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Pèlerinage au pays des 115 - dites bonjour à vos instruments de jeunesse


duschnok

Messages recommandés

Acte 1 : contexte historique

" Remember" (dernière parole de je ne sais plus quel anglais décapité. Soucre : Alexandre Dumas)

 

toc - toc - toc (trois coups de baton, lever de rideau. une drôle de lumière tamisée suggère habilement un flash back émotif, me pemettant de commencer avec un style technique et sans fleurs sans que personne ne s'en rende compte)

 

Bonjour mesdemoiselles, mesdames-eu-zet-messieurs.

Ca fait quelque temps que je ne parle que d'observations au newton 200mm, voire occasionnellement avec mon ptit dernier mak 127. Pendant ce temps là, mon deuxième instrument historique, un bon vieux 115/900 astrovision, dépérissait un peu à toulouse, stocké dans son carton et pas bien souvent de sortie vu la concurrence. J'ai alors pris une décision importante :

Voyez-vous, j'en suis à mon quatrième instrument.

 

1) la première lulu, un jouet de genre 40mm de diamètre, cadeau de noel 1997 probablement, depuis donnée à une cousine.

 

2) L'engin : un 115/900 astrovision, première révolution au pays des étoiles, arrivé dans la famille à noel 1999, et stocké chez pôpa môman à toulouse

 

3) Biquet : newton 200/1000 SW, deuxième révolution au pays des étoiles, acheté en mai 2005 et stocké chez pôpa môman (seule maison à disposition assez grande pour le stocker)... Pour mes parents, ça permet d'assurer que je repasse régulièrement les voir :p

 

4) Le chtit mak 127 sur azimuthale, acheté en mai 2006, car je voyais venir une vie nomade, urbaine et sans voiture. C'est le parigot.

 

Or voilà, depuis maintenant 2005, le 115... ben il se sent un peu dépassé par ses nouveaux compagnons... je l'avais un peu utilisé en été 2005 en vacances quand je ne pouvais pas emporter le 200, mais maintenant ça c'est le rôle du mak... Il se sentait un peu seul. J'ai donc pris la fameuse grande décision : le stocker définitivement dans la maison de vacances de mon père, en vendée, avec mes oculaires bas de gamme inutiles chez les autres. ce qui fait de moi un gros salaud, avec trois télescopes à raison de un par maison ( chez moi, chez les parents, et dans la maison de vacances)

 

Voilà pour le prélude historique à cette grande retrouvaille avec le sus-nommé "engin" - c'était l'acte un.

Or donc, récapitulation des oculaires disponibles : les vieux Huyghens 6 et 20mm, probablement 30° de champ... Et les ptits derniers reçus avec le mak, "Super pas plossl" 10 et 25mm... je remarque sur le 25 quelques runes écrites avec amour par un automate industriel : "wide angle"

Arf, me dis-je : x36 avec 66° de champ apparent, voilà qui peut être rigolo. Et ce fut donc le début de deux cavalcades en ciel profond UFG (Ultra Faible Grossissement)

 

Comme tous les grands opéras romantiques, le premier acte a posé le décor, le second donnera lieu aux grandes manoeuvres, et le troisième... A une sorte d'apocalypse mouvementée.

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Je relis ça, et c'est pas un excellent trailer... Mais ça vient, dans 10 minutes vous aurez l'acte 2 sur 3 (mieux que le un, mais moins excitant que le trois... j'espère vous tenir en haleine)

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AAAAH ! mon dieu, mea maxima culpa ! j'ai parlé des scopes mais pas des jumelles !!!

 

Seigneur dieu, reçois ma prière : ne m'envoie pas en enfer.

 

Bon, comme je disais il y a une heure, j'ai presque fini l'acte deux... :p La c'est l'affaire de 2 minutes.

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Acte 2 :

"Rodrigue, as-tu du coeur ?

- Nan, mais j'ai un Super 25mm Wide Angle " - Shakespeare

 

le 4 aout 2007.

Il est 22h30 et rodrigue (votre serviteur) sort d'une énorme bouffe en famille. La lune est au dernier quartier, donc on a un peu de temps avant son lever, mais faut pas pousser. le ciel est transparent, il n'y a pas de vent. je pousse péniblement le scope, mes ptites fiches de préparation et les 45 kilos de bidoche que j'ai ingurgités dans la voiture, avec le reste de ma personne.

