A la recherche des années avec des soi-disant “Lunes Bleues”.

Bonjour à toutes et bonjour à tous ,

Je voudrais évoquer les soi-disant “Lunes Bleues”. Et d'abord que serait une soi-disant “Lune Bleue” ? Eh bien, selon Wikipédia (https://fr.wikipedia.org/wiki/Lune_bleue_(astronomie)) une “Lune Bleue” serait « une Pleine Lune supplémentaire se produisant lors d'une saison. Une saison standard possède trois Pleines Lunes. Si une saison en possède quatre, alors la troisième pleine lune est désignée Lune Bleue. » Cette définition provient de l'almanach nord-américain “Farmer's Almanac” (l'almanach des fermiers) qui paraît depuis 1818 (voir : https://en.wikipedia.org/wiki/Farmers%27_Almanac).

Wikipédia indique une définition plus récente de la “Lune Bleue” : « Un usage récent définit la Lune Bleue comme la seconde Pleine Lune d'un mois calendaire. Cette interprétation proviendrait d'une erreur publiée dans l'édition de mars 1946 de “Sky and Telescope” de mars 1946. »

Un récent article de l'IMCCE (Institut de Mécanique Céleste et de Calculs des Éphémérides – qui a remplacé depuis le décret n° 98-446 du 2 juin 1998 l'ancien Service des Calculs et de Mécanique Céleste du Bureau des Longitudes; voir : https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000572567&categorieLien=id) indique dans sa “Lettre d'information n°141 : janvier 2018” ( https://www.imcce.fr/newsletter/html/newsletter.html ) l'origine de l'expression même de “Lune Bleue” :

« 2018 sera l'année bleue, une année à 13 pleines Lunes dont deux seront bleues. Faut-il comprendre que nous pourrons voir la Lune prendre une couleur anormalement bleue ? Il n'en sera rien. L'expression « Lune Bleue » nous vient des anglo-saxons, encore eux… Elle semble remonter au XVIe siècle où son premier sens renvoyait alors à l'absurdité d'un propos tenu : il est tout aussi absurde de dire que la Lune est bleue que de dire que le noir est blanc. Depuis, son sens a évolué. Elle est passée de nos jours dans la langue anglaise sous la forme familière « once in a blue moon » dont l'équivalent en Français est « chaque 36 du mois », expression utilisée pour désigner un fait rarissime. »

Ensuite, qu'est-ce que l'instant précis d'une “Pleine Lune” ? Eh bien, c'est l'instant précis lorsque les centres du Soleil, de la Terre et de la Lune sont exactement alignés. Cela se produit en moyenne tous les 29,5 jours [ou plus précisément 29,530588853 jours ; soit 29 jours 12 heures 44 minutes et 2 secondes]. Mais ce n'est qu'une moyenne, la période séparant deux Pleines Lune peut en effet varier de plus ou moins 14 heures par rapport à la durée moyenne séparant deux phases de la Lune (voir l'article du calculateur belge Jean Meeus “Les durées extrêmes de la lunaison” paru dans la revue de la Société Astronomique de France l'Astronomie de juillet-août 1988 aux pages 288 et 289 : http://articles.adsabs.harvard.edu/cgi-bin/nph-iarticle_query?1988LAstr.102..288M&data_type=PDF_HIGH&whole_paper=YES&type=PRINTER&filetype=.pdf).

Ainsi, sur une période de 200 ans entre 1900 et 2100 :

◊ les deux lunaison les plus courtes seront de 29 jours 6 heures et 35 minutes pour la lunaison de juillet 2003 et celle de juillet 2053 ;

◊ la lunaison la plus longue a été de 29 jours 19 heures et 55 minutes pour la lunaison de janvier 1974.

Jean Meeus avait déjà abordé le sujet de “La durée de la lunaison” dans un premier article paru en janvier 1960 dans la revue astronomique belge francophone Ciel et Terre aux pages 21 à 25 (http://articles.adsabs.harvard.edu/cgi-bin/nph-iarticle_query?1960C%26T....76...21M&data_type=PDF_HIGH&whole_paper=YES&type=PRINTER&filetype=.pdf)

Je précise enfin que Jean Meeus a dans son livre “Astronomical Tables of the Sun, Moon and Planets” (http://www.willbell.com/almanacs/AstroTables.htm), troisième édition parue en 2015 chez l'éditeur Willmann-Bell à Richmond en Virginie aux États-Unis [la première édition était parue en 1983 et la deuxième en 1995], a aux pages 181 à 207 donné les dates et les horaires à la seconde près (mais en “Temps Terrestre” depuis 2001 [ex “Temps Dynamique” entre 1984 et 2000, ex “Temps des Éphémérides” entre 1960 et 1983], c'est-à-dire en Temps Universel déconnecté des variations de la rotation de la Terre) des “Phases de la Lune” entre 1970 et 2050.

Mais, maintenant comment savoir si une année depuis 1583 (première année complète du calendrier grégorien) a pu avoir deux Pleines Lune le même mois ?

Eh bien, il suffit de consulter le site Internet “https://www.obliquity.com/cgi-bin/bluemoon.cgi” qui calcule les mois où il y a eu deux Pleines Lune le même mois, ainsi en octobre 1583 pour la première fois du calendrier grégorien (d'après les données de l'excellent logiciel astronomique “Guide 9” de l'Américain Bill Gray : https://www.projectpluto.com/) :

◊ première Pleine Lune : samedi 1er octobre 1583 à 12h 16m 07s (Temps Universel) ;

◊ seconde Pleine Lune : dimanche 30 octobre 1583 à 22h 28m 42s (Temps Universel).

Roger le Cantalien.

très intéressant, merci Roger.

Ensuite, qu'est-ce que l'instant précis d'une “Pleine Lune” ? Eh bien, c'est l'instant précis lorsque les centres du Soleil, de la Terre et de la Lune sont exactement alignés.

Juste une correction : quand les centres sont alignés, se produit une éclipse totale de Lune. Or il n'y a pas éclipse à chaque Pleine Lune ! En fait, la Pleine Lune (tout comme la Nouvelle Lune) est définie par sa longitude écliptique (opposée à celle du Soleil dans le premier cas, égale dans le second).

Blue moon... c'est aussi un grand standard de jazz

très intéressant, merci Roger.

 

Juste une correction : quand les centres sont alignés, se produit une éclipse totale de Lune. Or il n'y a pas éclipse à chaque Pleine Lune ! En fait, la Pleine Lune (tout comme la Nouvelle Lune) est définie par sa longitude écliptique (opposée à celle du Soleil dans le premier cas, égale dans le second).

 

Merci Mon Cher Thierry pour cette précision très utile. :be: