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Pyrene

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  • Résidence
    Vieux Pays entre Béarn et Bigorre
  • Intérêts
    Cadavres anciens ; Plantes incongrues ; savoirs inutiles
  • Occupation
    Essentiellement portier du Chat. Pense le Chat.
  • Matériel
    Dobson Explore Scientific 406/1826 Génération II
    Jumelles TS-Optics 100 mm 90° Titanium
    Lunette Sky-Watcher 120/600

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Pyrene's Achievements

  1. P.... c'est à vingt kilomètres de chez moi...
  2. Quand dépassera t-on les +1.5°C ? Selon l'OMM, 2023 a atteint +1.45°C au dessus des températures préindustrielles. Vu la persistance d'EL Nino, il est plausible que 2024 dépasse le +1.5°C sur une année complète (déjà atteint sur une année glissante entre fev. 2023 et jan. 2024). Est-ce suffisant pour dire qu'on a effectivement franchi le seuil des accords de Paris ? En fait, les premières journées au-dessus datent de 2015 ; et en novembre dernier, des moyennes journalières de +2°C ont été atteintes. En moyenne mensuelle, fev. 2016 a été le premier mois entier au dessus de +1.5°C, suivi de tous les mois de l'été 2023. Mais combien de temps au dessus de la limite pour considérer qu'elle est atteinte ? Le GIEC préconise une moyenne pour deux décennie. On observe depuis 1970 une augmentation régulière de 0.2°C par décennie. Par extrapolation, on dépassera la limite vers 2035. Ces données sont des compilations par l'OMM des données collectées par six organisations qui disposent chacune de leur propre systèmes d'acquisition au niveau mondial. Trois sont américaines (les agences gouvernementales NOAA et NASA, et l'Université de Berkeley , une japonaise, une anglaise et Copernicus pour l'Europe. (ce post est honteusement pillé sur The Conversation )
  3. Pour compléter sur les conséquences sur notre Europe, l'European Environment Agency publie un rapport spécial sur la situation climatique. Ce rapport recense 36 risques majeurs dont 21 ont un caractère d'urgence et huit exigent une réponse immédiate. La zone côtière est la principale menacée, par la montée des eaux, les intrusions marines et les érosions, les vagues de chaleur marines, l'acidification des eaux et la désoxygénation, et les pollutions. Globalement, le Sud est le plus à risques du fait de la chaleur et des incendies et sècheresses qui l'accompagnent. Le Nord se contentera de l'apparition des incendies, et des inondations. On a la chance d'être au milieu...
  4. Selon le Professeur Oppenheim, et son étudiant Russo, la matière noire est une illusion du même tonneau que l'éther ou les épicycles. En réalité, le responsable est l'espace-temps qui fluctue aléatoirement. L'effet est minime dans une situation où la gravité est importante, mais significatif quand elle est faible. Des explications complémentaires sont livrées par Le Guardian. Sans vouloir me vanter, je n'ai compris ni l'article ni les compléments, ce qui m'a incité à faire un post dans cette rubrique que je lis assidument avec un résultat voisin. Vous avez donc la primeur d'une controverse scientifique où un pari est en jeu entre les auteurs ci-dessus et les professeurs Carlo Rovelli et Geoff Penington, que la nouvelle théorie laisse apparemment sceptiques.
  5. Pyrene

