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L’équatorial ne sied pas aux étoiles


Jeff Hawke

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Sous l'écliptique, exactement ?

 

 

Nous sommes bien dans la rubrique CROA et non Matériel, donc ne voyez pas dans le titre de ce post un sujet concernant les avantages et inconvénients des types de montures.

 

Il s’agit du climat équatorial, et du ciel qui va avec.

 

Dans le Nord de la Tanzanie, entre 1 et 2 degrés de latitude Sud , c’est la saison sèche de Mai à Octobre. Il ne pleut pas, ou très peu, mais le ciel est rarement totalement dégagé le matin, et il se couvre de nuages assez régulièrement tandis que la journée s’avance. Autant dire que deux semaines passées là-bas ne m’ont pas fourni de quoi nourrir un CROA digne de ce nom. Bon, le ciel n’était pas le but premier du voyage, et en l’occurrence, je serais plutôt en mesure de produire un Compte Rendu d’Observations Animalières si j’en avais le goût et la capacité (et pour le coup, je serais hors sujet grave….).

 

La petite Televue 60 que j’ai l’habitude d’emmener avec moi en bagage à main, avec quelques oculaires et un pied photo léger, ne sortira qu’une seule fois.

Mais je me suis aussi muni de mes jumelles canon 15X50 stabilisées, qui m’offriront quelques promenades dans les moments dégagés et au sein des trouées fréquentes, à des endroits et à des heures où la faune locale n’aura pas été trop à redouter (c’est-à-dire quand même pas très souvent….).

Mais par contre, j’ai pu apprécier le grand intérêt de ces jumelles en usage terrestre. Le grossissement de 15 fois est excellent pour se coller dans les yeux la tête du lion, les yeux de la girafe, le marabout toutes ailes déployées dans son planning majestueux…Bien mieux que des 7 ou 10 fois. Merci à la stabilisation, bravo la technologie quand elle est judicieuse et pertinente.

 

Jupiter et Antares au zénith

 

Après quelques soirées couvertes, où seules Jupiter et Antares parviennent à percer la couche nébuleuse, une grande partie du ciel se dévoile enfin, avec le Scorpion très haut sur l’horizon Sud (quand on est si haut, ça s’appelle le zénith), l’alignement M10 et Antares vers Alpha du Centaure (le « système Proxima ») et, enfin!, la Croix du Sud. Aux jumelles je peux rendre une visite à Acrux, Mimosa et à la Boite à bijoux qui est très reconnaissable à 15 fois.

 

J’en profite pour montrer cette constellation mythique à mes compagnons de voyage (« mais qu‘est-ce que tu peux donc bien regarder aux jumelles dans le ciel ? »), ainsi que Alpha du Centaure, notre très proche voisine. Curieusement, ce qui frappera le plus certains, c’est la Lune aux jumelles. Qui n’auraient jamais cru que l’on pouvait braquer des jumelles vers le ciel généralement, et vers la Lune en particulier et y découvrir tous ces cratères et mers…

 

Cela dit, je reste très vite seul sous la voûte. Il faut dire que la nuit tombe tôt ici, le noir est sérieux, et il y a des bruits d’animaux. Les tentes sont un refuge quasi obligé.

 

Sortir la nuit ?

 

Dans la réserve du Serengeti (15 000 km² de vie sauvage totalement protégée), le jour en balade dans les 4X4, il ne faut pas en descendre. La nuit, sortir de la tente est déconseillé. En cas de nécessité urgente et biologique, la sortie doit être prudente, muni d’une lampe, pas trop s’éloigner du camp (quelques mètres….)…Bref…Il n’est pas rare d’entendre rugir les lions, et d’autres cris et bruits plus ou moins identifiables.

 

La première nuit ici, je me suis réveillé en sentant que le ciel s’était dégagé. Envie d’aller voir. Je suis presque décidé à sortir lorsque j’entend le cri (sorte de ricanement modulé dans les aigus) d’une hyène à quelques mètres de la tente. Puis d’autres un peu plus loin (10 mètres ? 20 mètres ? Vérification le matin, elles étaient au feu de camp, tout près, vraiment….). Si vous avez déjà vu une hyène en vrai, vous comprendrez que je ne suis finalement pas sorti en pleine nuit durant les quelques jours dans la réserve. Je me suis contenté d’observations le soir, et un peu tôt le matin. Pour de belles balades dans le Scorpion, le Sagittaire, Orion.

