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Une Méduse céleste (IC443)


LucaR

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Deuxième d'une série de trois photos que j'ai pris en mars dernier (2022) lors d'une exceptionnelle séquence de 9 nuits consécutives de beau temps. La première était ici.

 

Contrairement à la cible précédente qui brillait par sa banalité, la nébuleuse de la Méduse (IC433) est assez exceptionnelle. Il s'agit d'un des plus grands et beau rémanent de supernova de notre ciel, en bonne compagnie avec les dentelles du Cygne ou la nébuleuse du Crabe. Bien qu'elle soit très étudiée, son âge (estimée quelque part entre 3 000 et 30 000 ans) et sa distance (estimées dans les 5 000 années lumières) sont mal connues. 

 

Un rémanent de supernova est à la fois le cadavre d'une étoile, et le terreau fertile duquel naitront d'autres étoiles, planètes... et peut-être la vie. Au fond c'est comme sur Terre: ce qui meurt nourrit ce qui naît !

 

Les très grosses étoiles (pas le soleil, dont le destin sera plus sobre) brûlent leur vie flamboyante en d'à peine quelques centaines de millions d'années - oui, c'est très peu aux échelles de l'univers. Puis elles meurent dans un immense "drama" intersidérale, une explosion gigantesque, l'un des phénomènes les plus violent et brillant de l'univers: une supernova ! Le cœur de l'étoile morte implose, se densifie jusqu'à devenir une étoile à neutron - sans doute l'objet le plus étrange de l'univers - voire, pour les plus gros, un trou noir où il est englouti à tout jamais. Les couches externes de l'étoile, quand à elles, sont expulsées par la gigantesque explosion avec une force et une vitesse inimaginable. Ainsi une bulle de matière déchiquetée grandit autour du dernier lieu d'existence de l'étoile et vient percuter les nuages de gaz et poussières interstellaires environnants. Cette interaction crée des phénomènes de ionisation qui font luire les lambeaux d'étoile, les rendant visibles sur terre aux instruments photos à longue pose (plus de 10h ici!) des astrophotographes.

 

Au cours des millions et milliards d'années qui suivent, toute cette matière riche d'éléments variés que l'étoile à synthétisé en son cœur pendant toute sa vie, par des réactions de fusion nucléaire, va se disperser autour de la galaxie au gré des courants gravitationnels. Elle viendra enrichir les nuages de gaz et poussières qui, à l'origine, n'étaient formés que d'hydrogène et d'un peu d'hélium. C'est ainsi que née la diversité des éléments composant notre matière, la fameuse table de Mendeleïev, ainsi que... les éléments qui nous constituent nous-même! C'est ce que voulait dire Hubert Reeves par sa célèbre maxime: "Nous sommes faits de poussières d'étoiles".

 

Le cœur de la Méduse a longtemps été recherché au milieu de tous ces débris d'étoile. Car il n'est pas resté en place : lui-même à été éjecté au loin par sa propre explosion en supernova ! Il a finit par être repéré au début des années 2000, une petite étoile à neutron filant rapidement hors du champs de bataille, déjà arrivé à la périphérique des volutes qu'on voit sur la photo... et découvert par trois lycéens stagiaires dans un observatoire américain! C'est la relève  🙂

 

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Tout comme la Tête de Singe, cette nébuleuse est l'une des dernières de la saison hivernale, visible jusqu'en mars donc même si elle se couche déjà en milieu de nuit. Je l'ai visé en début de nuit 5 fois de suite pendant cette séquence rare de beau temps, puis vers 2h du matin je passais à une troisième cible que je montrerais bientôt.

 

EXIFS (données techniques) :

  • 206x180s =10h18 de pose en 5 sessions 19-23 mars 2022
  • Canon 650D (APS-C) défiltré partiel, ISO 800, filtre duobande STC Astroduo
  • Lunette TS Photoline triplet 102mm, f/d 5,3 avec réducteur.
  • Monture AZEQ6
  • Guidage au chercheur + zwo 178mc
  • Logiciels : Kstar/Ekos sur Stellarmate RPI4, PHD2, Siril, Photoshop
  • Ciel Bortle 4 dans le Vexin, bonne qualité de ciel dans l'ensemble, pleine lune sur la première session, puis en descente ensuite. 
  • Températures nocturnes autour des 5°C les premières sessions, 7/8° les dernières.

