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Le problème de la technique (Heidegger sans peine...)


Jeff Hawke

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l’arraisonnement conduit à montrer que la technique utilise la science moderne qui a rendu la nature calculable, mathématisable, pour ce dévoilement qui est une mise en demeure.

La phrase ne me parait pas spécialement incompréhensible. C'est Galilée qui découvre que pour connaitre la nature en profondeur il faut utiliser les mathématiques:

la vraie nature est écrite en langue mathématique, et ses caractères sont les triangles, les cercles et autres figures géométriques, sans lesquelles il est humainement impossible d'en comprendre un seul mot, sans lesquelles on erre vraiment dans un labyrinthe obscur.

Galilo Galilei , L'Essayeur, 1623

Cette déclaration fut l'acte fondateur de la science moderne, dans son efficacité devenue si spectaculaire au 20e siécle. Il faut reconnaître que cette redoutable force de la science à tirer de la nature ce qu'elle "cache" par l'intermédiaire de la technique s'apparente en quelque sorte à l'individu qui torture l'animal ou l'homme pour le forcer à donner ou révéler ce qu'il possède.

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Les pipelettes du sujet

Les pipelettes du sujet

Oula ! Je ne crois pas du tout, mais alors pas du tout, que l'homme de Cro Magnon portait un tel regard "économique" sur la nature... J'ai peine à croire que tu le penses, d'ailleurs... Ou alors, c'est que l'intoxication culturelle par l'économie et l'utilitarisme est profonde...
Tu crois que Cro Magnon était un poète sur deux pattes ? Peut-être ... mais encore une fois dès la rédaction de la Genèse ce n'était plus le cas. La vision de la nature est complètement utilitariste : l'homme est là pour "soumettre la terre", dominer les poissons, les oiseaux et tous les animaux. La "mise en demeure" est déjà là !

 

Un jour que je m'esbaudissais devant la beauté d'une forêt, un prof de fac qui passait par là m'a fait remarquer que cette beauté n'avait rien de "naturel", que je ne trouverais pas belle une forêt primaire jonchée de troncs abattus et pourrissants et que, de toute façon, il y avait belle lurette que la forêt primaire en France avait disparu.

 

Tu veux un autre exemple ? Les Inuits ont une société hypertechnique. Je ne crois pas qu'ils aient une vision poétique du phoque mais plutôt bassement utilitariste ...

 

C'est vrai que la technique moderne a plus de moyens, est plus puissante, mais, qualitativement, je ne la vois pas différente de celle du passé.

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Tu crois que Cro Magnon était un poète sur deux pattes ? Peut-être ...
Oui, sans doute...(au sens de Poiésis des grecs :cool:).

 

mais encore une fois dès la rédaction de la Genèse ce n'était plus le cas. La vision de la nature est complètement utilitariste : l'homme est là pour "soumettre la terre", dominer les poissons, les oiseaux et tous les animaux. La "mise en demeure" est déjà là !

Ben oui, mais la Genése, ce n'est pas Cro Magnon, ni même le Néolithique. Ce sont les temps historiques... Effectivement, le discours attribué à Dieu correspond à une description de l'essence de la technique...

 

Un jour que je m'esbaudissais devant la beauté d'une forêt, un prof de fac qui passait par là m'a fait remarquer que cette beauté n'avait rien de "naturel", que je ne trouverais pas belle une forêt primaire jonchée de troncs abattus et pourrissants et que, de toute façon, il y avait belle lurette que la forêt primaire en France avait disparu.

Oui...Euh...Je ne saisis pas bien le rapport avec le propos du fil. :cool:

 

Tu veux un autre exemple ? Les Inuits ont une société hypertechnique. Je ne crois pas qu'ils aient une vision poétique du phoque mais plutôt bassement utilitariste ...

Je ne connais pas suffisamment la culture inuit pour me prononcer. Sur quoi te bases-tu pour affirmer que leur conception du monde est utilitariste ? Si c'est par une simple projection de nos propres représentations du monde, ça n'a aucune valeur de pertinence...;)
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La phrase ne me parait pas spécialement incompréhensible

Incompréhensible, non. Maladroitement exprimée, oui.

