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Premier CROA pour une première soirée au T200


Arzack

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CROA de la soirée du 3 avril 2020

 

Bonjour tout le monde,

 

Mon premier CROA, c'est émouvant !

 

Je disais il y a quelques jours dans ma présentation que je venais d'investir dans un Skywatcher 200/1000 pour me lancer plus sérieusement dans l'observation du ciel profond. Ma vieille lunette datant de 1998 commençait à ne plus me satisfaire depuis quelques temps.

 

Par chance, alors que j'avais reçu mon nouveau télescope mercredi, le ciel s'est soudainement dégagé hier après-midi. Ni une ni deux, vers 20h, je sors tout dans le jardin : télescope et lunette. Ce soir, c'est l'inauguration ! Je pose donc grossièrement ma lunette à quelques mètres du T200, et je me lance dans une mise en station plus fine de la monture équatoriale du télescope ; une première pour moi ! Eh bien, je trouve que je ne m'en suis pas mal tiré du tout : je n'ai eu aucun problème de suivi pendant toute la soirée.

 

Puis vient le moment de la collimation. J'ai acheté un laser avec mon télescope ; après avoir vérifié que lui-même soit bien collimaté, je l'insère dans le porte-oculaire, et c'est parti. Miroir secondaire un peu déréglé, je ramène le point au milieu de l'oeillet du miroir primaire, puis quelques réglages sur la cible du collimateur et c'est bon !

 

20h35, le soleil commence à être suffisamment sous l'horizon, les étoiles apparaissent progressivement, je me lance dans une première observation de Vénus. J'en profite pour régler le chercheur, petite mise au point, et là, je prends ma première claque ! A l'oculaire 25mm, un croissant d'une netteté impressionnante ! Petit réglage en déclinaison, les Pléiades apparaissent dans le champ, côtoyant Vénus de très près. Je les distingue au chercheur, je les vois parfaitement à l'oculaire, alors que c'est encore très difficile de les voir à l'oeil nu. J'ai sous les yeux une image d'une beauté que je ne soupçonnais pas : un fond bleu nuit (même un peu plus clair), un croissant blanc tirant vers le jaune, des étoiles nettes et lumineuses. Je pointe ma lunette pour comparer. La différence est incroyable. Dans la lunette, à l'oculaire 12,5mm, un fond noir, un croissant brillant mais aux contours un peu flous, quelques étoiles assez faibles un peu plus haut. Je remplace l'oculaire du télescope par un 10mm, petite mise au point, le croissant est deux fois plus gros (2,5 fois en réalité), et toujours aussi net !

 

21h15, passons aux choses sérieuses. La Lune éclaire le ciel comme un lampadaire, et plus encore, l'horizon ouest est encore légèrement orangé, l'air est un peu brumeux dans ma petite vallée pyrénéenne, on a l'impression de baigner dans un nuage de photons. Mais tant pis, allons-y pour le ciel profond ! Après tout, c'est pour ça que j'ai acheté ce télescope, testons ses limites par une nuit aussi claire. Je commence donc facilement : M42 me tend les bras. A une hauteur de 30° environ, elle dépasse de 15° la petite montagne en face de chez moi. Je décide de l'observer d'abord à la lunette : faisons monter le désir. Comme d'habitude, je vois une étoile centrale (que je sais être le trapèze en réalité), entourée d'un nuage diffus qui me semble légèrement bleuté. Direction le T200... Deuxième claque de la soirée ! A l'oculaire 25mm, un nuage dont on distingue plusieurs parties, certaines lumineuses, d'autres plus sombres. Là où je ne voyais à la lunette que la partie centrale, je perçois maintenant sa forme d'oiseau, et je devine – certes un peu difficilement mais elles sont bien là – quelques bandes sur les côtés. Le trapèze est parfaitement résolu. Je passe au 10mm, et je plonge dans le nuage central. Je passe presque une demi-heure l'admirer, à alterner entre ces deux oculaires, à essayer de distinguer des détails en vision décalée. Je n'ose pas imaginer ce qu'elle m'offrira par une nuit sans Lune.

