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Idées fausses sur le matériel d'astronomie


'Bruno

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Voici quelques idées fausses (ou exagérées) sur le matériel d'astronomie...

 

Le texte qui suit est inspiré d'un texte semblable que j'avais posté dans un autre forum, il y a quelques années. Il répertorie des préjugés souvent faux ou exagérés que propagent parfois les forums d'astronomie ou certains livres (plutôt anciens apparamment). Je pense que depuis quelques années, peut-être grâce aux forums d'astronomie, on semble faire de moins en moins ce genre d'erreur. Mais bon, ce n'est sans doute pas inutile d'en parler encore. Ce que j'avais écrit sur l'autre forum, c'était juste la liste des idées préconçues, et de façon plutôt ironique. Cette fois, je vais développer et essayer d'être un peu plus pédagogique...

 

Ces idées fausses (ou exagérées) ne sont pas entièrement fausses, elles contiennent une part de vérité, mais on se trompe lorsqu'on généralise, ou lorsqu'on ne comprend pas trop en quoi elles sont vraies (et en quoi elles ne le sont pas). Il faut donc bien faire attention 1° à comprendre de quoi il s'agit, et 2° de ne pas oublier la pratique !

 

-> Les lunettes, c'est pour le planétaire.

 

On conseille parfois : les lunettes pour les planètes, les télescopes pour le ciel profond. En réalité, pour observer les planètes au mieux, il faut 1° du diamètre (pour augmenter la résolution car on va grossir les images), 2° de la qualité optique (pour profiter de cette résolution). Or les lunettes sont, à budget égal, les instruments ayant le plus petit diamètre. Il semble donc que ce soit la pire des idées ! :?:

 

Il y a pourtant une part de vérité, pour au moins deux raisons :

 

- On parle souvent de lunettes haut de gamme, qu'il s'agisse d'anciennes lunettes achromatiques à long F/D, donc à chromatisme réduit, et polies avec une précision très grandes, ou bien de lunette apochromatiques, avec les mêmes qualités pour un F/D réduit. Ces instruments d'exception délivrent les meilleurs images planétaires pour un diamètre donné (un télescope de même diamètre, même parfait, souffira d'une légère perte de contraste due à l'obstruction centrale). D'où la réputation des lunettes pour l'observation planétaire. Mais attention : une lunette d'initiation, ou une lunette achromatique à F/D plus petit que 10, ne sont pas concernées par ce raisonnement ! Ce n'est pas parce que ce sont des lunettes que les instruments cités plus haut excellent (pour un diamètre donné) en planétaire, c'est d'abord parce que ce sont des instruments ayant une optique exceptionnelle. Le prix aussi sera "exceptionnel"... :rolleyes:

 

- Les lunettes sont en général des instruments de petit diamètre. Dans les petits diamètre, en télescope on ne trouve quasiment que des instruments d'initiation, donc de qualité optique inférieure (exception : les Maksutov, comme l'ETX90 ou l'Intes 125). Les observateurs qui regardent l'aspect esthétique de l'image, plutôt que chercher les plus fins détails pour étudier la planète, demandent une image stable, donc favorisée par le petit diamètre, et la trouveront donc plutôt sur les lunettes (apochromatiques ou achromatiques de long F/D). Quand ils regarderont dans un gros télescope, ils verront plus de détails, mais sur une image frémissante, moins "lisible", et seront peut-être déçus. Cet aspect est subjectif et dépend des goûts de l'observateur. C'est pour ça qu'il ne faut pas généraliser, sans toutefois rejeter les lunettes pour l'observation des planètes.

 

-> Les télescopes, c'est pour le ciel profond.

 

Cette phrase est le complément de l'autre. Elle est vraie : les télescopes ont un diamètre plus important à budget égal, et c'est le critère n°1 pour voir ou détailler des objets faibles. Mais n'oublions pas que le ciel profond, ça peut être aussi l'observation à grand champ. Ce type d'observation, intermédiaire entre les jumelles et le télescope, ne peut pas se faire dans un petit télescope. Imaginez un Newton de 100 mm de diamètre et de 400 mm de focale. Donnerait-il un très grand champ ? Non, car la coma serait imbuvable, et le miroir secondaire sans doute trop petit pour donner un champ de pleine lumière de plusieurs degrés. Par contre, une lunette courte permet l'observation des grands champs stellaires sans ces problèmes. Et comme le grand champ s'observe à faible grossissement, nul besoin d'apochromatisme (cela dit, il y a d'autres critères à prendre en compte, comme la planéitié du champ, importante en photo).

