Madagascar 2015

Après le cru Madagascar 2014 un peu foiré, je remets ça en 2015.

Pour parer à une éventuelle perte de bagages comme l'an dernier et, en particulier, la perte de mes photos, j'ai pris quelques mesures correctrices. D'abord j'ai changé de compagnie aérienne:D. Ensuite j'ai décidé de répliquer mes photos, astro ou non, en continu durant le voyage. Là où ça se complique, c'est que je vais avoir une période importante, environ deux semaines, sans accès au réseau électrique. Par contre, on aura des panneaux solaires portables avec batterie-tampon. Puissance limitée dédiée prioritairement à la spéléo (éclairage, matériel topographique). Comme on a aussi une tablette pour la topographie, j'opte pour le transfert vers une carte mémoire SD supplémentaire plutôt qu'un disque USB plus gros et plus consommateur. J'investis dans un hub USB auto-alimenté (OTG). Un petit script permet d'automatiser les transferts entre cartes mémoire CF et SD branchées sur un lecteur de cartes multi-formats USB.

À titre expérimental, je me suis ouvert un compte dans le cloud chez Hubic en me disant que je pourrais profiter du wifi dans les hôtels pour télécharger mes photos. Même si le débit n'est pas énorme, peut-être qu'avec des nuits entières, je peux faire quelque chose.

Pour l'astrophoto elle-même, j'ai une monture iOptron SkyTracker déjà utilisée l'année précédente. J'ai acheté un nouveau trépied suite à la perte du précédent. J'ai de nouveau bricolé (impression 3D) quelques pièces pour fixer la monture directement sur la base sans passer par la colonne et la tête du trépied qui induisent des instabilités.

Pour l'acquisition, j'utilise mon boîtier reflex Olympus E-620. Côté objectifs, j'ai part défaut ceux de jour: fisheye, zoom 12-60 (surtout intéressant à 12 mm f/2,8 pour l'astro), 50 f/2,0 macro et 40-150 (éventuellement à 150 mm mais correct à partir de f/8,0). Ensuite, spécialement pour l'astro, j'hésite entre le Samyang 85 mm f/1,4 et le Tamron 180 mm f/2,5. Les deux, question poids, ça ne va pas être possible. Voyant qu'il y a plusieurs comètes dans les cibles potentielles, j'opte pour le 180 mm.

Vient ensuite la question de la mise en station. L'année précédente j'avais essayé avec succès des mires transparentes plaquées sur l'écran de l'APN permettant de simuler un viseur polaire. J'avais à l'époque deux mires, une en champ large avec la Croix du Sud et l'autre en plus resserrée sur l'Octant. Pour cette année, j'ai fusionné en les simplifiant un peu, les deux mires. La même mire doit me permettre l'alignement initial en grand et l'ajustement au téléobjectif.

Puis j'ai réalisé qu'avec le hub USB que je venais d'acheter, je pouvais peut-être connecter mon appareil photo à la tablette et consulter directement les photos sur la tablette. Un rapide essai se révèle concluant:be:. Ceci m'ouvre des perspectives intéressantes car la tablette tournant sous Windows 8.1 classique, je peux facilement écrire des programmes spécifiques dessus. Donc je me fais un premier logiciel qui encapsule astrometry.net en local (en fait l'installation d'Astrotortilla) et qui permet d'ajuster la mise en station par deux méthodes. Soit l'appareil photo est monté parallèlement à l'axe de la monture à l'aide d'une équerre, soit on prend deux clichés à même déclinaison en tournant juste en ascension droite et la comparaison des orientations respectives des deux photos permet de déterminer l'erreur d'alignement. Ça va que je suis seul à la maison le mois précédent le voyage pour programmer tout ça. À la fin, je rajoute aussi un second programme juste pour déterminer les coordonnées d'une photo en ajustant les paramètres passés à astrometry.net pour les différents objectifs que j'emmène. Cette fois, je crois que je suis prêt pour le voyage:cool:.

À suivre...

Donc, le voyage lui-même.

Jeudi 30 juillet:

Arrivée à Antananarivo (Tana) de nuit : pleine lune entre les bancs de nuages.

Vendredi 31 juillet:

Inhabituellement dégagé et chaud pour la saison. Le soir, la Croix du Sud est bien visible.

Samedi 1er août:

Idem la veille.

