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La troisième comète périodique calculée : la comète de Biela.


roger15

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La troisième comète périodique calculée : la comète de Biela (3/D Biela) encore appelée "comète de Gambart".

 

 

 

Bonjour à toutes et bonjour à tous, :)

 

Je poursuis l'historique des comètes périodiques calculées, après la comète de Halley (http://www.webastro.net/forum/showthread.php?t=65469) puis la comète de Encke (http://www.webastro.net/forum/showthread.php?t=64998), voici l'histoire mouvementée de la troisième comète périodique calculée : la comète de Biela (3/D Biela) cette comète fut également appelée "comète de Gambart".

 

 

I) La découverte de cette comète en 1772 par l'astronome français Jacques Laibats-Montaigne.

 

 

La première découverte de la comète a eu lieu le dimanche 8 mars 1772 par Jacques Laibats-Montaigne à Limoges (Haute-Vienne) qui l'a observée dans la constellation de l'Eridan. Cette comète a été numérotée 1772 I, sa luminosité était juste inférieure à la visibilité à l'œil nu (le logiciel astronomique "Guide 8" indique une magnitude de +6,7). Les observations ont cessé après 29 jours, et aucune orbite elliptique n'a pu alors être calculée. Cette comète 1772 I est passée au périhélie le 17 février 1773 à 16h12 (TU) et au plus proche passé à la Terre (0,62 Unités Astronomiques [uA] soit 92,745 millions de kilomètres) le 13 mars 1772.

 

Le logiciel "Guide 8" indique pour la comète 1772 I une période de 6,87 ans (2.508,4 jours).

 

Cette comète est ensuite repassée quatre fois au périhélie en 1779 puis en 1786, puis en 1792, puis en 1799 sans être ré-observée.

 

 

II) La deuxième découverte de cette comète en 1805 par l'astronome français Jean-Louis Pons.

 

 

La deuxième découverte de la comète a eu lieu le dimanche 10 novembre 1805 par Jean-Louis Pons à l'observatoire de Marseille (Bouches-du-Rhône) dans la constellation d'Andromède, sa magnitude était de +5,3. Cette comète est passée au périhélie le 2 janvier 1806, elle fut donc numérotée 1806 I. Sa période était de 6,74 ans (2.463,4 jours).

 

A la suite de la découverte de la comète Pons en 1805, Friedrich Bessel a rapidement publié une orbite parabolique et a calculé un passage au périhélie le 1er janvier 1806. En prenant connaissance des calculs de Friedrich Bessel, Wilhelm Olbers a immédiatement suspecté une ressemblance avec la comète Laibats-Montaigne de 1772. Karl-Friedrich Gauss, en reprenant les éléments des observations effectuées entre le 16 novembre et le 8 décembre 1805, a calculé un passage au périhélie pour le 31 décembre 1805 (en réalité, d'après le logiciel astronomique "Guide 8" le passage au périhélie a eu lieu le 2 janvier 1806 à exactement 09h34m33s TU). Karl-Friedrich Gauss a bien entendu trouvé une troublante coïncidence avec la comète Laibats-Montaigne de 1772. D'ailleurs, en février 1806 Gauss a recalculé les éléments de la comète de 1772 et s'est déclaré tout à fait certain qu'il s'agissait de la même comète que celle découverte par Jean-Louis Pons.

 

 

Cette comète est repassée au périhélie en 1812, puis en 1819 sans être de nouveau observée.

 

 

III) La troisième découverte de cette comète en 1826 par l'astronome amateur autrichien Wilhelm von Biela.

 

 

La troisième découverte de la comète a eu lieu le lundi 27 février 1826 par l'astronome amateur autrichien Wilhelm von Biela à Johannisberg (Allemagne) dans la constellation des Poissons, sa magnitude était de +7,7. Cette comète est passée au périhélie le 18 mars 1826 à 22h47m42s TU, elle fut donc numérotée 1826 I. Sa période était de 6,72 ans (2.454,4 jours). L'astronome français Jean-Félix Adolphe Gambart la découvrit dix jours plus tard à l'observatoire de Marseille. Immédiatement il en calcula les éléments et fut le premier à déclarer que cette comète était celle déjà observée en 1772 et en 1805, et surtout qu'elle reviendrait en 1832. C'est pourquoi elle aurait dû porter le nom de "comète Gambart" ou à la rigueur le nom de "comète Gauss" mais absolument pas celui de "comète Biela".

