L’équipe de l’Observatoire C2PU m’a encore donné l’occasion de réaliser un rêve : photographier l’envoûtante galaxie NGC 205 (M 110), le grand satellite de M 31. Cette galaxie est fascinante, parce qu’elle change brusquement de statut, vers la magnitude 22, lorsqu’elle est, d’un seul coup, résolue en étoiles. Sur nos images d’amateurs, elle apparait comme un ovale régulier, lisse, c’est une galaxie elliptique naine, juste particulière parce que des nuages de gaz apparaissent non loin de son cœur. Passé 22 environ, c’est un vertigineux poudroiement stellaire…
Il y a une quarantaine d’années, j’avais « redécouvert » cette galaxie dans un livre de Allan Sandage, sur une image prise par le télescope de 5 mètres du mont Palomar, en 1 h 20 min, sur du 103 aE. A l’époque, les astronomes guidaient directement dans une cage d’observation située au foyer primaire. Quel choc : sur la photographie, elle était entièrement résolue en étoiles de mag 21 à 23…
Ces dernières semaines, avec le télescope Omicron C2PU de l’Observatoire de la Côte d’Azur, j’ai pu cumuler 12 heures de luminance, et 1 h de RVB, dans de bonnes conditions d’observation, parfois sous la seconde d’arc, David étant une nuit obligé de me réveiller pour que je soigne mieux la MAP…
J’ai empilé les images avec Siril, et c’est Jean-François Bax qui a magnifiquement traité l’image…
Mon immense surprise, avec cette image, au-delà de la résolution de la galaxie en étoiles, c’est de résoudre aussi, le « pont » d’étoiles entre NGC 205 et M 31.
Nous n’avons pas encore mesuré l’image, mais elle doit être au moins aussi profonde que notre M 101, on voyage vers la magnitude 25.3…
Le module de distance de NGC 205 étant de 24.5, ce que vous voyez sur cette photo, ce sont toutes les étoiles plus brillantes que M : 0.8, c’est-à-dire les géantes rouges de NGC 205 et M 31… Ce sont, pour fixer les idées, des étoiles comme Pollux, ou Aldébaran, ou le Soleil dans 5 milliards d’années…
En réalité, l’image ne montre qu’une infime partie de la partie émergée de l’iceberg : il y a peut-être près de un million d’étoiles sur l’image, quand NGC 205 en compte près de un milliard, soit mille fois plus…
Le plus étonnant, dans cette image pourtant très profonde, c’est la quasi absence de galaxies de fond… Sur toutes nos images profondes, elles saturent le fond de ciel, là, rien : juste des étoiles, situées à 2.5 millions d’années-lumière d’ici…
Merci à mes amis Jean-Pierre Rivet et David Vernet pour ce magnifique cadeau, merci à Jean-François Bax pour ce somptueux traitement,
S
Et la version "vintage", comme au mont Palomar...