Une sinistre gare et une dernière chanson, vers un avenir très incertain…

[roger15]

Une sinistre gare et une dernière chanson, vers un avenir très incertain…

 

Bonjour à toutes     et bonjour à tous      ,

Connaissez-vous la commune de Pantin ? (Seine-Saint-Denis) ? Moi j’y allais deux ou trois fois par an avec maman depuis la fin des années cinquante jusqu’au début des années soixante-dix car c’est dans cette commune que vivaient nos cousins, originaires comme ma mère de Neuville-aux-Bois (Loiret). C’est chez eux que j’ai appris l’existence de l’activité des nazis dans cette sinistre gare durant les années 1942/1944.

  

 

 

 

Figurez-vous que dans les années quatre-vingt j’ai entendu à la télévision française un cheminot retraité qui avait été affecté à cette gare d’où partaient des juifs raflés par la police française pour être remis aux autorités nazies. Son témoignage m’avait bouleversé à l’époque. Voici à peu près [parce que cela remonte quand même à un grand nombre d’années] ce qu’il avait raconté :

« En tant que cheminot français de la SNCF j’avais été affecté à titre provisoire à la gare de Pantin au début de 1944. Mon rôle consistait seulement à aider les soldats allemands s’ils avaient des problèmes pour fermer les portes des wagons à bestiaux contenant des juifs raflés qui devaient partir vers l’Est de l’Allemagne nazie pour y effectuer des travaux dans les champs à cultiver (c’est du moins ce qu’on nous avait dit)…

A l’époque, à force d’entendre sur Radio-Paris que les juifs n’étaient pas de véritables français et qu’il était souhaitable de les faire partir vers l’Est afin de s’en débarrasser j’étais plutôt satisfait d’aider à les voir quitter définitivement la France…

Mais les juifs savaient, eux, ce qui les attendaient… Alors que les soldats allemands avaient fermé les portes des wagons à bestiaux, les juifs les plus âgés ont demandé aux plus jeune juives de s’approcher le plus possible des toutes petites fenêtres grillagées ; et alors que le train allait s’ébranler elles se sont mises à chanter avec leurs voies très pures cette mélodies que je n’ai jamais oubliée : “A la claire fontaine, m’en allant promener, j’ai trouvé l’eau si belle que je m’y suis baignée. Il y a longtemps que je t’aime, jamais je ne t’oublierai… ”.

Alors que ce train partait vers l’horreur, j’ai compris instantanément que ces jeunes filles et ces hommes israélites disaient “AU REVOIR LA FRANCE, JAMAIS NOUS NE T’OUBLIERONS…”.       

Aujourd’hui encore je ne peux pas entendre cette chanson (qui avait bercé mon enfance) sans avoir un très gros pincement au cœur… »        

 

 

Roger le Cantalien.  

Modifié 4 février par roger15
Rectification d'une erreur de frappe. Désolé...