 

Vers la mi-mars 1826 plusieurs autres astronomes-calculateurs, dont Biela, confirmèrent l'étrange similitude de cette comète de 1826 avec celles de 1772 et de 1805. Comme cette comète fut bien suivie jusqu'au 9 mai 1826, le calcul de ses éléments fut donc bien précis.

 

 

IV) Le retour de 1832 de la comète de "six ans trois quarts" ou de Biela.

 

 

C'est le lundi 24 septembre 1832 que John Herschel (le fils de William Herschel, le découvreur d'Uranus) observa le premier à Slough (Angleterre) le retour de la comète de "six ans trois quarts" comme on l'appelait à l'époque. Elle cheminait dans la constellation du Cocher et était de magnitude +8,6. Cette comète fut observée jusqu'au 4 janvier 1833. "Guide 8" indique qu'elle passa au périhélie le 26 novembre 1832 à 14h45m53s TU et que sa période était de 6,65 ans (2.427,3 jours). Elle fut numérotée 1832 III.

 

Son retour en 1839 ne fut pas observé.

 

 

V) Le retour de la comète de Biela en 1846 où l'on constata qu'elle s'était brisée en deux !...

 

 

C'est le Père jésuite Francesco De Vico qui l'observa en premier à l'Observatoire du Vatican à Rome (Italie) le mercredi 26 novembre 1845. Elle se trouvait alors dans la constellation de Pégase et était de magnitude +9,5. A la mi-janvier 1846 les astronomes qui observaient cette comète n'en crurent pas leurs yeux : cette comète s'était scindée en deux !... Le noyau le plus faible fut observé jusqu'à fin mars 1846 et celui plus éclatant jusqu'au 27 avril 1846.

 

Le logiciel "Guide 8" indique que cette comète passa au périhélie le 11 février 1846 à 11h51m38s TU et que sa période était de 2.410,8 jours. Elle fut numérotée 1846 II.

 

 

VI) Le dernier retour observé de cette comète de Biela en 1852 (comète 1852 III).

 

 

C'est le Père jésuite Angelo Secchi qui l'observa en premier à l'Observatoire du Vatican à Rome (Italie) le jeudi 26 août 1852. Elle se trouvait alors dans la constellation des Gémeaux et était de magnitude +8,8. Les astronomes qui l'ont observée ont été surpris de ne voir qu'un seul noyau... Ce n'est que le 15 septembre 1852 que le deuxième noyau, beaucoup plus faible, fut lui-aussi observé. La dernière observation de cette comète eu lieu le 25 septembre 1852.

 

Le logiciel "Guide 8" indique que cette comète passa au périhélie le 23 septembre 1852 à 13h02m12s TU et que sa période était de 2.416,9 jours. Elle fut numérotée 1852 III.

 

Le dessin de cette comète double fait par Wilhem Struve en 1852 :



 

800px-CometBiela.jpg

 

 

VII) Les deux retours non observés de cette comète de Biela en 1859 et en 1866.

 

 

Les astronomes furent très déçus de ne pas arriver à observer cette comète de Biela lors des deux retours suivants, en 1859 et en 1866. Certains en déduisirent que cette comète avait continué à se briser en de nombreux petits morceaux et de ce fait n'existait plus ou du moins ne pourrait plus jamais être observée... :cry: :cry: :cry:

 

 

VIII) Les quatre retours non observés de cette comète de Biela en 1872, 1885, 1892 et en 1899 donnèrent lieu à de spectaculaires "pluies d'étoiles filantes"..

 

 

Le 27 novembre 1872 eu lieu une formidable "pluie d'étoiles filantes" : 3.000 météores par heure, soit 50 par minute !... Les calculs effectués alors ont montré que cette "averse d'étoiles filantes" suivait l'orbite de la comète de Biela.

 

 

La pluie d'étoiles filantes du 27 novembre 1872 :



 

attachment.php?attachmentid=13686&stc=1&d=1284566086

 

 

En revanche il n'y eu point de "pluie" en novembre 1879.

