plus qu'un petit point noir que les jumelles seules pourront nous permettre de détailler.

 

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Voyez-vous le bison à gauche ? Il vient de parcourir une belle distance de son rythme plan-plan, et nous le suivons des yeux depuis un bon moment...

 

Plus loin, nous grimpons sur une légère pente et y trouvons, dans un coin de terre sans herbe, des poils de bison ! Nous avons en effet constaté un peu plus tôt que ces animaux aimaient parfois se rouler dans la terre sèche, laissant ces traces évidentes. Plus loin encore, c'est tout un troupeau que nous pourrons observer de loin, aux jumelles : petits et grands sont groupés dans l'herbe, paisibles... Le coin est franchement apaisant, et je n'aurai que le regret de ne pas avoir aperçu de cervidé, de loup ni d'ours, malgré mes efforts pour observer les forêts qui bordent les plaines au loin à l'aide de mes fidèles jumelles. À un moment, depuis la voiture et alors que nous ne pouvons pas nous garer, l'Aînée aperçoit un wapiti mâle (c'est du moins ce que nous pensons de la description qu'elle en fait). Elle est la seule du séjour à avoir aperçu un cervidé doté de bois !

 

Le chemin du retour est marqué par une petite pluie, mais rien qui ne nous dérange trop. Nous arrivons à la cabane d'assez bonne heure, et c'est tant mieux, car la fatigue accumulée me rattrape de plein fouet chaque soir. Après une bonne salade composée, je me couche vers 20h15 et m'endors aussitôt. De leur côté, les filles lisent ou écrivent en silence avant de m'imiter.

 

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Vendredi 25 août 2017

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Pour ce dernier jour à Yellowstone, nous n'avons pas perdu le rythme, et c'est encore à 5h du matin que nous sortons des lits. Je commence par faire des œufs brouillés pour tout le monde, et comme ça prend du temps, nous partons une fois de plus vers 6h30.

 

Ce matin, la pluie de la veille s'est changée en brouillard, au point que nous sommes un peu inquiets à notre arrivée dans la zone du Grand Canyon de Yellowstone. Pour expliquer un peu : le canyon abrite une rivière qui présente deux principales chutes d'eau que l'on peut admirer depuis divers points de vue, que ce soit depuis le côté gauche ou le côté droit du précipice. La première cascade, Upper Fall, fait un peu plus de 30 mètres de hauteur, tandis que la seconde, Lower Fall, coule sur près de 100 mètres !

 

Notre première visite sera le "Brink of the Lower Fall", un sentier qui serpente en descendant jusqu'à l'extrême bord de la cascade, ce qui permet de la voir couler à nos pieds ! Mais pour l'heure, nous attendons quelques minutes en espérant que la brume se lève... en vain. Alors nous nous décidons à suivre le fameux sentier et à admirer le spectacle malgré ce ciel fort bas.

 

Bien nous en a pris finalement, car faute d'une lumière de l'aube intense et colorée, nous bénéficions d'une ambiance très particulière. Depuis le haut de la cascade qui gronde constamment, nous pouvons admirer la chute de milliers de litres d'eau qui s'écrasent des dizaines de mètres plus bas, répandant une écume qui se transforme bien vite en brouillard, dans cet air humide. Plus loin, la rivière poursuit son chemin à travers le canyon, dont les flancs apparaissent par intermittence à travers la brume.

 

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Moi je trouve ça très joli, même si l'on ne voit pas la cascade, derrière moi.

 

Les filles aiment bien la vue depuis le haut de la cascade, même si l'Aînée se plaint d'un certain vertige, et il est vrai qu'il y a de quoi. Nous remontons ensuite le sentier en prenant garde de ne point glisser sur les pierres mouillées, puis nous reprenons la voiture sur quelques centaines de mètres pour atteindre Red Rock Point, un autre sentier qui descend le long de la pente raide pour offrir un très beau point de vue sur Lower Fall, que nous venons de voir de très près. Avant ce sentier, une zone en hauteur nous permet d'observer facilement l'ensemble du canyon, y compris de drôles de rochers fins qui semblent bizarrement sculptés.

 

Par la suite, tout le long de ce sentier, la Cadette s'entraîne à demander "What's your name ?", dans le but de parler un peu avec un Américain si l'occasion se présente. Je l'aide à parfaire sa prononciation et elle est assez au point, une fois que nous arrivons au fameux rocher rouge. Là, je passe incidemment devant une dame qui tente de prendre la cascade en photo. Du coup, Madame lui demande de m'excuser et une brève conversation s'engage, au terme de laquelle la petite sort sa réplique longuement apprise... Sauf qu'évidemment, elle a oublié que l'on pouvait lui répondre ! Devant son incompréhension lorsque parle l'inconnue, cette dernière lui demande de quel pays elle vient. Je lui souffle la réponse... et la dame, de nous annoncer, dans notre langue, qu'elle est enseignante en français, qu'elle a appris en autodidacte ! Il n'y a que ma Cadette pour réussir un coup pareil : parler au hasard à quelqu'un aux USA qui s'avère parler notre langue...

 

Bref, je laisse les dames satisfaire leurs besoins primaires de socialisation, et de mon côté, je satisfais le mien concernant les paysages, en observant la cascade de loin. Ça fait un drôle d'effet d'apercevoir les gens se trouvant juste au-dessus d'icelle, points minuscules qui se trouvent là où nous étions moins une heure plus tôt ! Le décor est déjà majestueux, mais ce qui est fort, c'est que le soleil décide enfin de percer la brume pile à cet instant. C'est ainsi qu'outre la cascade et le canyon, nous profitons de ceci :

 

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Le cadre déjà magnifique, rehaussé d'un arc-en-ciel ! Juste en haut à droite de la cascade, vous pouvez apercevoir la plate-forme où nous étions une heure plus tôt.

 

Lorsque nous revenons au sommet du sentier, nous bénéficions d'une vue bien plus dégagée, à présent que le brouillard s'est levé. Ce qui nous permet d'admirer encore mieux le paysage, pendant que les filles caressent un gros chien adorable promené par sa maîtresse, qui discute tant bien que mal avec mon épouse. Cette dernière s'en sort décidément pas mal en anglais !

 

L'ennui, c'est que de grosses sections du parcours sont en travaux. Aussi, nous ne pourrons pas atteindre Inspiration Point, ce qui ne m'empêche pas de tenter quelques photos rendant justice à ce cadre incroyable :

 

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Je commence à manquer de superlatifs...

 

Ensuite, nous nous dirigeons vers l'autre cascade, Upper Fall, qui est donc plus modeste que la précédente. Le parking commence à être chargé alors que l'heure avance, et il commence à y avoir foule. Les Chinois sont particulièrement nombreux, évidemment. Mais je parviens à me glisser jusqu'à la balustrade au bord de la plate-forme la plus proche, ce qui ne me permet en fait pas de prendre de très bonnes photos de la cascade : nous en sommes trop proches ! Néanmoins, cela permet de profiter du spectacle des rayons du soleil qui percent les arbres au-dessus de nous.