    Hominisation

    La première apparition du genre Homo en Europe est confirmée à la frontière Ukraine-Roumanie, au site de Korolevo. Les outils sont datés (par méthode astronomique...) de 1.4 MA. Par comparaison avec un site caucasien, les outils semblent avoir été façonnés par H. erectus (du reste seul hominidé connu hors d'Afrique à l'époque). Les nouveaux colons européens sont donc vraisemblablement venus de l'Est, les premières traces à l'Ouest datant de 1.1 à1.2 MA environ, et restant rares jusqu'à 800 000 ans. Il est plausible qu'ils aient suivi le Danube. Les fouilles sont actuellement stoppées...
  6. Février 2024 a été le février le plus chaud jamais enregistré, ce qui en fait le neuvième record mensuel d'affilée, avec +1.77°C au dessus des températures du XIXème siècle, et jusqu'à +2°C entre le 8 et le 11 février. Les températures de surface des océans sont également un record avec +21.6°C, battant les 21.98°C d'aout 2023. Les douze derniers mois sont à une moyenne de +1.56°C au dessus des niveaux pré-industriels. Notre Europe est à +3.3°C au dessus des moyennes 1991-2020, et pire encore en Europe centrale et orientale. Où ça n'inquiète personne, rassurez-vous.
  7. Il y a du vrai (et du vécu) dans ce que tu écris, mais ça c'est faux : seuls les ruminants émettent du méthane, au moins en quantité, et les chevaux ne ruminent pas.
  8. Pyrene

    Hominisation

    Nous ne sommes pas les seuls animaux à marcher sur deux pattes, mais nous sommes parmi les rares singes à avoir perdu la queue. Une équipe internationale vient de trouver pourquoi. Alors que les pertes d'un caractère sont généralement associées à une perte génétique, celle ci est due à une insertion dans le gène TBXT. C'est doublement curieux, parce que l'insertion en question est habituellement sans effet notable dans d'autres gènes, et parce qu'elle serait apparemment liée à l'anomalie génétique de la spina bifida (une malformation rare aux effets variables). Il faut donc supposer que cet inconvénient à la perte de la queue est compensé par un avantage. Lequel ? (sachant qu'une adaptation au port du pantalon est improbable).
  9. Pyrene

    Une crise ? Quelle crise ?

    Si un modo passe par ici, merci de détruire ce doublon.
  10. Moi j'aurais écrit "REPAIRE".
  11. Pyrene

    Une crise ? Quelle crise ?

    Mon propos est simplement de comparer la plus grande crise qu'on connaisse historiquement, et celle que nous provoquons. Je suis donc totalement d'accord avec ta qualification de cataclysme pour la crise actuelle. Les causes de la crise permienne sont discutées et certainement multiples, et effectivement étalée sur une toute autre durée. Celles de la crise actuelle sont également diverses, climatique, diminution des espaces vitaux, introduction d'espèces invasives, ou prédation, mais elles ont un unique responsable. La chute du bolide du Crétacé a plus largement impacté le milieu qu'elle a frappé. Il ne faut pas oublier que l'enregistrement fossile est essentiellement marin. Pratiquement toutes les faunes prédatrices des mers ont péri, Ammonites, Bélemnites, grands reptiles marins, jusqu'aux plancton animal. Les faunes terrestres ont apparemment péri plus tard et indirectement, non pas de l'impact, mais des conséquences atmosphériques sur la photosynthèse, et de façon très inégale. Les animaux de grande taille ont été les plus touchés, mais les petits dinosaures ont survécu, ainsi que les petits mammifères ou les insectes, et plus généralement les omnivores et charognards, les faunes opportunistes. Je ne partage pas par contre ton opinion sur l'effet de la crise actuelle sur les faunes terrestres. J'ai cité dans mon texte initial l'estimation du Fonds Mondial pour la Nature d'une perte de 70% des vertébrés sauvages en cinquante ans. Pour les seuls mammifères, les terrestres sauvages vivants aujourd’hui ont une masse totale de 22 millions de tonnes. En comparaison, l’humanité pèse désormais un total d’environ 390 millions de tonnes. Autrement dit, la masse totale des mammifères sauvages est inférieure à 10 % de celle de l’humanité. Dans le même temps, les espèces domestiquées et les rongeurs urbains pèsent plus de 630 millions de tonnes. La biomasse n'est pas le nombre d'espèces, mais ça me semble un assez bon proxy. J'aimerais partager ton optimisme. Outre les arguments développés par @charpy ci-dessus, je persiste à dénoncer le réchauffement climatique comme un danger mortel. @22Ney44 citait sur un autre fil la possibilité d'un réchauffement de 7°C, vu qu'on est sur cette trajectoire. Sans même évoquer les conséquences sur la circulation océanique et le système climatique, on sait que les augmentations des températures extrêmes atteintes sont deux à trois fois supérieures aux augmentations moyennes. La température la plus élevée connue en France est de 46°C. Une augmentation de 7°C nous amènerait donc dans notre beau pays à des maxima de 60°C. On pourra toujours manger des oeufs...
  12. Pyrene

    Une crise ? Quelle crise ?

