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Épopée NATstronomique


Oeil noir

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Épopée NATstronomique

 

 

Instrument:

Dobson maison, 12", F5

Accessoires: Oculaires 24mm (63x), 17mm (89x), 8mm(190x), 5mm (304x) et ES tout neuf 14mm 82° (108x)

Lieu: Observatoire de Tauxigny

Capacité spéciale de l'observateur: Vision en hypra-rouge (Membre de la confrérie de l'Hyper Rouge :be:)

Dates: du 13 au 17 mai 2015

Emplacement N°12 :p:

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(Photo prise les jours suivants)

 

 

Jour -1



NAT 2015

Les prémices d'une épopée

 

Introduction…

 

L'évènement tant attendu approche enfin, il est là, à toucher du bout des doigts... l'annonce d'une météo incertaine me pousse à venir la veille au soir, directement après ma journée de travail. J'abandonne alors femme et enfant un pincement au coeur mais, très vite, je suis aspiré dans une tunnel spatio-temporel.

Les kilomètres défilent, l'enthousiasme grandit et tient tête à la culpabilité, la dépasse... et l'étouffe. Les kilomètres défilent et je ne vois pas s'écouler le temps, aucune langueur, aucune lassitude, aucune pause. Au fil des deux heures trente de route, des images naissent dans mon esprit , les souvenirs de l'an passé, le nouveau dobson à étrenner, une communauté à rencontrer avec des liens à renforcer… Une musique nait dans mon esprit, une musique faite d'instruments à vent, à cordes, toute une symphonie orageuse... je suis en approche et si mon GPS s'amuse en détours touristiques et pittoresques, je parviens au site de l'observatoire proprement dit. Quelques valeureux et impatients Astrams sont déjà présents, la plupart l'étaient un an plus tôt, certains avec qui j'avais déjà pu sympathiser.

 

Mais la nuit ne tardera bientôt plus à tomber, je salue les membres de la SAT, Jean-Louis m'accueille, je le remercie et le quitte… la musique accélère, mon sang bat le tempo furieux donné par un coeur ardent, avide d'une nuit aussi noire que blanche. La musique s'intensifie.

 

Les violons endiablés entrecoupés de soupirs sont relayés par des Haut-bois déchirant le ciel. Un gong résonne, des cymbales annoncent la prochaine apocalypse, des voix fantomatiques récitent des quantiques oubliés… Ici pas de trompettes ni de clarinettes, les triangles sont rangés, les oiseaux et petits écureuils en fuite… le tempo est lourd, l'intensité va crescendo, une viole de gambe s'autorise un solo sombre et émouvant avant le retour de violons dramatiques, de basses et contre-basses sortis tout droit des Carpathes…

 

Le ciel s'est assombri et mon campement est fin prêt, télescope collimaté, tente montée, tout est organisé, je peux enfin saluer l'ensemble du campement… Le silence s'empare de l'orchestre mental… je me détends, le ciel est clair, quelques cymbales cristallines clôturent l'euphorie, le temps est à la méthode, à la concentration, quatre mois sans ciel, cinq presque, voilà un gouffre à combler.

 

Un astram' parmi d'autres…

 

Ce soir, la Grande Ourse domine le ciel, veillant sagement mais fermement sur la bonne tenue des constellations voisines. Sa fille sur ses pas, le Lynx, le Dragon, la Girafe resplendissent, plus loin, Le Lion semble rugir contre les Gémeaux qui s'en vont vers d'autres latitudes. Jupiter et Vénus trônent à l'Horizon Ouest-Sud Ouest. Le Triangle d'été pousse ses voisins pour se tailler un part de ciel. Tant de constellations et toutes complètes, complètes de tant d'étoiles que je ne vois pas sous mon ciel yvelinois. Le ciel est à moi ainsi qu'à tous les Astram qui m'entourent, une douzaine, quinzaine peut-être où chacun est affairé aux derniers réglages…

 

Ce soir je décide de me lancer dans la Grande Ourse, il est 20h30 TU, une galaxie me résiste et je compte bien progresser à sa vue. M51, la galaxie du Tourbillon, le pont de matière est bien présent mais je manque de détails, comme à l'habitude me dis-je, mais la nuit n'est pas encore suffisamment sombre. Les deux coeurs sont néanmoins très présents et je jongle entre mon panoptic 24mm, et mon Hypérion 17mm. Aucun gain notable n'apparaît en grossissant. Je poursuis ensuite ma route auprès du grand omnivore.

 

M108 se révèle immédiatement avec un coeur lumineux, j'ai l'impression de voir une étoile en premier plan de ce coeur. Je jette un oeil au PSA et remarque la présence d'une nébuleuse, celle du Hibou, à proximité. Je reviens au 24mm pour avoir plus de champ et parviens à encadrer ces deux objets, que je n'avais encore jamais visités, de mémoire tout du moins. Je n'ai pas trop de détails dans M97 si ce n'est une impression de virgule plus sombre sous le centre. Je glisse mon porte-filtres pour me parer de l'OIII et l'impression se confirme tandis que le contraste est amplifié. L'ensemble me plait et je décide de croquer cela au pastel blanc sur Canson noir.

 

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M97 et M108

 

Après avoir défini un cadre étoilé, je reproduis le plus fidèlement possible le spectacle que j'ai sous les yeux. Le contraste de la nébuleuse est représenté tel qu'il m'apparait avec le filtre O3, ce qui la rend alors bien plus lumineuse que la galaxie. Les deux objets sont en bord de champs dans le 24mm, afin de les dessiner fidèlement je les centre chacun leur tour dans l'oculaire.

 

Il est à noter que si le temps est doux, sans vent et totalement dégagé, une humidité certaine fait son arrivée au sol. Mettant à l'épreuve le PSA et ma planche à dessin, ses feuilles en tout cas.

 

Vient ensuite le tour de M101, débusquée sans peine dès 63x. Des nuances apparaissent à 89x avec l'impression d'un coeur décentré, deux petites étoiles s'y logeant. C'est une Galaxie étendue avec l'impression de pouvoir sentir plus de détails si je n'avais pas arrêté d'observer si longtemps.

 

Une voix retentit alors dans la clairière, Corinne, alias Rigel33 nous annonce l'arrivée imminente d'un flash iridium sous Jupiter. Curieux, n'ayant jamais suivi cela, je me tourne vers l'astre jovien et découvre ce qu'est un flash iridium. Une lueur, semblable à un satellite ou une étoile faible, s'allume alors en se déplaçant vers le Nord, l'intensité grandit rapidement pour devenir presque aussi brillante que Vénus à l'oeil nu (m'a-t-il semblé). Le point lumineux décroit ensuite comme il avait crû et s'éteint. J'ai alors presque envie d'applaudir, autant pour le spectacle que pour remercier Corinne, mais je me retiens, de peur de passer pour un fou. Je la remercie néanmoins!

 

Je retourne au grand quadrupède velu et déloge M109 facilement et m'amuse à faire entrer et sortir l'étoile Phecda du champ de l'oculaire, histoire de constater la différence de luminosité apparente qui s'applique à la galaxie. Je ne ressors cependant aucun détail particulier. Les aigrettes de l'étoiles et la galaxie à proximité feraient un beau sujet de dessin, avec ces aigrettes qui donne un cachet à l'ensemble. Mais je poursuis mes observations sans sortir de crayons.

 

Je me tourne vers Hercule pour faire un tour sur l'amas le plus réputé du ciel boréal. Jusqu'à ce jour je l'ai toujours trouvé "sur-médiatisé", car d'autres comme M5 sont à mes yeux aussi beaux. Mais à cela j'ajoute que j'avais toujours été déçu par un manque d'éclat dudit globulaire. Dans mon nouveau télescope et avant les quelques péripéties de la suite du séjour, j'obtiens une vision bien plus belle qu'auparavant. L'amas est brillant, les étoiles bien résolues et j'en découvre des ponctuelles en avant plan du coeur noyé de lumière. J'ai l'impression qu'un sac de diamants m'est jeté à la figure alors que je serais allongé au sol, regardant le ciel d'un oeil enfantin… Je grossirai jusqu'à 190x sans perdre de détails, gagnant même de nouvelles étoiles résolues. C'est beau. Au final, c'est un claque visuelle pour M13.

 

Mais tous les autres globulaires du séjours seront beaux à leur tour, grâce au secondaire artisanal, j'ai gagné en contraste et en piqué.