Dimanche 2 août:

Route pour Mahajanga sur la côte (600 km). Ciel qui devient plus nuageux quand on avance. On voit des arcs-en-ciel par endroit ce qui laisse supposer qu'il pleut ponctuellement. Le soir, il y a un abat d'eau sur la ville qui dure deux heures. Il n'y a plus de saison (normalement, c'est la saison sèche d'avril à décembre).

Lundi 3 août:

Ciel complètement bouché. Pluie intermittente l'après-midi genre été pourri en France. Il fait un froid jamais vu de mémoire d'homme (enfin, au moins 20 ans d'après la serveuse du restaurant) à Mahajanga. J'essaie le cloud avec le wifi de l'hôtel sur les quelques photos que j'ai prises. 50 Mo à 50 ko/s: ça va être chaud quand je vais vraiment avoir de la matière à sauvegarder. Il faut espérer que le débit soit meilleur au cœur de la nuit.

Mardi 4 août:

Départ pour la brousse. Piste pour Soalala (130 km, bord de mer). Retour à la normale c'est-à-dire beau et chaud.

La piste après l'orage...

Petits nuages dans la journée. Le soir ciel dégagé. Dernier village électrifié mais pas d'éclairage public dans la ville . La Voie Lactée est bien visible.

Mercredi 5 août:

Piste pour Namoroka, 50 km à l’intérieur des terres. Installation du camp pour 10 jours.

À proximité du camp.

Quelques nuages. Dégagé le soir. Je commence l’astrophoto. J'ai un problème avec mon logiciel de mise en station qui plante à chaque analyse d'image. La réduction elle-même fonctionne mais j'ai un message d'erreur sur les calculs qui suivent. Par contre, le logiciel de pointage marche. Je m'en sers pour aligner l'appareil photo sur le pôle sud céleste. La difficulté, c'est que ça me donne le pointage actuel en AD/Dec, pas la correction à appliquer.

Ensuite, je cadre la Voie Lactée au 12 mm. Il y a des nuages qui reviennent au nord mais restent hors champ. On a une sensation de chaud en début de soirée, ça s'atténue ensuite.

Détails ici.

À suivre...

Jeudi 6 août:

Dégagé. Vent nerveux le soir. Le problème de logiciel se confirme. J'ai beau essayer de changer la latitude, la longitude ou le fuseau horaire, rien n'y fait. Je fais la mise en station comme la veille. Je pars sur la Croix du Sud au 50 mm puis la zone M8/M20.

Croix du Sud:

Détails ici.

Centre de la Voie Lactée:

Détails ici.

Pendant les acquisitions, je regarde un peu le ciel. Le Sac à charbon, la Pipe et le Petit Nuage de Magellan sont visibles à l'œil nu. Je me trace une abaque calée sur 19h pour déterminer plus facilement la correction à apporter suivant l'AD pointée lors de la mise en station.

À suivre...

Vendredi 7 août:

Dégagé. Le vent est plus faible ce soir là. Je fais une tentative sur la comète C2014 Q1 PANSTARRS au 180 mm. C'est compliqué pour une comète qui se couche tôt, surtout que mon site est un peu entouré d'arbre. J'évalue l'obstruction moyenne à 10°, soit presque une heure de perdue au coucher des objets. En pratique, des objets comme la Carène ne sont pas exploitables. Néanmoins, pour la comète, je la cadre sans problème et je lance d'acquisition. Le résultat lors du traitement à la maison est décevant:

No comment.

Après l'essai sur la comète, je passe à la Voie Lactée au fisheye et c'est mieux:

Détails ici.

Globalement, j'ai un problème avec la recharge des batteries. Je dispose de deux batteries tampon mais d'un seul câble USB permettant de recharger le matériel topographique (deux PDA et un compas/télémètre laser) et les batteries du reflex. Par la suite, je trouve un second câble auprès de mes coéquipiers mais ça ne résoudra que partiellement mes problèmes d'énergie.

À suivre...

Samedi 8 août:

Dégagé. Au 50 mm, je vise d'abord la zone d'Antarès puis la zone consécutive en AD.

Pour Antarès:

Détails ici.

Entre Antarès et le coeur de la Voie Lactée, la zone de la Pipe:

Détails ici.

À suivre...

Dimanche 9 août:

Ciel dégagé. Il n'y a plus de vent le soir. Photographie à 12 mm de la partie sud de la Voie Lactée.

Détails ici.

À la fin de la séance, les 5 batteries de l'APN sont vides .

À suivre...