 

-> Pour le planétaire, il faut un F/D de 10 ou plus.

-> Pour le ciel profond, il faut un F/D de 6 ou moins.

-> Pour faire les deux (instrument polyvalent), il faut un F/D entre 6 et 10.

 

Trois phrases qui vont souvent ensemble... Il y a du vrai pour des raisons pratiques :

 

- À F/D long, on ne peut pas observer à grand champ sauf à utiliser des oculaires de grande focale au coulant 50,8 mm, donc chers. N'empêche : c'est possible.

 

- À F/D court, il faut une barlow pour l'imagerie des planètes, et un élément optique de plus peut détériorer l'image. N'empêche : il existe des barlow haut de gamme qui font ça très bien.

 

Et je pense que c'est plus compliqué que ça ! Par exemple, si le F/D est trop court, on a de la coma à faible grossissement. Il faut acheter un correcteur. Alors qu'à F/D "pas trop court", on peut obtenir aussi un grand champ, mais sans correcteur.

 

De toute façon, il faut bien comprendre que le ciel profond ne s'observe pas qu'à faible grossissement. En ciel profond, tous les grossissements sont utiles. On peut donc très bien faire des choses intéressantes en ciel profond avec un F/D long, simplement on perd la possibilité d'observer une poignée d'objets (M31, M44, M45...) en entier. J'ai possédé plusieurs instruments de 200 mm de diamètre (Arcane 205, Mewlon 210, C8, Kepler 200), eh bien le meilleur en ciel profond était le Mewlon, avec pourtant un F/D de 11,5. Pourquoi ? À cause de la qualité optique ! Et mon meilleur instrument en planétaire est ouvert à F/4... mais il a un plus gros diamètre, et c'est ça qui compte !

Je pense que le choix du F/D doit être secondaire. Ce qui compte d'abord, en planétaire comme en ciel profond, c'est le diamètre. Ensuite, il faut se limiter par rapport à son budget et l'encombrement.

 

Attention : tout ça ne concerne que l'observation visuelle. En photo longue pose, le choix du F/D est un critère capital.

 

 

-> Quand on débute, il faut un petit instrument. Ne pas débuter avec un télescope de 200 mm par exemple (sacrilège !)

 

Ah, la peur du diamètre... À lire certains, le diamètre est un facteur rendant difficile l'utilisation du télescope. Mais non ! Le télescope est difficile à utiliser s'il y a une monture compliquée (où est la vis ?), s'il est difficile de pointer (chercheur inadapté), si le pilotage électronique est compliqué, etc. Et surtout si la monture est branlante (j'ai vu ça sur des instruments d'initiation) ! Or le coup de la monture branlante, on le retrouve plus souvent sur les petits diamètre... D'autre part, ne pas confondre encombrement et difficulté d'utilisation. Un gros tube bien lourd est difficile à transporter, mais pas forcément à manipuler. J'ai utilisé pas mal de télescopes, et je trouve que le plus facile à utiliser était le Dobson Kepler 200/1200.

De toute façon, pourquoi le débutant n'aurait pas le droit d'utiliser un instrument compliqué ? S'il est motivé, il s'en sortira très bien !

 

-> En ville, c'est pas plus de 100 mm.

-> À la campagne, c'est pas plus de 200 ou 300 mm.

-> En haute montagne, on a le droit d'utiliser un diamètre aussi grand qu'on veut.

 

Si, si, il y a des gens qui ont dit ce genre de choses :eek: . L'idée comme quoi, en ville, un plus grand diamètre est handicapé, n'est pas si rare. Or, contrairement aux autres de ce texte, elle ne repose sur rien, elle n'est pas exagérée ou détournée, elle est complètement fausse ! :confused:

 

Bien sûr qu'en ville, un gros télescope sera moins performant en ciel profond qu'un petit télescope en rase campagne. Et même, je crois qu'on sous-estime souvent ce fait.

 

Mais de deux instruments en ville, c'est toujours le plus gros qui montrera le plus de choses. Il paraîtrait que le gros télescope récupérerait plus de lumière parasite. Effectivement, mais il récupère aussi plus de lumière des astres, et au bout du compte la Loi du Diamètre reste valable : plus le diamètre augmente, plus la magnitude limite est élevée.

