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CROA matinal dans le Sagittaire et le Cygne


caracara72

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Voici le CROA de mon observation du jeudi 28 mai 2020 au matin, entre 3h30 et 4h45.

 

Matériel utilisé :

-       Dobson Alkaïd 300/1500

-       Zoom Hypérion 8-24 mm, le plus souvent utilisé en position 16-20 mm

-       Barlow x2

-       Filtre UHC

 

Comme la lune se couche de plus en plus tard (vers 1h30 cette nuit-là) autant dormir pendant la première partie de nuit si l’on veut faire un peu de ciel profond.

C’est ainsi que j’ai mis le réveil à 3h30 afin de profiter des nébuleuses d’été, principalement dans le Sagittaire et le Cygne, puis de Jupiter et Saturne.

 

Le réveil sonne, les yeux piquent, j’enfile mes habits et je sors le télescope que je laisse monté d’une soirée à l’autre. L’avantage de l’Alkaïd c’est qu’il est assez léger pour pouvoir être porté tout monté sans trop se casser le dos.

La première chose que je constate une fois dehors c’est que le vent ne s’est pas couché, contrairement aux nuits précédentes. Il ne semble heureusement pas assez fort pour faire vibrer le télescope. Mis à part ça le ciel est bien transparent, mais pas très noir : en effet c’est le tout début de l’aurore astronomique et je sais que ça va être un peu la course pour observer le ciel profond dans des conditions correctes.

 

Je commence donc directement avec M8, la Nébuleuse de la Lagune, qu’il me semble distinguer à l’œil nu sous forme d’un petit nuage dans le Sagittaire, sous le vrai Nuage du Sagittaire M24. Je vise et c’est bien elle puisque je l’ai immédiatement à l’oculaire.

Tout d’abord assez ténue, elle se révèle à mesure que mes yeux s’accoutument à l’obscurité. Je décide de mettre le filtre UHC pour renforcer le contraste.

M8 apparait sous forme de deux nébulosités principales séparées par un chenal sombre.

Les deux nébulosités sont assez différentes. La plus brillante a un aspect relativement circulaire et contient peu d’étoiles, bien que ce soient les plus brillantes du champ. L’autre nébulosité, plus diffuse, contient un amas d’étoiles qui semblent plus fines que les précédentes, d’autant plus que le filtre UHC atténue leur éclat.

Mes yeux sont maintenant bien adaptés et je distingue de faibles extensions tout autour des deux nébulosités qui donnent à M8 un aspect globalement oval.

 

Tout en gardant l’œil à l’oculaire je remonte et décale légèrement le télescope vers l’Ouest pour passer à M20, la Nébuleuse du Trèfle. Elle est moins brillante que la Lagune, mais j’arrive tout de suite à discerner la partie en réflexion, plus faible que la partie en émission.

Au premier coup d’œil les filaments obscurs qui découpent la nébuleuse en forme de trèfle sont bien présents mais peu détaillés. Il me faut zoomer un peu afin de mieux discerner leurs sinuosités et de les dénombrer : j’en vois distinctement trois.

Je reviens au grossissement minimal afin de mieux apprécier la forme de trèfle dans son ensemble. M20 m’apparait comme un trèfle à trois feuilles avec une large tige diffuse. Je me rends compte en écrivant ce CROA que M20 a en réalité quatre feuilles, mais sans doute la quatrième m’a semblée confondue avec la tige.

 

Je me dirige maintenant vers M17, la Nébuleuse du Cygne. Je m’y reprends à plusieurs fois et je finis par jeter un œil à un atlas pour la trouver. Je ne sais pas pourquoi sur le moment je pensais qu’elle était plus loin que ça de M24, alors que je l’avais trouvé directement au-dessus de lui la nuit dernière… les mystères du repérage !

Pas de surprise, sa forme de cygne est bien nette et les autres composantes principales visibles sur les photos sont assez évidentes : le souffle de feu qui semble s’échapper du bec du palmipède, sa couronne et sa cape. Les extensions en arc de cercle qui s’étendent depuis la queue jusque sous le corps du cygne sont également visibles mais plus ténues.

 

Une manœuvre similaire à celle réalisée entre la Lagune et le Trèfle permet de passer du Cygne à l’Aigle… bucolique, n’est-ce pas ? ;)

Voici donc M16, la Nébuleuse de l’Aigle. Pas évidente au premier abord, le bec de l’aigle plongeant au cœur de la nébuleuse et de l’amas d’étoile qu’elle accueille se remarque bien malgré tout.