 

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J'ai quand même pris cette photo panoramique qui n'est pas trop mal, mais la cascade est aussi cramée que le cœur d'Orion.

 

Nous avons appris que l'Uncle Tom's Trail était fermé à la circulation lui aussi, mais j'ai quand même envie de tenter un truc : nous empruntons un chemin piéton qui longe la rivière, profitant de points de vue rares et d'un peu de calme, la foule étant restée près du parking rassurant. Après avoir franchi un grand pont et longé prudemment une route sur quelques centaines de mètres, nous nous apercevons que le lieu est effectivement fermé à tous, voitures comme piétons. Dommage ! Cet endroit promettait 300 marches d'escalier à descendre pour voir Lower Fall d'en bas et d'assez près. Nous devrons y renoncer...

 

Comme je ne veux pas que les filles grillent leurs forces, je repars seul en direction du parking de Brink of Upper Falls, puis j'arrache ma voiture à des Français appuyés dessus et occupés à filmer leurs potes en moto, avant de retrouver mes petites. En arrivant, alors que mon clignotant annonce que je vais tourner à gauche vers l'endroit des travaux, une voiture en face me fait des appels de phares, ce que j'interprète comme "Vas-y, je te laisse passer". Mais au moment de m'engager, je réalise qu'il ne ralentit pas vraiment et qu'il me fait plutôt de gros yeux. Les appels de phares voulaient donc dire "Tu n'as pas le droit de tourner ici !" Bah oui, mais je pourrais bien être un des gars qui vient bosser sur le chantier, non ? Et là, je voulais juste faire un petit demi-tour sans entrer sur le site des travaux. Enfin bref, je récupère les filles sans autre incident, et nous poursuivons notre chemin vers Artist Point.

 

Le parking est quasiment plein sur ce site très couru. Depuis le début du séjour, vu que nous sommes en plein mois d'août et que le tourisme est encore accentué par l'éclipse qui doit avoir rameuté du monde, nous parcourons souvent des parkings très chargés, voire inaccessibles. Cela nous empêchés d'accéder à certains coins, à Craters of the Moon par exemple. Mais à part ça, il m'arrive le plus souvent d'être assez veinard : je tombe fréquemment sur la place qui vient de se libérer ou sur la dernière disponible. Et cette fois encore, j'arrive à me glisser en créneau entre un pick-up et une moto. Cette section du parking est censée être réservée aux gros véhicules comme les camping-cars, mais manifestement, ça ne gène pas d'y ranger des véhicules plus petits.

 

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Et voilà le genre de décor que l'on peut voir de là !

 

Artist Point est surchargé de touristes, et je dois attendre mon tour pour me faufiler et ainsi profiter de la vue pour prendre quelques photos, comme celle ci-dessus. Mais ça en vaut la peine, il faut bien le dire : Lower Falls est bien visible d'ici, quoique relativement lointaine, et nous bénéficions d'une vision grandiose sur l'ensemble du canyon, rivière comprise. Les flancs des dénivelées sont parfois couverts de rochers effilés aux formes étranges, et les nuances de couleur sont sympathiques comme tout.

 

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Chouette vision d'ensemble, non ?

 

Comme midi est là, nous nous posons sur un grand tronc écroulé pour prendre le pique-nique. Et alors que je mange en discutant avec mes compagnes assises à ma gauche, j'entends comme un bruit de plastique à ma droite... Je me retourne, pour constater la présence, à moins de 10 cm de moi, d'un tamia particulièrement audacieux, décidé à explorer le paquet de cookies posé à mon côté ! Mon mouvement brusque l'effraie et il prend la fuite, mais nous comprenons vite qu'il n'a pas peur de grand-chose, et surtout, qu'il est habitué à la nourriture humaine... Ce qui m'amène à une nouvelle parenthèse : les Parcs Nationaux où nous pouvons rencontrer la faune indiquent partout qu'il ne faut pas nourrir les animaux sauvages. Cela les habitue à notre nourriture, et si ce n'est sans doute pas très grave pour un tamia, c'est bien plus embêtant pour un ours, qui pense alors que la nourriture humaine lui est destinée, ce qui le pousse à l'agressivité envers les hommes, et nécessite souvent de l'abattre... Bref, nourrir un animal sauvage revient à le condamner à mort.

 

Pour revenir à ce tamia, il a donc sans doute compris de longue date qu'il ne risquait pas grand-chose à approcher les étranges créatures bariolées que nous sommes. Ainsi, nous remarquons que tôt ou tard, du moment qu'on ne bouge pas trop vite, il prend toujours le risque de revenir voir mes cookies. Cela nous a permis de carrément filmer la scène !

 

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Scène dont voici un extrait. Vous le voyez, ce coquin, au bout du tronc d'arbre et tout près du paquet bleu ?

 

Mais cette attitude irrite fortement un écureuil perché au sommet d'un arbre proche. Au bout d'un moment, nous entendons ce dernier crier, puis descendre à toute vitesse et enfin poursuivre le tamia, qui détale sans demander son reste ! Ça court vite, ces bestioles : bien vite, on ne les voit plus...

 

Après ce sympathique intermède, nous reprenons la route un bon moment, ce qui permet aux petites de faire une sieste alors que nous traversons des points en altitude. Madame prend de nombreuses photos depuis la route, et il y a de quoi, puisque les paysages sont toujours aussi beaux. Nous notons aussi quelques bizarreries, comme ces drôles de roches en forme de peigne :

 

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Étonnant, non ?

 

Je n'étais pas certain d'en avoir le temps, mais finalement, nous avons pu visiter un dernier site à Yellowstone : Mammoth Hot Spring et ses formations massives de calcaire en terrasses, aux couleurs et aux formes époustouflantes. Hélas, la pluie a repris, et c'est sous une averse permanente et bien rafraîchissante que nous explorons ce site qui vaut vraiment le détour.

 

Pour madame, c'est tout bonnement le plus bel endroit de Yellowstone. Et je dois avouer que je suis presque d'accord avec elle (les sources de Biscuit Basin et Upper Basin l'emportent de peu à mes yeux). Exemple :

 

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J'aime particulièrement ces "veines" blanches qui strient les formations de calcaire.

 

Le blanc éclatant laisse souvent la place à des tons cuivrés ou bruns, quand ce n'est pas à un noir assez intense. Enfin, comme pour les sources chaudes, le mieux est que je vous donne un aperçu des meilleures photos que j'ai pu prendre malgré la chiche lumière du ciel gris :

 

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Le ponton qui nous emmène vers les hauteurs de ces formations délirantes nous permet de découvrir de nouveaux décors, avec parfois une sorte d'herbe bizarre qui forme une mousse légère à son sommet. Nous avons ainsi l'impression que de petits nuages de vapeur beige sont en suspension au ras du sol, c'est assez curieux.