 

Simplement, il faut éviter d'observer à faible grossissement, car c'est là que les lumières parasites sont les plus fortes (la luminosité du fond du ciel est d'autant plus grande que le champ est étendu). Mais de toute façon, en ville, les objets visibles du ciel profond sont petits et brillants. On ne cherchera pas M33 ou la Rosette ; on cherchera des amas globulaires, des nébuleuses planétaires : il faut donc grossir ! À fort grossissement, le fond du ciel redevient noir.

 

Bref, si on est contraint d'observer en ville, il faut le plus grand diamètre possible pour contrebalancer la perte de magnitude limite due à la pollution lumineuse. On y gagnera une meilleure résolution (pour les planètes et les petits objets brillants).

 

Maintenant, je reste persuadé que c'est une mauvaise idée de faire du ciel profond en ville : il faut se déplacer, et pour ça, mieux vaut un petit instrument pas trop encombrant. Ah, c'est peut-être là l'origine de l'idée fausse sur le diamètre ?

 

-> Plus le F/D est court, mieux on verra les objets du ciel profond.

-> Plus le grossissement est faible, mieux on verra les objets du ciel profond.

 

Deux idées semblables. En visuel, le F/D n'a absolument aucune influence sur l'image obtenue, c'est le diamètre et le grossissement qui comptent (en plus de la qualité optique, la transparence, etc.) La magnitude limite stellaire est obtenue avec un grossissement dit "moyen", mais à faible grossissement, on voit mieux les objets faibles et étendus. Les télescopes à F/D court sont plus pratiques pour observer à très faible grossissement, et que cela permet de mieux voir les grandes nébuleuses, d'où cette idée très exagérées. En réalité, on voit mieux les objets du ciel profond avec un grand diamètre et un grossissement adapté (qui dépend de l'objet). Le F/D n'a rien à voir là-dedans.

 

-> Pour les planètes, ça ne sert à rien d'avoir un grand diamètre à cause de la turbulence.

 

C'est vrai, sauf les nuits où la turbulence est faible ! Or, ce type de nuit, il y en a toujours. Ces nuits là, ce serait dommage d'avoir des regrets... :p

 

-> Pour les planètes, une petite lunette sera préférable à un grand télescope (ou une grande lunette) car elle sera moins sensible à la turbulence.

 

La notion de "sensibilité à la turbulence", c'est du pipeau ! :eek: Ou alors c'est un terme très mal choisi.

 

Je vais donner un exemple : imaginons une lunette de 100 mm et un télescope de 500 mm. Si les cellules de turbulence sont de 100 mm, la lunette atteint son pouvoir séparateur : on exploite 100 % de son potentiel. Par contre, le télescope est limité par la turbulence et n'atteint que le pouvoir séparateur d'une lunette de 100 mm : on exploite 20 % de son potentiel. Si les cellules de turbulence sont de 200 mm, le télescope exploite 40 % de son potentiel, mais a déjà une résolution deux fois supérieurs à la lunette (pourtant de nouveau à 100 %) ! Le gros télescope est plus sensible à la turbulence dans le sens où il a un diamètre si grand que la turbulence est rarement à la hauteur de son diamètre.

 

Mais ça ne veut pas dire que la turbulence dégrade l'image au point de donner une image moins résolue que dans la petite lunette ! Si c'est le cas, c'est qu'on a mal choisi le grossissement. Car n'oubions pas que si la turbulence est au niveau de la lunette de 100 mm, le grossissement maximal possible sur tous les instruments d'au moins 100 mm sera d'environ x200 : même le gros 500 mm devra se limiter à x200 ! À ce grossissement semblable, il aura la même résolution que la lunette, mais plus de lumière : ça aide à mieux voir les couleurs. Par contre, si l'on fait l'erreur de grossir entre 500 et 1000 fois, sous prétexte que les livres nous l'autorisent, l'image sera pourrie et on croira, à tort, que la turbulence fait plus de dégat sur le grand diamètre. C'est sans doute là l'origine de cette croyance.

 

> - Les Dobson, c'est Mal, car on ne peut pas faire de photo avec et tout le monde finit par vouloir faire de la photo.

 

On ne dit plus trop ça de nous jours... enfin, j'espère ! Mais je l'ai trop entendu autrefois, alors je le place ici.

 

En fait, c'est faux parce qu'il y a des gens qui se contentent de visuel. Il y a aussi des gens (comme moi) qui aimeraient faire de tout, mais pas en même temps : quelques années de photo, quelques années de visuel, puis on verra. Les débutants pensent souvent que la photo est un passage obligatoire. Pas forcément...