 

Le 27 novembre 1885 la "pluie d'étoiles filantes" fut encore plus importante : 15.000 météores par heure, soit le chiffre impressionnant de 250 par minute !!!... Ce fut l'averse la plus importante d'étoiles filantes liées à la comète de Biela. Cette "averse" dû ressembler - en un peu plus faible - à celle du 17 novembre 1833 (50.000 météores à l'heure soit plus de 800 par minutes) causée par l'essaim dit des "Léonides" (associé à la comète 55/P Tempel-Tuttle), dont voici une illustration au-dessus des chutes du Niagara entre les États-Unis et le Canada :

 

 

leograv_niag3.jpg

 

 

En novembre 1892 la "pluie d'étoiles filantes" fut un peu moins importante : 6.000 météores par heure, soit 100 par minute !!!...

 

Enfin, en novembre 1899 cette "pluie d'étoile filantes" fut déjà presque tarie : seulement 150 météores par heure, soit deux et demi par minute...

 

Depuis lors, hélas, cette "pluie d'étoiles filantes" n'a plus donné lieu à une importante "averse"... On appelle ces météores les "Biélides" ou les "Andromédines", ceci parce que leur radian est situé près de l'étoile Gamma Andromède.

 

Pourquoi cet essaim d'étoiles filantes a t-il quasiment disparu depuis le début du 20ème siècle ? Eh bien, à cause de Jupiter qui a dévié leur cheminement qui ne croise désormais plus l'orbite de la Terre...

 

 

IX) La comète de Biela retrouvée en 2001 ?

 

 

Un dernier mot sur la comète de Biela : elle a peut-être été retrouvée en 2001. En effet, la comète P/2001 J1 NEAT, découverte sur une photographie prise le 11 mai 2001 par Steven Pravdo, Eleanor Helin, et K. Lawrence avec le télescope Schmidt de 1,20 mètre de diamètre au Mont-Palomar (Californie) de la NASA "NEAT" (Near Earth Asteroid Tracking) présente d'étranges similitudes avec la comète disparue depuis 1852. La comète P/2001 J1 NEAT est passée au périhélie le 14 mars 2001. Sa période est de 7,665 ans.

 

Elle fut redécouverte 7 ans plus tard par l'astronome amateur japonais Ken-ichi Kadota le 15 octobre 2008. Elle fut numérotée P/2008 T5 (NEAT). Depuis lors elle fut définitivement numérotée 207P/NEAT (207ème comète périodique découverte). Elle est passée au périhélie le 6 novembre 2008. Sa période est de 7,67 ans, elle devrait repasser au périhélie en 2016.

 

Peut-être, d'ici-là, saura-t-on si la 207ème comète périodique observée a effectivement ou non un rapport avec la comète disparue de Biela.

 

Roger le Cantalien. :rolleyes:

 

Principales sources utilisées :

 

* "l'Astronomie Populaire" de François Arago, Tome II (paru à titre posthume en 1855), Livre XVII sur "Les comètes", Chapitre VIII, pages 292 à 298, sur "l'orbite de la comète de six ans trois quarts ou de Gambart" : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k34662.image.r=fran%C3%A7ois+arago+astronomie+populaire.f316.langFR ;

 

* site Internet de Garry Kronk : "Cometography" (http://cometography.com/pcomets/003d.html) ;

 

* logiciel astronomique "Guide 8" de Bill Gray (http://www.projectpluto.com/) ;

 

* site Internet de Gilbert Javaux "PGL -L'Astronomie une Passion à Partager" (http://pgj.pagesperso-orange.fr/periodique.htm et http://pgj-new.pagesperso-orange.fr/1008-nouvelles.htm#P2008_T5) ;

 

* site Internet "Imago Mundi" : http://www.cosmovisions.com/comBiela.htm ;

 

* site Internet de Kazuo Kinoshita : http://jcometobs.web.fc2.com/pcmtn/0207p.htm.

Modifié par roger15
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Bonsoir Roger,

 

Je ne connaissais pas l'histoire mouvementée de cette comète !

 

L'Astronomie Populaire de Flammarion (L'edition récente de 1955, de A.Danjon) y consacre plus d'une page (352 - 354).

 

On y voit 2 dessins de la comète dédoublée, en février 1846 et en septembre 1852, lorsque les 2 noyaux se trouvaient espacés de 2.4 millions de kms. Le dessin de Struve que tu présentes comme datant de 1852 est daté du 19/02/1846 dans l'Astronomie Populaire, lorque les 2 noyaux cométaires étaient encore assez proches.