 

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En bas de l'image, vous voyez cette sorte de brume ? Ben c'est de l'herbe.

 

Mais là encore, il faudrait que je vous déballe des dizaines de photos pour que vous vous rendiez compte de la richesse de cet endroit ! Un peu plus loin, le sol ressemble à la surface d'une soupe au potiron sur laquelle on aurait parsemé une bonne dose de copeaux de parmesan. Si, si, je vous assure ! Peu après, le sol porte les marques du passage de quelque cervidé. Je ne suis pas assez calé en formations géologiques de ce genre pour comprendre comment c'est possible, mais c'est amusant à voir. Plus loin encore, un calcaire d'un blanc brillant semble couler le long d'une pente raide, comme une sorte de petite avalanche pétrifiée en pleine action. Près des sources, les arbres ont renoncé à produire des feuilles mais, bien que noirs comme les roches de Craters of the Moon, ils se tiennent fièrement, défiant encore les conditions hostiles qui les entourent. Et au bord des terrasses formées par l'eau qui ruisselle, on aperçoit d'innombrables stalactites.

 

Eh bien franchement, ça valait le coup de se mouiller ! Trempés mais heureux, même les filles ont apprécié cette visite. Le trajet de retour est long, car à un moment, un accident a lieu un peu plus loin, ce qui nous force à patienter à l'arrêt un bon quart d'heure. Bye bye, Yellowstone... Encore un Parc National que nous avons bien visité, mais dont on sent que nous pourrions y passer cinq fois plus de temps à l'explorer sans rencontrer de lassitude...

 

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Dernier coup d'œil aux prairies de la caldeira.

 

La cabane nous accueille pour une quatrième et dernière nuit. Je suis assez content de ma gestion des réserves de nourriture, car après l'omelette que je cuisine ce soir, nous ne laissons quasiment pas de restes sur place. Comme on ne s'en lasse pas, nous lisons un peu Harry Potter puis je me couche à 21h15 : demain sera pour moi une longue journée... Les filles s'occupent un peu avant de m'imiter quelques dizaines de minutes plus tard.

 

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Samedi 26 août 2017

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Pour surmonter la journée de route qui m'attend, je me force à dormir un peu plus longtemps que ces derniers jours. Nous nous levons donc à 6h30, avalons un petit déjeuner qui nous permet de ne pas conserver trop de restes, et après l'habituelle confection de sandwiches, nous préparons l'ensemble de nos affaires, rendons les clés de la cabane, et partons pour un long, long voyage.

 

C'est qu'en effet, aujourd'hui, il est prévu de rouler jusqu'à Loveland, soit pas moins de 900 km de trajet, à faire sur une bonne dizaine d'heures. L'idée est de faire le moins de pauses possibles, mais avec les petites qui ont envie de pipi toutes les deux heures, évidemment, c'est moins facile. Quoique personne ne dit que les pauses en question doivent être de longue durée... Et je raccourcis donc le temps nécessaire au pique-nique en le faisant prendre à tout le monde dans la voiture en roulant, y compris pour moi. Ainsi, nous perdons tout au plus 5 à 10 minutes toutes les deux heures environ, ce qui n'est pas excessif. Et je dois bien dire que ces pauses forcées me poussent à me détendre régulièrement, ne serait-ce qu'un peu, pour éviter l'assoupissement qui reste ma hantise.

 

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Et c'est pas les virages qui vont m'aider à me tenir éveillé... :confused:

 

Si au cours de la matinée, mes trois compagnes ont surtout passé leur temps à dormir, Madame parvient à rendre l'après-midi moins monotone en lisant Harry Potter sur la route. Il faut dire que les longues lignes droites américaines aident bien à ce genre d'entreprise (c'est pas dans mon Ardèche natale que ce serait possible...).

 

Les paysages autour de nous restent très beaux, Madame mitraille donc à nouveau, esquivant autant que faire se peut les restes des insectes qui ont embrassé le pare-brise avec trop d'enthousiasme.

 

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Pas mal, non ?

 

Après ce long trajet, j'avoue être content d'arriver enfin à Loveland. Mais ça va, je ne suis pas si fatigué que ça. Je refais le plein vite fait, puis nous entrons à l'hôtel où nous dînons à nouveau de sandwiches à la dinde. Les filles ont trouvé à la télé une émission du genre "Vidéo Gag", ce qui les éclate, bien sûr. C'est aussi là que nous voyons les premières images de l'ouragan qui a frappé le Texas, et c'est moins réjouissant. Aucun risque qu'il vienne jusqu'ici, mais quand même, ça fait froid dans le dos...

 

Ce soir, nous nous couchons vers 22h.

 

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Dimanche 27 août 2017

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La fin du séjour approche déjà, mais lorsque mon téléphone me réveille à 5h30, je fais taire cette pensée, et me concentre sur cette journée, dernière grosse occasion de visite. Le petit déjeuner commence à 6h du matin dans ce nouvel hôtel, et nous en profitons bien, même si Madame peste contre l'appareil à gaufre qui a cuit la sienne trop vite, la transformant plutôt en une sorte de crumble.

 

Partis assez tôt, nous nous dirigeons vers les Montagnes Rocheuses toutes proches ! Ce qui ne veut pas dire grand-chose, car les Rocheuses, pour mémoire, sont une chaîne de montagnes si étendue qu'elle va jusqu'au Canada, et nous les avons techniquement déjà traversées plus d'une fois depuis notre arrivée il y a déjà deux semaines. Pour être précis, le site du jour est Rocky Mountain National Park.

 

Je n'ai pas de programme bien précis pour cette visite, car il semble que le simple fait de parcourir la route permet d'admirer de très beaux paysages (on parle de "Scenic Drive", ce qui est toujours bon signe !). Avant de parvenir à l'entrée du Parc, nous profitons d'une route qui serpente en longeant une rivière, auprès de falaises qui nous font penser à la combe de Lourmarin, en plus large quand même (et à cette référence, on sent poindre un peu le mal du pays :p). De jolies habitations en bois bordent la route, avant d'arriver à un point plus aéré : Estes Park, dernière ville avant l'entrée du Parc.

 

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Moi je veux bien trouver une maison dans le coin et me réveiller tous les matins en voyant ça.

 

Moi qui adore la montagne, je suis servi ! La route est quand même très agréable, et pour l'égayer encore, trois biches traversent tranquillement devant nous alors que nous nous promenons. Pour faire patienter les filles, nous avons trouvé un jeu qui les occupe quelques minutes : je leur chante un générique de film, et elles doivent trouver d'où il provient. Mais l'Aînée est assez forte, et en général, je dois m'arrêter de chanter après 5 secondes pour proposer une autre énigme.