    Pour ton premier point, la crise K/T est bien moindre en ampleur que celle du Permien : or je compare ici leur intensité. Sur la durée, il est clair qu'elle a été instantanée au moins localement, mais pas partout (ci-dessous). Pour tirer une idée de l'impact environnemental -à venir- on n'a évidemment pas d'élément pour l'actuel, qu'il faudrait comparer à la récupération "rapide" après la météorite -300 000 ans quand même - un instantané pour le géologue. Par ailleurs, les effets de la chute en milieu marin ne sont pas du tout homologues de ce qu'on vit. Au crétacé la vie a brutalement disparu localement avant de revenir 30 000 ans après sur les lieux, mais les faunes terrestres ont été bien moins impactées. Rien à voir donc avec ce que nous infligeons aux espèces qui nous approchent. Sur le second point, l'hybris souvent convoqué est sujet à discussion. D'abord, le culturel a toujours été historiquement très fragile, comme le prouvent les longues et brillantes civilisations soudainement disparues : romaine, égyptienne, chinoise, Maya, Hittites, etc... Bien entendu, nous croyons la nôtre bien plus robuste. Les autres le croyaient aussi. On évoquera au fil de l'eau les troubles à attendre en cas d'éruption solaire impactant nos communications. Les conséquences de l'irruption d'un tsunami dans une centrale nucléaire ont été une réelle surprise. Un simple virus, forme inférieure de vie, a mis à genoux notre brillante économie en quelques jours. On passera pudiquement sur les probabilités de destruction par nos propres efforts de guerre. Et quoi qu'on en pense, nous restons dominés par le biologique. La plupart des cultures sur lesquelles repose notre alimentation sont des sélections au patrimoine générique réduit. Il a suffit d'un champignon pour détruire tous les platanes du canal du midi : que se passerait-il si un agent pathogène détruisant subitement nos céréales ? Les oliviers méditerranéens sont ainsi une source d'inquiétude. La masse de vertébrés actuellement la plus importante est celle de nos élevages : des virus les frappent périodiquement. Si ça devient grave, on mangera quoi ? Quel avenir aurait eu notre civilisation si le COVID avait eu une létalité de 90% ? Improbable ? Voire. Enfin je ne saurais m'abstenir d'évoquer un fil voisin dont je suis également coupable. Homo sapiens est biologiquement adapté à une zone de confort de 25°C. Au-dessous, on a froid, ce qu'on peut combattre culturellement par des vêtements, du feu... etc... Au-dessus, on transpire -tant qu'on peut- A partir de 35°C à saturation, la transpiration devient physiquement impossible. Il existe certes des solutions culturelles, mais bien plus malaisées à mettre en oeuvre que contre le froid. Or les températures moyennes calculées ne reflètent pas l'amplitude de la variation. Il fait actuellement 27°C au Maroc -en hiver. C'est supérieur aux moyennes de juillet...
  13. Y a t-il une réelle crise de la biodiversité ? On trouve un peu partout des alertes à la « sixième extinction », et à la disparition des insectes, notamment des abeilles, mais aussi pêle mêle des ours blancs, des tigres, des tritons, des poissons, des tortues ou des éléphants. Est-ce vraiment grave ? Les Dinosaures ont disparu, les Néandertaliens aussi, et d’innombrables espèces ne sont connues que par des restes pétrifiés. Les Ammonites se trouvent par milliers dans les roches du Poitou ou du Massif Central : elles ont disparu avec les Dinosaures. Les Mammouths ou les ours des cavernes n’existent plus que dans les musées. Si on parle de « la sixième extinction », c’est qu’il y en a eu cinq autres. Quelle ampleur ont eu ces extinctions, et ce qu’on vit peut-il y être comparé ? On peut essayer d’estimer l’ampleur et la durée de celles du passé, et chiffrer et comparer celle du présent. Une extinction de masse : la disparition brutale d’une partie du vivant Des espèces disparaissent et d’autres apparaissent