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  • Le Galileoscope

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    Invité

    Bonjour,

    Je vous propose aujourd'hui de découvrir un instrument un peu spécial: le Galileoscope.

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    Le Galileoscope est un des « projets pierre angulaire » de l'Année mondiale de l'astronomie. L'idée en est simple: offrir au plus bas coût et au plus large public possibles un télescope d'une qualité suffisante pour découvrir les joies de l'observation du ciel.

    Soutenu par rien moins que l'Union astronomique internationale et l'Unesco, ce projet a abouti à la production d'une lunette de 50mm de diamètre pour 500mm de focale soit f/10 à monter soi-même. Un oculaire de 20mm offrant un grossissement de 25x ainsi qu'une Barlow permettant de doubler ce grossissement sont fournis.

    Le tout est 
     disponible en ligne (en anglais) pour environ 30 euros port compris vers la France métropolitaine.

    Alors le pari est-il gagné? C'est ce que nous allons tenter de découvrir.


    Dans la boîte

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    Le Galileoscope est livré dans une boîte en carton montrant le télescope monté, quelques exemples réalistes des vues que l'on peut espérer sur la Lune et Jupiter ainsi que les logos des nombreux partenaires.

    A l'intérieur, on trouve également des instructions de montage en anglais et un prospectus présentant la firme qui produit l'engin. Il faut aller chercher sur Internet pour trouver des 
     instructions en français ou bien  tout en images (cette dernière présentation étant la meilleure).

    Bien calées par des cartons, on trouve toutes les pièces nécessaires au montage du corps du télescope, du porte-oculaire, de l'oculaire et de la Barlow ainsi qu'un carré de mousse contenant l'objectif et les lentilles des oculaires.

    Un petit sachet contient des bracelets en caoutchouc qui servent à maintenir les éléments en place, un écrou pour fixation sur pied photo et un autocollant avertissant de ne pas observer le soleil.

    Toutes les faces internes des tubes optiques sont granuleuses pour réduire les réflexions parasites et le tube principal inclut deux baffles.

    L'objectif est un doublet achromatique collé en verre et, bonne surprise, traité anti-reflets. Il s'agit du traitement de base à reflets bleutés mais pour ce prix c'est déjà très bien: le doublet seul se trouve pour plus cher que le kit complet...

    Les lentilles de l'oculaire et de la Barlow sont eux entièrement en plastique et dépourvus de traitement.


    Le montage

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    Pour l'assemblage, je me suis placé dans la situation de quelqu'un n'ayant pas Internet: je me suis donc fié à la feuille d'instructions. L'assemblage ne prend que quelques minutes. J'ai rencontré deux soucis (outre l'anglais qui ne me gêne pas).

    D'une part, à la fin il reste deux bracelets en caoutchouc (il ne faut pas être grand clerc pour trouver où les mettre mais c'est tout de même gênant).

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    D'autre part, si les instructions de montage de l'oculaire sont très claires (un vrai Plössl à 4 lentilles) celles de la Barlow le sont beaucoup moins, l'orientation des deux lentilles qui la composent n'étant pas indiquée. Je l'ai trouvé par la suite sur les instructions tout en image ci-dessus (et me suis rendu compte que je les avais mises à l'envers).

    Bref on se retrouve assez vite avec un télescope prêt à être utilisé (n'oubliez pas de coller l'autocollant d'avertissement solaire, c'est important).

    J'ai pu le monter avec deux enfants en une petite demi-heure en prenant le tmeps de leur expliquer comment ça marche.


    La prise en main

    Elle est on ne peut plus simple. On insère l'oculaire dans le porte-oculaire, on fait la mise au point en faisant coulisser le tube (il n'y a quasiment pas de jeu et à ce f/D la précision est suffisante) et on vise avec le viseur type « fusil » constitué d'un cran et d'un V à aligner. Seul problème: la nuit ce viseur, noir comme le reste du télescope, est invisible...

    Sur le ciel

    Passons aux choses sérieuses: la capacité de cette lunette à montrer des choses.

