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CROAssement lunaire


Alhajoth

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Instrument : Cassegrain Kepler 6" sur trépied EQ-5 + Giro Ercole
Oculaires : MaxVision 24mm 82°, Vixen SSD 14, 10 et 7 mm 83°
Colongitude lunaire : environ 48°

Ce samedi, la météo prévoyait une nuit claire, ce qui ces derniers mois est assez exceptionnel dans le nord de la France, en particulier un samedi. Malheureusement, les éphémérides avaient prévu quant à elle une lune gibbeuse, à sa presque 12ème lunaison... Tant pis, je suis trop en manque : je décide, une fois n'est pas coutume, d'aller au nord de Paris, pour pouvoir tenter quelques objets du ciel profond vers le nord, et observer la Lune au sud. Mais bon, je me suis dit que je ne sortirais pas mon Dobson de 300 mm ce coup-ci, mais seulement mon Cassegrain de 150 mm. Trop peur de devoir remballer à cause de l'humidité.

Mais avant, la préparation de soirée. Pour le ciel profond, je fais une rapide révision de ce qu'il y a à observer, car je suis un peu rouillé. Je passe vite sur les amas ouverts, et m'attarde un pu plus sur les étoiles binaires, multiples et carbonées. Pour la Lune, j'ouvre mon fichier tableur pour retrouver les numéros d'Astronomie Magazine et AstroSurf dans lesquelles Raymond Sadin a écrit des articles concernant la lunaison en question. Je saisis mon nouveau Manuel d'observation lunaire, et vais également dans l'Atlas Virtuel de la Lune pour imprimer la liste des objets intéressants au terminateur. J'embarque mes vêtements d'observateur hivernal, ma toute nouvelles mallette d'oculaires, et me voilà parti !

Après une demi-heure pour atteindre le périphérique, je prends l'autoroute A1. Et en sortant de celle-ci, j'ai une fulgurance : lors du transfert de mes oculaires de mon sac à la mallette, j'ai oublié de récupérer ma lampe frontale !! Je m'arrête à la station-service située à la sortie d'autoroute, et je me prends une lampe blanche bien flashy et efficace pour regarder son moteur en pleine nuit. Bon, ben bye bye le ciel profond... Je fais une vingtaine de km vers l'endroit que j'ai repéré avec AVEX, et j'essaye de trouver un endroit où me poser.

Je me pose sur un chemin agricole à moitié boueux, mais qui a le mérite d’être dans une cuvette me protégeant des éclairages alentours. En sortant, le froid est vif, même si j'avais pris soin de ne pas trop chauffer la voiture pour épargner le miroir. Il souffle un vent sec non négligeable. J'installe ma table de camping, y pose ma belle mallette d'oculaires qui maintiendra ceux-ci au sec, sors mes cartes et guides lunaires. Le reste ne sera pas utilisé, faute de lampe frontale rouge. Au vu du halo lunaire, je me dis que je pourrai m'en servir, et ainsi me dispenser d'installer le viseur. Malgré tout, la position zénithale de la Lune ne me facilitera pas la tâche.

L'air est transparent, mais turbulent : la figure d'Airy est plutôt nette, mais danse la gigue. Je commence avec mon 24 mm, histoire de savourer la lune dans sa globalité. Je me refamiliarise avec la sélénographie, essayant de retrouver le nom des mers et des cratères les pus importants. Une fois de plus, je confond la mer de Nectar et la mer de la Fécondité. Je ne me souviens plus du nom de Langrenus quand je le vois, et je n'arrive plus à resituer exactement Janssen, même si je me souviens de la zone où je suis supposé le trouver. Je confond Ptolémée et Platon (ben quoi ? ils commencent tous deux par un P)... Après cette phase de préambule, je ne me servirai plus du 24 mm.

Bon, j'attaque au nord justement avec Platon, avec en-dessous les Monts Teneriffe (Montes Teneriffe). Je dois passer au 10 mm pour discerner le cratère Pico B (Picon Bière ?), au sud-sud-ouest. Ne cherchez pas Pico ou PIco A, car il n'existe pas. Le père de tous les Pico est en fait Mons Pico, situé plus à l'ouest, et qui fait référence eu Pico del Teide, à Teneriffe. Je passe au 7 mm, mais je n'en verrai guère plus... Ça turbule. Je crois que je pourrai pas dépasser une grossissement de 150, soit 1D, ce soir.