Exagérément compliquée par rapport à l' idée qu'on soupçonne l' auteur d' avoir voulu communiquer (mais comment en être sûr étant donné l' indice de brouillard du texte ...), sans aucun doute.

Mais si je suis le seul à trouver le style du pingouin dont il est question dans ce post exécrable, faites comme si je n' étais pas là (je vous laisse traduire ce concept en utilisant des mots pompeux dérivés du sanscrit , vu que le grec est déjà pris).

 

 

Oui, sans doute...(au sens de Poiésis des grecs :cool:).

Le truc, c' est que la langue de ce fil est le français du XXIe siècle et non le grec ancien. Tu réponds donc par non à la question de ChiCyg. Un "non" aurait peut-être suffit ? ;)

 

Autant je peux comprendre qu'on puisse avoir du mal à saisir le sens des phrases de Platon (lui il était grec, et il a vécu il y a longtemps) , autant il me semble bizarre qu'on ne puisse pas traduire de l' allemand quasi-contemporain en français sans avoir besoin d' aller chercher du grec ancien. A moins bien sûr que l' idée soit de masquer la pauvreté du propos derrière un verbiage inutile ?

 

Pour en revenir au sujet, je m' étonne que la pensée magique n' aie pas une petite place dans l' analyse de "l' essence de la technique". Souvenons-nous du proverbe Navajo "Quand homme blanc couper beaucoup bois, hiver être rude".

 

Je suis assez d' accord avec ChiCyg, jusqu' à une période récente la vision était utilitariste, les Dieux étaient là pour exaucer nos prières, la terre pour être cultivée, le gibier pour être chassé. Penser la nature comme autre chose qu' une ressource, et croire au mythe du "bon sauvage" en harmonie avec la nature, c' est un luxe d' occidental au ventre plein.

 

Ps: Z'avez lu ce texte (formulé dans une langue compréhensible,lui) sur le LHC, signalé par un certain vaufrègesI3 en d' autres lieux ?

http://iramis.cea.fr/Phocea/file.php?class=ast&file=file_748_1_.pdf

Modifié par ArthurDent
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Mais si je suis le seul à trouver le style du pingouin dont il est question dans ce post exécrable, faites comme si je n' étais pas là (je vous laisse traduire ce concept en utilisant des mots pompeux dérivés du sanscrit , vu que le grec est déjà pris).

Dans ce post, et pour préciser les choses et être clair, il s'agit de mon style, lorsque c'est Heidegger qui s'exprime j'utilise les guillemets. :cool:

 

J'ai fait mon possible pour dire le plus simplement possible ce que j'ai compris de ma lecture attentive. Je ne crois pas que ce soit exagérément compliqué.

 

Le truc, c' est que la langue de ce fil est le français du XXIe siècle et non le grec ancien. Tu réponds donc par non à la question de ChiCyg. Un "non" aurait peut-être suffit ? ;)

Non, car j'aurais répondu oui, sauf qu'il n'y a pas grand sens à utiliser un concept d'aujourd'hui (poète) pour qualifier un humain du Paléolithique. Le terme grec de poiésis, plus vaste car désignant une pratique, une façon de faire, me semblait plus adéquat. Les humains du Paléolithique devaient sans doute plus tailler leur silex en poétes qu'en industriels... :cool:

 

Autant je peux comprendre qu'on puisse avoir du mal à saisir le sens des phrases de Platon (lui il était grec, et il a vécu il y a longtemps) , autant il me semble bizarre qu'on ne puisse pas traduire de l' allemand quasi-contemporain en français sans avoir besoin d' aller chercher du grec ancien.
C'est Heidegger qui utilise le grec ancien, dans son exploration des concepts. Le traducteur des Essais et conférences, André Préau, est reconnu comme un des meilleurres traducteurs d'Heidegger, pour ce que j'ai pu en lire ici ou là.

 

A moins bien sûr que l' idée soit de masquer la pauvreté du propos derrière un verbiage inutile ?

A mon avis, ce n'était pas le but du traducteur, Heidegger n'étant pas réputé pour une supposée pauvreté de ses propos.

 

Pour en revenir au sujet, je m' étonne que la pensée magique n' aie pas une petite place dans l' analyse de "l' essence de la technique".
Ton étonnement peut vouloir dire que tu n'as pas bien compris cette analyse.