continuellement. Dans le passé, différentes périodes ont toutefois vu une quantité « anormale » d’extinctions, la question étant de définir ce qui est anormal. On dispose pour cela des restes fossiles d’animaux disparus. Notre connaissance du passé biologique repose sur les fossiles, dont l’existence est aléatoire : un cadavre se décompose normalement ; dans des cas exceptionnels, il peut être enfoui rapidement et échapper ainsi à l’oxydation, aux charognards, aux insectes, voire aux bactéries. Encore faut-il que son cercueil ne soit pas détruit ou dispersé par la suite, par des fouisseurs, des crues ou des érosions soudaines, des mouvements du sol, des failles, des éruptions volcaniques, l’écrasement sous le poids des sédiments...etc… On estime entre 0,01 et 0,1 % la proportion d'organismes qui se fossilisent : un organisme donné ayant donc très peu de chance de se fossiliser, ceux qu’on trouve existaient en grand nombre de leur vivant.Autrement dit, les fossiles ne fournissent qu’un image partielle de la vie de l’époque. Probablement moins de six pour cent. Encore faut-il ensuite qu’ils soient découverts, et identifiés, et non broyés lors d’exploitations, ou commercialisés sans autre étude. Comment alors peut-on chiffrer la proportion qui disparait, puisqu’on ne connaît que peu de ceux qui existaient ? Alcide Dessalines d'Orbigny (1802-1857) La paléontologie est née au début du XIXème siècle en tant que science. Parmi les précurseurs, Cuvier (1769-1832) défend vigoureusement le catastrophisme, sur la base des renouvellements brutaux des faunes fossiles. Alcide d’Orbigny (1802-1857) identifie les différentes périodes géologiques, et distingue les « époques » Primaire, Secondaire, Tertiaire, sur la base de ces renouvellements, et signale les extinctions silurienne et dévoniène : les fameuses cinq extinctions de masse sont déjà identifiées, et déjà ordonnées par intensité. Pour d’Orbigny, la principale est celle qui sépare le Primaire du Secondaire, la suivante est à la fin du Secondaire. Non seulement ces observations sont toujours valides, mais la proportion même de faunes disparues est très voisine des estimations actuelles : les nouvelles découvertes ont augmenté le nombre d’espèces connues, sans modifier pour autant la proportion des disparitions. Si l’extinction la plus connue est sans doute celle des dinosaures, il y a 66 millions d’années (=fin du Secondaire, et du Crétacé), la plus grave et de loin est celle de la fin du Primaire (250 millions d’années). Parmi les faunes et flores connues, 85 à 95 % disparaissent alors, tandis que la fameuse météorite tueuse n’a détruit que deux tiers à trois quarts de la vie au Crétacé. Des cinq principales extinctions (Raup & Sepkovski, 1982), trois se sont produites à l’Ere Primaire, il y a plus de 250 millions d’années. Les deux suivantes sont les mieux connues, la plus importante étant celle de la fin du Primaire, la suivante celle du Secondaire qui a vu la fin des Dinosaures. Combien de temps dure une extinction ? L’instantané du géologue n’est pas celui de l’informaticien. L’un parle en nanoseconde, l’autre en millions d’années. Plus on remonte dans le temps, plus l’incertitude est large. De nombreux travaux ont toutefois été menés sur les extinctions majeures. Voyons la plus importante, celle de la fin du Primaire (Permien). La limite entre le Permien, dernier étage de l’Ere primaire, et le Trias, premier étage de l’Ere secondaire, est particulièrement bien visible en Chine, à quelques 150 km à l’Est de Shanghai. L’endroit a été intensivement exploré et étudié, les couches successives minutieusement numérotées et datées. Si les premières datations évaluaient la durée de l’extinction à environ 800 000 ans, des recherches plus récentes suggèrent une durée de l’ordre de 80 000 ans, pour la phase principale, car plusieurs extinctions, possiblement dues à plusieurs causes -climatiques, volcaniques, ou tectoniques, se