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[ETOILES MULTIPLES] Dans la Lyre


apricot

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Bonjour !

 

Avec JackStrato, nous vous proposons une petite ballade dans les étoiles de la Lyre.

 

Pour commencer et repérer nos étoiles dans cette jolie constellation, cette petite photo live plutôt qu'une carte tristounette.

 

lyre55mm.jpg

 

Il y a des trésors d'étoiles dans la Lyre. Commençons par...

 

Vega !

 

La cinquième étoile la plus brillante de notre ciel (magnitude 0). Un splendide phare couleur saphir. Une des première a s'allumer au crépuscule, avec Deneb et Altaïr elle forme le grand triangle de l'été. Elle est si brillante car elle est toute proche, à 25 AL seulement. Elle n'est pas très massive, seulement deux fois plus lourde que le soleil, elle est en train de fusionner son hydrogène en hélium, d'où sa belle couleur blanc-bleu. Pour mieux percevoir sa couleur, il suffit de défocaliser un peu.

Pour la petite histoire, Vega tient son nom des astronomes arabes qui la nommaient «l'aigle en piqué*», à cause du triangle qu'elle forme avec Epsilon et Zeta Lyr. Bien sur c'était une étoile majeure chez tous les peuples astronomes: Par exemple elle marquait le temps de préparation des champs ou de l'automne chez les polynésiens et les romains. Chevrolet a nommé une de ses bagnoles Vega, c'est dire si cette étoile a marqué les esprits de tout temps ! A noter aussi, Vega a été la deuxième étoile photographiée après le soleil, en 1850 sur un daguerreotype (!), par W Bond et JA Whipple à Havard.

Mais regardez là bien, elle mérite une visite aux jumelles ou au télescope: Vega est aussi une étoile triple ! On peut observer facilement ses deux étoiles compagnons (B et E) de magnitude 9.5 chacune, à 78'' et 118''. Vega est une "multiple optique": les étoiles composantes ne sont pas liées gravitationnellement, elles sont juste quasi-alignées dû au simple hasard et sont à des distances différentes.

Une petite photo en son honneur au mak 127/1500, on voit B et E.

 

vegamak1600iso1x10sec.jpg

 

Sur cette photo on devine l'effet de la diffraction atmosphérique, qui agit comme un prisme, un côté de l'étoile est rougeatre.

 

Pour poursuivre, allons voir une autre belle double optique:

 

Delta Lyr

 

Une photo de Jack:

 

Lyr-Delta.JPG

 

Le constraste de couleur ne pâlit face à celui d'Albiréo ! La principale (Delta 2) est une géante rouge de magnitude 4,5 et sa compagne (Delta 1) est une naine bleue de magnitude 5,5. Naine bleue, mais elle brille presque 3000 fois plus que notre soleil et elle pèserait environ 7 masses solaires. Plus vieille que Vega, elle a déjà passé les 70% de sa vie à bruler son hydrogène. Delta 2 la rouge n'est pas en reste pour les caractéristiques dantesques, cette géante (200 fois le rayon solaire) brille comme 6500 soleils, surtout dans l'infrarouge. A la place du soleil, elle frôlerai l'orbite terrestre, vous imaginez le barbecue. A bonne distance dans le ciel (1100 et 1300 AL), elles sont largement séparées, un test (facile) d'acuité visuelle à l'oeil nu.

 

Continuons donc avec une autre étoile double...

 

Zeta Lyr

 

A l'oeil nu, c'est une simple étoile de magnitude 4. Mais dans un instrument, c'est une belle classique chez les étoiles doubles: deux composantes de mag 4.3 et 5.6, tirant sur le jaune, largement écartée (44'') donc facilement résolue. Elle, c'est une «*vraie*» double: les deux étoiles sont liées par la gravitation, elles tournent l'une autour de l'autre (plus exactement autour du centre de gravité du système) en +47 000 ans.

Une petite photo au mak:

 

zetalyrae2x32sec.jpg

 

En fait, Zeta est plus qu'une double: A (la plus brillante) est aussi une binaire elle même. Très serrée, elle serait composée de deux étoile tournant follement en 4 jours seulement, a une distance inférieure à la distance soleil-mercure. Seule la spectroscopie peut révéler un tel système. Il se pourrait bien que l'autre étoile B soit elle même une double, car elle montre aussi des variations spectroscopiques.

 

Un peu dur à imaginer une telle ronde? En fait on peut observer facilement et de visu un magnifique exemple non loin. Continuons donc notre visite avec...

 

Epsilon Lyr, la fameuse double-double !

