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L'éclipse solaire "perlée" du 17 avril 1912.


roger15

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L'éclipse solaire "perlée" du 17 avril 1912.

 

 

Bonjour à toutes et bonjour à tous,

:)

 

 

En ce mercredi 17 avril 1912 les astronomes amateurs et professionnels français attendaient avec impatience la rencontre de la Lune avec le disque du Soleil. En effet, ce jour-là devait se produire en France un événement astronomique assez rare : une éclipse solaire "centrale" mais qui n'était ni totale, ni annulaire, mais "hybride" : une éclipse "annulaire-totale" ou "perlée".

 

Voici ce dont il s'agissait : l'éclipse solaire "centrale" (donc avec les centres du Soleil et de la Lune exactement situés au même endroit pour certains lieux de la Terre) du mercredi 17 avril 1912 commençait comme une éclipse annulaire à 09h 05m 21s (Temps Universel) par un lieu situé à 61° 10' 13,8" de longitude Ouest et 05° 02' 49,8" de latitude Nord. Ce lieu était situé au Sud-Ouest du Venezuela, dans le parc national Canaima. La grandeur de l'éclipse était alors de 0,99277 (le disque du Soleil étant égal à 1,00000). La largeur de la "bande de centralité" était alors de 61,3 km.

 

La "ligne de centralité" continuait ensuite à travers la Guyane britannique puis la Guyane hollandaise (l'actuel "Suriname") où elle partait à travers l'Océan Atlantique à 10h 01m 04s (TU), la largeur de la bande de centralité n'était déjà plus que de 58,0 km ; la grandeur de l'éclipse atteignant 0,99344.

 

A 11h 18m 09,5s (TU) l'éclipse a changé de nature et a cessé d'être annulaire pour devenir totale car sa grandeur était alors très exactement de 1,00000 ; ça signifiait que le disque lunaire et le disque solaire avaient exactement la même grandeur apparente. En réalité, à cause des aspérités du relief lunaire, l'éclipse était "perlée", c'est-à-dire qu'elle laissait échapper ça et là des rayons solaires minuscules. La "bande de centralité" n'était plus que de 27 mètres, oui vous avez bien lu : vingt-sept mètres seulement !!!...

:o :o :o Cela s'est passé dans un lieu situé à 33° 37' 46,97" de longitude Ouest et 15° 46' 59,96" de latitude Nord. Ce lieu, en plein Océan Atlantique, était situé au Nord-Ouest de l'île de Madère.

 

Au large de Lisbonne cette éclipse a atteint son maximum à 11h 34m 08,5 s (TU) avec une grandeur de 1,00015 ; la largeur de la bande de centralité étant alors de 1 300 mètres et la durée de la totalité n'a pas dépassé deux secondes !...

 

La bande de centralité a traversé le Portugal puis le Nord-Ouest de l'Espagne avant de regagner l'Océan Atlantique.

 

Enfin, à 12h 01m 41,1s (TU) cette éclipse hybride a atteint les côtes françaises en un lieu situé entre Les Sables-d'Olonne et Jard-sur-Mer (Vendée) par 01° 41' 45,81" de longitude Ouest (par rapport au méridien de Greenwich, désormais méridien de référence adopté par la France l'année précédente, loi du 9 mars 1911, situé à 2° 14" d'angle à l'Ouest de l'ancien méridien de l'Observatoire de Paris) et 46° 26' 49,14" de latitude Nord, exactement sur la commune vendéenne de Talmont-Saint-Hilaire, hameau de Bourgenay. Hélas, elle n'était déjà plus totale puisque sa grandeur n'était plus que de 0,99994 quant à la largeur de la bande de centralité elle était remontée à 462 mètres.