 

> - En plus, les Dobson ne permettent pas l'observation planétaire.

 

Pour trois raisons, soi disant :

 

- Leur F/D est trop court pour ça : n'importe quoi, voir plus haut !

 

- Ils ont une qualité optique trop faible. Faux : ça dépend. C'était vrai il y a quelques années pour certains modèles, mais aujourd'hui on ne peut pas prétendre que la qualité optique des Dobson du commerce ne permet pas l'observation planétaire. Bien sûr, on aura de plus belles images avec des télescopes à l'optique haut de gamme. Mais justement : il existe aussi de tels télescopes en Dobson. Le mot Dobson qualifie un type de télescope, indépendamment de la qualité de son miroir.

 

- Pas de suivi, donc ça défile trop vite. Faux : il existe des tables équatoriales. Mais même sans ça, on a quand même le temps d'observer une planète à x200 ou x300, surtout si l'oculaire est à grand champ (il en existe de plus en plus, et de moins en moins chers). Et si on grossit à x500 ? C'est quand même rare d'avoir un ciel qui le permet, mais là c'est vrai que ça deviendra limite.

 

-> De toute façon, un Dobson, c'est encombrant.

 

Ça, c'est parce que certains confondent "Dobson" et "Dobson 500 mm ouvert à F/5"... Un Dobson peut très bien faire moins de 500 mm de diamètre ! C'est vrai qu'à prix égal, un Dobson ayant un plus grand diamètre, il va probablement être plus encombrant. Mais à diamètre égal, un Dobson est moins encombrant qu'un Newton ou une lunette sur monture équatoriale.

 

Et puis, c'est quoi, "encombrant" ? Au lieu d'employer des mots de façon vague, parlons de choses concrètes ! Le télescope, on doit pouvoir le transporter, donc ce n'est pas "encombrant" qui compte, mais "rentre dans la voiture", "il y a de la place pour le ranger", "pouvant être porté dans les escaliers", ou ce genre de choses. Quand je suis passé du C8 équatorial au Dobson 200 mm, eh bien j'ai été soulagé de ne plus faire que 2 voyages au lieu de 4 avec le C8 (contrepoids, trépied, tout ça...) Le nombre de voyages, ça compte quand on habite un immeuble, eh bien le Dobson 200 mm était moins encombrant à cet égard que le C8. Pas à cause du tube, certes plus long, mais à cause de la monture. N'oubliez jamais, un télescope, ça marche avec une monture ! :)

 

Quant au rangement... Mon Dobson 300/1200 est posé à la verticale contre le frigo, dans ma cuisine. Ça prend 50x50 cm au sol. Essayez avec un Schmidt-Cassegrain de 300 mm sur monture équatoriale... Il se transporte en un bloc, en le tenant par les côtés de la monture, et je peux le porter sur quelques mètres dans cette position (par exemple jusqu'à la voiture). Essayez avec un Schmidt-Cassgrain 300 mm... En fait, il y a pas mal de types de Dobson différents. Les Dobson à F/D relativement long, surtout en tube plein (exemple : le 300/1500 chinois) est effectivement encombrant, et ne rentre pas dans toutes les voitures. Mais il y a aussi les F/D plus courts, et n'oublions pas les Serrurier, qui se démontent.

 

V. Le Guern, un des fondateurs des R.A.P., a fabriqué un Dobson de 760 mm qui rentre dans une Peugeot 106, puis un 400 mm (le "valiscope") qui s'emboîte comme une valise qu'on peut prendre comme bagage à main en avion. Il y a aussi la réalisation de P. Strock (je ne sais plus son nom), un minuscule 250 mm qui peut, lui aussi, être emporté en avion.

 

-> Les Newton, c'est pour le ciel profond. C'est pas top au niveau de la qualité. Les Maksutov sont meilleurs (par principe, bien entendu).

 

Ben non : ça dépend de leur fabrication. Il existe d'excellents Newton, donnant des images planétaires fantastiques, comme il existe des Maksutov mal fichus. D'une façon générale, je crois que c'est une erreur d'accorder trop d'importance à la configuration optique. La qualité optique n'en dépend pas !

 

-> Un oculaire au coulant 50.8 mm est mieux qu'un oculaire au coulant 31.75 mm, lui-même mieux que le coulant 24.5 mm.