Arrivé dans mon champ fétiche, millésime 2000, survolé par un spot vert de discothèque traversant le ciel de part en part, je constate que l'urbanisation gallopante de la zone pour ces salauds de touriste dont je fais partie a bien boosté la pollution lumineuse par rapport à mes souvenirs (2 à 3 sur 5 - échelle Ciel extrême, meilleur à 1). ou est-ce le fait d'avoir mis l'oeil dans un champ de Touraine en compagnie de Takaya et Cie, par une transparence permettant de voir la voie lactée avant que la nuit ne soit tombée ???

 

J'installe alors l'engin, et tout à mon émotion de retrouver ce tube et cette monture, si frêles comparés au monstre qu'est Biquet, oublie de mettre en station (à moins que, comme suivant l'exemple de xs_man, je ne mette en station sur une polaire dans le cygne ?). je constate au passage que la monture est sur le point d'éclater en une myriade de petits morceaux... faudra resserer ça avant la prochaine soirée, là j'ai la flemme de chercher la clef allen adéquate dans le carton.

Je commence par cibler M92, second globuleux d'hercule et bientôt premier dans mon coeur, pour voir si mon 115 le révèle comme celui de Carobou. Ce n'est pas le cas, mais les oculaires ne sont pas vraiment géniaux et le miroir... Ben il est pas dépoussiéré depuis l'achat, ce qui fait quand même 7-8 ans (un jour je le ferais, si si, j'vous jure). Suite à quelques essais, je suis vite convaincu que je peux presque jeter les huyghens comparé aux Super. Le S 10mm semble adapté, et révèle une boule dense granuleuse entourée d'un halo laiteux extrêmement allongé qui révèle ses étoiles en vision décalée... Ce globuleux a un peu des airs de galaxie, avec un noyau rond et un halo elliptique, à ceci près qu'on lui voit des étoiles, ce qui est - vous en conviendrez sûrement - assez rare pour les galaxies vues par un astram.

Ce soir là, je dois compléter certaines lacunes astronomiques. Par exemple, qui croira que depuis mon entrée dans la grrrrande communauté astram en 97 ou environs je n'ai jamais regardé M5 ??? Chose faite. au S10, voilà un amas globulaire rond, diffus, mais surtout bien brillant. Comme sur un peu tous les amas globulaires, j'arrive à me persuader qu'il est granuleux (je suis devenu très bon à ça... Tout juste si je ne vois pas M31 granuleux). il est encadré par 2-3 étoiles bien visibles, et surtout un espèce d'arc de 4 ou 5 étoiles infimes se détache du noyau de l'amas, entouré d'une vague brume de nano étoiles sensibles (ou imaginables?) en vision décalée, ce qui confère une certaine assymétrie - et donc une personnalité ! - à l'amas.

 

Une dernière vérification avant de commencer les grandes manoeuvres au S25 : Que vaut la petite Dumbell, que j'ai découverte au mak 127 chez takaya, dans ces conditions moins propices? On la trouve quand même, sous la forme d'un rectangle très ténu au S10mm qui apprécie bien la vision décalée. Il me semble qu'il est coupé en deux, mais pas par le centre : comme si partant d'un coin du rectangle, on traçait une bissectrice, qui sépare naturellement la nébuleuse en deux espaces de tailles très inégales.

 

Allez, maintenant, c'est l'heure des grandes manoeuvres : GO TO SAGITTAIRE !!!! Ola cavaliers, mettez vos Super 25mm et zonez dans le champ de vision le plus riche du ciel !!!

Je tombe rapidement sur un tout petit amas globulaire au nord est de lambda sagittae : M 28 après identification. Que ce soit au 25 ou au 10mm, c'est une petite boule diffuse, pas granuleuse pour un sou (ça faisait longtemps ...), mais avec quand même un espèce de noyau plus lumineux... Comme Takaya et Fred l'ont bien noté en touraine (cf la signature de ce dernier... :p) le sagittaire exacerbe le pire de tous mes vices : la paresse. C'est tellement dense en objets que je n'ai jamais pris la peine d'en apprendre la carte, sûr de trouver quelque chose où que je pointe. Ce soir là ce fut une erreur, car après avoir fait un vague tour autour de lambda sagittae, je ne suis même pas allé voir M22, The Amas Globulaire, dont j'ai probablement dû effleurer les étoiiles périphériques sans m'en rendre compte.

