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Vesper

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  • Résidence
    Bas-Rhin
  • Occupation
    Observateur éphémère
  • Matériel
    Dobson 300/1500 Taurus
    C8
    BORG 100/640
    C90 orange
    Une poignée d'oculaires
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  • A propos de vous
    "Heureux les fêlés, car ils laissent passer la lumière".
    Audiard

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  1. Héhé, mais oui mais non !😃 Je m'explique : lorsque le groupe a été nommé on s'est basé sur l'observable, et effectivement à l'oculaire on perçoit 6 galaxies (si on dispose d'un grand diamètre et qu'on est attentif, mais c'est un autre débat). On s'est aperçu ensuite que 5 galaxies seulement sont en interaction, la 6e étant située loin à l'arrière plan. Le sextette ne comprend ainsi que 5 galaxies effectivement liées.😉 ...Y'en a au moins un qui suit ! 😀
  2. Merci Lune cendrée et, si je suis arrivé à restituer l'ambiance, l'atmosphère, l'objectif est atteint. Bien content !
  3. Dans les rassemblements astro, les journées sont indolentes. Et c'est bien normal : le jour n’est pas l’objet, n’est pas le sujet, enfin on est pas là pour ça, quoi. On est bien là pour la nuit, les nuits, qu’on enchaîne dans une frénésie de ciel enfin noir et dégagé. Le matin on dort, aussi longtemps que possible du moins, avant d’être réveillé par la chaleur du jour qui, il faut le dire, est parfois accablante par ici. Les gens de ces contrées sudistes disent : “il pleut du feu”. Pas faux. Bref, en journée on somnole et on prépare la nuit. Certains courageux exhibent des instruments solaires. L’an dernier en particulier, j’avais pu admirer le soleil en bino dans une lunette de 180 mm. Quelle claque ! Cette année elle n’est pas là (c’est honteux), mais il y a force instruments équipés en H-alpha et il est toujours impressionnant d’observer les protubérances, filaments et autres facules qui animent notre étoile. Car oui, ça bouge ! Si on y repasse tous les jours (on y prend goût), on voit l’évolution de certaines formations : telle protubérance qui s’était transformée en arche s’écroule, une autre surgit… Ce côté vivant est fascinant surtout quand on est habitué à l’observation d’objets du ciel profond qui, à échelle humaine, sont immuables. Pour ceux qui ne sont pas trop fatigués, l’après-midi il y a aussi quelques conférences. J’assiste par exemple à celle de Laurent Bourrasseau, qui présente un très astucieux télescope de voyage tout en carbone : le “slim 400”. 12kg pour 400mm : un 400 dans l'encombrement d'un 300 pour un poids proche d'un 200. De la bien belle ouvrage et beaucoup d’inventivité, de créativité ! Accessoirement, il fait un peu plus frais à l’endroit où se tient la présentation, une ancienne bâtisse templière. Enfin bien entendu on peut toujours taper la discute’ avec le pèlerin de passage et tenter de mettre des visages sur les ombres de la nuit. Car sinon, l’astro est désastreuse pour la vie sociale, il faut bien le dire : la nuit, on a que des ombres et des murmures. Mais je suis un peu pessimiste peut-être, car une fois on m’offre une bière artisanale opportunément nommée “Lumière cendrée”, qui est fort bonne, on parle matériel et observations. Et durant certaine pose nocturne, tout de même, j’ai l’occasion de refaire le monde avec un gars qui feint d’être un anti-dobsonneux primaire (et proclamé -;) ) mais fort sympathique malgré ce terrible défaut (il se reconnaîtra, s’il passe par ici). Au fil des nuits, dans le Cygne qui trône au sommet de la nuit, j’aborderai l’Amérique du Nord (NGC 7000), le Pélican et toutes les nébulosités du coin, qu’il faudrait que je prenne la peine d’identifier formellement. Elles sont assez faciles avec le 30 mm 80° et le filtre OIII, mais j’ai vu mieux. Puis 61 Cygni, la belle classique double colorée : "61 Cygni, l'étoile volante de Piazzi, deux étoiles oranges, très esthétique à