Lundi 10 août:

Le site du camp au lever du jour:

Dégagé. Rien faute de batterie. La tablette aussi est déchargée. Je suppose qu'elle s'est allumée dans pochette. Ça m'apprendrait à ne pas arrêter systématiquement Windows plutôt que faire de simples mise en veille.

Mardi 11 août:

Nuageux. Les batteries tampon des panneaux solaires sont mal rechargées en fin de journée. L'électricité devient problématique d'une manière générale, pas que pour l'astrophoto. Néanmoins le départ de la moitié de l'équipe spéléo devrait diminuer la pression. Le soir, j'essaie quelques photos statiques d'arbres tropicaux devant la Voie Lactée.

Plus de nightscapes ici.

Mercredi 12 août:

Il y a des nuages le matin. Ça se dégage ensuite. Nous sortons de spéléo relativement tard, alors qu'il fait déjà nuit. La recharge des batteries tampon est meilleure mais ça reste difficile de charger tout ce qu'on veut. Je ne me lance pas dans l'astro pour cause de fatigue. De plus, des averses légères se produisent dans la nuit.

Jeudi 13 août:

Bien nuageux au lever du jour puis ça s'améliore ensuite. La recharge des batteries tampon n'est pas trop mauvaise. Il y a encore des nuages le soir. La température est de 24°C au moment de se coucher, à 21h. Avec de telles températures, le bruit associé au signal thermique est le facteur limitant de mes acquisitions. Ça serait cool d'avoir quelques degrés de moins durant ces nuits de l'hiver austral.

Pas d'astro à cause des nuages persistants. C'est même complètement bouché dans la nuit.

Vendredi 14 août:

Dégagé au lever du jour. Quelques nuages en journée. Rares nuages allongés d'altitude à la tombée de la nuit et pas un souffle de vent, le genre de météo à sortir le télé de 180 mm. À 20 h le vent se lève: on oublie le 180 mm. J'hésite pour l'astro. L'énergie est toujours problématique et des bancs de nuages sont présents au Sud. Je tente quand même ma chance au 50 mm sur la Patte de chat qui est approximativement au zénith. Après démarrage de la séquence, je mets le réveil à minuit pour récupérer le matériel. La batterie n'est pas complètement vide mais je démonte quand même pour dormir. Le Petit Nuage de Magellan m'implore mais je reste ferme. Il y a aussi quelques nuages bien terrestres au nord. La visualisation des photos montrent que les nuages ont traversé le champ. Une petite moitié des photos est à jeter.

Détails ici.

À suivre...

Passionnant.

La photo que je préfère est celle qui présente le voisinage d'Antarès.

Salut Eric,merci de. Nous faire partager ton voyage joliment illustré ,attendons la suite de ton récit !

Bon ciel à toi.

Merci pour vos commentaires.

Suite après une petite pause.

Samedi 15 août:

Quelques nuages d'altitude au nord de bon matin. D'autres qui passent à midi. Dégagé sans vent à la tombée de la nuit. Cette fois-ci, le vent ne se lève pas en soirée. Les températures sont légèrement plus fraîches avec 23°C. L'humidité tombe aussi. Mise en place tardive du matériel après 22h00 pour cause de dernière soirée au camp. Comme les conditions ont l'air optimales, je tente la comète C/2013 US10. Pointage aux coordonnées avec le Tamron SP180. Il semble que j'ai bien une tachouille dans le champ. Je lance une première série. À minuit et demi, réveil. L'acquisition est toujours en cours. Arrêt et changement de cible.

C/2013 US10 aux forceps:

Détails ici.

Je passe sur le Petit Nuage de Magellan, en champ plus large. J'hésite sur la stratégie pour la suite de la nuit. Initialement, je pensais faire deux heures sur le Petit Nuage de Magellan puis deux autres heures sur le Grand Nuage de Magellan maintenant lui aussi bien visible. Néanmoins, ça oblige à se relever et avec le temps pour changer de cible, ça risque de ne pas rentrer avant l'aube astronomique. Finalement, je décide de tout miser sur le Petit Nuage de Magellan. Je commence la série sur la fin de la batterie précédente puis je bascule sur une batterie fraîchement rechargée avant d'aller me recoucher. La nuit est toujours bien fraîche sans vent.

5h15, je me réveille en sursaut comme souvent quand la literie est trop rude. Je me lève pour aller ranger le matériel. Orion est au zénith. Cette fois, la batterie est entièrement déchargée. J'ai un doute sur l'entrainement: j'ai l'impression que la monture n'a pas assez tourné, genre parce que les piles étaient trop faibles et que j'entendais une sorte de claquement dans le moteur. De retour dans la tente, je constate que tout est bon.