 

Le Sagittaire sous un ciel très noir comme ici, on peut y passer beaucoup de temps à l’œil nu, et un temps infini aux jumelles. M42, avec seulement des 15X50, révèle une nuance verte.

 

Premier quartier

 

Un peu plus avancé dans le voyage, le 19, la Lune commence à afficher son premier quartier, nous bénéficions du confort inoui d’un lodge (après plusieurs nuits en bivouac), en bordure du cratère de N’Gorongoro (c’est en fait une caldeira de 860 km², peuplée d’animaux), dans la N’Gorongoro Conservation Area (8300 km²).

 

Cela dit, des panneaux situés à peine à une dizaine de mètres des bungalows marquent les limites à ne pas franchir du fait de la présence possible d‘animaux. Il y a un lac pas loin, avec des hippopotames (l’animal responsable du plus grand nombre d’accidents mortels en Afrique). Ces pachydermes sortent de l’eau la nuit pour se nourrir, et détestent trouver un quelconque être vivant entre eux et leur refuge aquatique…

 

Le lodge est quelque peu éclairé le soir, mais cela n‘affecte pas la noirceur du ciel, du moment que l’on peut se garer les yeux dans un coin non directement éclairé des quelques ampoules qui traînent. Même la Lune n’affecte pas la Voie Lactée; si ce n’est dans son immédiat alentour.

 

Je décide donc de monte la TV60 le soir, derrière le bungalow, et j‘observe du côté du Scorpion. Je retrouve le caïman à l’œil d’or - Collinder 316 + NGC6231 + Zeta 1 et 2 - à la première courbe de la queue du Scorpion. Puis, au Sud de la constellation ténue de la Règle (Norma), un très joli amas ouvert, NGC6067 serti dans un petit triangle d’étoiles. Il y en a un autre au Sud, NGC6087, indiqué par une ligne de 3 étoiles très légèrement incurvée, elle-même précédée d‘un Collinder 392. Et un autre tout proche du premier (1 degré Sud est), Collinder 299. Le tout sur un luxueux fond de velours Voielactien.

 

Avant que la rotation terrestre ne les emporte, je pointe Omega du Centaure (respect pour ce noble et imposant amas globulaire !) et la galaxie 5128 dont on devine la forme tourmentée et énergétique même aux jumelles.

 

Retour du côté du Scorpion, en prolongeant Lambda, Kappa et Iota 1 on tombe sur un beau globulaire, NGC6541. Il est évident aux jumelles (c’est un des plus proches, 23 000 AL, magnitude 6.3), et a un voisin un peu plus difficile (NGC6946, magnitude 8.5). Petite frayeur passagère : Un animal soudain détale depuis je ne sais où dans la nuit, et me frôle. C’est un Dik Dik, sorte d’antilope miniature assez courante par ici.

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En Tanzanie, quelle chance!...comment est Omega du Centaure??? quel éclat a-t-il??.. et les parfums...quelles senteurs embaumaient l'air ? les nuits sont-elles douces?..ahhhh..le ciel aux jumelles là-bas...ce doit être magique..déjà, moi je n'arrivais plus à décrocher avec celles de Den au Col du Béal alors, là, il ne faut pas demander...:D....

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Ouf, en voyant le titre, je me suis dit que le Jeff a vendu son skyvision pour un petit tube sur équatoriale et des choses comme ça...

 

Ah ben non, voyage en faune sauvage.

Récit d'un bourlingueur, un moment d'évasion, toujours agréable de partir ainsi emporté par la plume de Jeff!

 

(j'y retournerai avec le PSA...)

 

Patte.

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Ouf, en voyant le titre, je me suis dit que le Jeff a vendu son skyvision pour un petit tube sur équatoriale et des choses comme ça...

Patte.

Et alorssse? Eût ce été un sacrilège? Non, mais....

 

Ceici tiré au clair, je connais Mathilde la Chouette, une antilope qui me passerait entre les jambes me plairait bien... :D

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Un nuage à 4 heures du matin.