 

Penser la nature comme autre chose qu'une ressource, et croire au mythe du "bon sauvage" en harmonie avec la nature, c' est un luxe d' occidental au ventre plein.

Je suis en total désaccord avec ce point de vue, indépendamment du fait que je ne vois pas ce que l'expression "bon sauvage" vient faire ici (si ce n'est pour discréditer les propos dont je fais état dans ce fil).
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Les humains du Paléolithique devaient sans doute plus tailler leur silex en poétes qu'en industriels... :cool:

C'est sûr. De même qu'ils se déplaçaient sans doute plus à cheval qu' en avion ... :rolleyes:

De toute façon ils ne sont plus là pour contredire nos fantasmes à leur égard, ce qui est pratique ...

 

Ton étonnement peut vouloir dire que tu n'as pas bien compris cette analyse.

Fin de non recevoir ... Soit.

 

Je suis en total désaccord avec ce point de vue

Voilà au moins un point clairement exprimé. L' expression "bon sauvage" fait écho aux nombreux poètes du néolithiques, que je voyais arriver malgré la pirouette sémantique s' appuyant sur le grec ancien pour modifier totalement le sens du mot, une civilisation tellement ancienne qu'on peut lui plaquer tous nos délires new age sans être démentis par les faits.

Modifié par ArthurDent
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Je suis assez d' accord avec ChiCyg, jusqu' à une période récente la vision était utilitariste, les Dieux étaient là pour exaucer nos prières, la terre pour être cultivée, le gibier pour être chassé. Penser la nature comme autre chose qu' une ressource, et croire au mythe du "bon sauvage" en harmonie avec la nature, c' est un luxe d' occidental au ventre plein.

Je suis étonné d'une telle réflexion, qui, je caricature peut-être et corrige moi dans ce cas, revient à dire que les peuples anciens ou modernes et qualifiés rapidement de "primitifs" n'avaient qu'une vision utilitariste des choses. Or, tout ceci va à l'encontre de ce que l'on sait tant sur les peuples anciens (égyptiens, mésopotamiens, etc) que sur les prétendus peuples "primitifs" d'aujourd'hui (Inuit, etc). Ils suffit de lire ce que dit et répète Claude Lévi-Strauss au sujet de ces derniers. Quant au peuples anciens il n'est pas du tout certain que ceux qui étaient capables de dessiner dans les grottes il y a 30000 ans avaient des activités qui se réduisaient à subvenir aux besoins nécessaires de l'individu, entre autre à la chasse et à la cueillette.

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Mais ces dessins n'étaient-ils justement pas la magnification de ces préoccupations utilitaires traitant la nature comme une ressource ? (La religion qui émerge dans les civilisations ultérieures n'est-elle pas aussi à l'origine fondamentalement utilitaire : tenter de satisfaire des besoins par la magie...)

Peut-être, mais tout ceci reste bien théorique; quel regard sur sa propre société avait l'homme ancien ? Même dans les civilisations à écriture il est bien difficile de se faire une opinion, surtout quand la majorité des textes retrouvés sont essentiellement pratiques... et utilitaires:rolleyes:.

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C'est sûr. De même qu'ils se déplaçaient sans doute plus à cheval qu' en avion ... :rolleyes:
Tu restes à nouveau uniquement sur l'aspect intrumental. Comme disent les anglais, "you miss the point". ;)

 

De toute façon ils ne sont plus là pour contredire nos fantasmes à leur égard, ce qui est pratique ...

C'est ChiCyg qui a amené le sujet Cro Magon, avec les silex à exploiter (un fantasme utilitariste, à mon avis). J'ai seulement tenté de répondre en explicitant cette différence entre activité poétique, et "mise en demeure" de la nature.

 

Fin de non recevoir ... Soit.

Ben oui, la pensée magique est hors du sujet du fil, il était plutôt question de la pensée des grecs. Elel n'avait donc pas de raison d'apparaitre dans l'essence de la technique, ton étonnement n'avait donc pas lieu d'être, sauf une incompréhension quelque part, un égarement provisoire sur le sentier...;)

 

L' expression "bon sauvage" fait écho aux nombreux poètes du néolithiques, que je voyais arriver malgré la pirouette sémantique s' appuyant sur le grec ancien pour modifier totalement le sens du mot, une civilisation tellement ancienne qu'on peut lui plaquer tous nos délires new age sans être démentis par les faits.