 

Là, il y avait une équipe d'astronome français qui attentaient le commencement de cette éclipse annulaire-totale avec impatience. Parmi eux, il y avait le célèbre chanoine Théophile Moreux, grand vulgarisateur de l'astronomie en ce début du vingtième siècle. A la page 407 de son livre "Le ciel et l'univers" (paru à la librairie Octave Doin 8 place de l'Odéon, Paris 6ème, en 1928) on voit la figure 410 qui représente les "grains de Baily" d'après une photographie prise par la "Mission Moreux" à Bourg-sous-la-Roche" (Vendée). La commune de Bourg-sous-la-Roche a fusionné en 1964 avec La-Roche-sur-Yon. A la page 413 du "Ciel et l'Univers" on voit la figure 420 qui représente les membres de la "Mission Moreux" à Bourg-sous-la-Roche : trois laïcs et l'abbé Moreux qui réglaient, avec un poste de TSF portatif, les chronomètres fixant l'instant précis (à la seconde près) des différentes phases de cette éclipse annulaire-totale, grâce aux "tops" de l'émetteur de la Tour Eiffel à Paris. C'était là la principale mission fixée à l'équipe de l'abbé Moreux : déterminer si les calculs théoriques du Bureau des Longitudes s'accordaient, à la seconde près, avec la réalité observée. La TSF (Télégraphie Sans Fil ; donc uniquement des "points-traits" de l'alphabet Morse) devenait en 1912 une alliée très efficace pour régler l'heure, à la seconde près, partout en France et en Europe.

 

Pour l'anecdote, lors de la nuit du lundi 15 au mardi 16 avril 1912 la TSF a pu également sauver bien des vies quelque part dans l'Atlantique Nord, pour les 1 324 passagers et les 889 membres d'équipage du paquebot soi-disant insubmersible "Titanic" grâce aux "SOS" lancés par l'appareil de TSF de ce transatlantique qui furent fort heureusement captés par le poste de TSF du "Carpathia" qui vint à son secours et pu ainsi sauver bien des rescapés du naufrage du Titanic (voir :

http://fr.wikipedia.org/wiki/RMS_Carpathia).

 

La route suivie par la "bande de centralité" et la "ligne de centralité" quitta alors rapidement la Vendée pour des départements plus à l'Ouest de la France : le Maine-et-Loire (la ligne de centralité passa tout près de Cholet), puis la Sarthe, puis l'Eure-et-Loir (la ligne de centralité passa tout près de Chartes), puis la Seine-et-Oise. Les astronomes parisiens se rendirent presque tous à Saint-Germain-en-Laye où la ligne de centralité était la plus proche de Paris. Là, à 12h 10m 06,4s (TU) la grandeur de l'éclipse était de 0,99972 avec une bande de centralité large de 2,0 km.





Voici le tracé de cette "éclipse perlée" du 17 avril 1912 en région parisienne :

 

 

 

passage-eclipse-w.jpg

 

 

Voici cette "éclipse perlée" du 17 avril 1912 photographiée à Saint-Nom-la-Bretèche par Charles Vérax :

 

 

HSE_1912_Verax120950x.jpg

 

 

Si vous voulez suivre en détail le compte rendu des observations effectuées alors à Saint-Germain-en-Laye, je vous conseille de consulter dans une bibliothèque scientifique ou au siège de la Société Astronomique de France les trois numéros suivants de la revue mensuelle "l'Astronomie" (hélas, l'année 1912 n'est malheureusement pas encore numérisée par le SAO-NASA ; pour le moment la numérisation ne commence qu'avec l'année 1913) :

 

* l'Astronomie d'avril 1912 : "L'éclipse de Soleil du 17 avril 1912" par Ferdinand Quénisset (astronome à l'Observatoire de Camille Flammarion à Juvisy en Seine-et-Oise), pages 161 à 181. Il y a deux passages de cet article (écrit avant l'observation de l'éclipse) qui sont selon moi très intéressants : d'abord (pages 163 à 165) "Incertitude sur le tracé de la ligne centrale", puis (pages 165) "Incertitude sur la durée de la phase totale ou annulaire".

 

* l'Astronomie de mai 1912 : "L'éclipse de Soleil du 17 avril" par Camille Flammarion (le fondateur de la Société Astronomique de France en 1887), pages 234 à 248. A la page 244 Camille Flammarion indique bien l'intérêt de l'observation de cette éclipse, puis il mentionne l'ignorance astronomique générale de la population (mais, est-ce vraiment différent en avril 2012 ?) et il évoque l'avenir :

 

« L'éclipse aura servi à accroître la précision de nos mesures.