 

Bon bon bon, mais je vous ai alléché avec mes "grandes manoeuvres"... Vous aurai-je menti? Pour l'instant ça semblait à peu près ciblé et précis comme recherche ! Vous avez raison de protester. J'y vais donc.

Quoi de mieux pour commencer du grand champ que notre coeur galactique ? Je trouve vite M24 avec le S25mm... Je le tiendrais presque dans le champ ! Les bords de la myriade d'étoiiles sont assez tranchés, donnant sur le néant, ou plutôt sur les diverses nébuleuses obscures qui nous cachent l'essentiel du bulbe galactique.

Prenons ça comme phare. je vais maintenant errer à partir de ça, et ce sera le repère pour identifier les éventuels objets croisés par hasard.

Je pars alors vers ce que je crois être l'ouest (Comme dirait l'acte un : "Remember" : ma mise en station oubliée). je tombe après un bon petit trajet sur... euh... Me traiterz vous d'obsédé si je dis que ça ressemble à un énorme soutif rembourré suspendu dans les airs? Je rappele que je suis à x36, avec 66° de champ apparent. or ces étoiles brillantes - une grosse quinzaine - couvrent plus de la moitié du champ ! Je jette un oeil au chercheur (un petit, peut être 7x25, ou 6x30, je sais plus), pour y voir 4 à 5 étoiles tassées autour d'une nébulosité. C'est donc un gros truc. Mais, euh.... C'est quoi l'étoile à côté ? Delta Ophiucus ? En passant de 18H30 à 16H20 AD, j'ai pris plus de 10 ° de déclinaison ???? Arfeuh... Je commence à suspecter l'absence de mise en station. un petit oeil sur l'atlas, et à côté de delta ophiucus... Y a rien... C'est donc soit un astérisme magistral, plus gros que la lune, soit je suis complètement perdu.

 

J'ai un peu peur, je suis perdu au milieu de l'océan... Je repars bien vite à mon phare M24, centre de la Galaxie.

Je repars alors un peu vers l'ouest, mais en se baladant un peu de pars et d'autre de l'axe à déclinaison théoriquement constante, et factuellement ausi variante que l'ascension droite. (Car il ne m'es pas venu à l'esprit de la faire, cette fichue mise en station...)

Je tombe vite à nouveau sur une structure énorme: un champ complet de l'oculaire S25 !!! La lune commence à être assez bien levée, mais je m'arrête, pour faire un croquis de cet objet étrange, beaucoup plus grand que la lune il me semble. Ses étoiles, bien détachées du fond étoilé par leur magnitude visuelle, dessinent... Euh... Une parabole perchée en haut d'un pylone. Il y a tout, c'est incroyable. 6 étoiles font une ligne horizonthale qui trace le sol. 7 ou 8 étoiles traçent le pylone parallélépipédique (un peu incurvé), avec effet de perspective et tout. En haut du pylone se trouve la parabole à proprement parler: un beau croissant de lune, au contour traçé par deux rangées d'étoiles. et le croirez vous? Au foyer de la parabole, il y a lesecondaire, ou appareil photo, ou détecteur... Constitué par l'étoile la plus brillante de l'ensemble. J'ai là une représentation parfaite des télescopes radios d'Arecibo. Juste derrière la parabole brille une petite formation de 5 étoiles toutes tassées.

 

je laisse couler un peu, et laisse au lendemain l'identification. La lune commence à bien polluer le ciel... je finis vite fait par une dernière petite visite à M27, le beau sablier, bien découpé et très agréable à regarder au S25. Mais en route, je fais quand même un petit détour : mon atlas signale un globuleux dans la constellation de la flèche, qui se trouve être le point de départ pour aller chercher M27 (de même ascension droite que la pointe de la flèche) : Je trouve donc M71. C'est une nébulosité ronde et faible, mais quand même visible en vision directe. Avec la vision décalée, on voit une petite formation excentrée hors du noyau qui semble contenir peut être 4 étoiles, je n'en suis pas sûr.