 

Nous finissons par aboutir au Park & Ride, un parking de bonne taille donnant accès à des navettes gratuites permettant de rejoindre des points plus reculés du Parc. Redoutant de manquer de places de parking plus loin, nous profitons de l'aubaine, et après avoir trouvé un container blindé (comprendre "résistant aux ours affamés") pour y jeter nos derniers déchets, nous prenons la navette vers le parking du Bear Lake. Le coin est particulièrement bien fichu, avec ses cartes précises, ses indications sur les dangers éventuels, et les informations concernant la faune visible. C'est ainsi que je réussirai à identifier certaines bestioles croisées et photographiées dans les parages.

 

Notre première promenade consiste à faire le tour du Bear Lake lui-même. Il n'est pas très grand et ça se fait très bien. L'eau est belle et reflète parfaitement les forêts qui l'entourent.

 

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Un petit aperçu pour décorer cet interminable récit.

 

En outre, les filles y trouvent de multiples rochers où grimper. On aperçoit aussi des champignons, des fleurs et des oiseaux colorés, notamment ces geais de Steller au chant puissant et pas franchement harmonieux, mais au plumage d'un joli bleu électrique. Autour de nous, de hautes montagnes permettent d'apercevoir des glaciers encore vivaces et de nombreux rochers déchiquetés. Insolite : à un moment, la Cadette repère un cadavre de chauve-souris par terre.

 

Sur notre lancée, nous poursuivons le sentier qui grimpe peu à peu pour visiter d'autres petit lacs. Seul, j'aurais sans doute tenté la rando du Flattop Mountain Trail, mais 5h aller-retour de grosse montée, ça n'allait pas le faire avec les gamines. Donc nous restons modestes et parcourons un chemin ponctué de tamias (là, il y en a pléthore), d'écureuils, de piverts (ça fait un boucan du diable quand ça cogne un arbre !), et de "J'en peux plus !" de la part de l'Aînée (qui, l'instant d'après, se trouve à cavaler et escalader le dernier rocher qu'elle a vu). Je croise même un fin serpent qui, une fois sa position trouvée au soleil, restera gentiment fixe pour que je puisse lui tirer le portrait. Puis quelques poissons dans la rivière, et plus tard encore, sur le chemin du retour, deux femelles wapiti vues de très près. C'est donc le moment de la série animalière :

 

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Nous passons près du Nymph Lake, qui porte bien son nom, recouvert qu'il est de nénuphars. Puis nous prenons progressivement de la hauteur, bénéficiant d'une vue assez extraordinaire et qui porte loin :

 

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On aperçoit Emerald Lake vers le milieu de cette photo.

 

Puis c'est le tour de Dream Lake, qui ne présente pas de caractéristique particulière. Pour l'atteindre, je fais le guignol en passant un ruisseau à gué afin de joindre un raccourci, ce qui pousse mes deux petites à faire de même, heureusement avec succès ! Le risque n'était pas grand car le ruisseau devait faire 20 cm de profondeur à tout casser, mais elles auraient pu finir trempées, ce qui aurait rendu la suite de la balade moins confortable.

 

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Le genre de décor qui me rend amoureux de la nature.

 

Aux jumelles, je m'amuse à observer ces lointains rochers et autres zones enneigées qui nous dominent. La proximité du pique-nique motive encore un peu les filles, mais ça râle toujours pas mal... Heureusement que les tamias provoquent immanquablement leur intérêt, sans quoi elles se seraient plus vite lassées de cette visite. On sent que les bestioles sont très habituées aux humains, et sans doute même trop, car lorsque Madame tente une expérience en tendant une brindille à un tamia, celui-ci s'approche et la renifle comme un chat, espérant qu'il s'agisse d'un quelconque friandise. Plus loin, nous en voyons même un manger une jolie fleur violette ! :b: Dommage que j'aie été trop lent sur l'appareil photo pour celle-là...

 

Nous parvenons enfin à Emerald Lake, où nous escaladons encore quelques rochers pour mieux voir ce joli site et éviter un peu la foule (pas que ce soit vraiment rempli, mais enfin, nous ne sommes pas seuls). Puis nous prenons un repas bien mérité.

 

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Jeu : trouveras-tu l'origine du nom d'Emerald Lake ?

 

Le retour se passe sans histoire, et après que les filles eurent touché les bois et autres cornes d'animaux exposés à l'entrée du site par les rangers, nous reprenons le bus en sens inverse. Revenant au volant de la Camry, j'emmène la petite famille vers les hauteurs, où l'air devient vraiment vivifiant ! Les filles, fatiguées par la rando, préfèrent rester dans la voiture lorsque je m'arrête de temps en temps pour admirer un point de vue. Le paysage fait parfois penser au Restefond, dont j'ai raté la visite annuelle au profit de ce séjour aux USA (à l'heure où je tape ces lignes, j'espère encore en profiter en septembre...).

 

Plus loin, nous renonçons à visiter Alpine Ridge Trail et son sommet qui paraissait pourtant prometteur, car le parking qui y mène semble tout à fait surchargé. Mais cela ne nous empêche pas de profiter de beaux horizons :

 

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Outre les glaciers, notez le lac vers le milieu de la photo.

 

Bien que sinueuse, cette route de haute montagne reste agréable, car assez large et bien entretenue. En redescendant dans la vallée, nous passons près du Shadow Mountain Lake sans nous arrêter, puis par Granby, Winter Park, Idaho Springs... On sent que le coin doit être prisé l'hiver pour le ski... mais pas seulement, vu le monde que l'on trouve brusquement sur la route : les gens rentrent de week-end ! De notre côté, nous tenons les filles du mieux possible, mais elles deviennent un peu impatientes et bruyantes. Je les calme fermement à l'arrivée dans la banlieue de Denver. Car depuis le début du séjour, nous ne faisons que passer près des grandes villes sans jamais y pénétrer vraiment. Là, ça risque d'être autre chose niveau conduite, et je veux pouvoir rester concentré.