l’oculaire, “remarquable par son très rapide mouvement propre au sein de notre Galaxie." (Wikipedia). NGC 6826, la blinking, est une autre source d’émerveillement dans le ciel d’été. Elle est mieux sans OIII ni UHC (ce dernier par acquit de conscience). J’ai beau alterner visions centrale et périphérique, j’ai toujours du mal à la faire blinker correctement. Mais finalement, elle clignote comme un petit ver luisant (les vers luisants clignotent, maintenant ?). Ruprecht 173, un petit amas ouvert avec une supergéante jaune, X Cygni, qui est une céphéide. Difficile de le délimiter avec Ruprecht 175, juste à côté. NGC 6888, le Croissant, ne m’apparaît ici que par glimpses : à la longue et à force de temps “d’intégration” il acquiert quand même de la structure, voire des filaments ! Mais il est moins évident, moins facile qu'à Valdrôme. NGC 6874 ou Basel 6, un amas ouvert qui ne présente rien de remarquable (je passais par là, quoi…). Et bien sûr dans le cadre de mes animations spontanées aux ombres de passage, je montrerai de nombreuses fois, au fil des nuits, d’autres classiques : les dentelles sont à la fois fines et structurées (filtre OIII), on devine le triangle de Pickering et dans un moment de pur fantasme j’imagine la vision si l’ensemble pouvait tenir dans le même champ. Ah, il y faudrait un oculaire optiquement impossible ! Et puis bien entendu je passerai et repasserai par Albireo et les Messiers du coin. Revenu au calme, le Petit Renard me tendra les bras avec son cintre (si je puis dire), Collinder 399 ou amas de Brocchi, dont le crochet contient la jolie quadruple Struve 2521 (cf. Sue French, Celestial Sampler, p. 127). L’une d’elle est une belle orange, à chercher au nord du champ. Puis IC 4954, dit encore Ced 174, une nébuleuse par réflexion vaguement éclairée par NGC 6823, une zone de formation d’étoiles. C’est franchement discret, du moins à mes yeux et ces soirs-là. Et encore M 27 bien entendu, qui sera ici très belle à plusieurs reprises, en majesté jusqu'au 5 mm… Bêtement j’oublie d’aller chercher l’éclair bleu, ou NGC 6905, dans le Dauphin. Une ombre déboule en courant pour me montrer la jolie comète 13/P Olbers dans un 250. Elle est empêtrée dans les pattes de la Grande Ourse. On distingue une courte queue, la chevelure et un noyau de feu froid. C’est glacial, luisant, sensation de quelque chose qui s’enfuit dans les lointains. De loin en loin, je fais un tour du camp pour me dégourdir les jambes et voir ce que font les autres ombres. Une nuit en particulier, je me rends auprès d’un bon géant : un binoscope 360. Deux Newton de 360 mm accouplés, leurs faisceaux optiques reliés par un astucieux système binoculaire : on observe par l’avant. Oui, on a la tête dedans. Son inventeur est à proximité et me demande sur quelle cible pointer la bête. Sans penser à rien je lui réponds “M 13” et ce ne sera pas un mauvais choix : après un départ laborieux car je n’arrive pas à fusionner les images, l’écartement oculaire est réglé et, vlouf, M 13 emplit le champ. L’impression de rotondité est la plus frappante : la vision binoculaire restitue la 3e dimension, on visualise la sphère. Laquelle est très résolue (2 x 360 !), on pourrait compter les grains, pardon les étoiles agglutinées en grappe, c’est impressionnant. On discute cinq minutes du 2 x 600 en cours de réalisation (oui) et dont l’avancement est raconté sur tel forum d’astronomie. C’est étonnant, intéressant, spectaculaire. Ce qui l’est moins, ce sont les instruments automatisés et autonomes qui fleurissent ici et là. Ces robots qui font tout, tout seuls, diffusent autour d’eux un réseau auquel les touristes de passage peuvent se connecter avec la promesse de pouvoir admirer “en direct” la photo prise par ledit automate. Le résultat est un festival d’écrans de téléphones qui éclairent les alentours de leurs blanches lumières. Vertus éducatives, peut-être (quoi que : on apprend au public à découvrir le ciel sur écran…) mais nuisances lumineuses