Détails ici.

Des nuages sombrent ressortent sur l'horizon Est qui s'éclaircit. D'autres nuages, très fins, brillent au zénith. Des noctulescents?

Un pisteur malgache quitte le camp pour aller chercher au village (10 km) les deux charrettes que nous n'avons pas reçues la veille. J'essaie de me rendormir.

À suivre...

Dimanche 16 août:

Je n'arrive pas à dormir. Par contre, j'ai un flash. Je pense savoir pourquoi mon logiciel de mise en station plante. Il ne doit pas trouver exiftools. Un contrôle plus tard dans la matinée confirme mon analyse. Lors des essais en France, le logiciel était sur la carte SD. Avant de partir, j'ai mis la dernière version dans la mémoire interne de la tablette pour une meilleure fiabilité. J'ai oublié de mettre exiftools avec. Heureusement, il est toujours sur la carte mémoire. Un simple copier-coller devrait résoudre le problème.

Je profite aussi de mon insomnie matinale pour regarder les photos de la comète. Ça semble tout bon avec la comète pratiquement au centre.

Je finis par me lever à 6h30. Les nuages fins d'altitude sont toujours là. Ce n'étaient donc pas des noctulescents. Le vent se lève aussi. Rangement tranquille du camp puis on attend les charrettes. Les heures passent. La température monte: 31°C à l'ombre dans l'après-midi. Vive le vent d'hiver. Il n'y a même pas de jolis nuages pour faire du time-lapse, juste les voiles d'altitude du matin qui se sont développés. Les charrettes arrivent dans l'après-midi mais il y a une embrouille sur les prix. On négocie pour qu'elles nous ramènent sur la piste principale à un tarif raisonnable, ce qui est fait en moins de deux heures. On ne trouve pas de correspondance alors on dort sur place. Le site, un village dans une plaine agricole, est bien plus dégagé que notre campement dans le parc. Comme le gros du matériel est enfoui au fond des sacs, je me contente de photos statiques au trépied. Je n'ai pas le temps d'attraper le fin croissant de lune qui se couche. Par contre, pour la bande zodiacale, ça baigne. Puis c'est au tour de la Voie Lactée vers le nord et le sud, avec cases ou arbres en premier plan. Nuit sur place avec des petits nuages qui arrivent.

La bande zodiacale:

Vers le sud:

Détails techniques et d'autres photos ici.

À suivre...

Lundi 17 août:

Entièrement bouché au lever du jour.

On décide d'y aller à pied avec les bagages devant partir en charrette l'après-midi. À peine en route, le ciel se dégage avec une bonne chaleur. Heureusement un camion arrive et nous embarque. On est à Soalala en début d'après-midi avec de petits nuages bourgeonnant. À la nuit, dégagé avec la lumière zodiacale et la Voie Lactée bien formée.

Mardi 18 août:

Dégagé le matin. Petits nuages dans la journée qui se résorbent en fin de journée. De nombreux feux de brousse dans les environs voilent un peu le ciel. De retour de ballade dans les environs, on traverse la baie en pirogue peu après 19h, heure du crépuscule astronomique. Nous profitons du fin croissant de lune (13 %) pour tout éclairage. La lune est encore suffisamment faible pour bien voir les formes de la Voie Lactée et la bande zodiacale. J'ai même l'impression que la lumière zodiacale a une composante anti-crépusculaire.

Mercredi 19 août:

Le parc nous fournit une moto avec chauffeur pour partir à la recherche des bagages. Je les retrouve effectivement sur une charrette à zébu deux heures plus tard à 25 km. Je récupère mon bagage principal. Retour avec en moto pendant que le reste suit au pas du zébu. Arrivée à Soalala en fin d'après-midi. Météo un peu comme la veille, dégagé le matin, petits nuages dans la journée, surtout à l'intérieur des terres, puis de nouveau dégagé en fin de journée.