 

Un dessin de septembre 1852 : 003d520925.jpg

 

La pluie d'étoiles filantes 'en ondée' du 27/11/1872 est commentée en détail. L'auteur donne une estimation de 160 000 météores entre 19h et 1h00 du matin ! :o L'explication proposée est que la Terre a traversé non pas la queue de la comète mais un fragment désagrégé et dispersé. Fort plausible.

 

Concernant le premier découvreur, en 1772, il est question à plusieurs reprises de Montagne et non de Montaigne !?

 

Si P/2008 T5 est devenue 207/P Neat, je pense qu'il n'y a plus aucune chance de voir 3/D Biela redevenir 3/P Biela ! :rolleyes: D'ailleurs, je ne sais s'il y a des exemples de comètes disparues qui ont été retrouvées et qui reprennent leur appellation en /P ?

 

Merci pour cette belle histoire Roger.

 

Jeannot

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Bonjour Jeannot, :)

 

Effectivement, le découvreur de la comète de Biela, Jacques Laibats-Montaigne est parfois orthographié comme (cas du site Internet de Garry Kronck) "Jacques Leibax Montaigne", et parfois en "Jacques Montagne". Si j'ai retenu l'orthographe de "Jacques Laibats-Montaigne" c'est que c'est ainsi qu'est orthographié ce découvreur de trois comètes dans le livre de Franck Delage, professeur au lycée de Limoges, paru en 1934 "Jacques Laibats-Montaigne ou l'homme aux trois comètes" (voir : http://cths.fr/an/prosopo.php?id=100885).

 

Le site ("In Memoriam" - liste alphabétique "M" des membres de l'Académie des Sciences [http://www.academie-sciences.fr/membres/in_memoriam/in_memoriam_liste_alphabetique_M.htm] indique :

 

« Montaigne alias Montagne alias La Montagne (Jacques Laibats-Montaigne, dit) 6 septembre 1716 à Narbonne - 17 décembre 1788 à Limoges. Nommé correspondant de Pierre-Charles Le Monnier le 23 août 1780. »

 

Quant à la date du dessin, j'avais lu sur un site Internet qu'il datait du retour de 1854, mais je crois que tu as raison et qu'il doit dater du retour précédent en février 1846. D'ailleurs c'est ce qu'indique Wikipédia (http://fr.wikipedia.org/wiki/3D/Biela).

 

Enfin, quant à la désignation de cette comète "retrouvée" - s'il se confirmait que ce soit bien le cas - il suffirait de l'appeler la "comète 3/P Biela-Neat", qu'en penses-tu ?

 

Roger le Cantalien. :rolleyes:

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Bonjour Roger :),

 

Ton article est excellent comme d'habitude, très complet et instructif. Cette comète s'appelle "comète Biela", ce qui a paru logique aux astronomes de l'époque. Gambart l'a observée dix jours plus tard, comme tu le rappelles.

 

Ce qui est intéressant, c'est la relation possible avec la comète 207P/NEAT, observée en 2001 et 2008. Pourtant cette corrélation n'a pas pu être prouvée, les perturbations non-gravitationnelles subies par les deux morceaux de la comète brisée en 1846 et leurs éventuels fragments cométaires survivants étant trop importantes. Il pourrait plutôt s'agir d'un fragment qui se serait détaché antérieurement à la découverte de 1772. L'origine des deux comètes serait donc commune.

 

Il n'est pas tout à fait exclu que l'on trouve prochainement un minuscule astéroïde cométaire circulant sur une orbite identique et qui pourrait être le noyau rocheux du fragment principal qui pourrait avoir survécu à la désintégration complète, ou qui daterait lui aussi d'une fragmentation antérieure. A coup sûr, la comète Biela était devenue un objet très fragile avant sa fragmentation et sa désintégration était quasiment inéluctable.

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Bonjour Whiston, :rolleyes:

 

Merci pour tes remarques très constructives :) :) :) , surtout sur ce point précis :

Ce qui est intéressant, c'est la relation possible avec la comète 207P/NEAT, observée en 2001 et 2008. Pourtant cette corrélation n'a pas pu être prouvée, les perturbations non-gravitationnelles subies par les deux morceaux de la comète brisée en 1846 et leurs éventuels fragments cométaires survivants étant trop importantes. Il pourrait plutôt s'agir d'un fragment qui se serait détaché antérieurement à la découverte de 1772. L'origine des deux comètes serait donc commune.