 

 

Je décide ensuite de faire un tour dans le Lynx pour y trouver NGC2862 mais il est alors "bas", et je manque de confort pour l'observer. Ici débute le "relevé des petits défauts" de conception de mon télescope. En effet, quelques temps avant les NAT, j'ai reçu mon porte-filtre et je n'avais alors pas calculé sa course qui tombait contre un des tubes carbone. J'avais dû avant ces rencontres, déplacer le support de mon porte oculaires, disons, de façon provisoire, soit à plus de 45° de l'axe "confortable" pour y plonger l'oeil. En résumé, le tube baissé, les oculaires plongeaient vers le bas, si bien qu'à hauteur du Lynx, je devais m'asseoir au sol pour voir dans l'oculaire, me tordant les cervicales, autant dire que c'était totalement inconfortable… Moi qui comptais utiliser une des mes fiches d'observation (téléchargeables en pdf sur le fofo :p) pour le Lynx, je me vis dans l'obligation de renoncer à nombre d'autres constellations ce soir là, me promettant de remédier "provisoirement" à cela le lendemain.

 

Contrarié, je passe néanmoins au Serpent et échoue à nouveau sur un objet: NGC5962. Je vise donc M5 pour le plaisir et pour me rassurer aussi. Le globulaire se révèle donc très beau, dans le style de M13 trouvè-je d'ailleurs, éclatant, très détaillé.

 

Je cible ensuite un petit groupe de galaxie: NGC5838 et 5846 (ou 5850 qui est très proche mais je n'en perçois qu'une sur les deux accolées). Deux coeurs lumineux se détachent donc mais cela reste tout de même faible.

 

La fatigue me déborde à présent, je n'ai aucune notion de l'heure qu'il est et je n'ai pas de montre, je n'utilise pas de portable pour voir l'heure car même faiblement éclairé, l'écran me gêne.

 

Je décide, bien qu'elle soit basse sur l'horizon, enfin, basse selon l'inconfort de mon PO, de cibler la belle aux anneaux. Saturne se trouve alors dans un triangle de trois petits points que je suppose être ses satellites. Je n'ai alors pas souvenir d'avoir vu ses satellites souvent. La planète est belle, comme à son habitude, la division de Cassini est bien là, mais je peine à la détailler tant la position est inconfortable, renvoyé à mes démons, mes regrets que tout ne soit parfait dans la conception du télescope, je bâche le tout et file me glisser dans mon sac de couchage. Pas forcément repu de ciel, mais éreinté par la journée de travail, la route et la nuit d'observation enchainées. Il est finalement 0h40 TU lorsque je gagne la tente.

 

Un violon joue une marche lente et douce, m'emportant au royaume de Somnus (Hypnos), m'emportant lui-même sous sa garde, non loin de là, Morphée se frotte les mains.

La dernière virevolte d'un Haut-bois m'assomme.

Ainsi se termine la première nuit aux NAT, aux pré-NAT plus précisément. Je suis encore loin d'imaginer devenir l'un des héritiers d'Herschel… quelque part, Morphée signe un pacte avec Bacchus. Quelques prophéties latentes, patientent tranquillement… Une bouteille dans le coffre de ma voiture frémit, elle sait que son heure viendra… elle ne sera dès lors plus seule…

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Les pipelettes du sujet

Les pipelettes du sujet

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Jour 1



NAT 2015

La lente éclosion d'un mythe

Jeudi 14 mai

 

Introduction…

 

Le rythme champêtre d'un triangle que l'on frappe gaiement, des pistons d'une trompette que l'on actionne harmonieusement et de quelques clarinettes enthousiastes font cesser l'emprise sur mon esprit de Somnus. Morphée se tapit dans un coin.

 

7h du matin, heure locale, je suis sorti de mon sommeil par la douce chaleur qui montait sous la tente et le chant des oiseaux qui témoigne peut-être encore des agissements de la nuit. L'échos des batraciens résonne alors encore en moi. Une nuit parfaite ou presque m'offre un autre échos celui de la satisfaction: quoi qu'il arrive durant le reste du séjour, j'ai bien fait d'anticiper mon arrivée. Dans le pire des cas, les conférences et ateliers combleront le plaisir de cette rencontre.

 

Je me trompais… il restait tant à apprécier!

 

 

Un moment de vie plus que d'Astronomie…

 

Dans cette clairière dominée par un observatoire à deux coupoles, de petits ilots d'instruments optiques commencent à créer de petits puits de gravité. Des hommes et des femmes déambulent et déambuleront toute la journée ne cessant de les faire croître.

 

Les cheveux en bataille, je me dirige à pieds vers les douches du camping municipal. L'air est frais, l'eau: encore chaude, tout va bien dans le meilleur des mondes. Si ce n'est une couverture nuageuse qui ne demande qu'à s'installer tel un sénateur chevronné sur les sièges de l'hémicycle.

 

Je suis encore loin d'imaginer que Bacchus en est l'instigateur et qu'il demandera sa part de satiété. Reste que cette journée doit être la pire, de jour comme de nuit. Mais au fond de moi règne la conviction qu'une concentration d'Astram's déterminés et motivés à observer le ciel ne pourra qu'être récompensée.

 

De retour au site, je vois arriver de nouveaux participants. Je me promène alors ici ou là, au grès d'un flux invisible que seul la lumière infra-rouge pourrait révéler.

 

Nous l'ignorons encore...

 

Reprenant mes esprits et me remémorant la veille, je décide d'intervenir sur l'anneau de mon dobson. Du provisoire, certes, mais du fonctionnel il me faut. Je déloge les rotules des tubes carbone et cherche le meilleur compromis dans une nouvelle orientation de l'anneau et donc du PO. Celui-ci sera pratiquement à 90° ce qui impliquera une vue par le dessus, une fois le tube incliné. Je dévisse le support du chercheur, que par chance je n'avais pas collé, afin que ce dernier soit également accessible. Je bâche ensuite le tube car des ondées et le vent font leur apparition.

 

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La journée s'écoule et j'ai le plaisir de voir Manu s'installer à côté de mon emplacement, cela promet des échanges sympathiques. Le temps passe et par deux fois je relève mon télescope balayé par le vent, par deux fois délogé de sa base. Un nouveau constat me confirme que la base circulaire est trop étroite. Le mieux étant l'ennemi du bien, j'ai voulu faire trop compact et léger, je me promets alors de modifier et d'agrandir l'assise des tourillons sur une base plus large. Au passage, le secondaire se décale à cause des chutes. Il me faut ajuster les différentes vis de réglage et de centrage du miroir secondaire pour retrouver collim' aux petits oignons. Mais la position du PO favorisera un effet de levier créant de la souplesse et donc de l'astigmatisme… léger et pas rédhibitoire, mais mon perfectionnisme en prend un coup.

 

Le défilé d'Astrams' qui va de télescope en télescope semble, pour certains en tout cas, trouver ma construction de qualité, ingénieuse ou encore belle. Mais je suis dans un moment de reproche interne et je tente de justifier ce qui ne va pas et les mauvais choix appliqués.

 

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Pendant ce temps, la clairière s'est emplie de nouveaux passionnés, des instruments de toute taille et de tout type fleurissent encore de part et d'autre. La gravité faisant ainsi encore des siennes. Les puits, accrétant de la matière, creusent des sillons dans l'espace plan herbeux. Des groupes se forment ici ou là, autour de tel ou tel instrument. Un mouvement perpétuel est en marche, une force invisible crée l'inertie. Le destin est en marche.

 

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Je n'arrive plus sur la pointe des pieds comme aux RAAGSO5 ou comme, à moindre mesure, aux dernières NAT. Je vais à la rencontre des visages ou des "pseudos" familiers, les affinités s'ébrouent et s'enlacent, les héritiers d'Herschel semblent désignés à leur insu un à un par un index divin, sis au-dessus de nos têtes, dans un matelas gigantesque et gris. Bacchus sourit. Il tient ses proies.

 

Le temps défile et tout relatif qu'il est, l'heure du dîner arrive. Un moment convivial ou chacun émet ses espoirs et ses doutes quant aux nuits à venir. Observerons-nous? Les plus optimistes dont je fais parti sèment les premières graines d'un destin qui se provoque et ne se subit pas. Les premières notions de sacrifice s'élaborent: après le repas, je promets un petit calva authentique à qui voudra bien partager le café. Notre tablée sera aux premières loges, instigatrice du plus grand renversement de situation que l'Olympe ait pu suivre depuis des temps immémoriaux.