 

Astronomiquement parlant, cette éclipse n'a été ni annulaire, ni totale, on pourrait la qualifier "d'éclipse perlée", car elle s'est présentée sous l'aspect d'un lumineux collier de perles irrégulières, successives et changeantes. Cette forme limite, intermédiaire entre l'anneau complet et la totalité, constitue en quelque sorte, un troisième genre d'éclipse dont l'étude aura été inaugurée le 17 avril 1912.

 

L'ignorance astronomique générale est si grande que j'entendais dire autour de moi que cette éclipse prouve bien qu'il ne peut pas se produire d'éclipse totale de Soleil, la Lune étant trop petite !

 

Et maintenant, les Parisiens qui n'avaient pas vu passer d'éclipse totale de Soleil au-dessus de leurs têtes depuis l'année 1724, devront attendre jusqu'au 11 août 1999 pour être témoins du même spectacle : ce jour-là, en effet, à 10h 28m une éclipse large de plus de 80 kilomètres et d'une durée de plus de 2 minutes passera également au nord de Paris. Nous n'avons plus que 87 ans à attendre, et quelques enfants nés actuellement arriveront à cette date. Notre Société y arrivera certainement, encore plus belle, plus active et plus victorieuse. » Hélas, Camille Flammarion ne pouvait pas se douter en 1912 que deux guerres mondiales ensanglanteraient l'Europe et une partie du monde avant l'éclipse de 1999.

 

* l'Astronomie de juillet 1912 : "L'éclipse de Soleil du 17 avril (suite)" par divers membres de la Société Astronomique de France (pages 313 à 331).

 

Et après la région parisienne, où a cheminé la ligne de centralité ? Eh bien, elle a continué dans l'Oise, puis dans l'Aisne, et enfin dans le Nord. Ensuite, elle a atteint la Belgique (elle est passée tout près de Namur) puis l'Allemagne, la mer Baltique, les pays Baltes et enfin la Russie où elle a achevé son périple à 13h 07m 11,64s (TU) par un lieu situé en Sibérie par 89° 46' 35,8" de longitude Est et 57° 19' 11,6" de latitude Nord. La grandeur de l'éclipse n'était plus alors que de 0,99345 et la largeur de la bande de centralité atteignait alors 57,3 km.

 

Enfin, point assez important (surtout pour ceux qui, comme moi, n'ont pas pu voir le "Soleil noir" lors de l'éclipse totale en Alsace le mercredi 11 août 1999 à cause des nuages et de la pluie !...), quel fut le temps sur la France le mercredi 17 avril 1912 ? Eh bien, l'Astronomie de mai 1912 nous donne la réponse à la page 284 sous la plume de Camille Flammarion :



« L'éclipse exceptionnelle du 17 avril a été favorisée par un temps exceptionnel aussi. Dès l'aurore, le ciel se montre d'une pureté limpide, le Soleil se lève en une atmosphère calme et lumineuse et ouvre majestueusement cette inoubliable journée. Rarement, d'ailleurs, le printemps a été aussi magnifique et aussi précoce que cette année, car d'après les relevés annuels que je note depuis près d'un demi-siècle avenue de l'Observatoire à Paris, les seules années 1876, 1878, 1893, 1894, 1903 et 1906 sont comparables à celle-ci, sans qu'aucune ait atteint cette précocité ensoleillée. A Juvisy, matinée délicieuse, toute fleurie d'espérances pour l'éclipse, les oiseaux chantent, l'atmosphère embaume, une brise légère souffle dans l'air parfumé. Les heures s'envolent sonores et joyeuses de l'horloge de l'église : 9 heures, 10 heures. Le Soleil brille royalement dans le ciel pur ; mais nous savons qu'il y a là, vers la droite de cet astre éblouissant, un astre noir invisible, que ce globe noir s'avance vers lui et va venir se placer exactement devant lui. L'œil du corps ne voit pas ce monde lunaire perdu au-delà du bleu du ciel, et nul instrument ne saurait déceler sa présence ; mais l'œil de l'esprit le voit. L'astronome sait où il est, comment il marche, et connaît son cours. Qui donc affirmerait que la matière seule existe, et que le monde visible représente toute la réalité ? La réalité, c'est l'esprit, c'est le calcul, c'est le dynamisme qui régit l'Univers. »