 

Non, ça dépend d'autres paramètres. Un coulant plus grand, ça veut dire que l'oculaire est plus grand, c'est tout. Le seul avantage, c'est qu'on peut fabriquer un oculaire grand champ de plus grande focale. Donc si on cherche un oculaire grand champ de plus grande focale, oui : le coulant 50,8 mm est mieux. Sinon, il faut s'intéresser plutôt à la qualité de fabrication, au confort de l'oculaire, etc.

 

-> Les filtres colorés sont indispensables. En fait, tous les filtres sont indispensables.

 

C'est vrai si l'on en croit les publicités... Les commerciaux ont trouvé un nouveau marché en vendant un tas de petits accessoires pas trop cher : ainsi, ils sont sûrs que les clients oseront les acheter, même s'ils ne sont pas trop sûrs de leur utilité. Dans les années 1980-90, on conseillait les filtres pour les planètes à partir de 300 mm de diamètre, sinon il n'y a pas assez de lumière ou alors il faudrait un filtre à bande large, donc avec un contraste faible. Par expérience, je trouve que ce sont de bons conseils. Quant aux autres filtres, je pense notamment aux filtres soi-disant anti chromatisme, je suis assez sceptique depuis que j'ai lu deux tests dans Astronomie Magazine les trouvant pas plus efficaces qu'un simple filtre coloré. Mais c'est vrai que je connais peu ces filtres. En tout cas, je crois qu'il vaut mieux essayer avant de se jeter dessus...

 

-> Attention : l'UHC en-dessous de 200 mm et l'OIII au-dessus ! (Un prochain décret décidera du filtre à employer pour un télescope d'exactement 200 mm.)

 

Il y a du vrai dans le sens où l'OIII, plus sélectif, fonctionne sur un peu moins de nébuleuses que l'UHC. Donc, dans un petit diamètre, peu d'objets pourront être observés avec. N'empêche : sur ce petit nombre d'objets, l'OIII restera quand même plus spectaculaire que l'UHC. En fait, le choix de l'OIII et de l'UHC ne doit pas dépendre du diamètre mais de ses propres goûts : il faut essayer !

 

- L'UHC éteint moins d'étoiles, rend souvent la nébuleuse un peu plus brillante que l'OIII, mais avec un peu moins de détails.

 

- L'OIII montre une nébuleuse faible avec plus de détails, mais avec presque pas d'étoiles dans le champ ; dans un sens c'est "moins esthétique mais plus intéressant".

 

Avec un petit diamètre, la question qui se pose est plutôt celle de l'utilité du filtre : vaut-il le coup pour 3 (OIII) ou 5 (UHC) nébuleuses ? (3 et 5, c'est des exemples, c'est peut-être un peu plus, hein.) Pour mes goûts, l'OIII vaut le coup juste pour les Dentelles, même dans un 130 mm. Mais l'UHC n'est pas mal non plus.

 

Par contre, attention : ces filtres fonctionnent d'autant mieux que le ciel est bon. On les affuble parfois du nom de "filtres anti pollution lumineuse". N'importe quoi ! En ville, pour moi c'est une mauvaise idée d'acheter ce type de filtre.

 

Mais la question est complexe car il y a beaucoup de subjectivité.

 

Le site Cloudy Night a publié un test exhaustif de plusieurs filtres dont le OIII et l'UHC. C'est l'UHC qui a gagné. Mais lisez bien les commentaires : l'auteur donne souvent 5 points à l'UHC quand il montre une nébuleuse brillante, et seulement 4 points à l'OIII qui montre une image certes plus détaillée, mais moins brillante. Ben moi, j'aurais alors donné 4 points à l'UHC et 5 à l'OIII ! Nous n'avons pas les mêmes goûts... (moi je préfère la nébuleuse détaillée, même s'il n'y a pas une étoile dans le champ ! :) )

 

-> La webcam ne permet pas l'imagerie du ciel profond en longue pose, donc il faut une CCD.

 

On le disait autrefois, mais plus maintenant, suffisamment d'images ayant montré les possibilités des webcams modifiées. Mais attention quand même : les caméras CCD restent nettement plus sensibles, il y a bien une raison à leur prix élevé.

 

-> Plus un instrument est cher, meilleur il est.

 

Non, c'est beaucoup plus compliqué que ça ! Certaines personnes pensent par exemple que le petit télescope Celestron sera meilleur que le modèle équivalent venant de Chine, puisqu'il est un peu plus cher. Sauf qu'en fait, même le Celestron vient de Chine, et probablement de la même usine ! :)

 

-> Les télescopes chinois sont mauvais.