 

Un disque d'accrétion est en marche, les puits de gravitation on crée de petites galaxies éparses. Des lumières scintillent par endroit, trahissant la naissance de grains de poussière d'amitié qui grossiront en grumeaux et bien au-delà.

 

Le petit groupe qui s'est amassé devant l'emplacement de Manu, jouxtant le mien, voit une ou deux personnes supplémentairesse greffer à nous.

 

D'autres suivront...

 

Des allers-retours vont dès lors commencer. Une deuxième bouteille de calva naît alors d'un cocon nébuleux. Il faut alors revenir un peu en arrière contre le gré de la flèche du temps et se souvenir que nous venons d'assister à une conférence mémorable sur les résultats du télescope Herschel. L'infra-rouge nous a révélé quantité de matière, quantité de magie cosmologique et nous nous sentons envahis d'un devoir, celui de faire plier Bacchus à notre volonté.

 

Notre vision s'affirme et se précise…"Le cercle de l'Hyper Rouge, une joyeuse confrérie qui a écumé tout le catalogue AOC, de jour comme de nuit, avec des objet mythiques comme la célèbre cascade de Médoc et L'amas de Saint Emilion, dans la constellation du fut de chêne, sans oublier le quasar double Calva 1 et 2 dans la constellation de l'alambic, et j'en passe… (citation de Nicolas) "

 

Les nuages sont lourdement installés: eussions-nous dès lors maîtrisé l'Hyper-Rouge, que nous aurions deviné ici ou là, le séant, le coude, la tête, affalé, du dieu des réjouissances au travers desdits nuages.

 

Une galaxie spirale, un cercle grandissant…

 

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(image Sylvain/Charpy)

 

Un première bouteille de vin fait suite au calva, une spécialité… de quelque région qui m'échappe à l'instant où j'écris ces lignes. Il fait nuit, des silhouettes vont et viennent, certaines s'installent, les sièges sont reculés, le cercle s'agrandit. De discussions profondes et sérieuses en rires outranciers, nous poursuivons notre rituel. Une deuxième puis une troisième bouteille arrivent dès lors que l'une se vide. Chaque silhouette présente, dont les visages ne me sont alors pas encore connus, ou reconnus, s'égaient et retournent à leur campement pour y déloger un nouveau supplice pour Bacchus qui n'aura de cesse de nous exhausser. La cinquième bouteille - si je ne m'abuse - marque la première victoire des héritiers d'Herschel dont la vision en Hyper-Rouge est désormais acquise. Une trouée s'empare du ciel et 45 minutes d'observation potentielle s'offre alors à nous.

 

Mais ce cercle naissant est alors victime de son propre enthousiasme. Les blagues fusent, les traits d'esprit déchirent la prairie et se diffusent de toute part. Les fous rires éclatent comme des orages en montagnes, il doit bien y avoir quelques victimes de Somnus qui grommellent sous leur tentes ou dans leurs camping car. Nous culpabilisons, oh oui, nous culpabilisons, mais l'inertie de notre confrérie est plus forte et une dernière bouteille est piochée auprès de l'enthousiasme de l'un des nôtres. Il est plus de 2h du matin, heure locale, et nous poursuivons nos incantations et nos prières en laissant certes les sujets sérieux de côté. Moi qui était resté debout un long moment, je m'affale dans mon siège pliant et ris de bon coeur. Certains des nôtres appellent au calme, puisque Bacchus s'est résolu à nous écouter, mais nous ne sommes plus en état d'observer. Nous nous plaisons à défier celui pour qui nous faisons ce sacrifice. Nous garderons notre autonomie, notre libre arbitre et le plierons à notre volonté!

 

Nous n'observerons pas parce qu'il nous le permet, mais parce que nous le déciderons!

 

Ne reste plus alors qu'à préserver nos voisins, qui, s'ils n'ont pas cru en Bacchus, ne sont pas moins pris dans la danse du disque d'accrétion d'astronomes amateurs. Nous échangeons encore quelques rires et décidons de ne pas insister afin de ne pas devenir les cibles de l'ire des insomniaques "forcés", le lendemain, lorsqu'il nous faudra nous reposer.

 

Demain, nous déploierons la bannière du Cercle de l'Hyper-Rouge en un autre point du campement… pour plus de précaution.

 

Je me couche repu de rire, de crampes à l'estomac. J'ai découvert des esprits chambreurs, vifs, malicieux, libres, consciencieux, sérieux, discrets, exubérants, tous aussi différents les uns que les autres: mais attachants, mais ouverts, mais chaleureux, mais unis sous la même bannière du rire. Un réel moment de partage et de vie vraie, à mes yeux. Qu'il fut bon de rire pour probablement évacuer certaines choses du quotidien.

 

Rien d'épique dans cette journée, aucune observation solaire, rien de magique dans cette nuit non étoilée, mais fut scellé le rituel qui nous permettrait alors d'observer, plus ou moins longtemps et qualitativement, lors de toutes les nuits suivantes, pour qui ne se coucherait pas de bonne heure. Bacchus nous réserverait encore sont lot de surprises mais soudés nous étions, par les culs de bouteilles de l'hyper-Rouge!

 

Je parcours ensuite les sites météo sur mon portable. Demain, oui demain sera beau, de jour comme de nuit! Je me le promets et l'invoque auprès du seigneurs des délices.

 

Étrangement, aucune musique ne s'est emparée de mon esprit. Sinon un bourdonnement d'euphorie, un contrôle du corps quand celui de l'esprit s'était envolé. Personne n'avait perdu le contrôle, mais une ivresse légère avait plané sur nous… Somnus m'emporta soudain.

 

La Société des Alcooliques de Tauxigny organisait les Nuits Alcooliques de Tauxigny colportèrent les oiseaux nocturnes… Mais qui écouterait un oiseau...

 

PS: L'anonymat du Cercle a été volontairement conservé durant ce récit :p.

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Jour 2



NAT2015

Une journée débordante d'activité!!!

 

Vendredi 15 mai

 

Une activité matinale insoupçonnée...

 

Somnus me serra dans ses bras de façon plus douillette que les nuits précédentes. Lorsque je suis sorti de la tente ce matin là, le jour éclatait sous un ciel bleu et un soleil décomplexé. Une agitation régnait déjà dans la clairière. De nouveaux emplacements se paraient d'Astram's tout frais. D'autres se sentaient ragaillardis par le temps, au demeurant superbe. Il m'était évident que l'heure avait tourné… 9h était bien dépassé… et des instruments rutilaient déjà sous l'astre incandescent. Des yeux étaient rivés aux oculaires…

 

Une énergie émanait de tout ces mouvements, de tous ces commentaires… l'inertie se perpétuait… une musique s'immisça lentement en moi et je m'isolais alors pour reprendre mes esprits, me décoller les paupières et faire chuter les dernières poussières de prières à Bacchus ; pas vraiment nauséeux, étrangement dynamique.

 

Entre mes tempes résonnaient des riffs furieux de guitare électrique. Des doigts souples et agiles couraient sur les cordes, des torsions, des arpèges syncopés et des hammer on excitaient mes synapses, les faisaient scintiller.

 

Je voulais retourner sur le pré au plus vite et, à mon, tour observer le soleil.

 

Cette impatience ressemblait à l'approche d'un public conquis, venu s'attrouper autour d'un trio désormais improbable, les sons chauds, faits de contre temps et de soupirs torturés, regroupant l'âme du blues d'un BB King, la classe méthodique et décontractée d'un Eric Clapton et les solo hargneux d'un Poppa Chubby dans ses moment les plus bluesy. Ici point de Gibson, point de Fender, d'ibanez, de Lag ou de Squier mais des PST coronado, des prismes de Herschel, des feuilles d'Astro-solar et autres continuum accaparant les regard intense et fous d'observateurs assidus.

 

 

Les archipels du Soleil…

 

Les tâches solaires s'égrenaient tel des arpèges débridés sur un manche, de gauche à droite du Soleil, une douzaine de taches évidentes se laissaient admirées. Mais en s'y attardant plus longuement, des archipels de taches plus modeste se dessinaient jusqu'au point de distinguer de minuscules autres "tachouilles", agrandissant d'un coup d'un seul, les partition d'un feuille de mesures solaires… Des lignes sinueuses plus claires apparaissaient également et une texture sur l'ensemble de la surface...