 

En réalité, ça n'a pas été si difficile, d'autant que l'hôtel se trouvait dans la banlieue relativement excentrée de Denver, donc facile d'accès. Ce dernier hôtel du séjour n'était pas prévu pour être le plus confortable : c'est encore un Motel 6 sans prétention. Cela dit, je ne m'attendais pas à avoir en même temps :

- un quartier qui, sans faire mal famé, n'inspire pas la sympathie

- un motel aux très nombreuses chambres qui semblent petites et serrées les unes contre les autres

- un accueil introuvable sans demander

- une réceptionniste aussi aimable qu'un ours mal réveillé

 

Madame est très fâchée de cet accueil pas à la hauteur, mais après tout, il fallait bien que nous tombions sur une vraie exception à la gentillesse et au sens du service de nos hôtes... Et ça semble être une sorte de standard ici, car lorsque nous sortons pour dîner, nous avisons un restaurant dit "familial", mais dont le personnel ne nous calcule absolument pas lorsque nous y entrons. Et dont les clients nous regardent comme si nous n'étions pas des habitués, et donc pas autorisés à les déranger. Et où ça sent une drôle d'odeur rappelant vaguement l'urine. Bref : nous décidons de quitter les lieux et de nous rendre dans le Burger King juste à côté, où nous sommes finalement bien mieux reçus par une dame souriante et patiente lorsque nous essayons de lui expliquer nos choix et ceux des filles.

 

Comme toujours, nous récupérons les restes pour le petit déjeuner du lendemain (Motel 6 ne fait pas les petits déjeuners), et nous rentrons. Avant de dormir, les filles mettent la télé, et j'ai la surprise de voir une tête connue : Mario López, de la série "Sauvés par le gong". Je pars 25 ans en arrière d'un seul coup ! :o En l'occurrence, il anime un jeu rigolo : un Candy Crush grandeur nature, où les candidats doivent grimper des échelles et être soulevés par leur partenaire via des fils et des poulies, pour atteindre les bonbons à déplacer, le tout pour gagner pas moins de 100 000 $. C'est sur cette vision quelque peu surréaliste que nous nous couchons tôt, vers 21h je crois.

 

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Lundi 28 août 2017

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Au moins, nous avons bien dormi, pour ce jour qui nous verra quitter les États-Unis. Nous piochons dans nos ultimes réserves pour le petit déjeuner, puis, comme notre vol part dans l'après-midi, nous essayons de trouver comment occuper notre matinée. Afin de connaître quand même un peu cette ville de Denver qui nous a vu atterrir il y a 2 semaines, nous décidons de la visiter brièvement en voiture. Je fais taire mon inquiétude à l'idée de devoir conduire dans une grosse ville américaine... Les filles sont plutôt de bonne humeur, sans doute à l'idée de pouvoir regarder de nouveaux films dans l'avion, et dans la perspective de retrouver leur chère maison qui leur manque. Et pourtant, la petite s'est réveillée avec moult boutons faisant penser à des morsures d'insectes. Je pense un instant à des punaises de lit, inquiétude corroborée par la découverte d'une minuscule chose noire dans ma propre couche, mais après une inspection minutieuse, il semble que cet individu était isolé...

 

Nous partons donc pour notre dernière expédition et en réalité, nous découvrons que Denver se parcourt assez aisément : les rues sont orthogonalement disposées, ce qui facilite déjà bien les choses, et tout est assez large et bien indiqué. Pas vraiment le risque, comme dans beaucoup de grosses villes françaises, de se retrouver en sens interdit dans une ruelle qui ne mène nulle part. Le manque de charme des grandes rues américaines procure au moins cet avantage !

 

Madame continue ses photos de l'extérieur depuis son siège passager, et repère ainsi quelques curiosités : jolies maisons, stade de... football américain sans doute, parc d'attraction géant, ancienne confiserie, sculpture étrange, immeubles modernes, et surtout, ce joli capitole autour duquel nous tournons un moment. Nous envisageons de nous arrêter pour mieux le voir, mais se garer ici est une gageure. Le parking le plus pratique que nous détectons à l'aide du GPS (qui a attendu 13 jours de bons et loyaux services pour se détacher subitement du pare-brise, alors que nous sommes en plein stress de rater notre route...) coûte pas moins de 10$ de l'heure, alors nous préférons passer notre chemin.

 

Ah oui, je dois aussi signaler les très (très) nombreux lieux de cultes que nous croisons depuis le début du séjour. Certains patelins semblent avoir davantage d'églises différentes que de stations-service, ce qui n'est pas peu dire au pays de l'automobile. Je ne suis pas expert sur les multiples déclinaisons religieuses en cours, et il y a de quoi y perdre son latin (ha ha) : église catholique, protestante, des derniers jours, du Grand Shmürglo, de l'Ascension Composite, de l'Ornithorynque Pliant... bref, y'a de quoi y trouver son compte pour qui veut. Et à part quelques rares structures un peu jolies, la plupart des "églises" n'ont pas le charme des nôtres, évidemment : trop récentes, dépourvues de vieilles pierres, aux couleurs parfois un peu criardes... voire au semblant de clocher placé tout de travers.

 

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Une partie du capitole de Denver était de toute façon en travaux, comme une cathédrale proche, alors...

 

Un peu plus loin, nous avons la surprise de nous retrouver dans une zone résidentielle étonnamment calme et verdoyante. Franchement, on n'a plus l'impression d'être en ville. Ça sent le lieu paisible, genre Wisteria Lane (mais avec moins d'affaires criminelles j'espère !), avec davantage d'arbres. Nous faisons là une courte pause pour manger une bricole, puis nous repartons au hasard des rues pas trop encombrées.

 

Et c'est ainsi que nous tombons par hasard sur des panneaux qui me donnent envie de les suivre, jusqu'à aboutir au Denver Museum of Nature and Science, qui me semble un excellent moyen de finir la matinée en beauté. Après une petite photo en compagnie d'un T-Rex, les filles s'amusent avec un petit jeu intéressant se trouvant à l'entrée : il s'agit d'une sorte de vasque se terminant par un trou, servant à recueillir les dons pour le musée. Au bords extérieur de la vasque se trouvent deux fentes permettant d'y loger une pièce de monnaie chacune, et lorsqu'on les lâche, elles glissent sur leur tranche puis prennent de la vitesse en formant une spirale qui les mène finalement dans le trou central. Un peu comme l'idée qu'on se fait traditionnellement d'un trou noir, quoi. L'occasion pour les filles de faire une sorte de course que gagne la Cadette (je crois que sa pièce était un peu plus lourde). Mais c'était marrant de voir leurs pièces se croiser à toute vitesse sans jamais se toucher.

 

Le temps nous est compté pour profiter de ce lieu qui m'enchante, mais notre chance continue : c'est gratuit ce jour ! Nous ne payons que l'accès à un film IMax 3D consacré aux prédateurs et à leurs difficultés à parvenir à se sustenter. Magnifiques images et une voix qui les accompagne parfaitement : calme et lente, on la comprend très bien. Ensuite, nous visitons une galerie bien mise en valeur, qui fait le lien entre les capacités des animaux et nos systèmes mécaniques. Nous terminons par le coin des Indiens, pour admirer plein d'objets consacrés à leur culture. Mais il faut bien avouer qu'avec le temps qui nous reste, nous nous contentons de prendre quelques photos et de tracer à travers la galerie...

 

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Exemple d'objet exposé que je trouve ravissant.