 

Non. Ce serait une erreur de sous-estimer le matériel chinois. La lunette 80 ED est un des instruments les meilleurs du marché (en terme de qualité optique, pas de diamètre). Les Newton chinois partagent avec les Schmidt-Cassegrain les mêmes qualités (prix bas) et les mêmes défauts (disparité de la production, avec des optiques plus ou moins bonnes selon le modèle).

 

-> Les télescopes de supermarché sont utilisables.

 

Pas tous ! Il existe, ou a existé, des horreurs innommables, absolument inutilisables. On pourrait croire qu'il est honnête de vendre un télescope trois fois moins cher s'il est trois fois moins performant. Le problème, c'est que certains instruments n'étaient pas performants du tout. Surtout chez les Newton catadioptriques (se méfier des 114/1000, des 150/1400 et des 200/1800).

 

-> Le pointage automatique est indispensable.

 

Non, on peut s'en passer, en visuel comme en imagerie, même pour observer des objets exotiques. J'en suis la preuve vivante ! :) (Je sais repérer le Quintette de Stéphan, et j'ai pris des images CCD de l'amas de galaxie Corona Borealis ou du Septette de Copeland pointés juste à l'aide du chercheur.)

 

-> Le pointage automatique ne sert à rien.

 

Attention à ne pas tomber dans l'excès inverse ! Le pointage automatique, on en fait ce qu'on en veut. Il n'est pas honteux de l'utiliser, ce n'est pas de la triche ! Certains s'en passent, d'autres l'utilisent avec bonheur. Néanmoins, je crois qu'il ne faut pas oublier que le pointage automatique a un prix, et que ce n'est pas toujours judicieux de vouloir à tout prix un pointage automatique quand on a un budget limité : ne vaut-il pas mieux une très belle galaxie, quitte à passer une heure avant de la trouver (la première fois, ensuite ça ira plus vite et bientôt on la pointera par coeur), que découvrir instantanément une petite tache floue à peine visible ?

 

-> Attention aux petites annonces : si des gens revendent leur télescope, c'est forcément suspect.

 

Mais non, c'est simplement que beaucoup de personnes aiment changer de matériel. Par exemple s'ils décident d'arrêter de faire du visuel pour faire de la photo, ou le contraire, ou de passer au diamètre supérieur, ou parce qu'après déménagement dans un petit appartement ils n'ont plus de place, etc. Mais il est vrai qu'on voit beaucoup plus d'instrument bas ou moyen de gamme que d'instruments haut de gamme. Peut-être simplement parce que le haut de gamme est plus rare ?

 

Mais bon, ça n'empêche pas de prendre quand même des précautions, on ne sait jamais.

 

-> Il faut des jumelles avec la plus grande pupille de sortie possible, soit 7 mm (ou même plus). Ainsi, entre des 7x50 et des 10x50, ce sont les 7x50 qui seront les mieux adaptées au ciel profond.

 

Il y a une croyance comme quoi plus la pupille de sortie est grande, plus on aura de lumière. Il doit y avoir une confusion quelque part, que je ne comprends pas bien. Attention : la quantité de lumière n'est pas proportionnelle à la pupille de sortie (le diamètre du faisceau lumineux) ; si la pupille est petite, c'est la même lumière, mais dans un petit faisceau.

En fait, le choix entre 7x50 et 10x50 dépend plutôt du choix du champ (en général plus grand dans les 7x50 - mais pas forcément !) et de la tolérance de l'observateur au tremblottement des images : avec des 10x50 tenues à la main, l'image tremblottera plus qu'avec les 7x50, mais est-ce que ce sera détectable ? À chacun d'essayer...

 

Par contre, la pupille de sortie des 7x50 est d'un peu plus de 7 mm : il y a des chances qu'elle soit plus grande que celle de l'oeil et donc qu'un peu de lumière soit perdue. Comme de plus un grossissement plus faible rend le fond du ciel un peu plus lumineux, on risque de voir un peu moins d'étoiles. Mais je ne suis pas sûr que ça fasse une différence détectable. Encore une fois, le mieux est d'essayer.

 

Et voilà ! Vous pensez que j'ai commis des erreurs ? C'est possible. L'important, ce ne sont pas mes conclusion, mais les arguments !

 

Il y aurait peut-être des choses à rajouter, mais c'est tout pour aujourd'hui.