certaines. De retour dans mes pénates heureusement à l’écart de la pollution lumineuse, des ombres de passage, enfin des touristes, me demandent le Hibou. Je leur montre la Chouette, fine et détaillée ce soir-là. Puis M 103, un petit amas ouvert triangulaire, et encore NGC 663, autre amas ouvert plus intéressant visuellement : il y a une quarantaine d'étoiles au 30 mm et, en grossissant au 13, apparaît comme une couronne d'étoiles au centre. Plus tard et comme je suis dans Cassiopée, je vais voir la Rose de Caroline (NGC 7789) mais je ne perçois pas la nébulosité, je ne vois que l’amas ouvert. L’humidité doit être en train de tomber. Vite, je me rends sur M 52 et NGC 7635. Ils sont sont bien jolis, mais de Bulle, point : une vague nébulosité au filtre OIII. C’est la Bulle… sans bulle. Faute peut-être là-aussi à l’humidité qui, chaque nuit, s’abat sur les Cévennes vers les 2 - 3h du matin. Après la fin officielle des NCN le terrain se videra brutalement. Ne resteront que quelques tentes sur le vaste terrain. Nous verrons cependant, quelques jours plus tard, arriver quelques martiens. Qu’on se rassure, nulle histoire à la Orson Welles ici et encore moins de panique : il s’agit de membres d’un club d’astronomie de Mars, en Ardèche. L’un d’eux assemble non loin de mon site un 600 monobras : avec cette longue perche, on dirait un gaffophone. Au fil des nuits suivantes, nous échangerons quelques vues mémorables : le Sextette de Seyfert, dans le Serpent, splendide, qui comme l’indique son nom contient cinq galaxies en interaction. L’ensemble est assez compact dans le champ, les galaxies sont proches et semblent en effet liées, on le devine, on le voit ! Cette grappe de galaxies a de la profondeur, de la perspective, il y a un vertige dans l’image. C’est une belle observation et une belle vision. Nous irons aussi rendre visite à la nébuleuse Saturne (NGC 7009), dans le Verseau. Là il faut grossir : la nébuleuse est assez détaillée, mais ça vibre un peu, au bout de la perche-monobras. Il y aura encore M 2, l’amas globulaire, bien résolu, détaillé, fin. De mon côté je lui montrerai entre-autres la fenêtre de Baade, qu’il ne connaît pas. Il est étonné. Et pour sûr, le 600 apporte un peu de lumière à l’image… Mais au fil des nuits, un fin croissant de Lune se fait de plus en plus présent et signale, par son insistance lumineuse, la proche fin du séjour. Il va falloir partir. Partir et espérer revenir. Un matin tôt, je replie le camp, entasse tout comme je peux dans la voiture, salue les quelques survivants de la piste aux étoiles et repars. Le détour par le viaduc de Millau en vaudra la peine : quel ouvrage, tout à la fois imposant et élégant, c’est magnifique ! Au fil des kilomètres vers le nord-est, le ciel se couvrira d’un voile laiteux, prémices des cieux habituellement bien moins cléments de la région. Au final, j’ai trouvé dans ces Nuits du Causse Noir 2024 une bonne ambiance, un bon ciel et un bon camping. Un peu trop d’humidité, aussi, mais il paraît que cela dépend des années, et un peu trop de lumières blanches notamment à proximité des robots, mais rien n’est parfait en ce bas-monde. A bientôt, si l’Univers veut.
  4. C'est images sont splendides ! Idem pour moi : je n'y connais pour ainsi dire rien en solaire, mais ce que je sais, c'est que c'est beau !
  5. Merci Lune cendrée : l'observation visuelle rend humble ! Entre-temps (n'oublions pas que ce CROA-souvenir date de l'été dernier) j'ai acheté la chaise Geoptik, toute en bois et astucieuse, que j'avais pu essayer aux NCN, comme narré ci-dessus. Avantage : son assise en bois dur dissuade toute velléité d'endormissement.... Et merci à tous pour vos réactions et commentaires le cas échéant ! Si j'écris d'abord pour fixer mes souvenirs (peur de tout oublier, un jour ?), savoir qu'on est lu fait plaisir !
  6. Alors je n'y connais rien, hein, mais ça me fait penser au chemin optique qu'il y a sous le VLTi pour constituer l'interféromètre...