Je repasse au 14 mm pour aller sur le Golfe des Iris (Sinus Iridum ; aucun lien avec les fleurs, donc) avec mon 14 mm. Cette portion de cratère est délimitée par les promontoires Laplace et des Heraclides. Je me souviens que l'un des deux est supposé ressembler à une tête de femme, mais je ne sais plus lequel, et même en cherchant, je ne trouve pas cette analogie. En passant au 10 mm, je discerne finalement Bianchini, sur le bord nord du golfe, ainsi que Le Verrier et Helicon au sud-est du golfe. Le 7 mm me fait deviner Laplace D et E, mais j'attendais mieux, surtout du E. Pas moyen de voir Bianchini W, trop peu contrasté. Les parois des cratères Sharp et Mairan offrent de belles ombres. Au Nord, c'est l'occasion d'observer J. Herschel, dont les parois sont peu élevées, mais qui est situé en plein terminateur.

Je remets mon 10 mm, qui sera mon oculaire de croisière en cette soirée, car le 7 mm n'apporte pas grand chose avec ces turbulences. Je descend vers le sud jusqu'à Delisle et Diophante, puis bifurque vers l'ouest, vers Krieger et Prinz, pour essayer de chopper des failles dans les environs, indiquées par l'AVL. Mais je n'ai pas réussi à les voir... Aristarque est magnifique, mais se fait voler la vedette par son voisin Hérodote, mis superbement en valeur par le terminateur.

Je me rends ensuite dans la Mer des Îles (Mare Insularum), aux limites selon moi mal définies. Je vais rendre visite à Milichius, dans une zone basaltique dans laquelle j'essaye de discerner les éjectas de Copernic et Kepler. Puis je retourne à l'ouest, voir Kepler, Encke et Kunowsky. Je retente le 7 mm pour choper Kepler A, C et D, ainsi que Encke B. Je distingue à peine Kepler D et F, et Encke N, situé au sein de Encke. Le 7 mm me permet en revanche de voir la dissymétrie de l'intérieur de Kepler, qui présente des terrasses à l'ouest.

Je remet le 10 mm, et je prend la direction ensuite sud-sud-ouest, vers Flamsteed. Je ne suis pas bien sûr du nom du grand bassin circulaire, aux reliques peu contrastées, qui l'entoure et que j'entr'aperçois. Sans doute une déclinaison du toponyme Flamsteed, mais l'AVL est peu clair. Je descend vers le sud, passe par Letronne, pour m'arrêter du Gassendi. J'ai malheureusement loupé de quelques heures la colongitude optimale, qui aurait pu faire apparaître les jolies failles qui balafrent ce cratère et ses environs. Les turbulences font qu'elles sont difficilement discernables. Le vent est pénible : le champ bouge dans l'oculaire, malgré une solide monture, et les pages de mes guides ne cessent de tourner.

Tout le versant ouest de la Mer des Humeurs (Mare Humorum) est en plein terminateur, ce qui le rend intéressant, les cratères Mersenius et Liebig étant particulièrement mis en valeurs. J'arrive à deviner une faille à l'intérieur du bord ouest de la mer, faille interrompue par Liebig G. Je dois passer au 7 mm pour mieux la voir, mais le gain est faible, même si je trouve que le 7 mm devient plus exploitable alors qu’avance la soirée. Je continue sur la rive sud, avec Doppelmayer et Vitello. Je fais un gros écart vers le nord-est, dans la Mer des Nuées (Mare Nubium), pour aller admirer les terrasses de Bouillaud (Bullaldius).

Je redescend plein sud, passe par le Marais des Épidémies (Palus Epidemiarum), faire un coucou à la CoVid et Capuanus, et m'attarde sur Hainzel et Schiller, qui sont tous deux des cratères doubles, ce qui leur donne une forme oblongue. Je finis par la zone polaire sud, qui est toujours d'une telle richesse qu'on s'y pomme. Il n'y a guère que Clavius qui se distingue, par sa grande taille, et son fausse catena circulaire se trouvant à l'intérieur, avec des cratères de taille décroissante. J'ai également à cœur d'être capable de retrouver Tycho, car c'est là qu'on a déterré le monolithe qui a envoyé le signal à Jupiter !

 

Bilan de la soirée :

  • on oublie toujours quelque chose !
  • je n’ai malheureusement pas pu utiliser l’AVL, car ma mallette, trop encombrante, prenait trop de place sur la table de camping., et je n'ai donc pas pu exploiter sa liste d’objets à observer sur le terminateur ;
  • la résolution obtenue à l’instrument n’était pas mirobolante : du vent et des turbulences, qui se sont réduites en fin de soirée, mais un ciel transparent
  • j'ai réussi à voir très peu de failles, et évidemment aucun dôme
  • moi qui observe d’habitude plutôt le ciel profond, sans faire de dessin, je me suis tout de même dit qu’une monture équatoriale, quand on observe longtemps une cible, ça serait sympa
  • un dictaphone, ça peut être sympa également

 

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