 

A l'oeil nu encore une simple étoile. Simple ? Attendez, regardez bien... si vous avez de bonnes conditions (peu de turbulence) et une bonne vue (et que vous avez bien digéré l'apéro et le cassoulet), peut être que vous dicernerez ses deux composantes. Quand j'étais 20 ans plus jeune je les séparait à l'oeil nu presque à coup sur, maintenant je doit forcer un peu (trop de cassoulet). Sur la photo au 55 mm en haut, on devine déjà la séparation entre Epsilon 1 et 2. Aux jumelles on peut bien les résoudre, dans une lunette ou un télescope, le spectacle est évident et magnifique. Les blanches Epsilon 1 et 2 (mag 5 et 5.3) sont largement séparées par un confortable 208''.

 

Photo de Jack:

 

Lyr-Epsilon.JPG

 

Grossissons un peu! Il ne faut pas hésiter à grossir les doubles, elles réservent souvent des surprises.

Une petite image au mak avec une webcam :

 

epsilonlyrae02.jpg

 

L'image est moche (désolé), mais l'allongement de chaque étoile n'est pas un artéfact... L'image illustre l'allongement des points lumineux quand on est à la limite de résolution. En effet chaque étoile est elle même une double serrée! Les séparations sont de 2.4 et 2.1'', les magnitudes de 5, 6.1 et 5.3, 5.4.

 

Si vous avez assez d'ouverture (paramètre essentiel pour séparer les doubles) et grossissez assez (environ 100x), vous pourrez contempler le spectacle extraordinaire du système quadruple de la double-double. En visuel je les résout correctement avec le mak 127, et c'est évident avec un newton 250.

 

Ce système gravitationnel quadruple est une grande classique chez les multiples. Chaque double serrée tournent l'une autour de l'autre en environ un millénaire, mais chaque doublet bien que lié gravitationnellement, tourne tellement lentement qu'on a pu le mesurer à ce jour (on l'estime à un demi million d'années). On ne sait pas non plus très bien comment un tel système stellaire a pu se former, et les astronomes pensent que les effets gravitationnels des étoiles proches et les effets de marées imposés par la galaxie finiront par séparer cette quadruple en deux doubles indépendantes.

 

Poursuivons la ballade avec...

 

Sheliak

 

Une photo de Jack :

 

Lyr-Sheliak.JPG

 

Une simple étoile blanc-bleue ? Et bien non non seulement elle brille comme 2000 soleils, mais c'est une étoile variable. Sa luminosité peut être suivie comme celle de la fameuse Algol, même à l'oeil nu. C'est une étoile qui a été largement étudiée depuis le 18ème siècle : Sa luminosité varie avec un maximum tout les 13 jours, avec des magnitude maxi-mini de 3.3 et 4.3. A son maximum elle brille comme Gamma Lyr (Sulafat) tandis qu'au minimum elle brille comme Kappa Lyr. En comparant périodiquement sa luminosité avec Gamma et Kappa, on peut facilement suivre ses variations à l"oeil nu ou sur des photos.

Mais alors, pourquoi Sheliak varie ? Et bien parce que c'est une binaire spectroscopique à éclipse. Sa luminosité varie car elle a un compagnon étoile qui gravite si près qu'elles se déforment mutuellement par effet de marée, un disque de matière (disque d'accrétion) se formant même autour d'une d'entre elle. C'est leur valse périodique qui provoque la variation de luminosité. Pour visualiser le phénomène http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Eclipsing_binary_star_animation_3.gif

 

Voilà, en espérant que ca vous aura donné envie d'aller admirer un peu ces simples étoiles pas si simples quand y regarde mieux :) N'oubliez pas pour terminer en beauté cette ballade dans la Lyre de payer une visite à M57, l'étoile qui s'éclate en nébuleuse planétaire, et de descendre vers Albireo pour admirer le panier d'étoile globulaire de M56. Il y a aussi plein d'autres doubles dans les parages. Dont une double-double qui se cache, moins fameuse mais tout aussi spectaculaire qu'Epsilon ;-)

 

Bon ciel !

 

Sources: wikipedia, le Cambridge Double Star Atlas, Celestial Sampler de Sue French, http://www.astrosurf.com/agerard/observ/lyra.html , http://stars.astro.illinois.edu/sow/sowlist.html ... Infos extensives sur Sheliak: http://stars.astro.illinois.edu/sow/sheliak.html et http://adsabs.harvard.edu/full/1995IAPPP..61...56S

 

Photos: les moches sont d'apricot - constellation apn 350D 55mm f/5.7 poses de 6 sec; le reste au mak 127/1500 sur monture altaz -même pas peur de la rotation de champ- et apn 350D ou webcam LPI au foyer, poses de 10 sec sur Vega, 32 sec sur Zeta. Les belles photos sont de Jack, je lui laisse détailler son matériel.

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