 

Brève nuit sous à l’Equateur, réveillé vers 4 heures, je vais jeter un oeil au ciel depuis la fenêtre de la salle d’eau (quel confort ce lodge !) et j’aperçois un nuage un peu au-dessus de l’horizon, un nuage…Pas n’importe quel nuage, c’est le LMC, le petit nuage de Magellan :):) . Je m’habille rapidement et je sors, à la main mes jumelles et la Maglite au cas où (ça y est, les ampoules du lodge ont toutes été éteintes).

 

Je n’ai pas envie de perdre du temps à remonter la TV60, je vais m’offrir une belle virée aux jumelles, sans doute la dernière, le lendemain des gros nuages sont prévus (la météo en Afrique est relativement calculable, pas comme chez nous), et ensuite, ce sera le retour, via la frontière Kenyane et Nairobi.

 

La Lune est partie, Orion triomphe haut dans le ciel, à partir de Rigel, le majestueux Eridan - ce fleuve qui nourrit mes rêves de ciels austraux depuis mes égarements namibiens - se déploie, entoure le Fourneau et vient se terminer sur Archernar, à toucher le Phoenix. Je sais la présence de deux belles galaxies du côté du Sculpteur, plus ou moins au Nord Ouest d’Archernar (« l’embouchure du fleuve ») et j’y vais aux jumelles, calmement. J’en trouve une, elle est seule, sur la tranche, brillante, ça doit donc être NGC55. Du coup, tous mes repères se reconstituent, Alpha du Sculpteur et Beta de la Baleine (Deneb Kaitos), entre les deux il y a NGC253, immanquable car flanquée du globulaire NGC288. Ces deux là semblent d’une brillance comparable, mais la galaxie sera la première à céder à l’arrivée de l’aube.

 

Je retrouve aussi Blanco 1, un grand amas ouvert près de Delta du Sculpteur, objet idéal pour des jumelles.

 

Je sais que le Fourneau est aussi un nid de galaxies, mais plus très sûr de l’endroit exact et pas sûr non plus qu’elles soit accessibles aux 15X50 (j’en avais vues 2 ou 3 au Chili avec la TV60, mais avec la carte sous les yeux, là je suis en liberté, aux jumelles, au feeling). Je me contente de me promener par là en les imaginant.

 

Inutile de préciser que je m’offre de grands moments dans les deux nuages de Magellan, avec les globulaires dans le grand, et la Tarentule (nettement moins effrayante que dans un 500), et le petit avec le rival d’Oméga, 47 Toucan.

 

Vers 6 heures (Quoi ! Deux heures que je suis là…), le ciel doucement commence de s’éclaircir, puis plus rapidement, la montée du jour sous ces latitudes n’a rien à voir avec ce que nous connaissons dans nos douces contrées tempérées.

 

Je m’accroche à mes galaxies du Sculpteur, à M42... Sirius sera la dernière à rendre les armes.

 

Une journée commence, avec au programme l’exploration de la caldeira du N’Gorongoro et la découverte des animaux qui l‘habitent (prédateurs, herbivores et rapaces). Il faut que je pense à mettre des piles neuves dans les Canon…:cool:

 

Cela aura été la dernière nuit étoilée d’une maigre campagne astronomique, mais quel plaisir de retrouver ces quelques figures attachantes du ciel (un peu) austral.

 

Et la vision d’une Voie Lactée intacte qui éclaire l’âme.

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comment est Omega du Centaure??? quel éclat a-t-il??..

 

Cet amas, on le voit à l'oeil nu, ce qui ne serait pas exceptionnel en soi puisqu'au moins M13 (et peut-être d'autres sous un bon ciel : M5 par exemple) est aussi accessible sans instrument. Mais Omega est visible comme un amas (une petite tache nébuleuse).

 

Il a pourtant été catalogué comme étoile (par Bauer ?) avec la terminologie des lettres grecques, alors que (j'ai vérifié dans un bouquin de O Meara sur les objets de Cadwell), Ptolemée, le premier astronome à en faire état, mentionne son aspect "nébuleux".

 

Aux jumelles, il est déjà imposant (mais pas résolu). Bien sphérique, brillant.

 

Au télescope...:rolleyes:

 

Ici : http://www.webastro.net/forum/showthread.php?t=14272 il avait du être croqué par le camarade Xavier.

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