Donc c'est bien ce que je disais. L'expression est hors de contexte (ce que tu décris n'a rien à voir avec mes propos), et seulement là pour discréditer. :refl:

 

Il existerait une technique sans appareil ?

C'est le sujet central du post, remonter de la technique (une activité humaine (*) et un moyen) à l'essence de la technique, qui n'est pas technique...mais une façon de révéler le monde, de faire apparaitre la réalité.
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Peut-être, mais tout ceci reste bien théorique; quel regard sur sa propre société avait l'homme ancien ?
Dans le texte d'Heidegger, dont ce fil fait l'objet, ce dernier s'appuie sur les grecs - société et culture dont on a une assez bonne connaissance, il me semble - et qui réfléchissaient pas mal sur ce qu'ils étaient.
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Ce regard témoigne au moins de l'importance qu'il accordait aux activités représentées. Ce que nous ne savons pas, c'est dans quelle mesure s'exprimait une finalité artistique, voire spirituelle ...à supposer que la distinction s'impose (ce qui n'est pas évident pour moi ; ...D'ailleurs, l'art n'est-il pas lui aussi une technique ? -à la fois par l'instrument et le savoir-faire - Ne parle-t-on pas de la "technique" de l'artiste ?).

 

C'est précisément le propos d'Hiedegger, lorsqu'il remonte à la définition de grecque de tekné, qui recouvre les deux aspects. ;)

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Je pense qu'on se fourvoie. Il me semble comprendre que Heidegger critique la science et la technique moderne parce qu'elle a abandonné les conceptions d'Aristote. On retrouve cela par exemple chez Conche http://fr.wikipedia.org/wiki/Marcel_Conche :

Dans son naturalisme, Conche soutient la physis grecque, la nature au sens le plus englobant du terme : « L'absolu pour moi, c'est la nature. La notion de matière me paraît insuffisante. Elle a d'ailleurs été élaborée par les idéalistes et c'est hors de l'idéalisme que je trouve ma voie. Il est très difficile de penser la créativité de la matière.[...] La nature est à comprendre non comme enchaînement ou concaténation de causes, mais comme improvisation; elle est poète[1]. »
De même, me semble-t-il, ce que rejette Heidegger, c'est penser la nature comme un enchainement de causes.

 

Dans la conception d'Aristote la science doit retrouver les principes qui sont dans les choses. Par exemple le principe de mouvement ou de repos.

 

Ce que critique Heidegger, si je comprends bien, c'est que la technique produit des objets dont le principe leur est extérieur. Le principe est dans le technicien qui fabrique l'objet et non plus dans la nature. Et ça, c'est très mal ;) .

 

Si on ne se place pas dans cette optique (ce qui est assez difficile pour moi), on ne comprend rien, à mon avis ...

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Ce que critique Heidegger, si je comprends bien, c'est que la technique produit des objets dont le principe leur est extérieur. Le principe est dans le technicien qui fabrique l'objet et non plus dans la nature. Et ça, c'est très mal

 

Je n’ai pas vu ça dans le texte de la conférence de 1953 (je n’ai rien lu d’autre, pour le moment, d’Heidegger). Il n’y a même pas, à proprement parler, de «critique » de la technique. Mais un danger représenté par l’arraisonnement (l’essence de la technique, et non la technique saisie comme seul instrumentum) comme seul mode dévoilement de la réalité, et qui peut conduire à inclure l’humain comme fonds…(mais c’est dans la suite de la conf, que je n’ai pas encore présentée/résumée ici…;))

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Je ne vois pas où se trouverait la base d'une telle contradiction.

Pas de contradiction. :cool:

 

Comme je le disais plus haut, la volonté de distinguer la science de la technique est déjà la source de difficultés inutiles qui auraient fait ricaner plus d'un Leonard de Vinci, Galilée et autres : technique et science modernes sont indissociables ; aucune n'est fille de l'autre ; aucune des deux ne peut exister sans l'autre.

 

Nous sommes d’accord, les deux sont en relation intriquée, cela n’empêche nullement de considérer que des évolutions de l’une nourrissent l’autre, et lycée de Versailles.