Maintenant que j'ai récupéré mon matériel, je peux me remettre à l'astrophoto. Avant d'aller manger, je m'installe dans un coin de la cour sans cocotiers. Mise en station sans visibilité sur le pôle sud céleste. Heureusement, mon logiciel d'aide à la mise en station réparé fonctionne. Ensuite, je veux aller sur la Patte de Chat. Voyant que j'ai mis une heure de culmination dans mes notes, je m'en sers pour pointer aux coordonnées. J'utilise ensuite mon autre logiciel pour contrôler le pointage. Malheureusement, astrometry.net met un temps infini à ne pas trouver de solution. Il faut que j'ajoute dans mon logiciel une possibilité d'interrompre la recherche en cours. Je dois aussi être plus rigoureux dans mon pointage aux coordonnées car je suis visiblement à côté de ma cible. Forcément, l'heure de culmination, c'était pour un jour donné, au milieu du camp, pas aujourd'hui. J'aurais mieux fait de regarder dans CartesDuCiel. Comme la pression pour aller manger est importante, je démarre quand même la séquence sur la mauvaise zone. De retour du repas, je plie tout car j'ai un départ matinal prévu.

À l'analyse, il se confirme que j'ai visé rien du tout:

Détails ici.

À suivre...

Jeudi 20 août:

Réveil à 2 h du matin. Je laisse le matériel astro à mon épouse sachant qu'on est en lune montante et que je vais sur la côte Est de Madagascar où la météo est à priori défavorable. Elle le ramènera en ville plus tard. Pour moi, c'est moto-taxi avec bagage allégé. Au début, c'est Orion qui nous guide. Ensuite, quand il prend de la hauteur, la bande zodiacale prend le relais puis l'aube et enfin le soleil qui se lève pile dans l'axe. Arrivée à Katsepy 5 heures plus tard après 130 km de piste. Traversée avec le bac pour Mahajanga. Beau temps pour le reste de la journée. La lune commence à se montrer envahissante le soir.

Vendredi 21 août:

Beau temps sans nuage toute la journée. Un peu de nébulosité. Le truc un peu bête, c'est que j'ai laissé mes notes astro à mon épouse. J'aurais pu aller au bord de mer essayer de repérer où Mercure se couche par rapport au phare situé de l'autre côté de la baie.

Samedi 22 août:

Route pour Antananarivo. Dégagé. Quelques nuages isolés quand on monte sur les plateaux (~1500 m).

Pause sur la route en fin de journée:

Un peu de nébulosité aussi. À part la lune, avec la fraîcheur, ça ferait de bonnes conditions pour l'astrophoto grand champ. Alors qu'on approche de l'arrivée, un soleil rougeoyant se couche sur les montagnes. Nuit dégagée avec le premier quartier de lune orienté vers le bas .

Dimanche 23 août:

Vol pour Sambava, sur la côte de la Vanille. C'est sur la côte Est de Madagascar, à priori peu favorable à l'astro en raison des précipitations importantes. En pratique, ce n'est pas trop nuageux, et, élément très favorable, la centrale électrique de la ville est en panne d'où une pollution lumineuse nulle. Cependant la présence de la lune ne permet pas d'exploiter cet avantage.

Lundi 24 août:

Toujours à peu près dégagé. Retour de l'électricité à 19h30. On peut enfin recharger les appareils photos, les téléphones, le GPS, les frontales...

Mardi 25 août:

L'électricité saute de nouveau dans la nuit. Nous partons pour le parc de Marojejy, forêt primaire tropicale humide ou encore les montagnes de la pluie qui mouille. Même si on s'en tire pas mal pour la météo, pour l'astro, il ne faut pas y compter. Je profite quand même d'une trouée dans les nuages pour tenter un effet avec la lune et les arbres. Résultat sans plus.

Mercredi 26 août:

Fin de la randonnée sous un ciel menaçant. Retour à Sambava où l'électricité est de retour... pas pour longtemps, à 18h, ça tombe. On n'a rien eu le temps de recharger.

Jeudi 27 août:

De nuageux en début de journée à pluvieux en fin. Il semble qu'il y ait eu de l'électricité pendant qu'on était en excursion car le matériel qu'on avait laissé branché est partiellement rechargé. Carrément l'abat d'eau vers 21h.

Vendredi 28 août:

Dégagé avec quelques nuages résiduels le matin. Route pour Vohemar le long de la côte Est puis piste pour Daraina à l'intérieur des terres.

Camion croisé sur la piste:

Beau temps en chemin, des nuages et du vent à l'arrivée. Après le repas, j'essaie de faire quelque chose avec la lune presque pleine, les nuages et le paysage mais la lune est déjà trop haute pour que tout rentre dans la même photo.