    Mon premier essai a lieu de jour, sur une antenne de télédiffusion qui me sert de mire. Un peu circonspect face à l'apparence rudimentaire de l'ensemble, je mets l'oeil à l'oculaire, fais la mise au point et... l'image est très bonne!

    Le champ du Plössl est ramené à une quarantaine de degrés par un diaphragme, ce qui est suffisant pour une vision confortable. Et sur ces 40°, le piqué est tout à fait correct, voire franchement bon. Je suis vraiment épaté. Je compare avec un Televue de 25mm: le Plössl en plastique n'a pas à rougir, c'est dire! Il est par contre un peu à la traîne en luminosité et contraste du fait des 4 lentilles en plastique non traitées. De plus, du fait de l'absence de bonnette, le placement de l'oeil n'est pas très aisé.

    Le test de la Barlow est beaucoup moins convaincant: la qualité d'image est fortement dégradée et la luminosité chute terriblement. Le Plössl Orion de 10mm que j'essaie ensuite fait beaucoup mieux.

    La Barlow peut aussi, selon la notice, être utilisée comme un oculaire « galiléen » avec un grossissement de 18x. Je tente l'expérience: au début j'ai cru une erreur de montage... Le champ est absolument minuscule. Je me rappelle alors que Galilée disposait d'un champ apparent de 5°...

    L'oculaire « galiléen » n'est donc pas là pour permettre une observation réelle mais pour montrer avec quoi Galilée observait. En soi l'idée n'est pas mauvaise mais l'absence totale d'explication dans la notice peut franchement déconcerter quelqu'un qui n'a pas une connaissance assez précise des observations de Galilée.

    En bref, je ne suis pas vraiment convaincu par cet accessoire: il est médiocre en Barlow comme en oculaire. Le coût de fabrication aurait peut-être été mieux dépensé dans une notice plus complète et multilingue (la version en images aurait été parfaite) ou une plaquette explicative présentant les bases de l'optique, de l'observation et pourquoi pas un paragraphe sur la pollution lumineuse. Cette remarque vaut aussi pour le prospectus publicitaire du fabricant qui n'a à mon sens rien à faire là.

    Passons au ciel maintenant! Petit miracle statistique, j'ai un ciel clair deux jours après la réception de la lunette. J'en profite pour pointer quelques classiques et comparer l'oculaire fourni (sans la barlow) avec les miens: un Panoptic 24, un Nagler 13 et un Nagler 9, chacun de ces oculaires valant plus de 10 fois plus cher que la lunette complète.

    Dans l'ensemble, les étoiles sont bien piquées sur tout le champ que ça soit avec l'oculaire fourni ou les TeleVue. Le doublet achromatique se comporte très correctement.

    Première cible, 
    M13: je le vois sans problème comme une tache floue et ronde, flanqué de ses deux étoiles caractéristiques. Par contre le pointage au zénith est très inconfortable et la course du porte-oculaire ne permet pas l'emploi d'un renvoi coudé. Idem pour M57 que je crois deviner mais j'ai trop mal au cou pour insister.

    Je passe donc à des objets plus bas sur l'horizon. La recherche n'est pas très facile du fait de l'absence d'un chercheur utilisable et du champ assez étroit de l'oculaire (1,5° sur le ciel tout de même).

    Je trouve quand même rapidement 
    l'amas du Canard sauvage qui apparaît très joliment avec une forme en éventail, l'étoile plus brillante située à la pointe donnant à l'ensemble un aspect cométaire. Sur cet objet, le Panoptic 24 offre à peu près la même vue mais l'étoile de tête est mieux résolue et le contraste bien meilleur. Les Nagler de 13 et 9 permettent de le résoudre partiellement. Le doublet se comporte très bien quand on grossit, sa qualité a l'air très honnête.

    C'est ensuite au tour de l'amas globulaire 
    M12 dans le Serpentaire, encore une tache ronde et floue bien visible (à moins que ça ne soit M10, juste à côté).

    Je tente 
    M27, déjà plus osé: aucun souci, sa forme rectangulaire est perceptible avec l'oculaire fourni. Là aussi de Pano de 24 fait merveille.

