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Communément, le "début de nuit" désigne ce laps de temps situé entre la fin du crépuscule et le milieu de la nuit. Au-delà de certaines latitudes, quand le solstice d'été n'est pas loin, le début de nuit dure généralement moins d'une demi-heure... Arrive ensuite la fin de la nuit, et une demi-heure plus tard, le petit matin...

 

Voilà pour le contexte : je suis sous la coupole de l'observatoire de Beine-Nauroy, au pied du T410, et le cimier, en s'ouvrant, dévoile un ciel d'un beau bleu nuit, piqué de quelques étoiles brillantes - Arcturus, Véga, Deneb... C'est à peu près tout.

 

Sauf qu'il est 23h.

 

Nous sommes encore loin du début de la nuit !

 

En attendant que les étoiles remplissent le ciel, j'initialise le télescope, et pointe Saturne, qui est déjà basse sur l'horizon ouest. En position assise sur le deuxième échelon de l'escabeau - position confortable, très éloignée des acrobatiques séances "pointes des pieds sur la dernière marche" - je profite de la vision bancale de Saturne.

 

Elle se présente en effet... à la verticale. L'ombre de la planète sur l'anneau est évident, et la division de Cassini est bien visible au niveau des anses. Dans les moments de faible turbulence, à 500x, l'oeil arrive à saisir de fugitifs instants ... magiques.

 

Mais il ne fait toujours pas nuit. Je patiente avec quelques étoiles doubles, histoire de tuer le temps.

 

Autour de la Balance

 

Je commence avec l'étoile portant la référence HN 28 dans le Night Sky Observer's Guide. Elle est facilement dédoublée, malgré sa faible hauteur. Mais la turbulence rend l'image grossière, et seules ses couleurs jaunes et oranges sont remarquables.

 

Je remonte ensuite sur Mu Lib, une autre très belle double, aux composantes brillantes et très serrées. On imagine la beauté du spectacle sous un ciel un peu moins chahuté.

 

Autour d'Ophiuchus

 

Je retrouve Rho Oph au sommet d'un accent circonflexe de trois étoiles. Rho Oph est dédoublée sans peine à 190x. Inutile, en revanche, d'espérer saisir le moindre photo de la nébuleuse dans laquelle baignent ces étoiles. Le bain de photons dans lequel nage le regard vient de bien moins loin...

 

h 240 (SAO 160179) est également facilement dédoublée au 13mm. Les deux étoiles sont blanches, et présentent un bel écart de magnitude.

 

STF 2048 est une jolie découverte, tout en délicatesse. Cette étoile double est facilement séparée, et présente un bel écart de luminosité (3 mag.)

 

Lambda Oph est une étoile double brillante et serrée, et il faut savoir se montrer patient avec elle pour la dédoubler avec certitude. Il faudra que j'y retourne.

 

Après cet apéritif binaire, je me plonge dans les amas globulaires d'Ophiuchus, en dépit d'un ciel toujours lumineux - il est pourtant minuit...

 

Je pointe d'abord M 107 qui apparaît comme une large tache floue, d'éclat assez uniforme, facilement résolue en décalé.

 

Je glisse ensuite sur les deux jumeaux que sont M 10 et M 12. Leur noyau est un peu plus condensé que celui de M 107. Et très en retrait par rapport au souvenir de M 13 ou de M 5. Je prends le temps d'exécuter un dessin de M 12, en essayant de garder à l'esprit mes précédents dessins de globulaires.

 

Au fil des pages du NSOG, je tombe sur NGC 6309, et je décide d'aller lui rendre visite. La Box nebula est une nébuleuse planétaire brillante et allongée, à l'extrémité de laquelle se trouve une étoile brillante. Aucun détail n'est visible.

 

Non loin, NGC 6369 est une autre nébuleuse planétaire, surnommée "little ghost nebula". Sa forme d'anneau rappelle immédiatement M 57, même si elle est plus petite et plus discrète. L'utilisation d'un filtre OIII est chaudement recommandée !

 

Dans l'Ecu de Sobieski

 

Impossible d'échapper à M 11, qui offre une vision proprement dantesque à 95x ! On pourrait compter les étoiles une à une au coeur de l'amas. Seul regret : la longue focale du télescope empêche d'apprécier le champ qui entoure l'un des plus beaux objets du ciel d'été.

 

Je butte ensuite sur la nébuleuse IC 1287, mais je n'ai pas tout perdu : l'invisible nébuleuse entoure STF 2325, une jolie double présentant un bel écart de magnitude.

 

Non loin, NGC 6649, un amas ouvert large, comptant une quinzaine d'étoiles, peine à s'imposer dans un champ riche.

 

Ensuite, je vagabonde au milieu du triangle d'été, et termine ma soirée avec le trognon de M 27, que je "croque" avec mes crayons.

 

Il est 1h30 quand le cimier de la coupole se referme sur un ciel rempli d'étoiles : c'est enfin le début de la nuit !

 

Benjamin

Posté

Excellent ce récit, genre "à la poursuite de la nuit" ! C'est vrai qu'on cherche l'obscurité en ce moment. De moins en moins à mesure que les semaines passent, mais tout de même...

 

En tout cas tu as bien adapté tes cibles aux conditions du moment, les doubles pouvant en effet servir d'apéritif sympa avant de passer aux choses sérieuses !

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