 

Le point (un peu mystérieux) que souligne Martin, c’est de considérer comment une évolution « récente » de la science a pu nourrir l’actualisation moderne de l’essence de la technique.

 

Mais, pour comprendre la portée de la locution "essence de la technique", peut-être aurait-il été utile de situer de manière plus explicite l'antériorité dont question.

 

Heidegger ne date pas l’apparition de l’essence de la technique, mais ChiCyg a fourni une piste en citant la Bible. Le(s) rédacteur(s) anonyme(s) de la Genèse en a(ont) donné les principaux éléments (ce serait donc un peu avant les Grecs…mais bien après la fin du Néolithique). :cool:

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Voilà encore un exemple de contradiction artificielle et d'affirmation péremptoire.
Qui et/ou quoi est contradictoire artificiel et péremptoire ? :?:

 

One more time, je pense qu'on se méprend sur la pensée dudit Martin. Il rejette autant la technique moderne que la science moderne. A la limite tout le mal vient de la science moderne (la vraie science c'est Aristote et ses 4 causes), pour lui :

La science réalise une mise en forme du réel, elle « l'arrête et l'interpelle pour qu'il se présente chaque fois comme l'ensemble de ce qui cause et de ce qui est causé, c'est-à-dire dans les conséquences supervisables de causes données. ».
Cette citation vient de là : http://www.lettres-et-arts.net/arts/114-ii_l_art_et_la_technique

 

Donc, il rejette la science (moderne) dans ce qu'elle réduit la nature à une chaîne de causes et de conséquences. Ce faisant la science et la technique empêchent la révélation de la vérité qui est dans l'être des choses. Et ça c'est très mal.

Modifié par ChiCyg
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Il trace aussi des frontières bizarres entre les "anciens" et les "modernes" ...

 

And yet, the revealing that holds sway throughout modem technology does not unfold into a bringing-forth in the sense of poiesis. The revealing that rules in modern technology is a challenging [Herausfordern], which puts to nature the unreasonable demand that it supply energy which can be extracted and stored as such. But does this not hold true for the old windmill as well? No. Its sails do indeed turn in the wind; they are left entirely to the wind's blowing. But the windmill does not unlock energy from the air currents in order to store it.

 

:b: ... Décidément plus je lis sa prose moins je la trouve pertinente. A moins que le traducteur aie pris des libertés malhonnêtes avec le texte original, m' enfin là c' est un exemple assez clair, ça me semble difficile.

Modifié par ArthurDent
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Il rejette autant la technique moderne que la science moderne. A la limite tout le mal vient de la science moderne
Ce n'est pas ce que je lis dans la conférence dont ce post est le sujet. Il ne rejette rien, il explore, et identifie un danger...mais aussi une issue...

 

Et ça c'est très mal.
C'est toi qui émets ce jugement ? Parce que je n'ai rien vu de tel dans le texte de Martin. :cool:

 

 

m' enfin là c' est un exemple assez clair, ça me semble difficile.

 

Ben oui, l'exemple est clair, pour illustrer ce qu'il entend par "mise en demeure" (ou bien, la nature "considérée comme un fonds"), le "vieux moulin à vent" ne fait rien de tel, comparé à la centrale hydroélectrique du Rhin (ou à nos modernes batteries d'éoliennes).

 

Tu vas me dire qu'il n'y pas de différence fondamentale, seulement de puissance et d'efficacité. En quoi je te répondrai que là encore, il ne faut pas analyser au strict plan instrumental, mais aller à l'essence de la chose, là où l'homme est partie prenante. Et le meunier ne met pas la nature en coupe réglée comme EDF, il use à son échelle, "en passant", d'une énergie non stockable, c'est à dire qui ne peut pas non plus être commise comme un fonds (pour employer les concepts d'Heidegger).

 

Et les éoliennes alors ? Ben, il suffit d'observer les immenses champs de celles-ci (je ne sais pas si il y en a beaucoup en France, mais aux USA, par exemple sur la route San Francisco - Las Vegas, c'est hallucinant) pour se faire une image concréte de cette "mise en demeure" du vent.

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Pour les lecteurs non anglophones, je mets la traduction française du passage quoté par Arthur.