  7. Vesper

    Première lune de jour

    Splendide dessin : "La Lune dans l'azur"... Certains cratères semblent même en relief ! (et cette intervention me rappelle la grande époque de vos CROAs avec Jeff, Syncopatte et les autres... )
  8. (suite) D’autres nuits, au fil du séjour, au fil des recherches et des errements (surtout !), je partirai en quête des nébuleuses obscures du Sagittaire, Barnard 300, Barnard 292 (Cf. Sue French “Gold dust”, pp. 200 - 201). B 300 se détache clairement au 30mm 80° et déborde du champ, comme une tache d’encre qui aurait bavé sur le ciel. B 292 en revanche me semble moins évident, je peine à en identifier les contours, c’est plus enchevêtré par là. Sue enjoint d’aller voir ensuite Rousseau 31, alias RSS 31, et je file au sud-est de delta du Sagittaire. Elle la décrit comme : “the lovely yellow and gold optical double star Rousseau 31 (RSS 31).” (p. 201). Et c’est une très jolie vision qui apparaît, certes peu spectaculaire, absolument pas clinquante, mais avec beaucoup de charme : dans un même champ, cette double optique dorée est accompagnée du petit amas globulaire NGC 6624. Celui-ci est discret mais donne une profondeur à l’ensemble, il y a un effet de perspective, on embrasse dans le même regard deux plans différents. Non loin, delta du Sagittaire éclaire le champ, je me décale pour éviter l’éblouissement. C’est à la fois discret et plein de charme. Je m’y absorbe un moment et le temps a dû passer, car d’une part une branche de pin arrive dans le champ, d’autre part des voix accompagnées de lumières blanches (ah le fléau des téléphones !) déboulent dans ma direction. Pourquoi moi, je ne sais, mais je me colle d’assez bonne grâce à une séance de “merveilles-du-ciel-d’été”. Quel contraste avec l’objet précédent ! Entre autres classiques je repasserai sur M 16, que je me suis noté comme étant en forme ce soir-là : au filtre OIII il y a comme un effet pommelé, on distingue sans mal des plages brillantes parcourues de zones sombres. Le cœur est structuré. Au nord, il y a un large golfe obscur. Toute la nébuleuse repose sur un lit d’étoiles. C’est bien joli, et les visiteurs semblent heureux. Du coup, le montreur d’étoiles l’est aussi. Après leur départ, je file dans le Verseau où, je ne le sais pas encore, j’écrirai un morceau d’anthologie personnelle. Connaissez-vous la paréidolie ? Il s’agit d’un phénomène qui amène à voir des formes, par exemple dans les nuages. Eh bien, je suis victime de la paréidolie du Verseau. J’ai envie de revoir Helix, j’y fonce, identifie mes étoiles : rien. Bon, j’ai dû passer à côté. je recommence : toujours rien. Bien bien bien me dis-je, je suis fatigué, je reprends à zéro. J’opère méthodiquement mon cheminement, à l’intersection d’un triangle rectangle imaginaire formé par Skat et 33 Aqr. Chou blanc. Re-chou blanc, encore et toujours. C’est impossible, bon sang : un nuage ? Non, c’est pourtant bien dégagé… Je m’entête. Les minutes, puis les dizaines de minutes passent. Je m’obstine, puis je m’enferre. Près d’une heure passe, sans exagérer. Au visiteur qui pose la traditionnelle question (“tu es sur quoi, là” ?), l’air de vouloir jeter un coup d'œil, je réponds un truc du genre : “nân mais attends là, je cherche une chiure de mouche, screugneugneu (tu parles : NGC 7293 !). Au bout d’une heure, à Xavier qui déambule à l’occasion d’une pause, j’avoue platement (et honteusement) : “je ne trouve plus Hélix”. Il tend le doigt et me montre la zone concernée, à quelques degrés vers l’ouest : - “ben… elle est par là…” (je devine, même dans le noir, son incrédulité face à mon incompétence crasse). Et là tout s’emboîte et me saute aux yeux ! Skat est en réalité Saturne, qui erre par là ! Et j’ai reconstruit tout un Verseau imaginaire, que j’ai projeté autour ! J’apprends à mes dépens ce qu’est une paréidolie. Je me suis fait avoir comme un bleu. Ensuite évidemment tout est simple : je retrouve Hélix. Elle n’est pas trop mal. Bruno, qui passe par là, me demande : “tu es sur quoi ?”, je lui passe l’oculaire d’un air désinvolte : “oh bah, tu sais, Hélix (facile)”... Le Verseau étant désormais restauré dans son intégrité, et accusant un peu de fatigue nerveuse, je me repose un moment les yeux (et le dos !) sur des objets faciles : M 72, petit globuleux sans éclat, puis M 73 juste à son est, un amas ouvert très dépeuplé et qui n’est remarquable que par son indigence. Un véritable objet pour dépressif qui aurait confondu Skat et Saturne (par exemple). Puis M 2, ah, là, il y a du monde ! Il reste beau jusqu’au 5 mm. C’est curieux, sont coeur est marqué, il est bien compact, et dans le même temps on aperçoit comme un halo, une couronne mousseuse autour… Je le reverrai en majesté dans un autre instrument, de 600 mm, mais n’anticipons pas. Subitement, une ombre se présente et me propose un test de Ronchi. Quasiment de but en blanc : “Bonsoir, puis-je vous proposer un test de Ronchi ?”