sont succédées en quelques millions d’années. Quatre-vingt à quatre-vingt quinze pour cent des espèces marines, et les trois quarts des espèces terrestres ont disparu dans la catastrophe. La vie ne s’est rétablie (Sahney &Proc Biol Sci. 2008) qu’après une cinquantaine de millions d’années. La crise de la fin du Permien à Meishan (Chine) Quelle ampleur pour l’extinction actuelle ? Si la durée de la crise actuelle est facilement connue : un petit siècle essentiellement, déterminer son ampleur est une autre affaire. Il faut d’abord estimer un nombre d’espèce actuelles. On pourrait croire que le chiffre est connu, puisque nous les avons sous les yeux. Il n’en est rien. D’abord, tout n’est pas dénombré, loin de là. On le sait par le rythme des nouvelles découvertes. Les découvertes de nouveaux mammifères sont rares, ce qui signifie qu’on a une assez bonne connaissance du nombre de nos cousins. Il en va tout autrement des Insectes, par exemple : avec près de 1,3 million d'espèces décrites (et près de 10 000 nouvelles espèces inventoriées par an1), les Insectes constituent 55 % de la biodiversité des espèces et 85 % de la biodiversité animale (définie par le nombre d'espèces). On estime entre 5 et 80 millions d'espèces possibles. Il y aurait au moins 10 ou 12 fois plus de champignons que les quelques 50 000 connus. On ne sait presque rien des Bactéries ou des Archées. De plus, si notre connaissance est fragmentaire pour les espèces terrestres, elle est ridicule pour celles de nos océans. Mora et al. (2011), estiment que pour un million et demi d’espèces décrites, il y en aurait au moins une douzaine de millions en fait. Comment alors estimer les pertes, si on ne connaît pas le stock ? La réponse est la même que pour les extinctions de masse citées plus haut : la proportion d’espèces connues qui disparaissent est supposée homologue du nombre de celles qui disparaissent sans être connues. Et la situation n’est pas rose : Ainsi, le Fonds Mondial pour la Nature estime que la Terre a perdu 69 % de ses populations de vertébrés sauvages entre 1970 et 2018. Plus de 40 % des amphibiens, un groupe présent sur la Terre depuis trois cent soixante-dix millions d’années, sont menacés. Un tiers des oiseaux des campagnes françaises ont disparu en quinze ans. C’est simplement logique : selon Sanchez-Bavo & Wyckhuys (2019) 40 % des Insectes sont menacés d’extinction : tous leurs prédateurs le sont aussi... Thomas & al. (2004) estiment à 15-37 % la perte totale de biodiversité en 80 ans, une estimation que Harte & al. trouvent très optimiste. En prenant l’estimation la plus prudente, vers 20 % par siècle, il vient qu’on aura atteint les chiffres de l’extinction permienne en 500 ans en considérant que le stock et le taux restent constants, ce qui semble peu probable. Conclusion L’extinction actuelle est donc environ 150 fois plus rapide que la plus grande extinction de masse connue dans l’histoire de la vie terrestre. Ce n’est pas une très bonne nouvelle, mais il y a pire : la leçon principale des extinctions passées, c’est que les espèces dominantes, celle du haut de la chaine trophique, les super-prédateurs, sont les plus impactées, parce que ce sont les plus fragiles, étant plus dépendantes de l’écosystème que n’importe quelle autre. A fortiori quand il n’y en a qu’une.
  14. Y a t-il une réelle crise de la biodiversité ? On trouve un peu partout des alertes à la « sixième extinction », et à la disparition des insectes, notamment des abeilles, mais aussi pêle mêle des ours blancs, des tigres, des tritons, des poissons, des tortues ou des éléphants. Est-ce vraiment grave ? Les Dinosaures ont disparu, les Néandertaliens aussi, et d’innombrables espèces ne sont connues que par des restes pétrifiés. Les Ammonites se trouvent par milliers dans les roches du Poitou ou du Massif Central : elles ont disparu avec les Dinosaures. Les Mammouths ou les ours des cavernes n’existent