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Von Braun a-t'il fait le bon choix en mai 1945 ?


roger15

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Entre 1945 et 1957 Wernher von Braun s'est demandé souvent s'il avait fait le bon choix en choisissant le camp américain plutôt que le camp soviétique en mai 1945...

 

Bonjour à toutes, et bonjour à tous, :)

 

Lors de mes échanges ce matin avec Elegac sur me "topic" de Norma "l'origine des noms des planètes" (voir : http://www.webastro.net/forum/showthread.php?p=382562#post382562 ) je me suis rendu compte que la dernière partie de mes recherches concernant Wernher von Braun n'avait pas été mise en ligne sur le site dont j'avais donné le lien. Comme cette partie, entre 1945 et 1957, est sans doute la plus révélatrice des difficultés dont Wernher von Braun a dû faire face, je vous la communique ci-après.

 

 

1945 - 1957 : que faire du "prisonnier" Wernher von Braun ?

 

 

Wernher von Braun s'est donc rendu aux soldats américains le 2 mai 1945. La première chose qu'ils font rapidement c'est de le mettre à l'abri le plus loin possible des troupes de l'armée rouge. Ensuite s'est rapidement posé la question : que faire de ce "prisonnier" si spécial ?

 

En mai 1945 les services de renseignements américains récupérèrent les plans du projet A9 / A10 de l’équipe de Peenemünde d’une fusée à deux étages. Ce projet, élaboré dès 1942, comprenait une fusée A10 comme premier étage (181,440 tonnes de poussée), chargé de propulser à 60 km d’altitude une fusée A9 (sorte de V2 dotée d’ailes en forme de flèches). Le deuxième étage aurait pu évoluer en vol balistique à la vitesse de 5 000 km / h et frapper une cible située à 5 000 km. Tiré d’une position à l’Ouest de l’Europe (la Bretagne ou le Portugal) ce deuxième étage aurait pu atteindre la côte Est des États-Unis, New-York était la cible plus spécialement visée … Les Américains en ont eu une peur bleue rétrospective. Mais ils se sont dits qu'il valait mieux avoir un tel gaillard avec eux que contre eux !…

 

A part Wernher von Braun, les membres de l'équipe de Peenemünde qui s'étaient rendus aux Américains étaient quatre : Bernard Tessmann, Hans Lindenberg, Didier Huzel, et Magnus von Braun (le frère de Wernher). Quelques semaines plus tard, quelque quatre cents anciens de Peenemünde, venus des villages environnants où ils s'étaient dispersés pour ne pas servir d'otages aux SS, se regroupaient dans une gare près de Nordhausen afin d'être transférés, le 20 juin 1945, dans une zone sous contrôle de l'armée américaine. Un seul membre important de l'équipe de Peenemünde avait répondu positivement aux appels des Soviétiques : Hermann Gröttrup. Cet homme, qui ne voulait pas quitter l'Allemagne, âgé tout juste de trente ans, se vit confier par les Soviétiques la responsabilité d'un programme de mise au point de fusées. Soudainement il devenait l'égal de Wernher von Braun !…

 

Wernher von Braun et les autres techniciens de Peenemünde furent regroupés dans une ancienne caserne à Landshut (Sud-Est de la Bavière). Pendant un mois leur sort fut indécis. Les Anglais demandaient avec insistance, aidés en cela par les Soviétiques, que Wernher von Braun soit jugé comme criminel de guerre, pour les centaines de morts causés par l'envoi de ses V2 sur Londres et Anvers. L'armée américaine décida finalement, à titre conservatoire, d'en transférer 117 le 29 septembre 1945 au fort Standish, une île du port de Boston (Massachusetts).

 

Le problème était que ces 117 techniciens allemands étaient entrés illégalement aux États-Unis, sans visa… L'armée a alors convaincu le Président américain Harry Trumann de signer un décret spécial autorisant leur transfert aux États-Unis. Les Américains ont rapidement pris soin de gommer le passé nazi et même SS de Wernher von Braun.

 

Wernher von Braun et les autres techniciens de Peenemünde furent alors transférés à Fort Bliss au Texas où ils purent remonter des V2, dont les pièces avaient souffert lors du transport vers les États-Unis et commençaient à être recouvertes de rouille, sous l'œil attentif des techniciens américains. Un premier tir d'essai fut réalisé le 16 avril 1946 depuis la base de White Sands, en plein désert du Nouveau-Mexique. Les techniciens allemands furent assez rapidement dépités de constater que les Américains, n'avaient aucune directives à leur donner pour encadrer leurs travaux…

 

Aussi, les techniciens allemands se contentèrent d'équiper leurs V2 de charges scientifiques et à les envoyer dans la haute atmosphère pour y effectuer différentes mesures. Pas moins de soixante-sept V2 furent tirés en vingt mois (entre avril 1946 et novembre 1947). Lors du tir du 17 décembre 1946 un V2 a atteint la vitesse record de 5 900 km/heure et une altitude de 186 km. Précisons que le record absolu (vitesse de 6 500 km/heure et altitude de 214 km) fut réalisé par un V2 lors d'un essai réalisé par les Américains eux-même, le 22 août 1952.