 

La fatigue se fait sentir, je rentre à la maison. Une fois arrivé, il n'est que 2H30 du matin, je prends un peu de temps pour retracer mon périple sur l'atlas, avec la compagnie d'un bouquin de Hervé Buriller pour avoir quelques images des objets. Après avoir échoué à l'identification du soutif stellaire (ça y est, dit comme ç c'est évident : après la petite culotte de la vierge, le soutif stellaire : Je suis possédé par l'esprit de Syncopatte) , je m'attelle à l'identification de la parabole d'Arecibo. Sur la carte, j'arrive vite à la conclusion qu'il s'agit de M 23. Tourtefois, ça colle pas tout à fait avec mes souvenirs, ni avec l'image du bouquin "les plus belles curiosités célestes". Ceci-dit, cette dernière a un champ correspond à un oculaire Or9 sur 115/900... J'arrive à la conclusion que la parabole correspond à la partie habituellement observée dans des oculaires un peu plus forts que le 25, et que le gigantesque pylone en dessous... Ben faut un nano grossissement pour le remarquer. J'ai beau faire, j'ai du mal à faire coller mon dessin avec l'image, mais je parsd me coucher sur cette identification un peu bancale, avec la conclusion que décidément, le ciel n'est pas le même à Ultra Faible Grossissement.

 

Suite cet après-midi : une semaine plus tard, nouvelle sortie trépidante et aventureuse avec mon vieux 115

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Ce qui fait plaisir, c'est de voir quelqu'un qui ne met pas systématiquement en avant les défauts d'un instrument plus petit.

Je trouve génial que malgré des observations au 200, tu t'amuses toujours avec le 115.

 

Mais c'est TON 115, c'est normal... :love:

 

Super CROA !

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Bidonnant, ce petit CROA ! Et ça rappelle des souvenirs. D'ailleurs, je me souviens qu'une fois m'être exercé au 150 je voyais après coup plus de choses dans le 115, sûrement parce que je connaissais mieux les objets et que je savais où regarder. Ceci dit attention aux accès de grosse flemme dans la Voie Lactée ;) : je faisais ça souvent (et je le fais toujours un peu d'ailleurs, faut dire que c'est agréable parfois de se libérer de la dictature de l'atlas :p) et je finissais par tourner en rond ; ça me faisait louper des choses intéressantes mais peu constrastées (Tache d'Encre, Barnard 142-143) et/ou toutes petites (NP en quantité industrielle) qui échappent à un scannage. Enfin si tu es minutieux tu as peut-être une chance de rien laisser passer ?

 

J'allais oublier : « bonjour petit 115/900 de ma jeunesse ! » qui m'a fait vendre à Gibert Odéon quasiment toutes les BD de cette même jeunesse, snif...

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Ha ben tu sais takaya, M YY au 115 c'est un peu comme NGC XXXX au 200.... Alors je vois pas pourquoi j'aimerai pas M YY alors que je m'éclate sur NGC XXXX ;):p

 

En fait, j'aime bien les gros objets bien sûr, mais souvent je tripe plutôt sur des objets un peu faibles... Quand on sent leur timidité, et qu'éventuellement on soupçonne ce qui peut se cacher dessous. J'aime bien cette aura de mystère qui entoure ces petites lueurs. les objets faibles et délicats ne sont juste pas les mêmes entre 115 et 200 :)

 

Bon d'accord, il y en a un peu moins... Ce qui rend le sport plus exigeant ! :D

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Acte 3 :

" destruction !!!! " - livre de rambo, verset 29, alinéa 3

 

le 13 aout 2007

La soirée de toutes les aventures, probablement d'autant plus que je n'avais vraiment pas prévu que le ciel se lèverait dans la soirée. Après un repas vaguement moins gargantuesque que les précédents, le ciel est encore bien lumineux et semble décider d'être bleu après une vraie sale journée.

Un peu fatigué par cette journée, où notamment je suis allé noyer deux de mes amis en pleine mer (pince-mi et pince-moi sont sur un kayak double, rodrigue est sur un kayak simple et amène ses compères sur un petit rouleau à 200m du large. Qui tombe à l'eau ? Réponse : pince-mi et pince-moi, quittes pour 200m de nage, tandis que rodrigue inaugure le premier kayak de mer 3 places à soufflet de 9m de long)

Bref, un peu fatigué, je cède quand même, disant : "salaud de ciel, tu ne me laisseras donc jamais tranquille?", levant un point rageur au ciel pour faire mine, tout en pensant en mon for intérieur : "coooool" .