 

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Je fis le tour de la clairière et profita de l'esprit convivial et généreux des astram's pour plonger mon regard dans différents instruments, en lumière blanche ou H-alpha, de taches en protubérances. Certaines visions étaient magnifiques en descellant des détails insoupçonnés par un novice tel que moi. L'envie de dessiner était forte, mais je me réfrénais pour ne pas monopoliser impoliment les instruments qui n'étaient pas miens et laisser profiter, d'autres comme moi - touristes solaires - de ce spectacle fascinant. Le soleil, en lumière blanche, ou encore munie d'un filtre bleu, jaune ou vert et en H-alpha… quel plaisir, quel plaisir trop souvent ignoré par le simple fait de la proximité de notre astre, qui nous est bien trop familier pour se souvenir en permanence de toute la magie qu'il représente. Notre étoile, étoile, ce mot si puissant, ces objets qui nous fascinent tant et celle-ci à portée d'oculaire… Spectacle assurément étourdissant.

 

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Les longueurs d'une blanche pointée sonne la fin de ce spectacle.

 

Que le ciel se couvre ou que les ateliers m'appellent à une autre activité - car j'ai oublié - , je délaisse cette sphère incandescente pour d'autres horizons, pour un temps tout du moins.

 

Une planche, un crayon et des passionnés...

 

Une séance d'Astro-dessin avec Fred Burgeot??? Je ne raterais cela pour rien au monde! La musique en moi s'est tue et l'homme nous emporte dans son univers, sa passion: l'astro-dessin. Dans un coin, un superbe T400 carbone nous observe, une très belle finition, un "design" épuré et racé. Voilà un instrument réussi et attirant. Je reviens à l'atelier et m'attèle à la tâche, un dessin lunaire, je me réjouis, j'hésite à sortir les pastels sec et le Canson noir mais les mots de Fred me convainquent de revenir au papier blanc et crayon à papier, pour l'instant. Une émulation et une concentration émane du groupe, je tente de donner le meilleur résultat possible.

 

Je serai agréablement surpris du résultat final de tous le participants, il n'y avait pas un seul dessin décevant, tout le monde avait produit quelque chose de qualité. Certains dessins étaient très stylisés avec un coup de crayon artistique, d'autres très épuré et fins. Un niveau homogène avec quelques talentueux qui sortaient du lot. L'occasion pour moi d'apprécier le travail méthodique d'un Pierre Strock ou celui d'un Nicolas Biver. Il y avait quelque chose de gratifiant dans le fait de faire partie de ce groupe de travail. Et je mettais enfin un visage sur certaines personnes, dont Fred, avec qui j'avais pu échanger des messages sur WA et recevoir des conseils ou encouragements quant à mon projet de télescope de voyage.

 

Vite, un instrument!

 

Je suis ensuite retourné dans le pré aux télescopes. Une nouvelle plongée dans les instruments solaires pour le plaisir et le sourire notamment de voir la fille de Fred42 se mettre au dessin solaire suite à l'atelier d'Astro-dessin. Des graines de passion se sèment ici ou là et parfois, un individu en reçoit dans ses poches pour ne plus les perdre… Non loin de mon emplacement , un Astram dessine des protubérances... que j'aimerais être à sa place. C'est certain, un jour, je m'équiperai en instrument solaire.

 

La fièvre solaire passe et le ciel se couvre. Les membres du Cercles gravitent d'un emplacement à un autre, d'un groupe d'instruments à un autres, mais toujours nous nous retrouvons, pour un mot, un rire, un regard.

 

Nous le savons, nous nous retrouverons la nuit venue. Le couvert nuageux est annoncé pour toute la première partie de la nuit, pour le salut des NAT, nous le savons, nous devrons agir, une nouvelle fois, Bacchus sera à surprendre. Nous prendrons le droit qu'il… nous octroiera de… notre plein gré…

 

Avant cela, j'ai le plaisir de voir Manu me présenter Fred Burgeot tandis que je bricole sur mon télescope. L'échange est fort sympathique, tout comme l'homme. Un petit plaisir que cette rencontre qui j'espère pourra se reproduire sur d'autres évènements astronomiques ; sur un créneau d'observation serait alors un bon moment à n'en pas douter.

 

L'homme est appelé à d'autres affaires, je retourne à mon bidouillage en attendant la nuit.

 

Le fantôme des NAT, une nébuleuse espiègle...

 

Le Moulin de Blandé est arrivé et quelque chose qui me trottait dans la tête va se réaliser. Cette nuit, j'emprunterai un ES 14mm avec 82° de champ. Je souhaite monter en gamme par rapport à mes Hypérions et cette nuit le 17mm peut trembler, je lui cherche un concurrent. Le voilà dans ma poche pour une soirée test qui ne débutera pas de suite, faute de nuages trop présents. Le dieu des délices de chair et de vins aux épices doit encore se prélasser sur son matelas duveteux. C'est alors au Cercle de l'Hyper Rouge de jouer. Nous sommes attirés vers un emplacement plus proche de l'observatoire.

 

Nous étendons notre influence.

 

Sur une table sont posés divers breuvages, du sirupeux au spiritueux, à nouveau le calva est de la partie. Deux cubis de vin sont aux garde à vous. L'un est un rosé, l'autre un rouge. Mais sous la lumière des lampes rouge, nous y perdrons notre vision Hypra-rouge. Bacchus vient de déjouer notre vigilance. La première victoire est pour lui. Mais si nous faisons preuve de plus de modération que la veille - nous tirons tous des leçons - nous sacrifions suffisamment de culs de bouteilles pour faire céder le dieu au nez en grappe de raisin.

 

- Mais qu'est-ce que c'est que ce truc là-bas?! s'écrit l'un des nôtres.

 

Nous rions pour l'air inquiet qu'il vient d'utiliser, croyant à une nouvelle note d'humour, mais il réitère son angoisse et nous tournons la tête en direction de l'Ouest, à 1° du sol ou moins, quelque chose d'effrayant semble nous fixer, une forme éthérée, un visage, nous fait face à 30 mètres environ. Nous focalisons sur l'image flottante, un menton, une fosse nasale, des pommettes et, une… une chevelure improbable, nous avons devant nous un fantôme à la chevelure digne d'Einstein ou d'un clown fou. Un trait plus clair scie la nuit d'un sourire en biais.

Le fantôme vient d'émettre un son, il communique. Et nous comprenons, des éclats de rires font fuir la peur qui s'était immiscée en nous. Nous le tenons désormais: le fantôme, la nébuleuse du fantôme des NAT.

 

Quelques flash lumineux nous parviennent, le fantôme est espiègle… L'image se fige en moi tandis que nous rions de longues minutes et divaguons sur cette forme improbable. Je tente alors, ce soir même où j'écris ces lignes, de vous retranscrire ce que nous avons vu:

 

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Gérard au coeur de la nuit, manipulant une tablette qui émettait des ombres trompeuses...

 

L'oeuvre de la confrérie…

 

Après 23h TU, lorsque la plupart des autres astram's a quitté le pré pour se soumettre à Somnus et que la peur est oubliée, nous autres du Cercle de l'Hyper Rouge crions des louanges au sacrifice vertueux que nous venons d'effectuer. Les rires et les blagues plus ou moins douteuses ont fusé de toute part mais à présent, voici nos esprits lucides et affûtés comme jamais. Cette deuxième partie de nuit sera exploitée… ou ne le sera pas! (Elle le sera, mais c'était pour la dramaturgie du récit).

 

Dès lors je retourne à mon dobson et entreprends d'effectuer des tests comparatifs entre le 14mm ES et le 17mm Hypérion. Pour cela je serai aidé par un Astram dont j'ai oublié le nom, mais qui aimablement me prêtera main forte (ou rétine forte, mais ce n'est pas suffisamment entré dans les usages pour l'utiliser…) pour effectuer ces tests.

 

Je choisis quatre objets: l'Amas d'Hercule en digne représentant des amas globulaires, la nébuleuse de l'anneau pour le compte des nébuleuses planétaires, les dentelles du cygnes et une planète: Jupiter.

 

Si dans un premier temps j'ai l'impression que l'ES est beaucoup trop sombre, je finis par comprendre que le fond de ciel y est plus sombre mais que les objets en ressortent avec plus de contraste que dans l'hypéron. Pour chaque objet observé, j'obtiendrai plus de piqué, moins de déformation dans le champ de vision, nettement moins, en vérité. Les étoiles seront plus ponctuelles, la nébuleuse plus présente et détaillée, le globulaire mieux résolu. Le constat est frappant, je me rends alors auprès du Moulin de Blandé pour valider mon achat. Achat qui se fait en pleine nuit, chose assez singulière sur le moment. Je rends ainsi le modèle d'exposition pour en recevoir un tout neuf, encore emballé. Je retourne alors à mon stand d'observation.