 

Nous passons vite fait par la boutique, ce qui permet aux filles de compléter leur collection de jolies pierres américaines, puis nous partons à regret vers l'aéroport... Nous faisons le dernier plein de la Camry, puis nous la faisons passer au rouleau pour la décrasser un peu de la boue de Yellowstone, toujours accrochée à ses flancs. Lorsque nous la restituons, tout se passe très bien, d'autant que nous tombons sur un gars qui parle un peu français (avec un fort accent africain) et qui rigole sans arrêt. Adieu, fidèle voiture ! Sur la facture de location, je découvre que j'ai parcouru pas moins de 3318 miles depuis le début du séjour, soit 5340 km ! Quand on vous dit que les USA, c'est grand...

 

Dans la navette qui nous ramène à l'aéroport, nous sommes seuls, du coup le chauffeur nous propose de nous déplacer au plus près du terminal dédié à Lufthansa. Nous avons un peu de mal à trouver notre chemin sur le moment, car le bâtiment est grand et bien peuplé... Une fois encore, un gars charitable accepte de nous indiquer le chemin avec cette sympathie habituelle que nous allons regretter. Enregistrement des bagages avant de terminer les quelques barres céréales qui nous restent : nous ne pourrons pas emporter nos restes dans l'avion, évidemment.

 

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Aux pieds de la Cadette, une fourmilière humaine.

 

Nous franchissons les contrôles toujours contraignants, puis attendons longuement le moment d'embarquer. Dans les derniers moments, nous apercevons par la baie vitrée géante les montagnes que nous avons traversées il y a deux semaines, lorsque nous avons commencé notre parcours vers Moab... La main de Madame serre la mienne, et d'un chuchotement, elle me remercie de ce beau séjour. Je dois dire que je suis vraiment content de ce que nous avons vécu ici. Tout ou presque s'est parfaitement déroulé, ce fut réellement idyllique. 2 ans de préparation ont payé, et je ne regrette pas ces efforts.

 

Le vol Denver-Munich se déroule assez bien, mais malgré la nuit qui vient à notre rencontre, difficile de fermer l'œil : nous ne parvenons pas à trouver notre position pour nous reposer un peu. Surtout Madame, qui a le chic pour être toujours derrière LE gars qui allonge son fauteuil au maximum dès le début du vol, histoire de se sentir bien à l'aise. Et les filles, qui auraient moins de difficultés à ce niveau, préfèrent profiter de la télé. Du coup, à Munich, nous sommes quatre zombies ! Mais les contrôles s'y déroulent mieux qu'à l'aller, et bien vite, nous nous retrouvons enfin à Marseille.

 

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Mardi 29 août 2017

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Non seulement nous sommes mardi, mais il est déjà 13h45 (heure française désormais, évidemment) lorsque nous atterrissons.

 

32°C nous attendent patiemment pour nous pourrir la vie. Une collègue du boulot vient aimablement nous récupérer, alors que mon téléphone retrouve le réseau français et que de nombreux messages y apparaissent. Ma collègue m'informe des dernières nouvelles avant que je la dépose à son agence de Vitrolles et que je reparte avec la petite famille. Quelques centaines de mètres plus loin, un kéké en Audi met plusieurs véhicules en danger par un comportement irresponsable. Pas de doute : nous sommes bel et bien de retour...

 

Nous faisons un arrêt par un grand magasin pour acheter aux filles de nouveaux cartables pour la rentrée toute proche (pour elles, c'est dès jeudi 31 août !). Soulagement : la maison n'a pas été cambriolée ! Nous y rangeons nos affaires le plus rapidement possible, et je commence à mettre les photos sur le PC : pas moins de 2800 clichés en tout, de quoi avoir quelques souvenirs ! Nous appelons la famille proche pour les informer de notre arrivée et avoir le plaisir d'entendre à nouveau leur voix, tout en commençant à leur faire partager notre joie d'avoir vécu un tel voyage. Puis je récupère au supermarché les courses commandées par Internet depuis les USA une semaine plus tôt.

 

Nous tentons de lire un peu Harry Potter le soir, mais nous réalisons bien vite que nous ne parvenons pas à comprendre ce qui s'y déroule. Nos cerveaux sont éteints, réclamant du sommeil, alors nous nous couchons tous à 20h30 et nous endormons aussitôt.

 

Sauf... sauf que je me réveille après cette "sieste", à minuit. Un mélange d'images kaléidoscopiques de ce que nous avons vécu, d'appréhension à l'idée de reprendre le boulot dans quelques heures, de chaleur excessive, mais aussi une déprime diffuse, me sortent du lit. Je me cale devant mon PC pour voir sur Internet si je suis le seul à subir cette sorte de "travel blues", et il semble que ce soit relativement fréquent. Mais pas de solution miracle : le temps fera son office...

 

Madame se lève vers 3h30 et me rejoint dans le salon. Nous nous rendormons vers 5h, avant que mon réveil ne retentisse une heure plus tard.

 

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Épilogue

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J'apprendrai plus tard que les filles ont dormi pas moins de 16 heures d'affilée cette nuit-là. Pour ma part, la journée de mercredi fut assez chaotique, mon cerveau fatigué peinant à retrouver son fonctionnement habituel, ce qui fera bien rire, à raison, certains de mes collègues de travail, qui n'ont pas vraiment l'habitude de me voir ainsi.

 

Pendant tout le reste de la semaine, j'aurai des nuits assez difficiles, et notamment peuplées de rêves mélangeant ce que nous avons vu. En particulier, je rêve plusieurs fois que j'explore une planète inconnue aux paysages rouges comme les arches de l'Utah. Vieux rêve d'enfant s'imaginant astronaute ! Les sensations que j'en tire, quoique étranges et confuses, ne sont pas désagréables, pendant cette période au cours de laquelle mon esprit s'accorde progressivement au quotidien de la vie ordinaire.

 

Samedi, nous passons la journée chez mes parents pour leur montrer les photos et les vidéos, tout en leur racontant en détail notre parcours. L'Amérique, pour cette génération des années 50, c'est un véritable rêve, surtout pour ma mère, et ils ont eu l'impression de vivre un peu ce que nous avons vécu, en suivant nos pérégrinations à des milliers de kilomètres de distance. C'est donc avec plaisir qu'ils nous écoutent leur raconter tout cela, nous posant de nombreuses questions, pendant 4 bonnes heures.

 

Mon père nous a offert une très jolie carte des USA pour garder la trace de notre parcours. Avec l'aide de la Cadette, j'y reporte notre trajet, puis des photos miniatures pour l'illustrer.

 

C'est donc avec cette dernière image, condensé de ce séjour inoubliable, que je conclus ce récit. Je ne sais pas si quelqu'un aura le courage et la patience de lire ces lignes entièrement depuis le début, mais prendre le temps de détailler tout cela m'aura fait plaisir. C'est bien l'essentiel !