. Tout d’un coup, un inconnu vous propose un test de Ronchi, me dis-je… Sans exagération post-reconstitution des souvenirs (et de quelques notes, aussi !) c’est bien comme cela que ça s’est passé. Un test de Ronchi à brûle-pourpoint ne se refusant pas, j’accepte. Et puis ça me fera une pause. L’ombre s’éclipse (en astro on ne rencontre que des ombres qui se frôlent dans la nuit, c’est désastreux pour la vie sociale, il faut le dire), puis revient avec ce qui ressemble à un oculaire. J’apprends qu’à l’intérieur il y a une trame, faite de lignes parallèles, et qu’en fonction des éventuelles déformations que nous constaterons (ou non) en pointant une étoile, nous aurons une idée de la qualité de mon miroir. J’ignorais complètement que ça pouvait se réaliser hors banc optique ! Le gars procède tout simplement : “l’oculaire” une fois en place, nous pointons je ne sais plus laquelle des étoiles brillantes. L’ombre fait des allers-retours de mise au point et déclare : “il est bon !”. Je regarde à mon tour et vois en effet comme une série de lignes grisâtres bien parallèles. Ah, bien ! J’ai à peine le temps de dire merci que le gars repart en courant, son test de Ronchi à la main. C’est étrange. Après cet interlude réconfortant, je mets le cap plein ouest, vers Ophiuchus : IC 4665, juste au nord de Cébalrai, petit amas ouvert d’une douzaine d’étoiles, puis NGC 6633, plus fourni, avec une distribution plus en longueur. Les deux sont attribués à Jean-Philippe Loys de Cheseaux, ce qui accrédite l’idée dans mon esprit que l’amas sur lequel on retombe toujours en remontant vers l’Aigle, j’ai nommé IC 4756 ou amas “de Graff”, (car redécouvert par Kasimir Graff en 1922, et parfois même attribué à l’anglais Thomas William Webb, perfide Albion…) aurait en fait été découvert auparavant par de Cheseaux (puisqu’il était souvent sur zone, si vous voyez ce que je veux dire). Avec mon oculaire de plus longue focale, soit un 30 mm de 80° de champ apparent, il est trop lâche et dispersé pour être apprécié. C’est un objet qui ne prend sa dimension réellement qu’aux jumelles, ce que je fais toujours au passage (8x42 mm). Puis j’erre un peu dans l’écu de Sobieski : M11, bien sûr, toujours splendide avec ses poussières d'étoiles, sa forme en V emblématique bien reconnaissable. Le "V" se dessine nettement au 13 mm. Et il s’agit bien de l’amas des Canards sauvages, au pluriel : c’est un peuple migrateur (si je puis dire) et non un seul canard sauvage (car sinon, comment pourrait-il voler en formation, mh ?). En redescendant de quelques degrés dans l’Ecu, M 26 semble pauvre en comparaison. J’y vois une sorte de flèche, une formation triangulaire plus condensée que M 11. Puis je remonte à nouveau de quelques degrés vers le nord, nord-est, pour trouver NGC 6712, qui est un globulaire (relativement) discret, mais étendu. Vers l’ouest, non loin d’alpha, j’observe NGC 6664 et Isserstedt 68-603, signalé par Sue French : 6664 est un petit amas ouvert au sein duquel l’astronome allemand Jörg Isserstedt voyait un arc d’étoiles, voire un anneau (que je ne perçois pas, je m’empresse de le dire : j’observe un arc). Dans les années 1960, Issersted étudiait la structure de notre galaxie et voulait démontrer sa nature spirale en identifiant des arcs et anneaux d’étoiles, qu’il a fini semble-t-il par voir un peu partout (paréidolie, paréidolie, tiens…) : il en aurait identifié plus de 1000 ! Depuis, il a été démontré que ça n’a vraisemblablement rien à voir… J’aurais dû tenter NGC 6649, à environ 3 degrés au sud, et surtout la nébuleuse IC 1287, les réflexions auraient peut-être été visibles (?) sous ce bon ciel. C’est