On sent qu’il y a des zones plus sombres çà et là, mais c’est très vague. Je joue du zoom et de la vision décalée pour essayer de voir plus nettement la forme sombre qui semble se loger sous le bec de l’aigle en plein milieu de la nébuleuse : les Piliers de la Création. J’arrive à résoudre une forme de V par moments, ce qui sera confirmé en regardant les photos le lendemain : il s’agissait bien du pilier le plus sombre et de la base du plus grand pilier.

 

Je décide de quitter le Sagittaire pour partir dans la constellation du Cygne. Il faut garder le rythme car le ciel s’éclaircit peu à peu. Le vent est toujours là et les grenouilles commencent à coasser mollement et à s’essayer à quelques plongeons dans la mare à quelques mètres de là.

 

J’attaque maintenant les Dentelles du Cygne. Avec un peu d’attention et de vision décalée la Petite comme la Grande laissent voir quelques filaments entremêlés, mais ça reste assez subtile. Les variations de densité le long de chacune des Dentelles sont intéressantes.

 

Toujours avec le filtre UHC je passe à NGC 6888, la Nébuleuse du Croissant, maintenant que je sais bien comment la repérer au tiers de la distance entre Sadr et Eta du Cygne après avoir galéré la nuit dernière.

Elle est extrêmement faible, mais j’arrive à capter la forme globale. L’extrémité dirigée vers Sadr est un peu moins difficile.

J’ai le souvenir d’avoir eu une vision similaire sans filtre l’année dernière et une vision plus évidente avec l’UHC, mais c’était en milieu de nuit et le ciel était probablement bien plus noir.

 

Le soleil remonte inexorablement vers la ligne d’horizon et les grenouilles s’agitent de plus en plus. En revanche toujours pas de chant d’oiseau, peut-être est-il trop tôt, à moins que le vent leur ait coupé le sifflet.

 

Avant de passer aux planètes je fais un saut vers M27, la Nébuleuse du Trognon de Pomme. Après la faiblesse du Croissant elle semble majestueuse.

On voit évidemment bien le trognon, mais également les extensions plus faibles qui forment en quelque sorte les vestiges des morceaux croqués, tout en donnant à la nébuleuse une forme globale proche de celle d’un ballon de rugby. J’enlève et range le filtre, les extensions s’effacent un peu pour rendre le trognon plus marqué.

 

Je me rends compte que j’avais presque oublié de regarder NGC 6826, Blinking Planetary Nebula, que je n’ai encore jamais observé, mais que la lecture d’un CROA récent m’a donné envie de voir. Je mets un peu de temps à la trouver car elle est plus petite que ce que je pensais, il me faut zoomer un peu pour la repérer, non loin d’une étoile double.

L’effet de disparition est en effet saisissant et amusant : seule l’étoile qu’elle abrite subsiste en vision directe. En vision indirecte elle forme un petit disque bien marqué.

Je trouve que c’est une cible très pédagogique pour s’exercer à la vision indirecte car les contours du disque sont plus ou moins nets en fonction de la zone où l’on place son regard autour de la nébuleuse. Pour ma part le placement optimal semble être presque au bord en haut à gauche du disque, sachant que j’observe avec l’œil droit.

 

Il est environ 4h30, seules les étoiles principales des constellations sont clairement visibles à l’œil nu. Fini le ciel profond, c’est le moment de passer aux planètes. Pendant que j’équipe la barlow je sens le vent forcir… c’est pas le moment !

 

Je commence par Jupiter. Effectivement il ne faut pas trop zoomer car ça turbule, et les satellites ressemblent rapidement à des boules à facettes. En plus la collimation est peut-être perfectible, mais vu les conditions je ne prends pas la peine de l’affiner.

Je crois voir la Grande Tâche Rouge mais il s’avère que c’est une irrégularité dans la bande équatoriale, car j’aperçois la vraie sur l’autre bande, un peu plus au bord de la planète, sa couleur caractéristique ne laissant aucun doute.

 

Je passe à Saturne, mais j’aperçois à peine la division de Cassini et les variations de couleur sur la planète dans les rares trous de turbulence.  Comme Jupiter ça reste joli…mais de loin, surtout que le vent fait maintenant vibrer légèrement le télescope.