Question pollution lumineuse, pas d'alimentation électrique sur la bourgade. Plusieurs gérants de boutiques et restaurants semblent s'être associés pour faire tourner un groupe électrogène en commun. L'hôtel fonctionne au solaire avec une bonne surface de panneau fournissant du 220 V à la prise, ce qui permet enfin de bien recharger les batteries.

Samedi 29 août:

Venté. Alternance d'averses et d'éclaircies. La pluie est inhabituelle pour cette saison. Le soir, je tente de photographier le levé de la pleine lune sur les montagnes mais quelques nuages s'interposent.

La lune vient de sortir des nuages:

À suivre...

Dimanche 30 août:

Piste de Daraina à Ambilobe, sur la côte Ouest. On quitte le temps maussade pour un ciel plus dégagé. Belle lune le soir en allant se coucher. Électricité en ville avec un peu d'éclairage public.

Lundi 31 août:

L'électricité tombe vers 4~h du matin, un peu avant l'appel du muezzin qui doit avoir son propre système de secours. Route d'Ambilobe à Ambanja. Quelques nuages, genre juste ce qu'il faut pour gâcher une séance d'astrophoto. De toute façon, la lune se lève encore trop tôt. Éclairage public significatif en ville quoique quand même assez modéré. L'électricité ne serait coupée que de 4 h à 9 h du matin.

Mardi 1er septembre:

Effectivement, l'électricité est coupée sur le créneau prévu. Route d'Ambanja à Antsohihy. Couverture nuageuse significative dans la journée. Brève coupure d'électricité à 18 h. À la nuit tombée, la Voie Lactée et la lumière zodiacale sont visibles entre les nuages. La lune sort vers 21 h. Éclairage public dans le centre de la ville.

Mercredi 2 septembre:

Coupure d'électricité de 4 h à 8 h 30. Ça semble être le standard dans cette région de Madagascar. Journée à Antsohihy. Vent qui maintient le ciel dégagé. On entre dans la période intéressante pour la photo du ciel profond avec la première partie de nuit sans lune. À 19 h, j'essaie une photo de la partie sud de la Voie Lactée en statistique dans la rue en face de l'hôtel et à proximité d'un lampadaire.

Olympus E-620. f=12 mm. f/D=2,8. ISO 800. 60 s (3 s pour le premier plan).

À suivre...

Jeudi 3 septembre:

Route d'Antsohihy à Mahajanga. Quelques nuages le matin malgré le vent. Dégagé à l'arrivée. C'est important la météo à Mahajanga en cette saison car dans un an (NDLR : 1er septembre 2016), il va se produire une éclipse de soleil. Elle sera annulaire et Mahajanga sera dans la bande de centralité.

Pour le court terme, je suis installé chez belle-maman. Compte tenu de l'insécurité, il n'est pas trop conseillé de traîner dehors la nuit tombée, y compris dans la cour de la maison. Je pense quand même faire quelques séances en préparant un maximum à l'intérieur de la maison et en n’installant le matériel qu'à la nuit noire. Si on ajoute les contraintes familiales, genre sortie en ville le soir, ça devrait être bien si je case deux séances dans la semaine.

Vendredi 4 septembre:

Pas un nuage de la journée. Je veux photographier le soleil se couchant sur le phare de Katsepy, de l'autre côté de la baie de Bombetoka. Je l'avais déjà essayé par le passé. Je n'ai pas retrouvé la feuille de calcul permettant de connaître la bonne position en bord de mer pour avoir le soleil et le phare alignés. J’ai refais une feuille de calcul avant de partir mais avec une incertitude sur les coordonnées du phare. Présentement, je rentre les coordonnées prévues pour le jour dans mon GPS, un point sur la promenade de bord de mer. Quand j'arrive sur place, surprise, un célèbre fabricant malgache de bière a installé une grosse animation. Ça commence par une série de stands le long de la mer qui empêchent de voir l'horizon. Je suis mon GPS qui m'amène au bout de la file, juste avant le podium des animations. En me faufilant dans la foule, j'arrive à monter sur le muret au bord de la mer mais il n'est pas question de sortir le trépied. Ça sera à main levée. L'alignement n'est pas bon.

f=150 mm. Crop 100 %.

L'analyse à postériori indique que j'aurais dû être 80~m plus au sud. C'est moins bon que la tentative de 2013 qui était tombée à 30 m au premier essai. Il y a une erreur quelque part dans mes calculs. Ça sent l'oubli de la convergence des méridiens. De toute façon, les animations durent jusqu'à dimanche.