plus que dans les musées. Si on parle de « la sixième extinction », c’est qu’il y en a eu cinq autres. Quelle ampleur ont eu ces extinctions, et ce qu’on vit peut-il y être comparé ? On peut essayer d’estimer l’ampleur et la durée de celles du passé, et chiffrer et comparer celle du présent. Une extinction de masse : la disparition brutale d’une partie du vivant Des espèces disparaissent et d’autres apparaissent continuellement. Dans le passé, différentes périodes ont toutefois vu une quantité « anormale » d’extinctions, la question étant de définir ce qui est anormal. On dispose pour cela des restes fossiles d’animaux disparus. Notre connaissance du passé biologique repose sur les fossiles, dont l’existence est aléatoire : un cadavre se décompose normalement ; dans des cas exceptionnels, il peut être enfoui rapidement et échapper ainsi à l’oxydation, aux charognards, aux insectes, voire aux bactéries. Encore faut-il que son cercueil ne soit pas détruit ou dispersé par la suite, par des fouisseurs, des crues ou des érosions soudaines, des mouvements du sol, des failles, des éruptions volcaniques, l’écrasement sous le poids des sédiments...etc… On estime entre 0,01 et 0,1 % la proportion d'organismes qui se fossilisent : un organisme donné ayant donc très peu de chance de se fossiliser, ceux qu’on trouve existaient en grand nombre de leur vivant.Autrement dit, les fossiles ne fournissent qu’un image partielle de la vie de l’époque. Probablement moins de six pour cent. Encore faut-il ensuite qu’ils soient découverts, et identifiés, et non broyés lors d’exploitations, ou commercialisés sans autre étude. Comment alors peut-on chiffrer la proportion qui disparait, puisqu’on ne connaît que peu de ceux qui existaient ? Alcide Dessalines d'Orbigny (1802-1857) La paléontologie est née au début du XIXème siècle en tant que science. Parmi les précurseurs, Cuvier (1769-1832) défend vigoureusement le catastrophisme, sur la base des renouvellements brutaux des faunes fossiles. Alcide d’Orbigny (1802-1857) identifie les différentes périodes géologiques, et distingue les « époques » Primaire, Secondaire, Tertiaire, sur la base de ces renouvellements, et signale les extinctions silurienne et dévoniène : les fameuses cinq extinctions de masse sont déjà identifiées, et déjà ordonnées par intensité. Pour d’Orbigny, la principale est celle qui sépare le Primaire du Secondaire, la suivante est à la fin du Secondaire. Non seulement ces observations sont toujours valides, mais la proportion même de faunes disparues est très voisine des estimations actuelles : les nouvelles découvertes ont augmenté le nombre d’espèces connues, sans modifier pour autant la proportion des disparitions. Si l’extinction la plus connue est sans doute celle des dinosaures, il y a 66 millions d’années (=fin du Secondaire, et du Crétacé), la plus grave et de loin est celle de la fin du Primaire (250 millions d’années). Parmi les faunes et flores connues, 85 à 95 % disparaissent alors, tandis que la fameuse météorite tueuse n’a détruit que deux tiers à trois quarts de la vie au Crétacé. Des cinq principales extinctions (Raup & Sepkovski, 1982), trois se sont produites à l’Ere Primaire, il y a plus de 250 millions d’années. Les deux suivantes sont les mieux connues, la plus importante étant celle de la fin du Primaire, la suivante celle du Secondaire qui a vu la fin des Dinosaures. Combien de temps dure une extinction ? L’instantané du géologue n’est pas celui de l’informaticien. L’un parle en nanoseconde, l’autre en millions d’années. Plus on remonte dans le temps, plus l’incertitude est large. De nombreux travaux ont toutefois été menés sur les extinctions majeures. Voyons la plus importante, celle de la fin du Primaire (Permien). La limite entre le Permien, dernier étage de l’Ere primaire, et le Trias, premier étage de l’Ere secondaire, est particulièrement bien visible en Chine, à quelques 150 km