ballot. Mon dos me travaillera régulièrement au fil des nuits, ces observations étant plutôt basses (la Terre est basse, comme disait quelqu’un). J’ai bien une chaise d'observation, alias une chaise de repassage, mais la modification de sa hauteur n’est pas pratique : il faut déplacer un axe tenu par boulons, écrous et rondelles, déjà pas pratique de jour, mais dans le noir c’est une vraie punition. J’ai pu essayer une jolie chaise en bois à assise facilement réglable, sur le terrain, et je me promets d’en acheter une. En attendant et pour me redresser un peu, j’aborde l’Aigle. NGC 6709, ou “amas de la Licorne volante”, un joli petit amas ouvert. A partir d’Okab, descendre d’environ 5° vers le sud, sud-ouest : vous y êtes. Si personnellement j’ai bien du mal à y observer une licorne (aucune paréidolie sur ce coup-là ), j’y vois un cœur triangulaire posé sur un lit d’étoiles trapézoïdal. Un triangle sur un trapèze, le tout baignant sur un lit de diamants frais. Les deux étoiles qui forment la base nord du triangle sont d’une teinte plus chaude, plus jaune, presque dorée. C’est bien joli. Bêtement, j’oublie de rechercher PGC 1379818, qui devait être dans le champ, à 2’ ou 3’ au nord. Xavier me hèle (ou me hale ) vers son 500, pour me montrer Barnard 139. Quel contraste ! B139 est un nuage de poussières obscures, même au 500 c’est un soupçon de noir sur fond noir. On perçoit bien quelque chose, une qualité de noir différente, un noir d’encre caractérisé par l’absence d’étoiles plus que par une présence. Mais passer de la licorne volante à un Barnard confidentiel c’est, comment dire, passer de la vitrine d’un diamantaire d’Anvers à quelque chose comme une mine de charbon. Où la lumière serait éteinte. Re-contaminé par la barnadite, de retour dans mes pénates j’attaque Barnard 142 et Barnard 143. A rechercher à un bon degré à l’ouest de Tarazed, ils sont beaucoup plus faciles car posés sur un mouchetis d’étoiles qui, par contraste, fait ressortir leurs méandres sombres. Je retourne sur Okab (je suis familier de ces allers-retours) pour trouver, un peu plus de deux degrés à son sud, NGC 6738. Bon, c’est une petite chose : une dizaine d’étoiles assez dispersées et qui se battent en duel (si on peut dire). V Aql, belle carbonée pile au sud de Al Thalimain (lambda Aql), à un degré, facile. J’aime beaucoup ces rubis qui tranchent avec le fond de ciel, et les autres étoiles. Un demi-degré à son est on trouvera NGC 6751, une nébuleuse planétaire, petite bulle de coton. On peut faire tenir l’une et l’autre dans le même champ au Nagler 13 : c’est charmant. Il y aura, pratiquement toutes les nuits vers 2h30 - 3h, une grosse descente d’humidité qui noie tout : miroirs, cartes, observateurs. Les Cévennes sont beaucoup plus humides que le site (pour ne pas le citer) de Valdrôme où, à 1300m, l’atmosphère était sèche et me semble-t-il mieux dépoussiérée. Côté Xavier, la seule perturbation induite consiste en un bruit de sèche-cheveux. De mon côté, j’irai me coucher et ne verrai jamais poindre l’aube sur les Cévennes. (à suivre…)
  9. Salut @GeoffreyJoe , Beau et intéressant CROA ! Il y a là non seulement une belle moisson, mais aussi l'originalité des cibles avec ce quasar, qui donne de la profondeur, qui met en perspective, pour ne pas dire : en abysse... Il faudra que j'aille y voir, je ne me suis jamais donné la peine et c'est dommage car cela illustre tout à fait ce que je pense : l'astronomie visuelle est autant un plaisir esthétique qu'intellectuel, cérébral. Ce point, dans le champ, n'est qu'un point aux yeux du profane, mais savoir intellectuellement qu'il s'agit de tel objet physique, avec telles propriétés, à telle distance, provoque étonnement, émerveillement... C'est un plaisir cérébral. Je me fais cette réflexion depuis longtemps et je crois que c'est tout à fait ça : l'Univers est une histoire qui s'observe à travers nos yeux. On touche quelque chose, là.
  10. Splendeur ! Grand bravo !
  11. Merci pour vos passages, appréciations et sympathiques commentaires. C'est à mon avis la meilleure démarche pour connaître le ciel, en devenir intime...
  12. Vesper

    Boite à bijoux ?

    Ah oui j'avais lu trop vite : tu parlais du Scorpion, ok.
  13. Vesper

    Boite à bijoux ?

    Salut, Les "Pléïades du sud" ?