 

21h45, bifurquons au nord-est ! Rapide pointage sur Mizar et Alcor. Mizar A et B sont parfaitement résolues. Plusieurs étoiles dans le champ. C'est plutôt joli. Mais passons aux choses plus difficiles. Si j'ai ciblé Mizar et Alcor, c'est pour prendre la direction de M101. C'est donc parti pour un cheminement bricolé rapidement sur Stellarium : 81 UMa, 83 UMa, 84 UMa, on aoute 15min en ascension droite, et... rien ! Je suis à l'oculaire 25mm, et je sais qu'elle est dans le champ, mais pour paraphraser La Fontaine : « Pas un seul petit morceau », que ce soit mouche ou vermisseau... Et c'est normal, je m'y attendais : la Lune est bien trop brillante. Déjà que le noyau est apparemment difficile à distinguer avec un T200... Mais je voulais tout de même tester les limites, et me familiariser avec la monture équatoriale pour le cheminement : avant cette soirée je n'avais fait que de l'azimutale. Verdict : même si je ne vois rien (et pourtant je sais que j'y suis, j'ai bien HD 122865 et HD 122301 dans le champ), je peux maintenant confirmer que je prends goût à la monture équatoriale.

 

22h et quelque, autre tentative : on va se diriger vers la Chevelure de Bérénice. J'ai eu la tentation de cibler M51, mais je préfère laisser ça pour une autre soirée. Deux raisons à cela : le cheminement me semble plus compliqué, et surtout, je risque de ne pas pouvoir la distinguer avec une Lune aussi brillante. Je cible donc Diadem, et c'est parti pour M53. J'avoue qu'il commence à faire froid, alors je n'improvise pas un cheminement sur Stellarium, j'y vais un peu au jugé. Je bidouille donc en ascension droite, et je tombe sur une tache grise et très floue, plutôt ténue. J'observe en vision décalée, je mets l'oculaire 10mm. Cette tache est dense en son centre, plus diffuse sur les bords. Je devine quelques regroupements d'étoiles en périphérie plus que je ne les distingue vraiment (il s'agit surtout de nuances de gris – n'y voyez aucun jeu de mots !). Je fais une pause d'une petite demi-heure histoire de prendre quelques notes sur les observations de la soirée (et de prendre une petite bière pour fêter l'inauguration), mais aussi pour tester ma mise en station. Je retrouve ma tache floue avec une aisance déconcertante. J'en fais une déclaration d'amour à ma monture équatoriale.

 

23h, je termine par une randonnées lunaire pour tester le couplage oculaire 10mm + barlow x2. Troisième et dernière claque de la soirée. Je pointe la lunette pour comparer, même avec le 6mm le spectacle n'est pas aussi impressionnant. Je vois au T200 une quantité de cratères et de reliefs impressionnante. Je suis le terminateur, c'est magnifique. Puis le contour : je parvins à distinguer des reliefs, comme des petites montagnes qui se perdent dans l'obscurité du ciel. Belle façon de terminer la soirée (et de me cramer la rétine au passage, il faut vraiment que j'investisse dans un filtre).

 

Je sors donc de cette soirée emballé. Comme je l'ai écrit plus tôt, je n'imagine pas encore ce que cet instrument va m'offrir avec un ciel sans Lune. Mais j'en sors aussi avec trois premières questions que le débutant que je suis en ciel profond vous pose humblement :

 

  1. Comment chiffrer l'impact de la Lune selon ses phases sur la magnitude observable limite (visuelle comme instrumentale) ? J'ai essayé vite fait de me renseigner mais je n'ai rien trouvé de très précis sur le sujet.

  2. La galaxie du Moulinet est-elle visible au T200 par un ciel sans Lune, et avec peu de pollution lumineuse (j'habite à quelques kilomètres au nord-est de la petite ville de Foix, qui éteint son éclairage public à minuit) ? Si oui, que peut-on envisager de voir ?