à l’Est de Shanghai. L’endroit a été intensivement exploré et étudié, les couches successives minutieusement numérotées et datées. Si les premières datations évaluaient la durée de l’extinction à environ 800 000 ans, des recherches plus récentes suggèrent une durée de l’ordre de 80 000 ans, pour la phase principale, car plusieurs extinctions, possiblement dues à plusieurs causes -climatiques, volcaniques, ou tectoniques, se sont succédées en quelques millions d’années. Quatre-vingt à quatre-vingt quinze pour cent des espèces marines, et les trois quarts des espèces terrestres ont disparu dans la catastrophe. La vie ne s’est rétablie (Sahney &Proc Biol Sci. 2008) qu’après une cinquantaine de millions d’années. La crise de la fin du Permien à Meishan (Chine) Quelle ampleur pour l’extinction actuelle ? Si la durée de la crise actuelle est facilement connue : un petit siècle essentiellement, déterminer son ampleur est une autre affaire. Il faut d’abord estimer un nombre d’espèce actuelles. On pourrait croire que le chiffre est connu, puisque nous les avons sous les yeux. Il n’en est rien. D’abord, tout n’est pas dénombré, loin de là. On le sait par le rythme des nouvelles découvertes. Les découvertes de nouveaux mammifères sont rares, ce qui signifie qu’on a une assez bonne connaissance du nombre de nos cousins. Il en va tout autrement des Insectes, par exemple : avec près de 1,3 million d'espèces décrites (et près de 10 000 nouvelles espèces inventoriées par an1), les Insectes constituent 55 % de la biodiversité des espèces et 85 % de la biodiversité animale (définie par le nombre d'espèces). On estime entre 5 et 80 millions d'espèces possibles. Il y aurait au moins 10 ou 12 fois plus de champignons que les quelques 50 000 connus. On ne sait presque rien des Bactéries ou des Archées. De plus, si notre connaissance est fragmentaire pour les espèces terrestres, elle est ridicule pour celles de nos océans. Mora et al. (2011), estiment que pour un million et demi d’espèces décrites, il y en aurait au moins une douzaine de millions en fait. Comment alors estimer les pertes, si on ne connaît pas le stock ? La réponse est la même que pour les extinctions de masse citées plus haut : la proportion d’espèces connues qui disparaissent est supposée homologue du nombre de celles qui disparaissent sans être connues. Et la situation n’est pas rose : Ainsi, le Fonds Mondial pour la Nature estime que la Terre a perdu 69 % de ses populations de vertébrés sauvages entre 1970 et 2018. Plus de 40 % des amphibiens, un groupe présent sur la Terre depuis trois cent soixante-dix millions d’années, sont menacés. Un tiers des oiseaux des campagnes françaises ont disparu en quinze ans. C’est simplement logique : selon Sanchez-Bavo & Wyckhuys (2019) 40 % des Insectes sont menacés d’extinction : tous leurs prédateurs le sont aussi... Thomas & al. (2004) estiment à 15-37 % la perte totale de biodiversité en 80 ans, une estimation que Harte & al. trouvent très optimiste. En prenant l’estimation la plus prudente, vers 20 % par siècle, il vient qu’on aura atteint les chiffres de l’extinction permienne en 500 ans en considérant que le stock et le taux restent constants, ce qui semble peu probable. Conclusion L’extinction actuelle est donc environ 150 fois plus rapide que la plus grande extinction de masse connue dans l’histoire de la vie terrestre. Ce n’est pas une très bonne nouvelle, mais il y a pire : la leçon principale des extinctions passées, c’est que les espèces dominantes, celle du haut de la chaine trophique, les super-prédateurs, sont les plus impactées, parce que ce sont les plus fragiles, étant plus dépendantes de l’écosystème que n’importe quelle autre. A fortiori quand il n’y en a qu’une.
  15. Ben oui, ça fait juste, mais ayant deux mains gauches je ne me suis pas lancé dans la solution de @thierry24 Mais j'y réfléchis...
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