 

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Bye bye !

Modifié par Vakoran
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Pfiou ça c'est du récit, pour être franc je n'ai lu que quelques jours, je vais revenir un petit peu chaque jour.

On s'est sans doute croisé à différents endroits, ton récit me fait revivre le mien que j'ai la flemme de mettre par écrit.

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Yooooooooooooooooooo !!!!

ben en voila du vécu, et joliment en famille.

Pas encore tout lu, fô le temps.

Mais bien décortiqué, outre les premiers jours, le jour J, le vécu de l'aventure, où l'on retrouve des sentiments partagés, mais aussi cette sorte de "communauté des gens de l'éclipse". J'adore !!!!

on remarque bien combien il est quasi vital de bien préparer l'instant, le matériel (punaise, ya pas de pied pour fixer les jumelles!!!!) de viser sans perdre une seconde, de "lister" mentalement ce qui sera à voir, et plus que tout ce qu'on a vu, ou plus exactement ce qu'on vient de vivre. En phase avé ce désintéressement après le 3° contact, cette chose si anodine au regard des secondes qui viennent de s'écouler et cette image gravée dans la rétine qu'on se refuse de perdre avec autre chose. Arrffff, que tout cela est bon !

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Pfiou ça c'est du récit, pour être franc je n'ai lu que quelques jours, je vais revenir un petit peu chaque jour.

On s'est sans doute croisé à différents endroits, ton récit me fait revivre le mien que j'ai la flemme de mettre par écrit.

 

Pareil pour moi, ton récit me rappelle avec bonheur ces vacances pareilles à nulles autres !

Merci...je reviendrai lire, relire ;)

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Et ben, c'est plus un CROA, c'est une encyclopédie de voyage au pays des merveilles :wub:

 

Bon, j'ai juste eu le temps d'admirer les photos avec leurs commentaires, mais promis, je tâcherais de trouver une bonne heure de libre pour dévorer ton récit qui semble si palpitant ;)

 

En tout cas, d'avance merci pour ce compte rendu de voyage qui fait rêver et d'éclipse :p

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Salut Vakoran, le Vauclusien, :)

 

Excellent, excellent, excellent CROA !!! :wub: :wub: :wub: Seul petit défaut : il est tellement volumineux qu'il me faudra plusieurs semaines, voire plusieurs mois pour le décortiquer entièrement... ;)

 

Roger le Cantalien. :rolleyes:

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Magnifique récit, magnifique voyage et courageux sinon aventureux avec ta famille, des observations amusantes, quand aux petits animaux ce sont des "chipmunks" qui ne sont pas timide (belle photo.) Je suis surpris que vous n'aviez pas vu beaucoup d'élans (elk) ce que tu appelles des "wapitis," quand aux ours ils sont en general timide comme les "cougars" ou "mountain lions" il est fort possible qu'en fait ces animaux t'on vu?

 

Je suis surpris que tu n'a pas parlé d'oiseaux mouches qui sont pourtant assez nombreux dans ces paysages immenses.

 

C'est dommage que tu ne sois pas allé jusqu'au Grand Canyon qui n'est pas très loin de Moab--quand aux villes pittoresques avec petites rues il faut aller a Charlotte, la Nouvelle Orléans, Boston ou San Francisco, etc.

 

Merci encore pour ton superbe récit qui m'a pris une bonne partie de la journée mais qui m'a bien retenue mon attention.

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Un bien beau périple dont les émotions et les plaisirs transparaissent jusque dans le style et la narration. J'ai eu, le temps de la lecture, l'impression de vous accompagner et ce n'est pas rien de vivre une telle aventure même de manière indirecte.

 

Bravo.

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Salut Vakoran,

 

comme beaucoup, je n'ai hélas pas le temps de tout lire mais je voulais saluer l'initiative et le résultat, toujours dans ce style très bien écrit, personnel et vivant !

C'est superbe, mais faudrait plus de temps de mon côté !

J'ai lu le début puis regardé les magnifiques photos.

 

A plus !

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J'ai tout lu!!!

 

Et j'ai bien ri en retrouvant plein d'anecdotes vécues, comme l'absence de la balayette dans les toilettes, la douche à régler soigneusement ou les pneus au bord des routes!! :D

 

Merci pour ce beau récit qui me rappelle le mien, avec des photos bien similaires parfois! :D

C'est vrai que c'est un peu égoïste, on écrit pour soi, mais on régale les autres!

Bravo!!

Et quel courage de l'avoir fait avec une femme non passionnée par l'astro et deux petites de 8 et 10 ans!

 

Que 2800 photos? Petit joueur! :be:

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En effet les américains mettent beaucoup d'eau dans les cuvettes de WC et pas aussi profondes qu'en France--donc pas de balayette mais parfois des ventouses pour déboucher--les douches sont si différentes dans la plus part des pays je suis toujours amusé et surpris en voyageant--quand aux pneus au bord des autoroutes ce sont les gros camions qui se resservent des pneus une fois usé en remettant une "seconde couche" recollée sur la structure du pneu qui lui est encore en bon état. Je crois qu'il y a de meilleurs termes pour expliquer cette technique!

 

C'est ça les bons et beaux voyages où on voit des choses différentes même dans les chiottes! ;):rolleyes:

Modifié par VNA
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Merci à tous ! Ça me fait vraiment plaisir de constater que plusieurs ont eu le courage de tout lire.

 

J'avoue que je pensais vraiment que personne ou presque ne le ferait. Comme quoi, je vous ai sous-estimés ! :D

 

Magnifique récit, magnifique voyage et courageux sinon aventureux avec ta famille, des observations amusantes, quand aux petits animaux ce sont des "chipmunks" qui ne sont pas timide (belle photo.) Je suis surpris que vous n'aviez pas vu beaucoup d'élans (elk) ce que tu appelles des "wapitis," quand aux ours ils sont en general timide comme les "cougars" ou "mountain lions" il est fort possible qu'en fait ces animaux t'on vu?

 

Je suis surpris que tu n'a pas parlé d'oiseaux mouches qui sont pourtant assez nombreux dans ces paysages immenses.

 

C'est dommage que tu ne sois pas allé jusqu'au Grand Canyon qui n'est pas très loin de Moab--quand aux villes pittoresques avec petites rues il faut aller a Charlotte, la Nouvelle Orléans, Boston ou San Francisco, etc.

 

Merci encore pour ton superbe récit qui m'a pris une bonne partie de la journée mais qui m'a bien retenue mon attention.

 

Oui, on a été un peu déçus de ne pas voir davantage "d'elks" nous aussi, on pensait que ce serait plus fréquent.