 

Mais cela était sans compter sur les puits de matières qui s'étaient créés de part et d'autre du camp. Un membre de la confrérie m'interpèle, et c'est dans un 410mm (ou 420???) que je plonge dans M101 dont je ne me souviens plus des détails observés car je suis ensuite invité dans M51, j'y décèle de nombreux détails, les bras sont évidents et je ne cesse de les voir s'étendre à mesure que je m'y attarde, le spectacle est superbe. J'ai droit ensuite à la galaxie de l'aiguille dont je ne sais alors rien, mais l'objet est plaisant - tout en souffrant de la comparaison directe avec M51 - …

 

Remerciant mon bienfaiteur, je me rapproche de mon tube mais alors un puits de matière plus dense encore m'attire et me stoppe: un 560!!! Un autre confrère du Cercle me propose de plonger les deux yeux - et pour cause - dans sa bino, sur M51 et c'est une spirale étourdissante qui me happe littéralement.

 

En cet instant les cuivres et les cordes entament une symphonie baroque, puissante et percutante.

 

L'euphorie me gagne, je pourrais passer des heures à dessiner cette galaxie, magnifique… mais ce n'est pas là mon télescope et je me retire, laissant d'autres fous - comme moi - , se perdre dans cet univers inconcevable, pervers et malsain qu'est le monde en binoculaire sur un entonnoir à photon gigantesque… Titan pourrait-on s'appeler ce télescope… Mais ce Titan possède une autre histoire, un fait épique.

Pour cela, il faut contrarier et remonter la flèche du temps, ou lui faire un doigt d'honneur et prendre un virage à 180°.

 

En effet, nos prières vinicoles pour un ciel dégagé n'aurait probablement rien donné sans un sacrifice, sans un prémice de sacrifice tel que nous l'avons connu. Lorsque le soleil déclinait et quittait son piédestal, le DF 560mm manqua de prendre feu, il commença d'ailleurs, sans l'intervention de quelques sauveur bien décidé à donner raison à Bacchus. Mais l'acte était fait, Dob Bleu entrait dans la légende, dans la genèse du Cercle de l'hyper Rouge et Bacchus fut déstabilisé, vacilla et su,! Qu'il mettrait une croix sur cette nuit. Il irait se répandre ailleurs… Oui, Dob Bleu avait provoqué la peur du céleste vinicole. Quelqu'un prêt à mettre le feu à un tel engin, ne pouvait qu'être dangereux, dangereux pour l'Olympe…

 

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C'est empreint de ce souvenir et de nombreux rires commémoratifs de l'instant (qui heureusement pris bonne fin) que je retourne à mon télescope, heureux et repu de détails dans la galaxie du tourbillon. Mais dans ma main, une boite imposante me rappelle à l'ordre, il faut déballer le 14mm et ranger le 17 pour le restant de la soirée et du séjour.

 

L'observation, pure et dure pouvait commencer!

 

Je n'ai alors aucun notion de l'heure qu'il est. Et je ne suis pas fatigué. Certains se sont réveillés ou l'ont été par nos élucubrations. Les oculaires sont mis à contribution pour cette belle nuit. La voie lactée apparaît du côté du cygne, le ciel est bon si ce n'est un grosse humidité au sol dont les PSA se souviendront longtemps.

 

Je débute donc ma soirée libre par un peu d'égocentrisme dans Coma Bérénice: M64, la galaxie de l'Oeil noir - oh oui, c'est moi - mais en la cherchant et en confondant une étoile je tombe sur M53, un amas globulaire. De mémoire - car mes notes sont incomplètes à cet instant - il me semble mal résoudre ce globulaire qui sans grossissement (hypéron 8mm) ressemblerait presque à une nébulosité de galaxie trop étendue pour être contrastée.

 

Je déniche tout de même M64. Je passe du 24 au 14 puis au 8mm. J'ai l'impression de discerner un trait noir sous le bulbe central. La galaxie est bien entendu évidente. Je n'y étais pas revenu depuis le 150/750 de mes débuts.

 

M85 est ensuite localisée au panoptic 24mm. Il s'agit de deux galaxies bien présentes. La plus brillante semble avoir deux coeurs ou un coeur en forme de cacahuète ou encore un coeur proche d'une étoile en avant plan. Je ne parviens pas à avoir suffisamment de détails pour trancher.

 

Je passe alors au Serpent avec M5 et comme toute cette partie de nuit, je pousserai jusqu'au 8mm en parvenant à trouver plus de détail, d'information dans ce que j'observe. Je n'ai pas souvent obtenu de tels résultats, voire jamais, avec le 8mm sur des objets diffus. La satisfaction est là.

 

C'est alors qu'un beau spectacle se présente: la théière, la constellation du Sagittaire est resplendissante! Je ne la distingue jamais de chez moi, mon ciel étant trop pollué à faible altitude. Je plonge dans un premier temps dans M28 que j'ai du mal à résoudre, je passe le 14mm dans la barlow x2 pour obtenir un coeur bien lumineux et trouver plus d'étoiles. M22 se révèle être un amas globulaire bien plus beau que M28, étalé, vraiment agréable. Vient ensuite ce qui sera le clou du spectacle.

 

En cet instant je sais que je parle à voix haute, et je partage des commentaires avec mes voisins directs, Manu, François, Sylvain et d'autres dont j'ai oublié le prénom ou la présence - pas taper - :D.

 

La Lagune, la nébuleuse de la Lagune, est une vraie claque, digne de la Nébuleuse d'Orion dans l'enthousiasme qu'elle m'apporte. Des étoiles si brillantes me paraissent légèrement bleutées, éteignant légèrement la nébuleuse sur leur pourtour. Mais toute l'étendue nébuleuse est un spectacle grandiose. Le champ du 24mm ne permet pas de l'embrasser dans sa globalité. Au 14mm, de nouveaux détails apparaissent, je ne grossis pas plus car je ne veux pas perdre de champs dans cet objet, il y a tant à voir sur toute l'étendue…

 

J'hésite un petit moment et le partage à me voisins:

- J'ai envie de la dessiner, ce sera le dessin du soir. Oh et puis non, c'est trop dur à faire, il y a tant de choses… oh et pourtant ce serait magnifique…

 

Après quelques tergiversations, je me lance, inconscient qu'il est tard ou plutôt tôt et que le jour poindra bien trop vite pour parvenir à tout reporter sur la feuille de Canson noir.

 

C'est ainsi, euphorique et non préparé, que je me lance sur cet objet, plaçant dans un premier temps - et méticuleusement - les étoiles qui forment presque un amas ouvert ou un astrérisme tant elles sont marquantes. Les volutes de gaz sont reportées par zone et le temps passant, je sens le contraste me fuir, j'ai juste le temps de définir des zones et des nuances importantes sur ma feuille. Je prends des notes et me promets de revenir le lendemain pour peaufiner ce dessin. Le spectacle saisissant, contrasté, n'est plus qu'un souvenir. Le ciel s'éclaircit et je sens la fatigue m'étreindre. Le dessin reste à l'état de croquis… pris entre remords et satisfaction, je ne résisterai pas le lendemain à finir ce dessin de mémoire et de jour car il représente alors non pas un aboutissement d'une observation, mais un contexte, une émotion. Aussi, sans tricher, je reporte au possible ce que j'ai pu saisir la veille lorsque je perdais les contraste et que je décidais de prendre des notes. En aucun cas je ne recherche les détails vu au départ. Aussi cela donne le dessin ci-dessous:

 

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Les battements de mon coeur résonnent dans mes tempes et mes veines, les musiques se sont tues, engoncé dans plusieurs couches de vêtements, je regagne ma tente et m'endors sur les images et les émotions de cette journée très riche, du début à la fin, où le Cercle a su être raisonnable et récompensé. Où le sacrifice d'un dobson par les flammes aura crée son lot d'aventure et où les liens entre astram's ont pu s'affirmer. Un groupe était né la veille et cela se confirme. Le séjour prend alors une saveur enivrante. Je cherche à lutter contre l'emprise du sommeil pour me remémorer chaque évènement, mais je sombre irrémédiablement dans les bras de Somnus…

 

Quelque part, un trompettiste pourvu d'un grand coffre, joue une blanche liée à une autre blanche - pointée celle-ci - sur un ton monotone… ou sont-ce les ronflements d'un voisin? Tout s'éteint, l'esprit regagne les limbes de l'inconscient où le subconscient peut sortir des fourrés et laisser libre court à sa fantaisie…

 

PS: Des personnes sont visibles sur les photos, je les retirerai sur demande si cela dérange.