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Bravo pour se petit résumé (petit :p) qui meriterait d'être épinglé en tête du forum debutant selon moi. Juste un petit "petit" oublié en fin de premier paragraphe concernant le lien planetaire lunêtes mais tous le monde aura rectifié de lui même.

Très complet. Bravo

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Oui, c'est juste un petit résumé ! :) Pour avoir participé à pas mal de débats sur le choix des instruments, je pense qu'il y a beaucoup plus de choses à dire ! (par exemple le fait que, soi disant, c'est plus difficile de collimater quand le F/D du télescope est faible). Je ne pense pas que ce soit orienté spécifiquement pour les débutants, d'ailleurs il y a peut-être certaines choses qui pourraient les embrouiller. Et puis je n'ai pas défini les notions techniques de champ, de grossissement, de pupille de sortie, etc.

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Invité SeB2003

oui très beau résumé de sujets qui ont été à la base de gros débats.

Concernant les télescopes de grande surface qu'ils soient bons ou mauvais, ce qui m'a toujours fait rire c'est les images sur la boite, on y voir généralement des clichés pris par hubble ou autre grand télescope, on peut imaginer la déception de l'observateur lorsqu'il regarde dans son télescope et ne vois que des petites taches en noir et blanc.

 

Il y a aussi ces pub hilarante où l'on évoque des telescopes spatiaux de 60mm qui peuvent grossir jusqu'à 700X.

 

Merci Bruno pour ces remarques fortement intéressantes!

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En un mot merci!!! Beau travail de synthèse qui chasse pas mal d'idée reçues.

 

Je va imprimer ça et relire ça tranquillement avant de faire dodo...

 

Tu nous en remets des comme ça?

 

Cordialement, Dom.

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Salut 'Bruno

 

Oui, très bon texte et excellente idée de l'avoir mis ici ! :):laughing:

Ca fait du bien de voir tout cela étalé, pesé et argumenté ; certains préjugés sont encore tellement forts que même lors de rassemblements entre astrams sur le terrain, on ose pas aller contre (du moins dans mon cas) !

Même lorsque l'image à l'oculaire pourrait apporter une certaine vérité, devant les faits, quoi ! :rolleyes:

 

A propos de l'encombrement et du poids du matériel : si vous êtes passsionnés, ce ne sera JAMAIS un souci. ^^

 

Bons cieux

Vincent

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Bravo pour ce "résumé" très....complet!!!

T'en as de l'inspiration!

Ca t'es pas déjà arrivé pas qu'en plein milieu du message (quand tu l'écris), ton PC plante?Parce que là, moi je m'arracherais les cheveux....lol

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Salut Bruno!

 

Excellent résumé, en effet! Il y a juste un point sur lequel je ne te suis pas:

 

> - Les Dobson' date=' c'est Mal, car on ne peut pas faire de photo avec et tout le monde finit par vouloir faire de la photo.[/b']

En fait, c'est faux parce qu'il y a des gens qui se contentent de visuel.

 

Je ne fais que du visuel, mais me passer de monture équatoriale, non, jamais! L'aide au pointage par les cercles ou le goto, bien sûr, mais surtout le suivi. On peut grossir à 2 fois le diamètre et laisser tourner, on revient après cinq minutes de contemplation ou de papotage avec les copains, et l'objet visité est toujours là! Même sans moteur, on tourne une molette et zou, dans l'oculaire!

 

Ben oui, des goûts et des couleurs... :laughing:

 

Amitié,

 

GG:)

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Gérard : ton témoignage ne contredit pas le passage sur les Dobson. Ce que je dis, c'est qu'il y a des gens (pas toi) qui se contentent d'un Dobson parce qu'ils ne font que du visuel. Mais je n'ai pas dit que tous ceux qui font du visuel peuvent utiliser un Dobson.

 

Tonio : ce qui m'était déjà arrivé, c'est de taper le texte alors que la page complète n'était pas complétement affichée (j'ai un connexion lente). Une fois l'affichage complet effectué, il initialise la fenêtre de saisie... et il a fallu tout recommencer. Ça dû m'arriver 2-3 fois, mais jamais plus de 2-3 lignes à refaire.

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Gérard : ton témoignage ne contredit pas le passage sur les Dobson. Ce que je dis' date=' c'est qu'il y a des gens (pas toi) qui se contentent d'un Dobson parce qu'ils ne font que du visuel. Mais je n'ai pas dit que tous ceux qui font du visuel peuvent utiliser un Dobson.