 

Les préparatifs sont un peu hâtifs : je jette vite fait un oeil à l'atlas, et surtout déballe la monture pour voir un peu son état. OOOh, ça tourne alors que ça devrait pas bouger ! OOooooh , j'ai deux demi-montures maintenant !!! Ooooh, une fois reassemblée, ce qui devait tourner ne tourne plus !!! Après avoir trouvé un montage qui ressemble à peu près à l'état initial de la monture, je sers un bon coup quelques vis avec ma clef allen, réduisant ainsi le jeu initial pôur au moins 15 minutes d'observation. :p

 

Au moment d'embarquer dans la voiture, je jette un oeil au ciel : une énooooorme trainée d'avion s'étale sur 10 bon degrés de large, à travers tout le ciel, tandis qu'un bon voile semble apparaître. Qu'à cela ne tienne, j'en serai quitte pour une balade en voiture.

La vraie nuit tombe alors que je démarre le moteur. En route pour mon champ préféré, je sens l'adrénaline monter, lorsque soudain, après un virage, je vois une grosse formez grise au bord de la petite route en train de rentrer dans les fourrés. Coup de flip, bordel c'est quoi ce chien loup géant? Quand malgré mon coup de frein je passe juste derrière la bête je remarque son arrière train : wo putain, c'est pas plutot un sanglier ça? J'arrête de freiner et me barre presto, j'ai pas envie de défier l'animal.

 

Le coeur encore battant, j'arrive à mon champ. une lueur bleue-verte illumine encore le nord-ouest, mais surtout un voile semble peser sur l'ensemble du ciel. j'hésite un peu, puis monte quand même le ciel. Grand bien m'en a pris !!!

On est nuit de nouvelle lune, il n'y a pas de vent. Après une mise en station assez facilement plus pointue que la nuit du 4 aout, je jette un oeil à jupiter. On voit facilement une bande brune tropicale, et aussi un peu les deux bandellettes équatoriales, avec l'oculaire super 10mm. Un oeil au Huyghens 6mm : weurk, comment j'ai pu utiliser ça pendant 6 ans ???

 

Je décide alors de me mettre au ciel profond (mon aaaamouuuuur). Autour de moi, l'ambiance est pour l'instant feutrée. Encore un peu flippé par mon premier sanglier, des piaffements de chevaux semblent étrangement proches et ne me rassurent pas des masses. Boudiou, et si ce champ, en jachère, abritait cette année des bestiaux, planqués un peu plus loins? Je fais un peu de bruit, "lalalaaaaa, c'est mon champ et je suis seuuuuuul", puis me retourne vers le 115.

Le voile est toujours présent, mais au moins ne s'épaissit plus, on voit encore la voie lactée bien que pas très contrastée, et assez loin de l'horizon. Je commence lâchement par le sagittaire, malgré la qualité du ciel, qui à mon avis ne pouvait qu'empirer. On reprend le bon vienx phare M24. Il a pas trop changé depuis l'autre soir, me semble-t-il. Mais ce soir je suis un rebelle, et au lieu de me retaper les objets géants à l'ouest du gros bidule lumineux, je pars vers l'est (ouah, quel rebelle, me direz-vous dans une clameur impressionnée par mes hauts-faits).

voyons voir si vous avez bien révisé votre atlas. Qu'est ce qu'il y a à l'est de M24 ? J'écoute.

 

Aucune réponse, bande de chenapans? Bon, je lache le lest alors : M 25 (ben oui, ça semble logique en plus ! M 24, à l'ouest il y a M 23 - cf acte 2 - donc peut y avoir que le 25 à l'est)

Ah, pour le coup lui il ressemble bien plus à mes souvenirs. il prend un demi-champ du Super 25mm, qui s'évère être un outil très agréable sur ce 115. Une cinquantaine d'étoiles sont organisées en deux traits qui se rapprochent puis s'écartent, dessinant ainsi un sablier (ce sera Dumbell 3), avec une allée noire bien marquée au centre pour permettre au grain de passer. Pas loin de ce goulot, Un druide a perdu une petite serpe, assez jolie au super 10mm, constituée de 7 ou 8 étoiles.