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Jour 3 et 4



NAT 2015

Un poids sur le coeur de la communauté

 

Samedi 16 mai

 

 

L'amas de galaxie des NAT en perte de vitesse

 

 

Ce matin pas de musique, il y a du bruit sur les ondes, quelque chose de brouillé. Si une musique devait néanmoins se faire entendre, son compositeur aurait joué sur les dissonances, à coup de tierces et de sixtes mises dans tous leurs états, renversées, diminuées, altérées... Il y aurait peut-être même eu du Larsen.

 

L'inertie autour des puits de gravité semble contrariée. Il y a moins d'allant. Cela peut s'expliquer par une moitié du campement qui a observé jusqu'au levé du jour - et qui s'attarde encore chez Somnus pour y piocher quelques ressources pour la dernière nuit à venir - et par une autre moitié qui regrette encore de n'avoir pu tenir le coup jusqu'à 1h30 (heure locale) la veille et qui voit son pourcentage d'observation, du séjour, diminuer.

 

Mais quelque chose d'autre est palpable. Au-dessus de nos têtes les nuages vont jouer leur propre symphonie et ils seront accompagnés de pluie et de vent. Oh, il y aura bien quelques éclaircies, mais celles-ci ont un autre but que de nous faire croire à une possible nuit dégagée.

 

Une énergie va naître de cet ensemble de causes et de conditions, une anti-énergie pour être plus exact. Malgré les ateliers et les conférences, malgré les liens formés durant les nuits et les jours précédents, les puits de gravités vont se vider peu à peu de l'afflux jusqu'alors induit. Les instruments bâchés y sont pour quelque chose mais aussi les sites météorologiques "prévisionnistes" "alarmistes".

 

La journée passe ainsi en voyant grandir l'amertume d'une fin de séjour et pourtant il reste une nuit, une nuit qui ne peut nous échapper... pas si le Cercle reste en activité.

 

La Confrérie de l'Hyper Rouge sera mise à rude épreuve. Et pour cause, l'un de ses fondateurs cède sous ce qui ne peut qu'être un tour de Bacchus. Nous étions-nous vus trop beaux et influents? L'alternance de pluie et d'éclaircie pousse notre compagnon à plier au profit d'une de desdites éclaircies, redoutant de passer une nuit sans observation et de plier sous une averse. L'amertume grandit, un autre confrère, lui aussi fondateur, hésite.

Fort heureusement, ses hésitations, trop longues, le pousseront à ne pas plier bagage.

 

Un cadeau de départ…

 

Car ce qui nous attend est un pied de nez, une mise en bouche dévastatrice pour la raison, mais aussi le début d'un jeu de cache cache frustrant pour certains et énergivore pour d'autres.

 

Les souvenirs des ateliers et des conférences m'échappent en cet instant, je me revois replonger dans mes notes d'observation des dernières nuits. Je ne prépare alors aucun programme pour ce soir car je sais que cela va être difficile, tout du moins l'annonce-t-on et vu ce que l'on a au-dessus de nous…mais après le dîner, l'inertie reprend et de plus bel.

 

Un premier tri a été fait, ceux qui sont partis n'auront pas connu cette euphorie ; euphorie dont l'instigateur et le guide suprême aura été François. François, dont la joie communicative aura transcendé tout le monde ou presque et moi le premier.

 

Un premier signe qui laissait libre cours à l'espoir: trop d'astram's dans le pré à l'heure d'une conférence, un ciel qui se lézardait et s'ouvrait au ciel bleu pal du soir naissant. Si une opportunité était à saisir, peu de monde était prêt à la sacrifier contre une conférence… Au risque de décevoir les organisateurs peut-être…

 

Mais cette pointe de culpabilité était balayée par un spectacle, rare, je pense, certainement pour moi en tout cas: une absence totale de turbulence prolongée sur 45 minutes, peut-être plus…

 

Les témoignages de joie et le visage ému de François me resteront gravé je crois. En effet, durant la journée, il a bricolé sur son tube et permis à son miroir primaire de n'être plus contraint et donc de perdre l'astigmatisme qui s'offrait à ses observations.

 

Dès le premier regard posé sur Jupiter, le choc était flagrant, telle un introduction débridée dans une symphonie grandiose où le corps et le développement du thème perdent ensuite de la saveur...

 

Nous allons alors passer un par un pour observer dans son instrument. Et c'est une véritable claque visuelle. Jupiter nette, stable et détaillée comme jamais il ne m'avait été donné de la voir, mais ma faible expérience, trois ans, ne vaut pas grand chose ici, non, ce qui montrera que cette fin de jour était exceptionnelle sera la réaction de tous ceux qui pointeront l'astre jovien et, qui en tout point du site, émettront des onomatopées, des gros mots extériorisant le plaisir ressenti et tous les commentaires d'un groupe d'instruments à un autre.

 

Une magie offerte par une stabilité incroyable. Des détails dans les bandes et des nuances de couleurs nous sautent aux yeux. Je repense aux dessins de Jupiter dans le livre Astro-dessin2 ou dans la section dessin de WA. Je revois les artistes confirmés et leurs dessins, je comprends alors comment il est possible de retranscrire autant de détails sur cette planète… Il est à noter que les quatre satellites galiléens sont parfaitement alignés, ce qui offre une image esthétique si besoin en était.

 

Non loin de là, plus au Nord, Vénus n'est pas en reste, elle est haute sur l'Horizon (25-30° j'imagine) et tout aussi stable. je découvre enfin sa forme gibbeuse sans le moindre tremblement et sans l'effet d'arc en ciel qui la noie souvent de couleurs mouvantes.

 

Mais je reviens à Jupiter et dans mon télescope cette fois-ci avec une pointe de déception, je ne parviens pas à l'avoir aussi nette que dans l'instrument de François, les satellites sont même légèrement baveux, je mets ça sur la position provisoire de l'anneau et sur la flexion induite sur le support du PO dans cette position, avec des oculaires chaussés sur la barlow en prime.

 

Pour avoir déjà observé les satellites à fort grossissement, je sais qu'ils étaient ponctuels dans mon instrument, j'évacue alors la frustration car le défaut optique n'est dû qu'à un bricolage improvisé pour le séjour. Je me promets à nouveau de remédier à cela une fois rentré et dans les jours qui suivront.

 

Le revers de la médaille…

 

Le temps que chacun s'extasie face à cette fenêtre dégagée et stable, Bacchus reprend son droit, les nuages s'amoncellent, sombres et espiègles. Un sacrifice se doit d'avoir lieu, la confrérie du Cercle de l'Hyper Rouge se doit d'oeuvrer encore une fois.

 

Et c'est ce qu'il se produira. La bouteille de calva offre sa troisième et dernière tournée, quelques verres de rouge sont transmis et l'on commence à échanger mais quelque chose nous empêchera d'approfondir nos médications: des trouées!

 

Le couvert nuageux se fait plus léger et des trouées éparses apparaissent, au point de se dégager totalement, par moment ou presque… De petits voiles à peine discernables voguent d'une constellation à une autre, ici commence l'observation du soir, du dernier soir et chacun veut en profiter au maximum…

 

Je décide de décortiquer la constellation du Serpent. Avec l'aide du PSA je choisis mes objectifs: ce soir je souhaite sortir des sentiers battus et prendre du plaisir dans la localisation autant que dans l'observation des objets.

 

Je commence donc par l'étoile double δ de la constellation, au-dessus d'Unukalhai. Donnée en magnitude visuelle 3 sur le PSA. À 63x je soupçonne à peine son compagnon, si je n'y cherchais pas une double je serais passé dessus sans m'en apercevoir, mais le fait de savoir me permet de la sentir tout de même. À 108x le compagnon est à peine plus évident. Je résous vraiment l'étoile double à 190x mais elles restent très proches l'une de l'autre. Leur éclat reste blanc, identique.

 

J'observe ensuite la galaxie NGC5970 située aux deux tiers de l'axe β/δ. Elle se laisse découvrir dès le 24mm, j'obtiens plus de confort au 14mm et si je ne gagne plus rien au 8mm, elle reste toujours visible et évidente sans se noyer dans l'assombrissement du grossissement.