 

Je signale à tout hasard à ceux parmi les Internautes du forum Webastro qui s'intéresseraient aux éclipses solaires que j'ai posté cinq sujets sur ce grandiose phénomène où "le Soleil a rendez-vous avec la Lune" :

 

* "Sur les traces de l'éclipse totale de Soleil du 3 juin 1329" (voir :

http://www.webastro.net/forum/showthread.php?t=85944) ;

 

* "Sur les traces de l'éclipse totale de Soleil du 8 juillet 1842" (voir :

http://www.webastro.net/forum/showthread.php?t=85883) ;

 

* "Quels sont vos souvenirs de la première éclipse de Soleil que vous avez observée ?" (voir : http://www.webastro.net/forum/showthread.php?t=58922) ;

 

* "Le “Canon der Finsternisse” de Theodore von Oppolzer" (voir : http://www.webastro.net/forum/showthread.php?t=68023) ;

 

* "Comment débutent les Saros et comment finissent-ils ?" (voir : http://www.webastro.net/forum/showthread.php?t=59301).

 

 

Avant de terminer, je voudrais remercier chaleureusement Xavier Jubier pour son extraordinaire site Internet "Cinq millénaires (-1999 à +3000) d'Éclipses Solaires" (voir : http://xjubier.free.fr/site_pages/solar_eclipses/5MCSE/xSE_Five_Millennium_Canon.html) où j'ai puisé toutes les données concernant cette éclipse du 17 avril 1912. Pour ceux qui s'intéresseraient en plus aux éclipses lunaires, je signale que Xavier Jubier a publié cet autre site Internet "Cinq millénaires (-1999 à +3000) d'Éclipses Lunaires" voir : http://xjubier.free.fr/site_pages/lunar_eclipses/5MCLE/xLE_Five_Millennium_Canon.html).

 

 

Roger le Cantalien. :rolleyes:

 

HSE_1912_LePetitJournal21Avril.jpg

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Bonsoir Roger,

 

Albert Ducrocq évoque dans l'un de ses livres "l'éclipse" une anecdote à propos de cette éclipse du 17 avril 1912 relative au conflit de l'éclairage qui avait pris un tour aigu avec des articles de presse parfois virulents. Ainsi François Poncetton avait-il déploré dans le Figaro que les allumeurs de becs de gaz soient sortis de leurs repaires avec leurs grandes perches. Un fonctionnaire terrifié crut qu'une ombre épaisse allait soudainement envelopper la Terre et qu'il fallait déjouer les méchants calculs de la Lune...

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Roger,

 

il n'y a pas grand-chose à ajouter à ton intéressant exposé, complet et précis, sur cette éclipse perlée du 17 avril 1912.

- Pour cette éclipse, plusieurs calculs avaient été conduits, les uns ayant utilisé les données fournies par la Connaissance du Temps, les autres par American Ephemeris, La réalité devait se situer entre les deux. La ligne de conduite courut de la Vendée à Namur, comme tu l'as précisé.

- J'ai lu aussi que si l'on photographie, dixième de seconde après dixième de seconde, le limbe sélène lorsque la phase de totalité se termine, on obtient une collection de "segments de niveaux" à partir desquels le relief du méridien lunaire considéré pourra être modélisé. Autrement dit les grains de Baily contribuent à la création d'une carte de la Lune en 3D.

- Peut-être pourras-tu confirmer qu'ont bien eu lieu quatre éclipses annulaires/totales après cette dernière ? Deux coup sur coup, les 3 octobre 1986 (arc infime près du Groenland) et 29 mars 1987 (de la Patagonie à l'Éthiopie), une troisième le 24 octobre 1995 (durée 47 secondes) dans le Rajasthan et une quatrième a été visible dans le Pacifique le 8 avril 2005.