 

Assez content de cet objet malgré le voile, je pars au sud, rejoins lambda sagittae, dis bonjour à M28 observé l'autre soir, puis file illico chercher M 22. Comme prévu, le mastodonte n'était pas loin. C'est une énorme sphère, diffuse, parfaitement symétrique, avec une décroissance de luminosité bien régulière du centre vers l'extérieur. En vision décalée, il est peut être vaguement granuleux (je vous l'avais dis à l'acte précédent ;) ), et quelques étoiles infimes (entre 3 et 5) semblent presque à portée d'oeil. La symétrie parfaite de l'objet est surprenante, et je me laisse aller à le contempler quelques instants.

 

A ce moment, le voile, qui semblait s'être estompé, reprend du poil de la bête. Je me dis que la soirée ne va pas nécessairement durer des siècles à ce rythme là. Je lève un peu la tête, écoute, regarde. Les boîtes de nuit de la région sont remplies, leur raffut est porté sur des kilomètres par le vent. Un paysan m'avait averti que le chemin vicinal où je me gare est parfois utilisé par les jeunes bourrés rentrant de discothèque pour éviter les contrôles policiers. Il est probablement un peu tôt encore pour avoir ce genre de problème, encore que. Pas mal de bagnoles passent sur la route, et toutes, sans exception, poussent un coup de frein quand elles remarquent ma voiture tapie dans l'ombre. A quelques dizaines de mètres de là, je rigole bien en supposant qu'ils me prennent tous pour un policier embusqué avec son radar et son éthylomètre bien affutés :p .

 

Le voile ne fait pas que s'épaissir un peu... Il s'épaissit énormément (un peu comme un éléphant qui trompe). Je m'éloigne de l'horizon, pars vers le zénith, en quête d'objets encore bien visibles. bien entendu, je passe un coup d'oeil à la lyre M57, toute mignonne, bien lumineuse à faible grossisement. Je décide alors, malgré le voile, de traquer M56. C'est un amas globulaire tout près, entre la lyre et albiréo, aligné avec le côté du parallélogramme qui porte M57, me dit l'atlas. Il faut préciser que j'ai passé une demi-heure à le chercher avec le 200mm un mois auparavant, de toulouse intramuros avec un vent énorme et une transparence médiocre. Je m'en vais donc démontrer que le diamètre ne fait pas tout ;) .

Je le cherche au S25, et finalement... Je le trouve. M 56 est, comme ses congénères, une boule diuffuse au premier abord. Pas spécialement lumineux, il me semble pourtant très facile à identifier, et d'une taille suffisante. Il se situe dans un champ très joli, assez riche en étoiles de la voie lactée. L'une d'entre elles se pose tout contre M 56, compagnon agréable, un peu comparable à l'étoile compagne de la nébuleuse planétaire cu clown dans les gémeaux.

L'objet n'est pas non plus gigantesque, il me faut me résoudre à quitter mon 25mm pour orendre le S10mm. Avec une petite moue pour la forme, je procède à l'échange. Le petit globuleux en herbe révèle alors un aspect nouveau, intriguant, et qui l'inscrit désormaids parmis les objets intéressants à revisiter. La vision décalée ne le rend pas vraiment granuleux, non, ce serait trop banal ! Elle le rend... Irrégulier, par instants. Comme si il comportait quelques étoiles bien plus lumineuses que les autres, mais pas encore visibles. J'ai l'impression que l'amas est boursouflé, ou encore qu'il a des sous-amas... C'est un peu dur à expliquer comme sensation visuelle, ni granuleux ni vraiment diffus... On sent qu'il cache quelque chose sous sa veste. Edit : j'ai le mot : cet amas avait des grumeaux.... :p

 

A ce moment je lève les yeux vers le ciel : une grande révolution est en marche. L'état du ciel, qui semblait un peu osciller depuis tout à l'heure (voilé , clair, voilé, clair... je vous dis pas les notes de transparence sur le calepin, j'arrive pas à me relire) passe un cap. De grosses structures qui s'apparentent plus à des nuages de haute altitude se développent. Entre elles toutefois, des trous profonds ouvrent des fenêtres vers un ciel plus noir que jamais. En même temps, la température s'effondre. J'ai déjà deux pulls, je prends le kaway, et pendant 10 bonnes minutes je cours autour du télescope en chantonnant pour me réchauffer " C'est une bonne caillante, une bonne caillante c'est. C'est une bonne caillante, boudiou quelle méga caillante".... Et ainsi de suite.