 

J'en profite pour cibler une étoile double située sur le PSA 0,5° à gauche de la galaxie. Je devine son état au 14mm et il devient évident au 8mm. L'étoile la plus brillante est jaune tandis que son compagnon est blanc. À 190x l'étoile double est confortable à observer.

 

Je poursuis ma route sur la gauche de la constellation et je vais passer de longue minutes à rechercher IC4593. Je découvre en écrivant ces lignes, le PSA sous le nez, que cette nébuleuse appartient à Hercule, au bord de la frontière commune avec le Serpent. Toujours est-il que je ne la trouve pas, et l'aide conjointe de Manu dans son instrument ne sera pas plus en réussite, en effet, de fins voiles nuageux se déplacent et atténuent les contrastes.

 

Dès lors et jusqu'à 3h, heure locale, nous lutteront tous avec ces passages handicapant nos observations. La frustration va ainsi grandir en nous et bien que je me force à rester positif, il faut reconnaître que la dernière nuit va se mériter, à l'entêtement.

 

Je décroche du côté de la Balance et déniche NGC5903, une galaxie qui me semble très étendue mais très peu contrastée. J'aurai cette impression sur les trois oculaires, 24, 14 et 8mm. L'objet est là mais je ne confirme aucune impression quant à sa forme. Je pense la voir de face, au-delà…

 

Les voiles étreignent à leur tour la Balance, je change d'horizon.

 

Je me tourne vers la Lyre, à la recherche d'un coin de ciel épargné. Ce soir nous ne discernons pas la voie lactée. Un petit plaisir avec M57. La nébuleuse de l'anneau est belle à voir, je grossis de 63 à 190x, avec et sans OIII. Je suis ravi d'obtenir des nuances à chaque configuration. Manu tente de dénicher l'étoile centrale, mais en vain me semble-t-il à cause des voiles qui se promènent.

 

Je cible un instant Véga qui, entourée d'étoiles plus faibles et d'aigrettes esthétiques, mériterait un petit dessin, mais je glisse jusqu'à une carbonée voisine (2° à droite de Véga sur le PSA) pour ce plaisir simple mais agréable.

 

Je résous ensuite une double dès le 24mm, l'étoile ζ de la constellation. Avec le 8mm je note une légère différence de magnitude visuelle entre l'étoile principale et son compagnon.

 

Je découvre ensuite un amas globulaire entre Sulafat de la Lyre et Albiréo du Cygne. Je l'avais jusqu'à présent "ignoré". L'amas reste nébuleux à 63x, en m'y attardant et au 14mm, je détache quelques étoiles ponctuelles d'un coeur très dense. Au 8mm je perds en qualité.

 

Tous ces derniers objets auront été observés entre différentes pauses causées par des voiles fugaces mais contraignants. Le temps de discuter avec ses voisins, Sylvain, François, Manu, Pierre…

Un petit tour du côté de Tristan et Bernadette et la fatigue croît rapidement, ajoutée à une perte de motivation d'une partie des observateurs. Cela se voile vraiment et nous optons tous pour le sommeil. Bacchus nous aura tenu en haleine mais épuisé également.

 

C'est au regret que je referme la moustiquaire de la tente et que je me plonge dans le duvet… pour ce qui était la dernière nuit de ces NAT…

 

Les membres du cercles se promettent de prendre leur temps demain, que l'on se verra un peu encore… L'anti-énergie est à l'oeuvre et l'univers éphémère de l'observatoire de Tauxigny perdra bientôt son disque d'accrétion. Les petites galaxie instrumentales s'amenuisent, certains rangent déjà le tout. L'inertie s'essouffle...

 

 

 

Dimanche 17 mai…

 

Les larmes du coeur...

 

Le réveil est triste, dénué de motivation. Le camp se vide, certains ont déjà quitté les lieux, d'autres le font. Je prendrai mon temps, Manu finit par partir une fois la matinée bien avancée. Mais déjà dans les yeux de tous luit la tristesse de devoir retourner à une vie "normale".

 

5 jours et quatre nuits pour ma part, à vivre la tête dans les étoiles, à oublier tout le reste, si ce n'est quelques nouvelle de ma compagne et de mon fils… j'espère alors le temps où il sera assez grand pour me suivre, et sa maman également.

 

Tristan prend tout son temps car il est retenu dans le coin encore quelques heures, Ludovic m'adresse ses derniers mots forts sympathiques, en effet, avec au moins ces deux confrères du Cercle, je devrais pouvoir faire de nouvelles observations "groupées" du côté de Rambouillet.

 

Le temps de discuter avec Jean-Louis, pas suffisamment longtemps malheureusement. Le statut d'organisateur est très prenant et je regrette, sur l'ensemble de ces NAT, de n'avoir pu partager plus de moments avec lui.

Je remercie les membres de la SAT que je croise et les félicite pour ce travail effectué. Pour eux les NAT doivent être encore plus dures sur le plan émotionnel, car - les derniers - ils resteront à tout démonter…

Mais ils peuvent être fiers d'eux car c'était un séjour extraordinaire à vivre, ayant apporté des petites améliorations ici et là par rapport à l'édition précédente et qui je n'en doute pas le feront pour la suivante, avec cette expérience qui s'accumule.

 

Déjà des décisions s'élaborent pour l'an prochain et le retour oral des participants leur apporte des idées intéressantes pour préserver l'esprit qui se dégage de ce séjour.

 

De mon côté, je finis par partir entre midi et 13h (heure locale).

Après avoir fait le tour du pré, mais sans avoir pu directement saluer Tristan, à regret. Il avait disparu, j'espère qu'il ne priais pas seul dans son coin sous la bannière de l'Hyper Rouge! ;):p

 

Mais le retour sera étrange, si la tristesse et le vide m'enveloppaient l'esprit sur les petites routes de Touraine, une fois sur l'autoroute, une joie légère, un bien être impalpable m'épaulèrent jusqu'à l'arrivée. Je ne vis pas passer les 2h15 de trajet, je ne ressentis aucune lassitude, j'étais porté par tous ces instants, presque impossible à tous conserver, je pense alors au CROA à venir et à l'esprit à lui apporter. Il sera mystique, à ma façon, il sera... ce qu'il y a dans ma tête et je vous en donnerai l'accès… pour prolonger ce plaisir, ce plaisir de partage, partagé.

 

Un concert d'HFT dans le lecteur de cd sur la deuxième partie de voyage - ce qui déjà en soit est un témoignage de mélancolie - je termine ma route avec un titre proche de l'état d'esprit dans lequel je me trouve: "Les ombres du soir". Et sur ces phrases avant d'ouvrir mon portail:

 

Les lunes s'estompent et s'effacent

En glissant sur un flux sans fin,

D'aucuns en cherchent la sortie

Depuis des siècles, et ma mémoire

Au fil des brouillards et des nuits

Se perd dans les ombres du soir.

 

Qui quelque part dans mon esprit, résonne en un écho abstrait, de ce que je viens de vivre…

 

La boucle est ainsi bouclée, loin des symphonies sublimes, ne reste plus qu'un souvenir, quelque chose de silencieux mais d'immense au fond de mon être et de mon coeur.

 

Longue vie à ces instants et aux NAT évidemment.

 

Olivier

Membre de la confrérie du Cercle de l'Hyper Rouge.

 

Au plaisir de faire des sorties avec ceux que j'ai rencontrés et qui sévissent du côté d'Ablis et d'un peu plus loin.

Aux prochaines NAT!

Modifié par Oeil noir
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Que c'est bien écrit... :rolleyes:

 

Il me tarde de pouvoir lire la suite (haute en couleurs) de ce space opéra orchestré d'une main de maitre!

 

A ce moment du récit, quelque part aux ultimes frontières de l'univers, une réaction en chaine débute, prélude à la naissance d'un événement de la plus haute importance dans l'histoire de l'astronomie, la naissance du Cercle de L'hyper Rouge...

 

Nico

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Bonjour Oeil Noir, :)

Très beau croa harmonisé avec la musique des sphères ! Et puis, c'est vrai que M5 est très beau, tout comme M3 que j'aime beaucoup. Mais j'avoue que j'ai un faible pour M79, dans le Lièvre : il n'a rien de spectaculaire, mais il est comme un petit flocon globulaire souriant au milieu des rigueurs de l'hiver.