 

Il n'est pas tout à fait exclu que l'on trouve prochainement un minuscule astéroïde cométaire circulant sur une orbite identique et qui pourrait être le noyau rocheux du fragment principal qui pourrait avoir survécu à la désintégration complète, ou qui daterait lui aussi d'une fragmentation antérieure. A coup sûr, la comète Biela était devenue un objet très fragile avant sa fragmentation et sa désintégration était quasiment inéluctable.

 

En revanche je suis plutôt en désaccord avec toi sur la dénomination de la comète lorsque tu déclares :

Cette comète s'appelle "comète Biela", ce qui a paru logique aux astronomes de l'époque. Gambart l'a observée dix jours plus tard, comme tu le rappelles.

 

En ce qui concerne la dénomination de la comète, j'ignore si tu as pris connaissance de ce qu'indique à ce sujet François Arago (qui était tout de même Directeur de l'Observatoire de Paris ;) ) dans son "Astronomie Populaire", Tome II (paru à titre posthume en 1855), Livre XVII sur "Les comètes", Chapitre VIII, pages 292 à 298, sur "l'orbite de la comète de six ans trois quarts ou de Gambart", aux pages 297 et 298 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k34662.image.r=fran%C3%A7ois+arago+astronomie+populaire.f321.langFR

 

Comme c'est assez mal numérisé par "Gallica" je vais te donner un autre lien où la numérisation est nettement meilleure (normal, c'est un site américain !... :D :D :D : ) http://www.archive.org/stream/astronomiepopula02arag#page/296/mode/2up.

 

François Arago y déclare : « (page 297) Dans la plupart des traités d'astronomie, la comète dont nous venons de nous occuper est désignée sous le nom de comète de Biela. Je n'admets pas cette désignation, pour des raisons que j'ai déduites dans la notice biographique que j'ai consacrée à Gambart, et dont je ne reproduirai ici que la substance.

L'usage s'est établi de désigner les comètes périodiques par des noms d'hommes. Cela peut exciter le zèle des astronomes, et dès lors il est bon de s'y tenir ; une condition cependant paraît indispensable : c'est que les noms soient constamment choisis suivant des règles invariables, et abstraction faite de tout amour-propre, de tout préjugé national. Pour chaque comète périodique, il y a lieu, dès l'origine, à distinguer : l'astronome qui l'aperçoit le premier ; l'astronome qui, le premier aussi, reconnaît, à l'aide des éléments paraboliques, qu'elle s'était précédemment montrée ; celui enfin qui, passant aux éléments elliptiques, calcule exactement la durée de la révolution. Voyons quels principes ont prévalu pour les deux comètes périodiques dont nous nous sommes occupés dans les deux chapitres précédents.

En ce qui concerne la comète de Halley, on s'est décidé à lui donner le nom de l'illustre astronome qui le premier s'est occupé des comètes périodiques, de celui (page 298) qui avait, d'après les éléments paraboliques, montré qu'elle avait déjà apparu, prouvé sa périodicité, et prédit le retour prochain de la comète, retour que Clairaut a calculé avec exactitude.

Pour la comète d'Encke, on ne lui a donné ni le nom de Pons qui l'a découverte, ni le nom de Bouvard qui en a calculé les éléments paraboliques, mais bien le nom de M. Encke, qui a retrouvé ses apparitions anciennes et calculé ses retours prochains.

Pourquoi donc donner à la comète de six ans trois quarts le nom de Biela, qui n'a fait que la découvrir, lorsqu'on n'a pas donné le nom de Pons au découvreur de la comète de trois ans trois dixièmes? Pourquoi avoir deux poids et deux mesures. Gambart a calculé les éléments paraboliques de la comète de 1818-1819, il a reconnu ses anciennes apparitions, il a prédit ses retours futurs. Tant que la comète à courte période portera le nom de M. Encke , et pour ma part je trouve cette désignation très-convenable, la comète de six ans trois quarts devra donc porter le nom de Gambart et non celui de Biela. »

 

Je trouve, pour ma part le raisonnement de François Arago tout à fait pertinent. Et toi, Whiston, qu'en penses-tu ? :?:

 

Roger le Cantalien. :rolleyes:

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Roger, je réponds à ton interrogation.