 

"Le dévoilement, cependant, qui régit la technique moderne ne se déploie pas en une pro-duction au sens de la poiesis. Le dévoilement qui régit la technique moderne est une pro-vocation (Herausfordern) par laquelle la nature est mise en demeure de livrer une énergie qui puisse comme telle être extraite (herausgefordert) et accumulée. Mais ne peut-on en dire autant du vieux moulin à vent ? Non : ses ailes tournent bien au vent et sont livrées directement à son souffle. Mais si le moulin à vent met à notre disposition l'énergie de l'air en mouvement, ce n'est pas pour l'accumuler."

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3 Le danger (pp 32-42)

 

Heidegger poursuit son questionnement sur l’arraisonnement. Qu’est-il réellement ? Il n’est pas technique (pas plus que l’essence des arbres, leur « arboréité » n’est un arbre). Il est la façon dont le réel se dévoile comme un fonds. Ce n’est pas en dehors de l’humain, mais ce n’est pas non plus « seulement » humain.

 

Destin et liberté

 

L’essence de la technique moderne nous met sur le chemin du dévoilement du monde comme un fonds. Mettre sur un chemin se dit « envoyer » (schicken) en allemand. Heidegger appelle cette mise sur le chemin du dévoilement un « envoi du destin » (Geschick). C’est comme ça que l’histoire devient l’Histoire, quand l’essence de l’histoire (Geschichte) est déterminée par un envoi du destin.

 

L’enjeu de la liberté humaine est là, dans son rapport à l’envoi du destin. Car l’essence de la liberté n’est pas liée à la volonté, ni même à la causalité de la volonté humaine. La liberté a à voir avec le révélé, la vérité. :cool:

 

Donc, ce qu’il faut comprendre, c’est que l’essence de la technique est l’arraisonnement. Et que l’arraisonnement est un envoi du destin pour le dévoilement. Ce qui veut dire qu’il ne faut pas considérer que la technique est une fatalité inévitable de notre temps. Et plus précisément, la question n’est pas de se soumettre à la technique ou de la refuser, mais de s’ouvrir à son essence, pour trouver l’espace de liberté dans notre rapport avec elle. :refl:

 

Menace

 

Mais le danger est là, extrême, si l’homme reste enfermé dans un mode de dévoilement qui commet la nature (et donc lui-même, finalement) comme un fonds. Il finit par ne plus rencontrer que lui-même (comme l’évoque Heisenberg dans sa conférence, lorsqu’il parle de l’extension, de" type biologique", des dispositifs techniques), et pire, il ne se rencontre même plus, c'est-à-dire qu’il ne rencontre plus son essence...

 

Mais là où il y a danger, là aussi

Croît ce qui sauve

(Hölderlin)

 

(But where danger is, grows / The saving power also).

 

Heidegger va chercher ce qui, dans l’arraisonnement peut nous sauver.

 

Sur la piste d’une issue possible, si Hölderlin a raison, il rappelle la situation et résume le problème : L’homme est empêtré dans l’arraisonnement de la réalité, et l’arraisonnement, comme mode de dévoilement, bloque un autre mode du dévoilement qui est la Poiésis.

 

Il cherche du côté de l’essence, qui est quelque chose qui perdure. Une référence à Goethe lui permet de passer de la notion de perdurer (fortwahren) à accorder (fortgewahren), et de risquer une hypothèse de cheminement : Ce qui dure, c’est ce qui accorde (to grant).

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Je ne pense pas que l'arraisonnement soit la finalité de l'être humain! (voir la

fin de mon message.)

 

Bien sur, tout le monde aura compris que la technique est un truc qui facilite

la vie! On serait bien bête de s'en priver! On va quand même pas se compliquer

vie pour se dire qu'un jour la technique va nous bouffer ( on est jamais trop

prudent, je garde un oeil sur elle... on ne sait jamais!;) ) Bien sur, elle créait

du chômage! Avec le mouvement, heu le temps, je pense qu'un équilibre..

comme toujours ( c'est ce que l'on constate jusqu'a maintenant) viendra

nous rendre encore plus heureux! (peut-être, je l'espère! puis tiens, non

après tout, je ne serais plus de ce monde :D )

 

C'est la fin de mon message.. vous allez enfin savoir le début!! L'arraisonnement

ne serait-il pas le début de la philosophie?