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Posté (modifié)

Bonjour Ecliptic, :)

 

Je vais répondre aux deux points que tu soulèves :

- Pour cette éclipse, plusieurs calculs avaient été conduits, les uns ayant utilisé les données fournies par la Connaissance du Temps, les autres par American Ephemeris, la réalité devait se situer entre les deux.

Voici ce qu'indiquait à ce propos Ferdinand Quénisset (astronome à l'Observatoire de Camille Flammarion à Juvisy-sur-Orge, en Seine-et-Oise) dans l'Astronomie d'avril 1912 (donc avant l'observation de cette éclipse perlée du 17 avril 1912) à la page 163 :

 

« Incertitude sur le tracé de la ligne centrale. — Les mouvements de la Lune ne sont pas connus avec une précision suffisante pour que l'on puisse tracer, à moins de quelques kilomètres près, la ligne des points pour lesquels l'éclipse sera centrale. Aussi, les diverses éphémérides, qui emploient des données légèrement différentes, donnent-elles pour la ligne centrale de l'éclipse des tracés assez distants les uns des autres. Nous avons indiqué ces différents tracés sur la carte hors texte ci-jointe, qui s'étend à 100 kilomètres environ de part et d'autre de Paris. La ligne la plus au Nord est celle du Berliner Jahrbuch, puis viennent les lignes données par le Nautical Almanac, l'American Ephemeris et la Connaissance des Temps ; enfin, la cinquième ligne est celle qui a été tracée sur la carte publiée récemment par le Bureau des Longitudes ; sa position résulte des calculs effectués par M. Andoyer. On sait que les causes perturbatrices qui interviennent pour modifier le mouvement de la Lune dans son orbite sont si nombreuses et si variées, qu'à l'heure présente les Tables de la Lune représentent encore assez imparfaitement les déplacements de notre satellite dans le ciel ; aussi, pour avoir la position de la Lune à un certain instant, on ne peut pas se contenter des indications des Tables, et il faut leur faire subir certaines corrections purement empiriques dont la valeur résulte de la comparaison des anciennes observations avec les Tables. Or, M. Andoyer, voulant appliquer des corrections aussi exactes que possible, a pris les observations de la Lune de Greenwich, les plus récemment publiées, et les a comparées aux positions données par la théorie. Il a été conduit ainsi à augmenter de 0,40 seconde l'ascension droite de la Lune donnée par le Nautical Almanac, sans toucher à sa déclinaison. Le résultat de cette modification a été de reporter la ligne centrale à 2 kilomètres environ au-dessous de la ligne de la Connaissance des Temps, soit à 8 kilomètres de celle du Nautical Almanac. »

 

J'ai comparé les cinq tracés indiqués par la planche hors texte de l'Astronomie d'avril 1912 (planche hors texte publiée sur pas moins de sept plis de carte !...) insérée entre les pages 162 et 163, et voici ce que j'ai constaté :

 

- 1°) La ligne de centralité la plus au Nord est celle indiquée par l'almanach allemand Berliner Jahrbuch qui fait passer la ligne de centralité à 5,8 cm du centre de Chartres (soit, avec une échelle de 1 /200 000 [1 centimètre représentant 2 kilomètres] à 11,6 km du centre de Chartes) ;

 

- 2°) immédiatement au Sud de la ligne de centralité indiquée par l'almanach berlinois, le Nautical Almanac fait figurer sa ligne centrale, à 1,5 mm de la ligne allemande, soit à 5,65 cm du centre de Chartres, donc à 11,3 km du centre du chef-lieu du département de l'Eure-et-Loir.

 

- 3°) à 1,3 cm au Sud de la ligne de centralité indiquée par le Nautical Almanac, l'American Ephemeris fait figurer sa ligne centrale, soit à 4,35 cm du centre de Chartres, donc à 8,7 km du centre de la préfecture du département de l'Eure-et-Loir.

 

- 4°) à 1,4 cm au Sud de la ligne de centralité indiquée par l'American Ephemeris, la Connaissance des Temps fait figurer sa ligne centrale, soit à 2,95 cm du centre de Chartres, donc à 5,9 km de ce centre.