    J'essaie même 
    M51 sans trop y croire et je la vois! Dans l'oculaire en plastique elle se présente comme une nébulosité oblongue très ténue. Le Panoptic 24 la montre de manière évidente avec les deux coeurs séparés en vision indirecte.

    Dernière cible de ce test, 
    Jupiter. L'oculaire en plastique montre très bien le disque de la planète où l'on devine plus qu'on ne voit les bandes équatoriales. Quatre satellites sont visibles, sagement rangés sur un côté de la planète. Cette dernière est entourée d'un halo assez prononcé dû à des réflections sur les lentilles de l'oculaire. Je sors malgré tout la Barlow en plastique pour en avoir le coeur net: cette dernière permet de voir sans ambiguïté les bandes équatoriales mais l'impression générale de l'image est très baveuse. Je passe aux Panoptic et Naglers: là encore le doublet se comporte très bien avec une planète bien définie et un bon niveau de détail accessible. Je ne décèle pas d'aberration chromatique à 50x avec le Nagler 9.

    Quelques jours après ce premier essai j'ai pu jeter un oeil à la 
    Lune. L'oculaire fourni se comporte très bien avec une image fine et une multitude de cratères visibles malgré la présence d'un fantôme entourant l'image. A 100x avec le HR Planetary de 5mm, la vue est très détaillée et contrastée sans aberration chromatique visible et ce sur l'intégralité des 60° de champ apparent de l'oculaire. La Lune remplit très agréablement le champ. L'objectif est vraiment un petit miracle.

    En conclusion

    Le Galileoscope remplit-il son contrat?

    Pour ce qui est d'offrir un instrument utilisable à très petit prix, la réponse est sans conteste oui.

    La qualité atteinte au vu des pièces disponibles dans la boîte est assez stupéfiante. Le matériel a bien sûr ses limites, mais pour ce prix on a quelque chose de très très supérieur aux jouets infects vendus pour plus cher dans bien des magasins. De plus, l'objectif de bonne qualité et le porte-oculaire au standard 31,75mm permet d'y monter des oculaires de tous types. Si vous avez un Plössl chinois qui traîne n'hésitez pas à l'y monter. Le trépied est par contre à peu près indispensable et non fourni.

    Pour ce qui est d'offrir un instrument accessible au plus large public, la réponse est plus mitigée.

    Les instructions fournies, pour peu qu'on soit anglophone, permettent d'utiliser le télescope mais laissent un ou deux points de montage dans l'ombre ce qui peut déconcerter le néophyte. L'absence d'explication sur le fonctionnement d'un télescope ou sur le repérage de quelques objets célestes intéressants fait que l'instrument est d'un usage limité si on n'a pas un astronome à portée de main. On trouve toutes ces ressources en ligne (comme le 
     très bon guide édité par l'université de Rennes) mais tout le monde n'a pas Internet.

    Pour finir je ne regrette pas d'avoir investi dans cet instrument très amusant. Il m'a rassuré sur le fait qu'il ne s'agit pas juste d'une opération commerciale sur le dos de l'Année mondiale de l'astronomie mais d'une initiative sincère et plutôt réussie visant à donner accès à notre passion au plus grand nombre.

    Il m'a de plus permis de passer un bon moment avec les enfants et offre une base intéressante de bricolages en tous genres!

    Si vous désirez commander, je vous recommande de vous grouper par 2 pour économiser sur les frais de port. Vous pouvez également opter pour un don de Galileoscopes à prix réduit mais vous ne pouvez pas choisir le destinataire. Il ne faut apparemment pas trop traîner car quand le stock actuel sera vendu le prix risque d'augmenter, fin de l'Année mondiale de l'astronomie oblige. Il vous faudra aussi être patient car les délais de livraison sont de plusieurs semaines, n'attendez donc pas la chose dans les 48 heures.

    Pour conclure, une photo d'Albert Nagler en personne essayant un Ethos sur le Galileoscope (
     source) :

    alnagler_gal.jpg

    On en discute sur le forum : www.webastro.net/forum/showthread.php

     


     


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