Ensuite, je pars à la chasse de Mercure qui est à son extension maximum ce jour. Je remonte la promenade vers des zones moins bondées. J'attends et rien d'évident ne sort. 30 mn après le coucher du soleil, le Centaure et la Croix du Sud apparaissent mais toujours rien de net pour Mercure. Finalement, plusieurs étoiles pourraient correspondre. Je photographie à main levée (1 s) puis en posant l'appareil sur mon sac à dos lui-même sur le muret de la promenade.

Olympus E-620. f=12 mm. f/D=2,8. ISO 800. 1 s.

Repas brochettes de zébu et manioc frit toujours sur la promenade. L'animation a des spots lumineux dirigés vers le ciel. Arglll... la pollution lumineuse. À 22 h, passage chez belle-maman, à l'autre bout de la ville, pour se changer. Les spots sont visibles. De toute manière, des nuages bas empêcheraient l'astro. Retour sur la promenade pour boire un verre. À 23 h 45, le dernier quartier de lune, bien ocre, se lève sur le port. Vus de près, les spots de l'animation semblent avoir une longueur limitée, comme s'il y avait une couche d'air d'une vingtaine de mètres d'épaisseur, à forte nébulosité et qu'au dessus l'air était bien plus transparent.

À suivre...

Samedi 5 septembre:

Dégagé toute la journée. Je fais une séance dans la cour de belle-maman. Mise en station sans visibilité sur le pôle céleste, à l'aide la tablette. Je pars ensuite sur la Patte de Chat que je trouve sans trop de difficulté. Par contre, pour ne pas être trop repérable, je me suis peut-être un peu trop collé à la maison. Ça risque d'être tendu en fin de séance. Après pointage de la cible, l'acquisition démarre vers 19h45. À 22h, alors que je me dis que je vais aller tranquillement jusqu'à épuisement de la batterie, des nuages arrivent par le Sud. En plus, je me rends compte qu'un des spots de l'animation traverse mon champ photographique. Je pense que sa contribution au fond du ciel reste faible mais c'est agaçant.

La Patte de Chat et NGC 6357:

Olympus E-620. Tamron SP 180/2,5 à f/D=4,8. ISO 800. 121x60 s. Traitement Iris.

Pleine résolution (5 Mo).

Si ça ne paraît pas trop mal de loin, de près, c'est mauvais. J'ai une grosse dérive. J'ai du dérégler la MES en cours de manip. Et aussi, malgré deux heures de pauses cumulées, NGC 6357 ressort difficilement.

À suivre...

Dimanche 6 septembre:

Des nuages apparaissent dans l'après-midi et demeurent à la tombée de la nuit. Quitte à être dérangé par l'animation, autant en profiter. Nous allons assister au concert. Ça se dégage et la Voie Lactée est visible depuis la promenade. Vers 23h, retour des nuages.

Lundi 7 septembre:

Excursion au phare de Katsepy, histoire de prendre les coordonnées au GPS et d'améliorer les prévisions de coucher de soleil les années suivantes.

Des nuages apparaissent dans l'après-midi au dessus des terres. On vérifie de visu que l'animation et les stands sont démontés. Ça fera ça de pollution lumineuse en moins. Les nuages se dissipent trop lentement dans la soirée, dissuadant de faire une séance d'astrophoto.

Mardi 8 septembre:

Excursion quad vers un hôtel en brousse. Le ciel se charge bien en cumulus d'orage l'après-midi. On se prend quelques gouttes de pluie sur le chemin du retour.

Mercredi 9 septembre:

Ciel moins chargé que la veille. Dans l'après-midi, quand on décide d'aller faire un tour en ville pour diverses courses, je sens qu'il peut y avoir un créneau pour le coucher de soleil. Je prends le télé mais pas le trépied. Je n'ai pas les coordonnées de coucher du jour dans le GPS mais je note rapidement d'après mes fiches qu'il devrait être 130 m au nord de celui de l'avant veille, qui lui est dans le GPS. Donc j'arrive sur le bord de mer avec une avance confortable d'au moins 10 mn, je me place au point supposé et j'attends. L'attente est courte et je suis au bon endroit: le soleil se couche dans l'axe du phare!!!

Olympus E-620. f=150 mm. f/D=11. ISO 200. 1/2000 s. Crop 100%.

On voit même la lumière du soleil à travers les vitres du phare. Par contre, ça reste surexposé pour voir des taches solaires.