 

Interlude :

 

A cent mètres de là, dans une ferme pittoresque :

"- Acré boudiou bonne mère, il y a un bonhomme qui gesticule dans notre champ autour d'un objet bizarre !

- Ouhla mon homme, ne t'en mêle pas, tu sais, on dit que les satanistes sont de retour au village..."

 

Fin de l'interlude

 

Après avoir faiut fuir toute forme de vie hostile et exorcisé le champ, je me remets donc à l'observation. De grandes ondes nuageuses parfaitement opaques se baladent dans le ciel, et je décide de me balader dans le gros trou noir profond qui s'est formé entre cassiopé et le cygne. Tout le monde, moi compris, pense alors en choeur : M 52 !!! Pas faut, sauf que sur le trajet à partir du W je trouve une petite tache. Toute minuscule au 25, elle comprend une petite étoile visible. Je grossis avec le S10mm, cette fois ci je vois plutôt quatre petites étoiles, mais la nébulosité est quasiement dissoute. Un petit oeil à l'atlas, comparaison avec le champ du viseur : ceci pourrait bien être l'amas ouvert NGC 7790, manifestement un poil hors de portée du 115.

Tout content d'avoir pêché ce tout petit poisson, je repars après dix minutes en quête de M52. Comme d'habitude quand j'ai un grand champ, je ne prends pas la peine de chercher le détail du chemin et me balade au pif... Tant et si bien que je pars observer complètement ailleurs , la voie lactée entre Céphée et le Cygne. A fois 36, le champ regorge d'étoiles, et parfois de petites surprises : ainsi, je trouve un magnifique objet à peu près au milieu du triangle formé par delta et epsilon Cepheus et Beta Lacerta. C'est un bel epsilon d'étoiles, tracé en plein dans la voie lactée par une courbe encore plus dense en étoiles que n'est déjà le fond du ciel. Cet epsilon fait bien un quart du champ, donc disons une demi-lune peut être. Après un oeil à l'atlas, à nouveau je ne trouve pas d'objet correspondant... Décidément depuis l'autre soir, je ne fais que des objets non répertoriés ! Le ciel a changé depuis peu ou quoi ???

 

Je reviens un peu en arrière, vers M 52, pointant un peu plus précisément la bonne région du ciel. Pendant ce temps, le trou se floute un peu, la qualité du ciel a recommencé à diminuer dans mon champ de vision depuis le epsilon géant. je trouve quand mlême M 52. L'image est magnifique au 25mm, grâce à un grossissement si léger qu'il fait cohabiter la résolution des étoiles dans certaines zones et une allure nébuleuse dans d'autres. On observe ainsi une petite voile triangulaire, flottant dans les cieux. VErs l'une des pointes on résout plus d'étoiles, de plus en plus lumineuses quand on s'écarte du centre, traçant elles aussi une flèche terminée par l'étoile la plus brillante du lot. Un petit changement d'oculaire, hop, S10mm, er l'aspect nébuleux disparaît pour révéler de nouvelles étoiles. On a toutjours cette gradation amusante de la luminosité des étoiles, de plus en plus forte de droite à gauche, vers la pointe.

 

Mais le voile revient, petit à petit. M 52 perd en luminosité. Je sors l'oeil de l'oculaire, respire un peu le bon air froid,, et soudain je remarque que le ciel se déchire du côté d'andromède. C'est probablement le trou le plus profond depuis le début de la soirée. C'est l'occasion ou jamais, me dis-je, de jeter à oeil à la grande voisine M 31 avec mon plus grand champ réel en stock ! je n'ai pas eu tort. Je ne dirais pas que j'ai vu la bande d'absorption noire, ni les amas globulaires de notre copine comme certains dans le sujet

http://www.webastro.net/forum/showthread.php?t=23159&goto=newpost . Non, le spectacle est plus simple, plus paisible, mais c'est la première fois depuis bien lonvgtemps que je prends du plaisir à regarder andromède. En effet, je la vois dans un champ qui doit bien faire un à deux degrés de large. Dans le champ, on voit à la fois le gigantesque fuseau du noyau, et le halo qui s'étend de part et d'autre jusqu'au-delà du champ visible, et ses deux compagnes. La plus proche est une petite tâche ronde très lumineuse assortie d'un noyau, tandis que l'autre, un peu plus loin mais toujours dans le même champ, est une tâche oblongue, assez épaisse mais manifestement bien elliptique, diffuse et sans noyau apparent. Les trois compagnes remplissent parfaitement l'espace, c'est presque une peinture, harmonieuse et délicate.