 

- 5°) enfin, à 1,0 cm au Sud de la ligne de centralité indiquée par la Connaissance des Temps, le Bureau des Longitudes fait figurer sa ligne centrale, soit à 1,95 cm du centre de Chartres, donc à 3,9 km du centre du chef-lieu du département de l'Eure-et-Loir.

 

Il y a donc pas moins de 3,85 cm (soit quand même 7,7 kilomètres sur le terrain) d'écart entre les deux tracés les plus extrêmes de la ligne de centralité de cette éclipse annulaire-totale du 17 avril 1912. Cela explique pourquoi la "Mission Moreux" était à Bourg-sous-la-Roche et non à Talmont-Saint-Hilaire en Vendée. Elle s'était basée sans doute sur les données indiquées par le Nautical Almanac.

 

Maintenant la question est : de ces cinq tracés, lequel était le plus proche de la réalité ? Pour cela j'ai consulté le site de Xavier Jubier (indiqué au message #1), qui utilise les données informatiques les plus récentes en matière de mécanique céleste, et le verdict est : c'est le tracé indiqué par l'American Ephemeris qui est le plus précis !... :be: :be: :be:

Peut-être pourras-tu confirmer qu'ont bien eu lieu quatre éclipses annulaires/totales après cette dernière ? Deux coup sur coup, les 3 octobre 1986 (arc infime près du Groenland) et 29 mars 1987 (de la Patagonie à l'Éthiopie), une troisième le 24 octobre 1995 (durée 47 secondes) dans le Rajasthan et une quatrième a été visible dans le Pacifique le 8 avril 2005.

Les éclipses solaires "hybrides", donc "annulaires-totales", sont effectivement très rares. Il n'y en a eu et il n'y en aura en effet que 32 en quatre siècles, entre 1800 et 2200.

 

Après celle du 17 avril 1912 jusqu'à aujourd'hui il n'y en a en effet eu que quatre :

 

- 1°) celle du 28 avril 1930 (durée de la totalité : une seconde) ;

 

- 2°) celle du 3 octobre 1986 (durée de la totalité : moins d'une seconde) ;

 

- 3°) celle du 29 mars 1987 (durée de la totalité : huit secondes).

 

- 4°) celle du 8 avril 2005 (durée de la totalité : 42 secondes).

 

Donc, tu sembles avoir omis l'éclipse annulaire-totale du 28 avril 1930 et au contraire considéré comme "annulaire-totale" l'éclipse du 24 octobre 1995 qui était en réalité une éclipse totale classique avec une grandeur de 1,02134 et une durée de 130 secondes pour la totalité. Peux-tu vérifier tes sources concernant ces deux éclipses ?

 

Pour information, la prochaine éclipse solaire annulaire-totale aura lieu l'année prochaine, le dimanche 3 novembre 2013 : elle concernera l'Océan Atlantique et finira en Afrique équatoriale (notamment au Gabon). Sa totalité sera de 1 minute 40 secondes. Pourquoi une telle longueur de totalité pour une éclipse "hybride" ? Eh bien, parce qu'elle sera très "spéciale" en commençant comme "annulaire" et finissant comme "totale" sans redevenir "annulaire" à la fin, comme c'est généralement le cas pour ce type d'éclipse "annulaire-totale". Au Nord de Port-Gentil au Gabon, dans la réserve de "Wonga-Wongue", la totalité sera de 1 minute 8,1 secondes (grandeur : 1,00626).

 

Sinon, il y a eu aussi une "éclipse annulaire limite totale" le vendredi 20 mai 1966 qui lors de son maximum dans l'île grecque de Mytilène a tutoyé la totalité puisque sa grandeur était de 0,99917 (le site de Xavier Jubier indique même une totalité de 5 secondes à l'endroit du maximum). H. Marichal (astronome au Bureau des Longitudes) a évoqué cette éclipse annulaire limite dans l'Astronomie de mars 1966 aux pages 122 à 125 : http://articles.adsabs.harvard.edu/cgi-bin/nph-iarticle_query?1966LAstr..80..122M&data_type=PDF_HIGH&whole_paper=YES&type=PRINTER&filetype=.pdf .