 

 

Modifié par LucaR
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Salut LucaR,

 

Bravo pour cette magnifique méduse ! Ton travail et le setup que tu utilises sont pour moi une excellente source de motivation. En effet j'étais passé d'un Canon EOS 800D à une 294MC (+ L-eXtreme) l'automne dernier en pensant atteindre un niveau supérieur en termes de qualité d'image mais j'étais vraiment déçu des résultats. Le bruit était effectivement plus faible car caméra refroidie mais la résolution était bien trop faible par rapport à mon APN APS-C et ça ne me convenait pas du tout.

 

Bref j'ai revendu cette caméra et maintenant je m'éclate avec ma 80ED et mon APN (avec filtre clip L-eNhance). J'ai réalisé qu'investir sans arrêt dans du nouveau matos ne servait pas à grand chose si on ne prends plus de plaisir avec, de toute façon il y aura toujours mieux alors autant s'arrêter quelque-part 😄. Et pour moi, c'est devenu un bon challenge de pousser mon matériel actuel au maximum de ses capacités, exactement comme tu le fais avec ton 650D !

 

Petite question technique : lors de longues nuits de shoot, est-ce que tu fais plusieurs sessions de darks ou une seule à la fin te suffit malgré la chute de température ? Combien de darks environ ? Je cherche encore à optimiser ce point car je dois avouer que c'était quand même plus facile quand je pouvais les faire à la maison avec l'ASI294MC Pro refroidie. Maintenant j'dois me lever une fois de plus durant la nuit pour lancer la série de darks...

 

Merci pour ton retour et encore bravo !

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Merci @Cocatrix ! Heureux te t'inspirer 🙂 Si je tarde à passer à la caméra - ce que je finirais par faire, d'autant que mon APN commence à donner des signes de fatigues, je passerais à une monochrome 2600 à priori - c'est aussi parceque je sentais bien n'avoir pas encore acquis assez d'expérience en traitement. Et donc en effet ne pas avoir été au bout des possibilités de mon petit Canon. "L'avantage" d'avoir des brutes difficiles - beaucoup de bruits, etc... c'est que ça incite à trouver de bonnes méthodes de traitements pour en venir à bout, effort qu'on n'aurait pas forcément fait avec des brutes plus propres à la base, et donc on aurait moins appris.

 

Pour ta question: un seul master dark me suffit généralement, à moins d'un delta de température vraiment extrème mais c'est rare.  3 ou 4 degrés d'écart entre la brute et le master dark ne sont pas vraiment un souci dans les faits.  Du coup je m'étais constitué une bibliothèque de master dark tous les 2 ou 3 degrés entre -5° et 18°. Je parle au passé car récemment est apparu sur mon APN un énorme ampglow qui n'existait pas avant, d'un coup! C'est pour ça que je dis qu'il donne des signes de fatigues :-/ Ma biblio est donc désormais caduque alors je refais des dark dès que possible. Mais j'ai peur que ça ne fasse qu'empirer peu à peu désormais, ce qui devrait précipiter mon passage à la caméra.

 

 

 

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Il y a 2 heures, LucaR a dit :

Merci @Cocatrix ! Heureux te t'inspirer 🙂 Si je tarde à passer à la caméra - ce que je finirais par faire, d'autant que mon APN commence à donner des signes de fatigues, je passerais à une monochrome 2600 à priori - c'est aussi parceque je sentais bien n'avoir pas encore acquis assez d'expérience en traitement. Et donc en effet ne pas avoir été au bout des possibilités de mon petit Canon. "L'avantage" d'avoir des brutes difficiles - beaucoup de bruits, etc... c'est que ça incite à trouver de bonnes méthodes de traitements pour en venir à bout, effort qu'on n'aurait pas forcément fait avec des brutes plus propres à la base, et donc on aurait moins appris.

 

Pour ta question: un seul master dark me suffit généralement, à moins d'un delta de température vraiment extrème mais c'est rare.  3 ou 4 degrés d'écart entre la brute et le master dark ne sont pas vraiment un souci dans les faits.  Du coup je m'étais constitué une bibliothèque de master dark tous les 2 ou 3 degrés entre -5° et 18°. Je parle au passé car récemment est apparu sur mon APN un énorme ampglow qui n'existait pas avant, d'un coup! C'est pour ça que je dis qu'il donne des signes de fatigues :-/ Ma biblio est donc désormais caduque alors je refais des dark dès que possible. Mais j'ai peur que ça ne fasse qu'empirer peu à peu désormais, ce qui devrait précipiter mon passage à la caméra.

 

Super merci pour ta réponse ! Effectivemment c'est étrange cet ampglow soudain. J'ai aussi pensé à faire une bibliothèque de darks à l'APN, je pense que ça viendra avec le temps.

 

Quoi qu'il en soit, lorsque tu passeras à une ASI2600MM, je te souhaiterai bon courage 😉

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