 

Effectivement, je crois avoir vu UN oiseau-mouche seulement, mais la photo que j'ai pu en prendre est mauvaise... Je pense qu'il s'agit de ça :

 

2017_08_29%20(1372).jpg

 

Pour le reste de tes suggestions, on va dire que ce sera pour une prochaine fois ! Il y a de quoi occuper plusieurs vacances en tout cas, c'est certain. :)

 

Que 2800 photos? Petit joueur! :be:

 

Bah, j'ai pas un appareil réglé pour prendre des chapelets de 12 photos à la minute, et puis vous, vous étiez deux ! :p

 

Mais c'est vrai que j'aurais sans problème doubler ce score si je n'avais pas supprimé de nombreux clichés un peu flous ou mal fichus.

 

Un regret par rapport à ton retour en avion et celui de Serge : avoir raté l'aurore boréale probable depuis l'avion, n'étant pas proche d'un hublot, et tous les passagers fermant consciencieusement leur fenêtre la nuit... (le ciel noir, ça fait trop peur :confused:).

Modifié par Vakoran
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Quel magnifique reportage Vakoran et quel voyage certainement inoubliable ça a du être !!!

 

Je mentirais si je disais que j'avais tout lu, mais les clichés à eux seuls sont superbes et donnent très envie de découvrir ces territoires grandioses !!! Superbe :wub:

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Pfiou... Tout lu!

Marrant de voir que l'on a tous des anecdotes similaires (wc, pneus, motel6 moyen, etc...) :)

Bravo d'avoir fait ce voyage en famille. On voit bien que tout était réglé et prévu, chapeau pour l'organisation!

Perso, nous avons fait le choix de ne réserver les hôtels que 3-4 jours avant. Nous n'étions que 2, du coup c'était plus simple.

Merci encore pour ton récit et tes photos ;)

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Vakoran, je ne te connais pas... encore!

Mais je peux et veux simplement t'avouer que ton récit est formidable.

Chapeau de nous faire partager ton extraordinaire aventure par l'écriture et quelques photos.

Elle fut la tienne bien sûr, mais aussi celle de ta famille.

Et par ton récit, tu nous la fait vivre bien entendu, mais aussi tu nous fait fait vivre avec toute ta famille, comme si nous en faisions partie.

C'est l'astro que je retrouve avec Nuits-Noires du Pas de Calais où les amoureux du ciel viennent avec leurs conjoints et leurs enfants.

La chaleur de notre passion se mêle à la douceur de la vie intime...

Merci pour ce moment de bonheur partagé.

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J'ai tout lu, sur plusieurs heures!

 

Quel voyage, quels paysages, quelle éclipse, que d'émotions!:god::god:

 

Tu avais pris des notes pour te rappeler de tous ces détails? Ou journal de bord tenu par ta femme?

 

Assurément le voyage d'une vie et une belle incitation à y aller (ce qui était prévu pour ma part l'année dernière et reporté).

 

A part l'épisode du resto familial à Denver qu'un bon accueil donc?

 

Je confirme pour le travel spleen.

Dur dur de reprendre le travail dès le lendemain.

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Merci à vous d'être passés et d'avoir pris le temps de lire ! Décidément, je pensais vraiment que la longueur du compte-redu serait rédhibitoire... Ravi de voir que ça n'a pas été le cas !

 

Perso, nous avons fait le choix de ne réserver les hôtels que 3-4 jours avant. Nous n'étions que 2, du coup c'était plus simple.

 

Je n'aurais jamais osé faire de même : pour moi, il faut que tout soit prévu soigneusement à l'avance !

 

Vakoran, je ne te connais pas... encore!

 

Mais si, un peu : clic. ;)

 

Merci pour le reste de ton très gentil message !

 

Merci Fred pour ces minutes d'évasion à te lire (beaucoup plus que 2 minutes pour nous ;)).

Quelle plume tu as !

 

Fred.

 

Content si ça t'a plu ! Au passage, rien à voir, mais je n'ai finalement pas pu aller au Restefond en septembre... Pour cette année, c'est donc probablement râpé... :(

 

J'ai tout lu, sur plusieurs heures!

 

Quel voyage, quels paysages, quelle éclipse, que d'émotions!:god::god:

 

Tu avais pris des notes pour te rappeler de tous ces détails? Ou journal de bord tenu par ta femme?

 

Assurément le voyage d'une vie et une belle incitation à y aller (ce qui était prévu pour ma part l'année dernière et reporté).

 

A part l'épisode du resto familial à Denver qu'un bon accueil donc?

 

Je confirme pour le travel spleen.

Dur dur de reprendre le travail dès le lendemain.

 

Merci Xavier ! Non, je n'ai pas pris de notes sur le moment, et je me suis basé sur le journal de mon épouse pour les grandes lignes. Mais heureusement que beaucoup de détails me sont restés en mémoire.

Et oui, je confirme le super accueil partout aux USA, sauf la petite exception dans la banlieue de Denver. Je suppose que c'est assez courant dans les banlieues un peu mal fichues de toute grande ville...

Qu'un habitué des voyages comme toi me confirme le travel spleen me rassure un peu. Ça fait un drôle d'effet de devoir revenir au quotidien dans la foulée ! Heureusement, ce sentiment m'a quitté après quelques jours seulement. Passer en revue les photos du séjour avec ma famille m'y a bien aidé.

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Moi j'ai toujours de travel spleen... je ne rêve que d'y retourner, que de revoir une éclipse, et toutes nos économies à Rob et moi seront dans ce but à partir de maintenant : repartir, mais avec nos enfants cette fois !

 

Et j'ai toujours dans les yeux les immenses paysages américains, mes paysages lyonnais sont trop étroits, étriqués... c'est un peu comme si je voyais tout avec un voile qui porterait en surimpression les paysages de ce fabuleux south west (Yellowstone et Grand Teton me manquent moins).

 

C'est compliqué... je suis partagée, depuis mon retour, une partie de moi est restée là-bas...

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Moi j'ai toujours de travel spleen... je ne rêve que d'y retourner, que de revoir une éclipse, et toutes nos économies à Rob et moi seront dans ce but à partir de maintenant : repartir, mais avec nos enfants cette fois !

 

Et j'ai toujours dans les yeux les immenses paysages américains, mes paysages lyonnais sont trop étroits, étriqués... c'est un peu comme si je voyais tout avec un voile qui porterait en surimpression les paysages de ce fabuleux south west (Yellowstone et Grand Teton me manquent moins).

 

C'est compliqué... je suis partagée, depuis mon retour, une partie de moi est restée là-bas...

 

Mon Ange......

C'est un tel souvenir, tellement de belles choses, que, oui, on peut rester un peu abasourdi !

Mais moi je suis bien revenu, et toi avec moi !

On repartira, c'est certain. Avec nos mômes.

Et on refera encore plus de photos ;-)

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