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Salut Œil Noir ! Content de te retrouver, tu te faisais trop rare depuis des mois !! :)

 

Je décide ensuite de faire un tour dans le Lynx pour y trouver NGC2862 mais il est alors "bas"

Tu parles bien de la galaxie NGC2862 ? Parce que non seulement elles est basse vers l'horizon, mais surtout elle est faible, magnitude 14 :b: !

 

Bon, vu qu'elle est vue de profil, peut-être voit-on le fuseau dans de bonnes conditions, j'essaierai à l'occasion avec mon 300 taïwanais ! :be:

 

Contrarié, je passe néanmoins au Serpent et échoue à nouveau sur un objet: NGC5962

Malgré sa magnitude de 11,4, ou 12 selon les sources, elle ne doit pas être facile à capturer, elle est vue quasiment de face et surtout est loin de tout repère, mis à part peut-être 18 Ser qui est juste en-dessous.

 

Malgré cela, voilà le premier d'une série de CROAs qui démarre fort avec les autres objets, une chance que tu aies eu du beau temps en Touraine sur plusieurs jours, ici en Rhône-Alpes sur ces quelques jours de beau temps en journée une seule nuit était sans nuages ni brume, celle de ma sortie d'ailleurs... :rolleyes:

 

Au CROA suivant ! ;)

Modifié par paradise
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J'ai alors presque envie d'applaudir, autant pour le spectacle que pour remercier Corinne, mais je me retiens, de peur de passer pour un fou. Je la remercie néanmoins!
De rien :)

J'adore ce genre de spectacle si éphémère mais si impressionnant quand ils flashent aussi fort... et j'adore encore plus le partager avec les astropotes :p

Et si tu avais applaudis, personne ne t'aurais pris pour un fou puisque, si on y réfléchis un peu, nous le sommes toutes et tous à rester sous les étoiles :be:

 

 

Tu as une belle plume, très poétique... très agréable à lire :wub:

A moi aussi il me tarde la suite ;)

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Je m'autorise une séance de dédicace avant d'écrire la suite, alors, prenons les commentaires dans l'ordre… :p

 

Guillaumedu59 et Captain Flam, merci à vous et content que ce CROA soit plaisant à lire ;).

 

Nicolas, merci tout d'abord, ensuite ton commentaire, tout comme dans le fil dédié aux NAT, est tout à fait dans le ton de mon récit (je pense utiliser une de tes citations d'ailleurs). Content de partager une même vision (en même temps, faisant partie de la même confrérie, nous voyons dans la même longueur d'onde hein :D)

 

Sebasities, je ne connais pas M79 mais tu en fais une belle description qui pique ma curiosité. Merci pour ton passage.

 

Paradise:

 

Salut Œil Noir ! Content de te retrouver, tu te faisais trop rare depuis des mois !!

 

Et oui, je le sais bien mais je ne peux m'en plaindre car j'ai dû choisir entre diverses activités ces derniers temps, et, l'écriture (roman et théâtre) ainsi que la création (jeu de plateau), entre autres m'ont tenu très occupé. Pour le plaisir, je ne m'en plains pas. Ces NAT étaient pour moi une réelle attente, tant par l'évènement en soit que par l'occasion qui se présentait d'enfin observer le ciel plusieurs jours de suite sans avoir autre chose à faire.

 

Tu parles bien de la galaxie NGC2862 ? Parce que non seulement elles est basse vers l'horizon, mais surtout elle est faible, magnitude 14

 

Je n'ai pas dit que je l'avais trouvée :p.

 

Au CROA suivant !

Ça vient, ça vient… ;)

Merci pour ton com' et ravi de se croiser ici à nouveau!

 

Merci à toi isérois et de rien!!!

 

 

Corinne:

Et si tu avais applaudis, personne ne t'aurais pris pour un fou puisque, si on y réfléchis un peu, nous le sommes toutes et tous à rester sous les étoiles

 

Arf, le prochain coup je me laisserai aller! Et ravi de partager ces NAT avec la communauté, notamment ceux qui y étaient, les recoupements des différents points de vue sont toujours enrichissants, et merci pour les compliments!

 

François:

Magnifique Croa je ne connaissais pas tes dons d'écriture

 

Je ne sais pas si c'est un don et si je le maîtrise, mais cela fait 13 années que j'écris maintenant, tout n'est pas saisissant non plus, disons que je progresse de roman en roman. L'écriture murit avec le bonhomme, et j'ai bon espoir que parmi mes derniers projets, censés être les plus consistants, je parvienne à me faire éditer un jour. En tout cas j'y travaille. J'ai gagné en capacité d'analyse (concernant le monde contemporain, ou plus largement le monde dans sa plus large globalité et tel que je le découvre en lisant, lisant, lisant...).

Ravi de partager ce récit avec un homme qui a tutoyer le bonheur ;) (je revois encore cette jupiter dans ton tube...:wub:)

 

Gérard:

Joli récit

Tu écrit bien à jeun

 

Ah, ah, excellent, et je pense que tu es dans le vrai :p.

 

kmille16

la suite … x4

C'est pour ce soir normalement, en ce qui concerne le Jour 1! :be:

 

Vincent, tu me mets la pression là :D, je vais devoir demander la contribution de chacun des membres du cercles :)

 

Allez, au boulot!

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Posté (modifié)

Voici le deuxième épisode:

Pas d'observation en vue, mais une aventure humaine. Un peu moins épique que la première, mais constituant un noeud important dans la narration et un lien inconditionnel pour tout le reste du séjour et au-delà, je pense :)

 

Poste n°2 de ce fil:

http://www.webastro.net/forum/showpost.php?p=2038506&postcount=2

 

Demain sera posté: Jour N°2: une grande journée avec au menu une nuit de sacrifice payante, et de belles observations solaires et stellaires!!!

 

Ainsi qu'un sacrifice Dobsonnien!!!

Modifié par Oeil noir
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Fichtre!

 

Saperlipopette!

 

Nom d'une pipe en bois!

 

:o

 

Mais quel talent!

 

Tu as réussi à retranscrire la moindre parcelle de ce grand moment de partage, rien ne manque, si ce n'est qu'on a qu'une seule envie: celle d'y retourner :p

 

Ce deuxième épisode est l'un des meilleurs CROA que j'ai pu lire jusqu'à aujourd'hui, un comble si l'on considère qu'il n'est nullement question d'observation dans ce récit, et pour cause: nous ne l'avions pas décidé :D

 

Nico

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excellent! je me régale de ton récit.

 

la nuit de jeudi on a quand même réussi à lever un voisin de la tente, lorsqu'on s'exclamait devant le ciel enfin dégagé.... et finalement l'ambiance à pris le pas sur sa motivation à observer :D

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Posté (modifié)

Nico et Sylvain, vos commentaires me font très plaisir car je suis très fatigué, fatigue résiduelle du séjour, et je trouvais mon deuxième épisode assez fade (en impression en tout cas)… Merci donc :)

Modifié par Oeil noir
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Mazette que c'est bien raconté ! J'ai l'impression d'y être encore !

Nous n'observerons pas parce qu'il nous le permet, mais parce que nous le déciderons !

Juste épique ! (surtout avec une voix de mec bourré dans la tête) :be:

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Salut Oeil noir :)

 

Cette fois, j'en suis certain, les NAT sont de sérieux concurents pour les RAP, et pas seulement à cause de la météo ..... je constate que l'ambiance semble être de mise et en plus vous pouvez déjà vous installer la veille alors qu'au RAP il faut attendre le jeudi à 13h00 pétante pour pouvoir entrer dans le campement :confused:

 

J'ai hâte de lire la suite de tes aventures ;)

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Mazette que c'est bon à lire !!!!!

:wub:

 

Au moins autant que les conneries en chaîne du Cercle de l'Hyper-Rouge (gloire à Herschel, si l'on peut dire), mais dans un registre carrément opposé. Parce qu'un CROA comme ça, je suis pas sûre que tu aurais pu en approcher l'intro direct après une N.A.T. :be:

 

Pas étonnée donc d'apprendre que tu écris depuis longtemps ; ta plume est assurée, tout est cohérent, l'ambiance est bien là, on se croirait dans ta tête, dis donc... :rolleyes:

 

Prends ton temps, la pression monte pour l'épisode suivant...

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C'est excellent :)

C'est bien vrai qu'une bonne star party, ça recharge en motivation et c'est une belle occasion de se faire des potes.

Je regrette de n'avoir pu être là que vendredi en journée, j'ai profité de l'ambiance peu de temps.

 

Fred.

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