 

Je possède le livre "Les comètes" de François Arago qui est paru en 1986 aux Editions Blanchard. C'est le Livre XVII de la fameuse Astronomie populaire d'Arago, oeuvre posthume parue en 1858 sous la direction de J.-A. Barral.

 

Arago a consacré 7 pages (pp 292-298) et le chapitre VIII à la comète qu'il appelle, comme tu l'as bien expliqué, "La comète de six ans trois quarts ou de Gambart". Mais il n'a pas été suivi par les astronomes allemands qui ont préféré honorer le "découvreur" de 1826, Wilhelm von Biela (1782-1856), plutôt que Gambart le calculateur. Il est clair qu'Arago ne portait pas Biela dans son coeur. Il le considérait comme un "amateur" et un usurpateur. Et surtout il était autrichien. Il faut se replacer à cette époque pour comprendre le choix des astronomes allemands. On sortait à peine de guerres interminables qui avaient mis l'Europe à sang et ce n'était pas le grand amour entre les Allemands et les Français. La rivalité entre les scientifiques des deux pays était réelle, et il n'était pas question de se faire des cadeaux.

 

Personnellement, j'ai toujours appelé cette comète D/Biela. Gambart a été un codécouvreur en 1826. Son nom est tombé dans les oubliettes, comme c'est souvent le cas pour ceux qui ont été précédés par un observateur plus chanceux. On peut le regretter, bien sûr, quand on est Français. Les Allemands et les Autrichiens, sont comme moi : ils ne se posent pas la question ! :be:.

Modifié par whiston
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  • 2 années plus tard...

Plongé cette nuit dans une des revues mensuelles d'Astronomie Populaire de Camille Flammarion, de janvier 1886, j'ai découvert l'histoire de cette comète dite de Biéla.

 

 

Cliquer sur les images



 

7217-1367423525.jpg

 

 

 

Curieux, je trouve ton excellent sujet, sur cette comète hors-norme. Et sans vouloir rajouter plus de commentaires (je pense que tout est dit par chaque intervenant), je souhaite juste illustrer ce post par ces dessins tirés de cette revue mensuelle.

 

 

 

La "pluie d'étoiles filantes" de 1885



 

7217-1367423801.jpg

 

7217-1367423874.jpg

 

 

 

 

Et la comète scindée en 2, observée en 1846, trouvée dans L'Astronomie Populaire de 1880

 

7217-1367423982.jpg

 

 

 

Merci Roger pour ce nouvel article, certe bien déterré :p, excellent comme à ton habitude :).

Modifié par Will
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Roger parlair d'observateurs chanceux,

 

Will est un collectionneur chanceux s'il a un stock de Bulletins du XIXème siècle !

 

Et merci pour le "déterrage" effectué !

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  • 4 années plus tard...

Bonjour, je suis iconographe et travaille pour une maison d'édition qui va publier un livre sur les météorites. Je vois que vous possédez le numéro de l'Astronomie populaire de janvier 1886. Vous serait-il possible de réaliser un scan en haute définition de la gravure Étoiles filantes observées le 27 novembre 1885 d'après un croquis fait à la Casbah de Tunis, par M. Portanier (figure 11 page 21) ?

 

Pouvons nous en discuter ?

 

Merci beaucoup,

MensiorBelin

 

Plongé cette nuit dans une des revues mensuelles d'Astronomie Populaire de Camille Flammarion, de janvier 1886, j'ai découvert l'histoire de cette comète dite de Biéla.

 

 

Cliquer sur les images



 

7217-1367423525.jpg

 

 

 

Curieux, je trouve ton excellent sujet, sur cette comète hors-norme. Et sans vouloir rajouter plus de commentaires (je pense que tout est dit par chaque intervenant), je souhaite juste illustrer ce post par ces dessins tirés de cette revue mensuelle.

 

 

 

La "pluie d'étoiles filantes" de 1885



 

7217-1367423801.jpg

 

7217-1367423874.jpg

 

 

 

 

Et la comète scindée en 2, observée en 1846, trouvée dans L'Astronomie Populaire de 1880

 

7217-1367423982.jpg

 

 

 

Merci Roger pour ce nouvel article, certe bien déterré :p, excellent comme à ton habitude :).

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  • 3 années plus tard...

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