  3. Est-ce normal que je n'ai pas résolu d'étoiles hier soir dans ce que je suppose être M53 ? J'ai envisagé a posteriori de l'avoir confondu avec NGC 5053, mais vu la luminosité de surface de l'engin, ça me semble peu probable, je ne suis même pas sûr de pouvoir l'observer au T200 dans les conditions d'hier.

 

En vous souhaitant une bonne journée à tous, et un bon ciel ce soir !

 

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Quelle joie de lire tes premiers pas au T200!! Merci pour le partage! Je suis sur que tu as eu des étoiles dans les yeux encore ce matin!

pour tes questions malheureusement je ne vais pas savoir y répondre car même si j’ai visé ses objets au T200 ça fait bien trop longtemps pour que je m’en souvienne. 

Je vais jeter un œil à mes anciens CROA, je te dirais si je trouve quelques chose. 

 

Tu verras, le CP sans lune c’est autre chose! Même si je suis comme toi toujours tenté d’aller voir au cas où. Mais la lune gagne souvent à ce petit jeu...

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Le 04/04/2020 à 12:34, Arzack a dit :
  1. Comment chiffrer l'impact de la Lune selon ses phases sur la magnitude observable limite (visuelle comme instrumentale) ? J'ai essayé vite fait de me renseigner mais je n'ai rien trouvé de très précis sur le sujet.

  2. La galaxie du Moulinet est-elle visible au T200 par un ciel sans Lune, et avec peu de pollution lumineuse (j'habite à quelques kilomètres au nord-est de la petite ville de Foix, qui éteint son éclairage public à minuit) ? Si oui, que peut-on envisager de voir ?

  3. Est-ce normal que je n'ai pas résolu d'étoiles hier soir dans ce que je suppose être M53 ? J'ai envisagé a posteriori de l'avoir confondu avec NGC 5053, mais vu la luminosité de surface de l'engin, ça me semble peu probable, je ne suis même pas sûr de pouvoir l'observer au T200 dans les conditions d'hier.

 

En vous souhaitant une bonne journée à tous, et un bon ciel ce soir !

 

 

Bonsoir,

 

1) Pour ma part je n'essaie même pas une observation du ciel profond (galaxies + nébuleuses) lorsque l'on se situe entre le premier quartier et la pleine Lune. C'est comme un phare dans la nuit. Les amas peuvent toujours être tentés, même s'ils seront évidemment moins beaux que lors d'une nuit sans lune. C'est un peu plus simple quand on se rapproche du dernier quartier je trouve, et bien entendu il faut se renseigner sur le lever et le coucher de la lune chaque jour.  J'ai du mal à fournir une quantification concernant la magnitude observable limite suivant ces conditions.

 

2) Normalement tu peux voir M101 dans les conditions que tu énonces, oui. Cette galaxie est (très) sensible à la pollution lumineuse notamment. En revanche je ne pense pas que tu puisses voir des détails remarquables sur cet objet avec ton 200 (quoique tu es semble t-il un peu en altitude, non?). Dans tous les cas tu verras au minimum une grande tâche floue assez ténue. C'est sans doute une galaxie à tenter plusieurs fois pour toi au début, pour voir ce que tu peux y voir précisément.

 

3) M53 est assez granuleux de mémoire, mais le cœur n'est pas vraiment net chez moi. Je te dis ça alors que j'ai un 250 et que j'habite en campagne assez préservée de la pollution lumineuse. Et n'oublies pas que tu as observé lors d'une nuit avec lune, c'est moins évident dans ces conditions.

 

Modifié par Paco Del Diablo!
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Bonsoir et merci pour ces réponses !

 

Je suis à 500m d’altitude en effet, mais je ne pense pas que ce soit suffisant pour changer réellement la donne non ? Un de ces jours je ferai 20 minutes de voiture et j'irai tester un ciel à 1400m d'altitude pour comparer.