 

Je ne reste donc pas longtemps à observer les deux géantes. Vers 4h45 je rentre le télescope toujours monté alors que les grenouilles, maintenant bien réveillées, font un concours avec d’autres, que j’entends coasser depuis deux autres points d’eaux aux alentours. Une fois rentré j’ai la flemme de rédiger mon CROA dans la foulée. Je m’enregistre rapidement pour me souvenir de certains détails, mais cela ne m’aura finalement pas servi. Il faudra peut-être que je songe à être plus concis dans mes prochains CROA ? 😅

Modifié par caracara72
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Il y a 1 heure, caracara72 a dit :

Il faudra peut-être que je songe à être plus concis dans mes prochains CROA ? 😅

surtout pas! ça a été un régale de te lire, avec les petits détails qui rendent ton CROA vivant. c'était bien cette belle balade dans le presque ciel d'été! 

c'est difficile de se lever pour observer mais l'ambiance sereine est bien là, ca vaut le coup!

merci pour le partage! 

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Jolie observation ! Je retrouve bien le rendu général du 300 !

Tu t'es fait le quatuor de nébuleuses du Sagittaire + M16 de l'Aigle, je me souviens avoir procédé de la sorte l'an dernier pour me donner une chance de voir du spectaculaire quand enfin une belle nuit était arrivée, laissé de ne pas avoir assez de beau temps les années précédentes sur cette période !

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Merci pour vos commentaires ! 😀

 

Il y a 1 heure, polorider a dit :

Vivement fin juillet qu'on retrouve des nuits astronomiques dignes de ce nom

Entièrement d'accord, ces nuits courtes et tardives sont vraiment pénibles, on a l'impression que le ciel n'est jamais bien noir !

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Ta description de la nébuleuse de l'Aigle donne envie de se lever... C'est un de mes objectifs depuis que j'ai mon 300 mais je n'ai pas encore eu l'occasion d'aller la voir. Pour la nébuleuse du croissant, je n'ai pas réussi à la voir lors de notre dernière sortie avec Fulie28 alors qu'elle l'avait dans son 400  et qu'on avait un bon ciel donc bravo ! 

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Pour les piliers faut le bon grossissement et observer avec attention car la forme en V est très fugace : la plupart du temps c'est juste une zone plus sombre aux contours mals définis.

Pour la nébuleuse du Croissant il faut un ciel bien noir, que le Cygne soit bien haut dans le ciel, et l'usage d'un filtre UHC ou OIII est quasi indispensable. L'année dernière j'avais réussi à le voir comme sur ce dessin en plus un peu plus ténu, mais cette fois là il m'est apparu extrèmement plus faible et moins détaillé. Comme je l'avais fait remarquer dans le fil que j'ai mis en lien, la fatigue peut aussi intervenir dans la qualité des observations.

 

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@caracara72Merci pour les conseils pour les piliers. J'essaierai de m'en souvenir le moment venu 😉

@Fulie28, dans ton 400, la Nébuleuse du Croissant ressemblait plus à un bretzel non ? Je ne sais plus si j'ai essayé avec le filtre sur le 300. C'est peut-être pour ca qu'il n'y avait rien...  

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Faut du OIII sur le Croissant, ça passe au 300 mais ça reste ténu ...Par contre ça nécessite un ciel très clair !

Attention au bon grossissement sur ce type d'objet : trop peu le fond du ciel n'est pas assez noir, trop fort l'objet est dilué

 

Par contre sur les Piliers j'avais fait chou blanc ...je crains un peu cette M16, j'arrive pas bien à l'appréhender ...

Modifié par etoilesdesecrins
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sacré défis les piliers, vivement la fin de l'été!!!

le croissant oui j'aurais pas dit un croissant, plus en demi cercle comme un Bretzel oui, mais j'y ai plutôt vu une oreille géante avec des filaments pour former le lobe!

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Bon, allez, voici ma description de NGC 6888 au T300 en octobre 2019, transparence seulement assez bonne à bonne

 

56 X : bien soupçonnée

 

56 X OIII : déjà facile

 

96 X OIII : grand arc nébuleux N/S ouvert sur E, situé sur un groupe de 5 étoiles brillantes dont un joli losange.

Luminosité irrégulière, VD3-VI1, une zone étant nettement plus marquée assez linéaire au N.

Extrémité N un peu moins brillante, puis S encore moins brillante, plus large, plus diffuse.

Extension centrale dans le creux vers E rejoignant une étoile brillante, très pâle.

Partie plus brillante vaguement filamenteuse, non unie. Globalement peu détaillée.

 

56 X OIII :  la silhouette générale ressort un peu mieux, limites mieux définies. En VI légère on voit mieux la forme globale des photos mais cela est moins détaillé qu’à 96 X.

C’est la meilleure vision d’ensemble : assez fine, bien définie, contrastée en VI attentive, notamment la partie S plus facile. On a bien la structure des photos !

 

170 X OIII : on ne voit plus que la partie principale, linéaire, avec 3 étoiles dedans.

 

Nécessite un ciel très clair, plus que ce soir !

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