 

Je les contemple, recontemple, profite à plein de la faible vitesse de défilement dans l'oculaire, puis un beau jour me dis : le trou dans les nuages (car je ne parle même plus de voile) est plus épais que jamais, et surtout s'étend jusqu'au triangle... je crois que c'est ma l'heure solennelle de ma première rencontre avec M 33. Mon dieu ! solennelle, je ne cropyais pas si bien dire ! soudain fait irruption dans le champ une énooooorme nébulosité, parfaitement flagrante, d'une taille... mon dieu, c'est au moins aussi gros que la lune, non ??? Je me souviens avoir lu une semaine auparavant dans le dernier dossier de Pour la Science (Spécial galaxies) que M 33 est en fait une galaxie naine satellite de M 31... Dur de s'en convaincre, vu la distance angulaire entre les deux objets, mais soit... Ca nous fait en tout cas une autre voisine énorme et pourtant insoupçonnée de nos yeux nus. j'en suis, osons le dire, totalement sur le cul.

M 33 est parfaitement diffus, sans noyau apparent, sans vraiment de frontières non plus, mais sa présence, au début bien insistante, s'estompe petit à petit. Son diamètre angulaire apparent semble se réduire à peau d'oignon. Je suis en train de faire l'expérience de la sensibilité de M 33 à la qualité du ciel, car à l'oeil nu il n'est pas encore flagrant qu'un voile s'est installé sur le trou. Mais la déterioration de l'image me pousse à ne plus insister, la belle a fini de se montrer, laissons là tranquille.

 

Le ciel amorce un dernier grand changement : les nuages se dissolvent, re-libérant le ciel. Par contre, un voile assez présent et surtout parfaitement uniforme semble prendre pied. Je suspecte que le dernier acte est en train de se jouer avant l'arrivée des nuages du lendemain. Je m'oriente donc vers une dernière cible, plutôt du genre lumineuse : le double amas de Persée. Les deux amas tiennent parfaitement ensemble dans le champ, c'est un régal ! Leurs étoiles lumineuses se détachent bien du fond du ciel, et dessinent un petit bonhomme. Le plus petit des deux représente la tête, avec les deux étoiles plus lumineuses traçant les yeux, tandis que des petits groupements leurs font des sourcils. L'autra amas, plus grand et un peu moins dense, se charge de dessiner les jambes avec des alignements d'étoiles en flèche vers la tête du bonhomme.

 

Je laisse cette image passer, repasser, allez bon d'acxcord rerererepasser dans le champ. Petit à petit le ciel se fait de plus en plus épais, il sonne lui même la fin de la récréation. Je remballe mon petit matos, dis au-revoir aux nuages, au sanglier, aux chevaux, aux saoulards de la route, au spot de discothèque, et repars vers la voiture, marqué par le gigantisme de toutes ces voisines que personne ne soupçonne, à l'exception de ceux qui mettent un oeil derrière un bout de verre aluminé.

 

Un instant de recueillement pour M 33, disparue derrière la brume.

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Ca y est , j'ai le mot : le globuleux M56 a une allure irrégulière, comme si il avait des grumeaux ... Ca vous dit quelque chose comme sensation ?

 

Disons que ce "globuleux" comme tu l'appelles est un amas globulaire assez dispersé, c'est sans doute ce qui te donne l'impression de voir des grumeaux :confused:, il ne faut pas avoir peur de le grossir un maximum.

André.

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Merci pour l'avis :)

 

Ensuite, il est vrai que je me suis arrêté au Super 10 mm (x90), parce que le suivant que j'avais sous la main est un huyghens 6mm (x150) avec une transmission qui doit difficilement dépasser les 60% :p;)

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