 

Car, très vite, à partir de décembre 1947, les Américains ont voulu remplacer les Allemands lors des essais de lancement des fusées V2. Les anciens de l'équipe de Peennemünde se sont alors demandés s'ils avaient fait le bon choix en 1945 ?…

 

De 1945 à 1957, l'ancienne équipe de Peennemünde, s'ennuie aux Etats-Unis. En effet, les Américains s'estiment très contents de les avoir mis en sûreté sur leur territoire, et qu'ainsi ils ne puissent pas un jour fabriquer une fusée intercontinentale qui les menacerait… Les services de renseignement occidentaux n'ont aucune idée de ce qui passe au-delà du rideau de fer en matière aéronautique.

 

On autorise toutefois Wernher von Braun à continuer à assembler et à lancer des V2 (qu'on préfère appeler de leur ancienne dénomination "A4", pour oublier leur sinistre passé…) pour que son équipe ne perde pas la main, on ne sait jamais…

 

* Jeudi 30 octobre 1947 : les Soviétiques lancent depuis leur base de Kapustin Yar, près de la mer Caspienne, le premier des V2 récupérés en Allemagne.

 

* Jeudi 24 février 1949 : un V2 américain surmonté d’un deuxième étage (Wac-Corporal) atteint 393 km d’altitude, battant tous les records pour l’époque.

 

* Mardi 3 mai 1949 : premier tir, aux États-Unis, de la fusée civile Viking, qui servira de premier étage, plus tard, au lance-satellite Vanguard.

 

* 29 août 1949 : les Soviétiques font exploser leur première bombe atomique (bombe A). L'équilibre de la terreur est rétabli… Les Américains sont de nouveau sur le qui vive vis-à-vis de l'Union Soviétique…

 

* Novembre 1950 : l’équipe de Peenemünde, après un séjour provisoire à Fort Bliss (Texas), s’installe dans un centre tout spécialement créé à Huntsville (Alabama) : l’Army Ballistic Missile Agency (ABMA) dans l’enceinte de l’arsenal Redstone. Ils y mèneront à bien, à partir de 1952, la mise au point d’un missile dérivé du V2, précisément baptisé Redstone. C’est cette fusée qui servira de base à la Jupiter C qui lancera le premier satellite artificiel américain.

 

* 1er novembre 1952 : les Américains font exploser leur première bombe atomique thermonucléaire à hydrogène (bombe H). Elle est baptisée "Mike". Elle explose sur l'atoll d'Eniwetok près des îles Marshall dans le Pacifique. Sa puissance était de 10,4 mégatonnes, 1 000 fois plus puissante que la bombe atomique lancée sur Hiroshima. "Mike" ne laissera plus rien de l'îlot après son explosion… Les États-Unis reprennent l'avantage dans l'équilibre de la terreur !…

 

* 12 août 1953 : les Soviétique font exploser leur première bombe atomique thermonucléaire à hydrogène (bombe H). Il ne leur a fallu que neuf mois pour rattraper les Américains !…

 

Fin 1953 : le vice-Premier ministre soviétique Viatchelav Malychev demande à Sergueï Korolev (dont le nom restera toujours ignoré des services secrets occidentaux jusqu'à son décès le 14 janvier 1966, à l'âge de 59 ans) de concevoir un missile balistique intercontinental capable de propulser une charge thermonucléaire de 5,6 tonnes depuis le territoire soviétique sur les villes de New-York ou de Washington. A cette époque Sergueï Korolev travaillait sur des missiles R-5, lointains dérivés des V-2 allemands. Ces missiles R-5 avaient une masse au décollage de 28,6 tonnes qui ne leur permettait d'emporter qu'une charge de 1,5 tonne (représentant une charge nucléaire de 80 kilotonnes ; soit quatre fois la puissance de la bombe d'Hiroshima) à seulement 1 200 km de distance.

 

* Le jeudi 14 avril 1955 von Braun acquiert la nationalité américaine.

 

* Vendredi 29 juillet 1955 : la Maison-Blanche annonce que les États-Unis ont l’intention de lancer des satellites artificiels lors de l’Année géophysique internationale (1er juillet 1957 - 31 décembre 1958).

 

* Vendredi 9 septembre 1955 : les États-Unis sélectionnent le programme Vanguard de l’U.S. Navy, visant à l'aide d'une fusée Viking (sur laquelle il faudrait élaborer des étages supérieurs) à satelliser un objet spatial d'un poids de 9 kg sur orbite basse. Dès lors, von Braun se vit signifier l'interdiction stricte de procéder à toute satellisation.