 

Roger le Cantalien. :rolleyes:

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Je signale enfin qu'il y a un troisième type d'éclipse hybride : l'éclipse "totale-annulaire", qui commence comme une éclipse totale et finit comme une éclipse annulaire.

 

Le dernier cas d'éclipse "totale-annulaire" remonte au 9 décembre 1825 (grandeur maximum : 1,01477 ; durée de la totalité : 1 minute 34 secondes ; largeur de la bande de totalité lors du maximum de l'éclipse : 59,8 km) ; quant au prochain cas d'éclipse "totale-annulaire" il se produira le 29 avril 2386 (grandeur maximum : 1,01464 ; durée de la totalité : 1 minute 30 secondes ; largeur de la bande de totalité lors du maximum de l'éclipse : 59,9 km).

 

Roger le Cantalien. :rolleyes:

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  • 3 semaines plus tard...
Je signale enfin qu'il y a un troisième type d'éclipse hybride : l'éclipse "totale-annulaire", qui commence comme une éclipse totale et finit comme une éclipse annulaire.

 

Le dernier cas d'éclipse "totale-annulaire" remonte au 9 décembre 1825 (grandeur maximum : 1,01477 ; durée de la totalité : 1 minute 34 secondes ; largeur de la bande de totalité lors du maximum de l'éclipse : 59,8 km) ; quant au prochain cas d'éclipse "totale-annulaire" il se produira le 29 avril 2386 (grandeur maximum : 1,01464 ; durée de la totalité : 1 minute 30 secondes ; largeur de la bande de totalité lors du maximum de l'éclipse : 59,9 km).

 

Roger le Cantalien. :rolleyes:

 

Comme chacun sait, ce type d'éclipse ne se produit qu'aux alentours du 1er avril...:be:

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  • 4 années plus tard...

Bonjour à toutes :) et bonjour à tous :) ,

 

Je remonte ce sujet, car depuis quatre ans de nouveaux liens Internet sont désormais disponibles au sujet de cette éclipse perlée du mercredi 17 avril 1912 :

 

• le numéro de l’Astronomie (la revue mensuelle de la Société Astronomique de France) d’avril 1912 : voir l’article de Aymard de la Baume Pluvinel (1860-1938) intitulé L’éclipse de Soleil du 17 avril 1912 (http://articles.adsabs.harvard.edu/cgi-bin/nph-iarticle_query?1912LAstr..26..161D&data_type=PDF_HIGH&whole_paper=YES&type=PRINTER&filetype=.pdf) ;

 

• le numéro de l’Astronomie de juin 1912 : voir l’article, concernant les compte rendu de divers observateurs, intitulé L’éclipse de Soleil du 17 avril (http://articles.adsabs.harvard.edu/cgi-bin/nph-iarticle_query?1912LAstr..26..265C&data_type=PDF_HIGH&whole_paper=YES&type=PRINTER&filetype=.pdf) ;

 

• le numéro de l’Astronomie de juillet 1912 : voir l’article, concernant les compte rendu de divers observateurs, intitulé L’éclipse de Soleil du 17 avril (suite) (http://articles.adsabs.harvard.edu/cgi-bin/nph-iarticle_query?1912LAstr..26..313F&data_type=PDF_HIGH&whole_paper=YES&type=PRINTER&filetype=.pdf) ;

 

• enfin, le numéro de l’Astronomie de décembre 1912 : voir l’article, très intéressant, de Kasimir Graff (1878-1950), de l’Observatoire de Bergedorff, quartier de Hambourg, en Allemagne, intitulé Le profil lunaire pendant l’éclipse de Soleil du 17 avril (http://articles.adsabs.harvard.edu/cgi-bin/nph-iarticle_query?1912LAstr..26..529G&data_type=PDF_HIGH&whole_paper=YES&type=PRINTER&filetype=.pdf).

 

 

Roger le Cantalien. :rolleyes:

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