 

Sinon j'ai retenté un peu de ciel profond hier soir pour continuer à explorer les limites de l'instrument avec une Lune à 77%. J'ai réussi à attraper M51, mais je ne voyais que les deux noyaux de manière assez diffuse, et un très léger halo grisâtre autour d'un des deux noyaux. Autant dire que dans ces conditions d'observation, j'ai quand même été enchanté !

 

J'ai pointé de nouveau l'amas que j'avais observé avant-hier. C'est bien M53, j'ai comparé la disposition des étoiles proches sur Stellarium, ça colle. Clairement visible, mais non résolu (seulement quelques zones granuleuses en périphérie). Pas étonnant avec une Lune aussi brillante.

 

Ce soir je m'adapte : Vénus, Pleïades et randonnée lunaire. Mais je vais quand même tenter M81 et M82. Si je réussis à voir quelque chose avec une Lune à 86% je sera content.

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Bonjour,

chouette premier croa :)

pour M53, avec le c8, en ciel périurbain, ça reste tenu et flou, même sans lune. M3 qui est proche est beaucoup plus interessant, car bien defini au 200, mais, sans lune, c'est quand même bien mieux.

Bonne continuation et profite bien de ton télescope :)

 

 

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Posté (modifié)

Re-bonsoir,

 

J'ai continué à tester les capacités de mon télescope. J'ai réussi à trouver M81 et M82 sans problème. J'ai bien distingué la forme allongée de M82 et la forme ovale de M81. Là encore c'était assez diffus (merci la Lune à 86%), mais je ne m'attendais pas non plus à les repérer aussi facilement.

 

J'ai fait une photo dégueu de de M42 au smartphone. [supprimée, j'ai trop honte^^]

 

Modifié par Arzack
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Bonjour,

 

tu pourras comparer tes observations sans la lune plus tard, c’est bien ça te fait une marge de progression. 

Pour la photo, je n’aurais pas fait mieux! 😁

si tu as un appareil photo reflex et un trépied photo il a de quoi t’amuser en photos d’ambiance nocturne (et même en le mettant sur le télescope avec quels outils d’adaptation). 

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Salut,

 

quelques réponses rapides :

 

1) c'est très difficile car cela dépend de la phase comme tu l'indiques mais aussi de la distance de l'objet à la lune. Bien entendu du côté opposé quasiment à une lune de quelques jours on peut faire encore de belles observations en CP, et bien sûr d'autant plus si l'on a du diamètre.

D'autre part ça dépend aussi de la nature de l'astre : une petite NP ou galaxies elliptique concentrée souffrira moins qu'une SC de face ou grande nébuleuse diffuse.

Pour ma part je considère aussi qu'on peut aller jusqu'à la demi-lune sur des objets adaptés, pour à peu près valider une observation. Les jours qui suivent, le nombre d'objets observables correctement se réduit d'autant. Avec une lune assez gibbeuse il ne reste que les amas ouverts, globulaires brillants, les petites NP ...et avec une lune fortement gibbeuse, c'est le domaine du (lunaire ?) planétaire et des étoiles doubles. Je réserve en général la lunette vite sortie à cela.

 

L'autre soir avec la lune de 6 j je suis sorti sur M51 et la Grande Ourse au 300, j'avais pas de référence car jamais vu ces objets avant au 300, mais si je sentais un déficit d'éclat dû à la lune,c 'était encore bien faisable. Le plus pénible était le flux lunaire tapant sur le secondaire et blanchissant le champ.

 

2 par Moulinet tu entends M101 ? Visible dès la 80ED sous un bon ciel, et même aux 10x50 sous un très bon ciel (je ne parle pas des détails of course ...). Par contre dès que le ciel devient juste acceptable voire moins, elle a réputation de devenir très difficile vue sa faible brillance de surface et son étendue

 

3) M53 devrait montrer de la granularité avancée à 200 mm je crois, au moins. cf Astrodessins les étoiles les plus brillantes de M53 sont de mag 13,8, donc à la portée d'un 200 si la turbulence et la transparence le veulent bien

Modifié par etoilesdesecrins
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