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l'arraisonnement ne serait-il pas le fait que nous soyons des êtres pensant?

Donc seul la technique serait la différenciation envers l'homme et l'animal?

 

Bon ben je vais aller jouer aux billes, ah ben non! y'a de la technique encore

là!! En fin de compte, on pense vachement technique quand même!! Allez, je

vais faire un truc qui n'a pas de technique du tout! me reproduire!! Voilà, c'est

ça! Quand je me reproduit je n'ai pas de technique!! C'est d'ailleurs tout le

charme que j'ai. Les filles adorent! Si si!

 

Pas évident en fin de compte...

 

 

 

Ps: Pour les filles? Si si!!:D:D:D

Modifié par R V
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Je ne pense pas que l'arraisonnement soit la finalité de l'être humain!
Non, effectivement, il n'a pas été affirmé cela dans le fil.

 

Bien sur, tout le monde aura compris que la technique est un truc qui facilite la vie! On serait bien bête de s'en priver!
C'est clair, sauf que l'on peut se questionner sur cette "vie", en observant les paysages dévastés par l'industrie, les zones industrielles cancérisant le pourtour des villes minées par l'urbanisme utilitariste et le peste automobile, les centrales nucléaires distillant, à l'abri de leur épaisses enceintes, le suc de la la lente et silencieuse mort radioactive.

 

l'arraisonnement ne serait-il pas le fait que nous soyons des êtres pensant?

Donc seul la technique serait la différenciation envers l'homme et l'animal?

Tu as lu le fil ?

 

Bon ben je vais aller jouer aux billes, ah ben non! y'a de la technique encore là!! En fin de compte, on pense vachement technique quand même!!
Le sujet, c'est le rapport de l'étant (le Dasein) à l'essence de la technique. :cool:

 

Quand je me reproduit je n'ai pas de technique!! C'est d'ailleurs tout le charme que j'ai. Les filles adorent! Si si!

Dans le sens des grecs anciens, la tekné, il y a l'art, le savoir-faire... ;)
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J'avoue, j'avoue Jeff que je n'ai que parcouru le fil! :confused:;)

 

Bah, cette nuit je n'arrivais pas à dormir, alors j'me suis dis... Tiens, si tu

allais semé la zizanie dans le post de Jeff ça te passeras le temps! Tu m'en

veux pas hein? ;):D:D

 

Allez, comme punition, je vais le lire dix fois de suite!! :rolleyes:

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Voilà ce que je comprends : Heidegger reproche à la science moderne son exactitude qui lui permet d'imposer une vérité à la nature. Cette vérité scientifique n'est pas la vérité naturelle de la nature. D'où le terme d'arraisonnement.

 

J'ai faux ? Si j'ai faux, alors quel sens donner aux termes "d'arraisonnement" et de "dévoilement" ?

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Voilà ce que je comprends : Heidegger reproche à la science moderne son exactitude qui lui permet d'imposer une vérité à la nature.
Heidegger ne reproche rien à la science moderne. Il l'analyse comme ce qui permet à l'essence de la technique de s'affirmer comme mise en demeure de la nature. Et cette mise en demeure est un mode de dévoilement de la réalité, donc un accès à une vérité dans laquelle la nature, et l'homme, sont des choses quantifiables et exploitables (comme le ciel des astro-imageurs ;)).

 

Ce qu'il dit par contre, c'est qu'il y a danger que ce mode de dévoilement masque un autre mode (la poéisis) qui, lui, est un accès à une autre vérité, qui serait l'essence de l'homme (et de la nature).

 

Cette vérité scientifique n'est pas la vérité naturelle de la nature. D'où le terme d'arraisonnement.

Pas exactement. L'arraisonnement est le fait d'interpeller la nature comme un fonds.
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4 Le poétique à l’œuvre (pp 42-48)

 

 

L’arraisonnement, comme envoi du destin du dévoilement qui est une mise en demeure, peut-il accorder (to grant) ?

 

La réponse est oui, d’une certaine façon, parce qu’il engage l’homme dans le dévoilement, la non-occultation de la vérité, et il peut donc lui faire rencontrer son essence. Si l’homme sait percevoir l’essence de la technique, bien sûr.