 

* Jeudi 20 septembre 1956 : la fusée Jupiter (d'une portée de 2 400 km) mise au point par l'équipe de Wernher von Braun est lancée de Cap Canaveral et atteint, avec un quatrième étage neutralisé, 1 000 km d'altitude avant de retomber à 5 300 Km de son point de départ. Si elle avait voulu suivre les recommandations de Wernher von Braun l'Amérique aurait réussi ce jour-là la première satellisation de l'histoire ...

 

Mais, vous l'avez bien compris, le principal adversaire de Wernher von Braun, pourtant soutenu par l'armée de terre américaine, est l'US Navy, qui a alors l'oreille du Président Dwight David Eisenhower, et qui veut être la seule à avoir la gloire d'avoir pu envoyer le premier satellite artificiel de l'histoire…

 

Le réveil sera très rude pour l'Amérique un certain vendredi 4 octobre 1957 !…

 

Vendredi 4 octobre 1957 l'après-midi. Wernher von Braun reçoit à la base ABMA (Ammy Ballistic Missile Agency) à Huntsville dans l'Alabama une délégation officielle du gouvernement américain parmi lesquels deux personnages très importants : Neil MacElroy (Ministre de la Défense des États-Unis) et Wilbur Brucker (Ministre de l'armée). C'est en plein cocktail qu'on leur annonce la nouvelle la plus incroyable qui soit : l'agence soviétique Tass vient d'annoncer que l'URSS vient d'envoyer à 19h 28m 34s (Temps Universel) le premier satellite artificiel de la Terre. C'est une sphère d'aluminium de 58 cm de diamètre, pesant 83,6 kg, dont les émetteurs lancent en permanence un "bip, bip, bip…". Son orbite est de 215 km au périgée et de 939 km à l'apogée. Il fallait une heure et 36 minutes à Spoutnik 1 pour faire le tour de la Terre. Ce qui a le plus inquiété les officiels américains c'est que le fait qu'il y ait eu satellisation prouvait que l'Union Soviétique disposait d'un missile balistique intercontinental capable d'envoyer des bombes atomiques sur les États-Unis !…

 

Wernher von Braun et le général de brigade John B. Medaris, commandant l'ABMA, sautèrent sur l'occasion et demandèrent l'autorisation aux deux ministres présents de lever l'interdiction qui leur était faite de procéder aux préparatifs pour le lancement d'un satellite artificiel américain. Selon eux, dès qu'ils auraient le feu vert du gouvernement américain, 90 jours au maximum leur suffiraient pour procéder à un tel lancement. La réponse des deux ministres fut que seule l'US Navy allait relever incessamment le défit lancé par l'Union Soviétique… Mais, bons princes, ils leur ont toutefois permis de commencer, mais très discrètement, leurs travaux sur ce projet d'un satellite lancé par la fusée Jupiter, au cas où…

 

Le dimanche 3 novembre 1957, alors que les Américains n'avaient toujours pas lancé un seul satellite, l'Union Soviétique lançait Spoutnik 2 (508 kg de charge utile), avec le premier être vivant de l'histoire de la conquête spatiale : la chienne Laïka. Précisons un point important : pendant 45 ans les Soviétiques affirmeront que cette pauvre chienne avait survécu environ dix à douze jours. Ce n'est qu'en 2002 que le docteur Dimitri Malashenkoven révèlera que Laïka avait en fait péri sept heures tout au plus après le lancement…

 

Deux à zéro, les officiels américains pressèrent donc l'US Navy d'envoyer très rapidement leur satellite artificiel, et en tout cas avant la fin de 1957 !… Cette pression lui fut fatale…

 

Le jeudi 5 décembre 1957 allait être la journée de la revanche des États-Unis : non seulement ils allaient réussir eux aussi à envoyer un satellite artificiel, mais, certains de la fiabilité de leur technologie, ils allaient convier le monde entier à y assister (alors que les deux lancements soviétiques s'étaient effectués dans le plus grand secret, et révélés seulement dès qu'on était certain de leur succès). Et, cerise sur le gâteau, les caméras de la télévision américaine étaient invitées à diffuser ce lancement en direct depuis Cap Canaveral (Floride).