  14. Au fond de la nuit Des nébuleuses sur mon Miroir de cristal Le temps est subjectif, malléable, élastique… C’est une matière souple, une pâte… Et j’espère que vous serez d’accord avec moi, car ce CROA est un souvenir. Oh pas très vieux tout de même : juillet de l’année dernière, aux Nuits du Causse noir, les fameuses NCN… J’ai dû être, ces derniers mois, sur une planète à gravité élevée où le temps s’écoule plus lentement. Du coup me voici, fin avril, pour un CROA qui n’est plus très éloigné d’une pleine rotation de la Terre autour de notre bonne vieille étoile. Mais qu’est-ce qu’une année à l’échelle de l’univers, mhh? Bon en vrai : j’ai eu la flemme. Et puis, je tenais quand même à finaliser ce séjour par un écrit, à présenter quelque chose cette année : “L’essentiel, c’est de participer” (de Coubertin of course). Voilà. Bref, ça reprend toujours de la même façon : avec une voiture bien chargée. Le matériel d’astro, les affaires de camping, le viatique pour une petite quinzaine en autonomie totale. L’enchaînement des autoroutes qui défilent, qui dévalent au point d’avoir l’impression de tomber dans un tunnel où je rattrape continuellement la même caravane de néerlandais, le même camion gros porteur, les mêmes remorques. Je reste quand même en sécurité en m’arrêtant de temps à autre, on dira ce qu’on veut nos autoroutes françaises sont bien faites et il y a de nombreux points de vue remarquables : celui du pont de Garabit vaut bien un arrêt par exemple. Et puis je découvre “la méridienne”, l’autoroute voulue par Giscard, la plus haute de France paraît-il, et qui aboutit au viaduc de Millau que je me réserverai pour le retour. En attendant je sors en amont et enquille les petites routes des causses. On arrive vite un peu en hauteur, les horizons se dégagent bien, tiens : c’est le genre de lieu où un rassemblement astro pourrait se tenir… J’arrive sur le fameux causse Noir, trouve le camping de Pradines, c’est bien, c’est grand, clair et dégagé, planté de télescopes et autres lunettes. Je n’ai aucun mal à localiser l’ami Xavier : son 500, même incliné tel un arbre qui se repose (!) est identifiable de loin. Finalement je planterai la tente à quelque distance, sous un pin qui fournira une ombre bienvenue car en journée il fait chaud. Le terrain des réjouissances est vaste, ses bordures sont plantées de pins et de broussailles sans que cela nuise au dégagement des horizons nécessaire aux explorations étoilées. Ou plutôt devrais-je dire : les terrains. Il y a un terrain dédié aux observateurs visuels, dont je suis, un autre réservé aux astrophotographes. Et puis il y a un troisième terrain pour Astrociel, qui a rejoint les NCN faute de site désormais, Valdrôme ayant définitivement fermé la petite station de ski qui l’accueillait. Quel dommage, le ciel là-haut était tout à fait excellent, sec, dépoussiéré. J’étais l’an dernier sous label Astrociel, cet été 2024 sous étiquette NCN, je retournerai cette année chez Astrociel : un coup à toi, un coup à moi, pas de jaloux. J’ai opté pour un séjour prolongé, qui englobe les NCN elles-mêmes plus une extension de 7 jours. Je résumerai ici toutes les nuits en une seule, l’énumération chronologique de chacune des nuits serait fastidieuse, et puis il s’agit de mes notes et souvenirs, je n’ai plus la proximité nécessaire avec l’événement pour en dérouler le compte-rendu quotidien. Et les nuits seront bien jolies par ici. Nous sommes dans la réserve internationale de ciel étoilé (RICE) des Cévennes, à 900m d’altitude. Je m’installe à proximité du chêne de Xavier, que dis-je, de son 500 en bois de Bourgogne (plus précisément de Saône et Loire, pour les initiés). Assemblage de mon fidèle dobson 300 : légèreté, minimalisme, pureté des lignes claires, élégance : une approche de l’astronomie dépourvue des fioritures qui encombrent, qui éloignent, qui distancient l’observateur du ciel. Au début des nuits le terrain bruisse encore de conversations, de mouvements furtifs : partout on s’affaire autour des instruments, les goto-istes cherchent leurs étoiles repères (j’entends notamment deux dames non loin de moi : - “IL ne trouve pas l'étoile” !!! - “Tu as appuyé sur le bouton flèche vers le bas ?” - “Tu veux dire avant ou après avoir validé” ??, etc.), moi avec mon dobson je suis déjà loin, très loin. En début de nuit j’aime rendre visite aux classiques, d’abord car c’est la courtoisie la plus élémentaire quand on est dans le voisinage, ensuite parce qu’ils sont brillants et faciles, ça permet de se mettre en jambes (enfin : en yeux) et de ne plus se ruiner la vision nocturne avec un flash de, disons M 13, par la suite. La voie lactée se déploie d’un horizon à l’autre, le Grand Rift est bien visible, la nébuleuse de la Pipe est discernable avec un peu d’attention. J’estime le ciel à un bon Bortle 2. Je lève les voiles avec mon nouveau Pocket Sky Atlas “Jumbo édition” (qui n’a plus de “pocket” que le nom, mais qui a l’avantage d’intégrer