Après ça, comme j'ai du temps avant le rendez-vous suivant, je photographie ce qui me tombe sous la main:

Animations à l'heure bleue:

Navire, phare et bande zodiacale:

Olympus E-620. f=12 mm. f/D=2,8. ISO 800. 10 s.

J'adore quand on distingue la bande zodiacale en ville

Retour à la maison trop tardif pour faire une séance d'astrophoto, surtout qu'il faut plier les bagages.

À suivre...

Jeudi 10 septembre:

Départ pour Antanarivo (600 km). Dégagé au début puis des petits nuages apparaissent en cours de route mais c'est de nouveau clair à l'arrivée. On prend une chambre dite avec terrasse mais c'est plutôt un balcon donc sans accès au zénith. De toute façon, je suis trop fatigué pour faire quoique ce soit.

Vendredi 11 septembre:

Ballade en ville avec peu de nuages mais une forte brume de pollution qui irrite les yeux et la gorge. À la tombée de la nuit, délestage sur l'hôtel. Normalement, ça ne dure pas trop longtemps et ça tourne sur les quartiers mais là, ça se prolonge. Je commence par un paysage avec la Croix du Sud, par dessus le centre-ville qui est à peine à 1 km.

La Croix du Sud:

Olympus E-620. f=12 mm. f/D=2,8. ISO 800. 2,5 s.

Je vise aussi à l'ouest sur Mercure se couchant. Cette fois, je n'ai aucun doute sur l'identification.

Mercure entre les branches, Saturne presque en haut:

Olympus E-620. f=12 mm. f/D=2,8. ISO 800. 10 s.

Je termine par quelques photos au zénith depuis la cour de l'hôtel pour quantifier la pollution lumineuse. Et c’est loin d’être négligeable. Je ne sais pas si c’est tant l’éclairage public plutôt que la brume de chaleur (ou de la pollution automobile) qui a un effet important mais le fond du ciel est élevé, un tiers de ce que j’ai dans Grenoble mais aussi deux à trois plus qu’en montant à une quinzaine de kilomètres au-dessus de Grenoble. La Voie Lactée est quand même discernable à l'œil nu.

Samedi 12 septembre :

Excursion touristique dans les environs de Tana.

Dimanche 13 septembre :

Retour en France.

Les conclusions et enseignements de ce voyage:

• C'est ma plus grosse campagne astrophoto et ça m'a occupé tout l'hiver pour la traiter.
  
• Il n'y a qu'en brousse qu'on est vraiment productif.
  
• Le télé de 180 mm sur la SkyTracker et le trépied de voyage, c'est trop instable. Ça va déjà un peu mieux en France avec un trépied d'EQ2. Je crois que je vais oublier le 180 mm en voyage pour le moment.
  
• Pour le 50 mm/2,0, la mise au point est vraiment critique. Il faut que je revérifie systématiquement avant de lancer chaque série que la MAP n'a pas filé. Je vais aussi essayer de faire un masque de Bahtinov par impression sur un film transparent. Il faut juste que je trouve du beau temps en France d'ici le prochain voyage pour faire les tests .
  
• Le pointage aux coordonnées en partant du méridien et en tournant en AD de la différence entre l'heure de culmination et l'heure actuelle, ça marche bien:be:... à condition de ne pas se tromper de sens:confused:.
  
• Mes logiciels d'aide au pointage et à la MES vont pas mal mais il faut que je prévois une option pour les interrompre quand la résolution astrométrique tourne en rond.
  
• Concernant la sauvegarde dans le cloud, il n'y a eu que les deux dernières nuits à Tana où j'ai eu du wifi... ça a bien transféré, genre 10 Go en 36 heures mais un peu tard si c'était pour prévenir les aléas du voyage.
  

Merci à toutes celles et tous ceux qui m'ont suivi même s'il n'y a pas grand monde qui s'est manifesté.

Je remets ça en 2016. On va laisser le Tamron 180/2,5 à la maison en prendre le Samyang 85/1,4 à la place, surtout qu'il n'y a pas de comètes prévues. Camp en brousse début août après la nouvelle lune donc avec la lune en début de soirée. Adieu Croix du Sud et Sac à Charbon, et bonjour les Nuages de Magellan. Et pour finir, éclipse annulaire de soleil le 1er septembre .

Salut Eric,merci de nous faire partager ce trés bon croa superbement illustré!

Bon ciel à toi.

Salut iserois (et voisin donc).

Merci pour ton message.

Et pour le bon ciel, je vais retourner à Mada, parce que par chez nous...