[/quote']

 

Je pense que c'est plus lié à l'observation planétaire à haute résolution. Pour jupiter sur le C8, le minimum est de grossir 1xD, à cette puissance, on distingue les formations et toutes les formations principales. Mais à 1,5xD, le spectacle est grandiose ! Et à x300, l'objet visé se sauve très vite, trop vite pour permettre son étude détaillée à mon avis. Mon expérience me dicte que d'observer moins de 20" un objet ne permet pas d'en discerner les plus fins détails. A une minute, c'est pas mal. A partir de 2 ou 3 minutes, le cerveau a largement eu le temps de se "focaliser" sur l'ensemble d'une surface comme jupiter !

Alors un gros dobson ... c'est un plus (et tu en est la preuve), mais à x300, tu n'atteint même pas 1xD, donc tu a de la ressource pour grossir plus mais je pense que tu n'a pas du souvent observer en continu jupiter à x500 ou x700 ... effet TGV oblige !

 

Maintenant, l'autre question est de dire "est-ce utile de grossir plus" ? Et peut on le faire raisonnablement sous nos contrées ? Mais cela à moins à voir avec la monture qu'avec le diamètre. 495mm pour le ciel profond et moins de 1xD pour le planétaire ... on peut s'en contenter ! Pardon : beaucoup d'entre nous s'en contenteraient !

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Ose me dire que tu ne voudrais pas avoir un 495mm ... plus encore si c'est un Astam (pas taper, pas taper) !

Rien n'empèche, une fois le tube acquis de le mettre sur un berceau (et j'my connais en berceau, bon c'est pas les mêmes mais bon) !

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Patry : j'aime bien ta remarque. C'est effectivement à la fois un avantage et un inconvénient : on voit plus de détails, mais moins longtemps pour les étudier...

 

La semaine dernière, quand j'ai eu peu de turbulence (disques d'Airy visibles dans le 495 mm !), j'ai regardé à Jupiter à x220, x290 et x400. Eh bien c'est le x290 que je préférais, ensuite le x220. Même à x220, je ne trouve pas Jupiter petite ou trop lumineuse. À x290, elle était grande, bien détaillée et contrastée, et se déplaçait lentement. Non seulement je voyais les panaches équatoriaux, mais même leur forme. Peut-être qu'en grossissant plus, et en ayant un suivi me le permettant, j'aurais vu encore plus de choses ? N'empêche que ce que je vois me suffit : c'est mieux qu'à faible diamètre !

 

Finalement, tout ça reste subjectif et lié à ce qu'on attend du télescope. Pour une étude détaillée et quasi scientifique des planètes, une motorisation est peut-être préférable, mais on n'a pas tous cette ambition.

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  • 1 mois plus tard...

Salut !!

Bravo pour ce superbe "résumé" si peu long Bruno, au moins, ça enlève les préjugés de certains sur des instruments, parce qu'on entend beaucoup de choses injustifiées de nos jours.

Moi aussi je veux bien le 495 mm (et puis grossir à 1xD "seulement", ça ne me dérangerais pas non plus !! :cool: ). Mais si on veut se faire du 2xD (moins utile quand même) ça risque d'être dur (et cher : barlow 5x ou quelque chose dans le genre).

Merci encore pour ton explication Bruno !!! ;)

A la prochaine !!

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Et merci à toi d'avoir remonté le sujet ! :)

 

Attention, au Dobson 495 mm, grossir 1D est déjà énorme. Mais meilleures images de Mars et Jupiter, je les ai eues à D/1,7 (x290 - et c'étaient les plus belles images que j'ai jamais vues).

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Salut

 

"Attention, au Dobson 495 mm, grossir 1D est déjà énorme. Mais meilleures images de Mars et Jupiter, je les ai eues à D/1,7 (x290 - et c'étaient les plus belles images que j'ai jamais vues)"

 

Donc pour le planétaire pourquoi un 495mm?

A D/1,7 donc 290x c'est équivalent à 1xD d' un 290mm( on va arrondir: 300mm).

Or 1xD c'est souvent le minimum pour voir les très fins détails (sauf pour un "oeil de lynx").

On va dire que les couleurs sont un peu mieux perçue avec un plus gros diamètre mais l'oeil est aussi un peu moins parfait avec une pupille plus grande donc finalement: "quif-quif".

Avec un télescope moins important on y gagne aussi en stabilité d'image et en transportabilité.

Maintenant sur un site parfait (et pour le ciel profond) c'est autre chose ;)

 

Didier

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  • 2 semaines plus tard...

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