quelques objets de plus et surtout d’offrir des cartes plus grandes, plus lisibles, atout précieux pour le presbyte encore diminué par la lumière rouge), quelques cartes de champ et surtout deux incontournables à mes yeux : le “Deep Sky Wonders” de Sue French (version augmentée de son déjà excellent “Celestial sampler”) et les chroniques “Small wonders” de feu Tom Trusock, que j’avais compilées depuis le forum Cloudy Nights (et mises à disposition ici : https://www.webastro.net/forums/topic/259032-small-wonders-tom-trusock/ ) La démarche : chercher, certes parfois sans succès, mais en cas de victoire la satisfaction est intense, c’est une vraie victoire, pas une victoire électronifiée à la Pyrrhus… Sauf pour les événements transitoires, ponctuels, où j’utilise par exemple Sky safari, mais c’est bien rare. Vite je rattrape le Scorpion qui plonge en début de nuit derrière un pin, pour observer nu Scorpii, ou “Jabbah” (sans Hut, désolé), une belle double écartée Juste en dessous, à environ 2° au sud-ouest, beta Scorpii, alias Graffias, alias Akrab. La belle est double, plus serrée que nu Sco. Un détour obligatoire par M 4, toujours à la droite d’Antarès (il n’a pas bougé !), le gros du Scorpion, puis M 80 : au 6,4mm il explose dans le champ en un jet de bulles mousseuses, mais il ne tient pas le Nagler 5mm, c’est trop, même ici, il est déjà trop bas. Je file dans le Sagittaire, pour revoir le Lagon (M 8). Une visite de courtoisie aux classiques s’impose toujours, je l’ai dit, et puis j’y reviendrai fréquemment : aux visiteurs et autres curieux je montrerai répétitivement “les-merveilles-du-ciel-d’été” durant le séjour. Puis bien entendu M 20, la Trifide, qui est sur le lagon comme un nénuphar posé sur l’eau. M 17, le Cygne, majestueux, structuré, certains soirs il sera même brillant et d’ailleurs visible à l’oeil nu. Toujours remontant j’aborde M 24 qui, d’après Wikipedia : "n’est pas réellement un objet du ciel profond. Avec M 40 et M 73, il fait partie des trois objets du catalogue considérés comme des erreurs. (M 40 est une étoile double, M 73 un astérisme).”, puis M 16 qui, lui, aura les faveurs du public de passage. Dans le fond, c’est simple : sur un lagon sont posés successivement un nénuphar et un cygne. Plus haut, un aigle domine la scène (prêt à fondre sur le cygne ? Les aigles chassent-ils les cygnes ? M’étonnerait...). M’enfin bref, l’image est là. Je redescends rapidement vers M 28 et M 22, ce dernier étant nettement le plus gros des deux. Mais je veux revoir la fameuse fenêtre de Baade, découverte l’an dernier à Valdrôme en suivant les balades de Tom Trusock : “As you look toward Sagittarius, be aware you are looking toward the center of our galaxy. In fact, the precise center is located about 4 degrees WNW of 10 Sagittarii (Gamma) … There are two readily visible globulars that lie in the area known as Baade's Window: NGC 6522 and NGC 6528.” A un petit demi-degré au nord de l’étoile Al Nasl, on trouve en effet NGC 6528 et 6522, deux pâles amas globulaires, visibles grâce à une trouée dans les voiles de poussières qui sinon bloquent la vue en direction du centre galactique. C’est une fenêtre ouverte sur le centre de la galaxie. C’est pâle, peu spectaculaire, mais l'observation visuelle est un plaisir intellectuel autant qu'esthétique. Je reviens ensuite beaucoup plus près, dans le système solaire, car il paraît que Cérès passe par là. Je suis dessus, c’est certain, mais j’hésite entre trois points lumineux : l’un d'eux est forcément le célébrissime astéroïde (ou faut-il dire “planésitimal” ?), mais j’échoue à l’identifier formellement et je ne veux pas m’éblouir avec Sky safari. Quelle étrange monomanie, me dis-je, que cette activité qui me pousse à rester éveillé pour identifier de petits points lumineux… Plus bas je rattrape in extremis M 54, tout petit mais condensé, M 69 puis M 70, avant qu’ils ne disparaissent derrière un pin. Pour me consoler je file plein est, en direction du Capricorne, pour trouver NGC 6818 ou Little gem, très jolie : un ovale qu’il faut grossir pour découvrir un centre renforcé avec quelques détails, et qui sort très bien à l'OIII. Juste au sud, il devrait y avoir la galaxie de Barnard, NGC 6822, que j’échouerai plusieurs nuits à trouver. Finalement c’est Xavier qui, passant par chez moi, la retrouvera d’une pichenette désinvolte sur mon instrument, avec une remarque du style : “moui pas mal, ça me rappelle au bois de Vincennes avec mon Strock (254)”. Pour moi c’est un zeste de noir sur une plage de néant. J’ai dû passer dix fois dessus. Bien plus au sud et proche du coucher j’accroche encore M 75, petit globulaire condensé mais turbulent. Plus tard dans les nuits, le terrain s’apaisera : les curieux seront partis, les plus couche-tôt des astrams aussi. Même Xavier fait parfois un somme, allongé de tout son long au pied de son 500. (...) à suivre
  15. ...Restons correct, svp.
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