 

L’ambiguïté du Gestell.

 

Le Gestell, l’arraisonnement, est d’un côté ce qui met en demeure, et menace la relation à l’essence de la vérité. Et d’un autre côté, il est dans ce qui accorde… Nous nous tenons face à la constellation dans laquelle se trouvent le dévoilement et l’occultation, comme deux étoiles reliées, le danger (Gefahr) et ce qui sauve.

 

« La poésie dit aussi le vrai » (*)

 

Au temps des grecs, de la tekné, de l’art, le dévoilement était poétique,….

 

Et Hölderlin, déjà mentionné plus haut pour son vers sur « ce qui sauve », a aussi écrit que « l’homme habite en poète sur cette Terre ».

 

Le poétique dévoile l’essence dans la Beauté.

 

C’est parce que l’essence de la technique n’a rien de technique que la confrontation, peut-être libératrice, aura lieu dans un domaine lié à l’essence de la technique, mais fondamentalement différent de celle-ci. Ce domaine, ce royaume, c’est l’art, si nous ne perdons pas de vue la constellation de la vérité. Et, à la condition que nos préoccupations techniques ne nous masquent pas plus longtemps l’essence de la technique, et que notre souci de l’esthétique ne nous masque pas davantage l’essence de l’art…

 

Plus nous approchons du danger, plus ce qui sauve devient visible, et plus nous questionnons…

 

A quoi sert la poésie ? A éviter, peut-être, que l‘arraisonnement, l’essence de la technique, nous masque l’éclat du vrai.

 

 

(*) Marie Darrieussecq, entendue sur France Musique, alors qu'elle parlait de son livre, « précisions sur les vagues »

 

 

 

*********************************************************************

 

Epilogue

 

Ainsi se termine, sur une ouverture et un questionnement, ce texte de Martin Heidegger, qui, selon ses propres termes « travaille à un chemin ».

 

Très dense, et qui m’a demandé plusieurs lectures, lectures que je pourrais presque qualifier d’holographiques, chaque regard posé sur les phrases offrant chaque fois un nouvel éclairage, une nouvelle perspective de l’argumentaire/itinéraire qui est proposé.

 

J’ai cherché et lu, sur la toile, des commentaires, notes, critiques,… ainsi que des résumés de la conférence. Aucun de ces derniers de m’a satisfait, je crois qu’on ne peut que très difficilement résumer ce type d‘écriture.

 

J’ai donc renoncé, pour ce fil, à essayer de produire mon propre résumé, et je me suis plutôt attaché à donner un éclairage allégé, mais fidèle j’espère, au cheminement et aux concepts successifs sur lequel le cheminement s’appuie…

 

Pour finir, je vous propose un extrait de la présentation d’une analyse (d’un prof de philo de l’Université d’Hawaii), trouvée sur ce site http://www2.hawaii.edu/~zuern/demo/heidegger/, donnant une indication sur la façon dont on peut lire Heidegger.

 

To a certain extent, we need to change our expectations of the essay in order to "get" more of what Heidegger is saying (and don't think that you have to "get" every sentence--not many people do). Try reading the particularly dense passages in the essay in the way that you would read a poem or listen to the lyrics of a song--does a particular pattern emerge from the words? Do the words suggest a particular image or set of images to you? If you can keep track of how the basic themes of the essay build upon each other, it's possible to follow Heidegger through the maze of his sentences without completely losing your sense of what's going on.

 

(Ma) traduction (à la grosse louche) ::cool:

 

Jusqu’à un certain point, nous devons modifier nos attentes de l’essai si nous voulons « recevoir » plus de ce qu’Heidegger raconte (et ne pensez pas que vous devez absolument comprendre chaque phrase -- peu de gens le font). Essayez de lire les passages particulièrement denses de l’essai à la façon dont vous liriez un poème, ou écouteriez les paroles d’une chanson -- est-ce qu’une structure particulière émerge des mots? Les mots vous évoquent-ils une image particulière, ou un ensemble d’images ? Si vous pouvez conserver le fil sur la façon dont les thèmes de bases de l’essai s’appuient les uns sur les autres, il est possible de suivre Heidegger dans le labyrinthe de ses phrases sans complètement perdre la compréhension de ce qui se déroule. :)

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