 

A 16h 44m (Temps Universel) les moteurs de la fusée emportent vers l'espace le satellite "Vanguard-1A" une sphère en aluminium de 15,2 cm de diamètre et pesant 1,36 kg. Les trois réseaux télévisés américains (ABC, CBS et NBC) diffusent en direct ce magnifique décollage. Mais, deux secondes après avoir quitté le sol et après s'être élevée d’environ un mètre et vingt centimètres, la fusée composée de trois étages perd de la poussée et commence à retomber en penchant vers l’arrière. Ayant touché violemment la rampe de lancement, les réservoirs de carburant se rompent et explosent, détruisant entièrement la fusée et endommageant gravement la rampe de lancement !… Toute l'Amérique assiste en direct à la télévision à ce désastre technologique sans précédent !… Les États-Unis ont été humiliés par la stupide US Navy, dont les responsables ont alors rasé les murs du Pentagone dans les jours suivants…

 

Une véritable hystérie secoue alors les États-Unis : les Russes peuvent leur envoyer des fusées porteuses de bombes atomiques et eux se révèlent incapables d'envoyer une fusée à plus de deux mètres de hauteur !…

 

Le seul gagnant de ce désastre fut le satellite Vanguard-1A lui-même : éjecté de la fusée lors de l'explosion, sa coque a bien résisté et ses émetteurs ont bien fonctionné !… L'émotion causée par cet échec aux États-Unis sera telle que la presse américaine la comparera à un nouveau Pearl Harbor…

 

L'Américain le plus vexé par cet échec fut bien sûr le Président des États-Unis Dwigth David Eisenhower. Cinq jours après ce nouveau Pearl Harbor, le mardi 10 décembre 1957 il ordonna au ministre de la défense de lever immédiatement l'embargo qui frappait l'équipe de Wernher von Braun et de lui donner l'ordre de procéder le plus vite possible au lancement d'un satellite artificiel américain.

 

Le vendredi 31 janvier 1958, l'Amérique retient son souffle : une deuxième tentative de lancement d'un satellite artificiel va avoir lieu, toujours retransmise en direct à la télévision.

 

Ce jour-là le lanceur Jupiter C RS-29 (dérivé de la fusée Redstone), s'élève de Cap Canaveral emportant le satellite Explorer 1

 

Explorer-1, d’une masse de 13,9 kg se révèlera très utile pour les futurs vols habités puisqu'il découvrira les redoutables ceintures de radiation dites de Van Allen.

 

Le vendredi 31 janvier 1958 l'équipe de Wernher von Braun, retrouve le moral : elle a bien fait de choisir le camp américain plutôt que le camp soviétique en mai 1945 !…

 

D'autant plus que les Soviétiques vont très rapidement subir leur premier échec avec le lancement de Spoutnik 3. Le lundi 3 février 1958 les Soviétiques, certains de la fiabilité de leur technologie spatiale, invitent la presse internationale à assister au lancement de l'énorme satellite Spoutnik 3 (satellite en forme de cône, mesurant 3,57 m de hauteur), d'un poids de 1 327 kg !… Hélas pour eux, un des boosters tomba en panne et le lanceur s'écrasa 88 secondes après le lancement (après s'être élevé d'une douzaine de kilomètres)…. Furieux de cette humiliation publique, les Soviétiques retiendront la leçon et n'inviteront plus jamais la presse internationale à assister à un lancement. Les lancements soviétiques ne seront annoncés qu'après la certitude de la réussite du décollage de la fusée. Ainsi, leurs prochains échecs resteront ignorés du grand public… Spoutnik 3 sera donc le premier et le seul échec officiel dans le lancement des objets partant vers l'espace.

 

Trois mois plus tard (le jeudi 15 mai 1958), le deuxième essai pour lancer Spoutnik 3 fut une réussite.

 

Entre temps, du côté américain, les mauvaises nouvelles s'accumulent pour l'US Navy et ses satellites Vanguard, et les échecs et des succès alternent pour l'équipe de von Braun :

 

* 5 février 1958 : échec pour l'US Navy !… Le satellite américain Vanguard-1B est détruit à Cap Canaveral dans l’explosion du lanceur Vanguard TV-3BU.

 

* 5 mars 1958 : échec pour l'équipe de von Braun. Le satellite américain Explorer-2 ne peut être placé sur orbite à la suite d’une défaillance du quatrième étage du lanceur Jupiter C.

 

* 17 mars 1958 : succès (enfin !!!…) pour l'US Navy. Le satellite américain Vanguard-1C est placé sur orbite par un lanceur Vanguard TV-4.

 

* 26 mars 1958 : succès pour l'équipe de von Braun. Le satellite américain Explorer-3 est placé sur orbite par un lanceur Jupiter C.

 

* 28 avril 1958 : nouvel échec pour l'US Navy !… Le satellite américain Vanguard-2A ne peut être placé sur orbite à la suite de la défaillance du troisième étage du lanceur Vanguard TV5.

 

* 27 mai 1958 : nouvel échec pour l'US Navy !… Le satellite américain Vanguard-2B ne peut être placé sur orbite à la suite de la défaillance de son lanceur Vanguard SLV-1.

 

* 26 juin 1958 : nouvel échec pour l'US Navy !… Le satellite américain Vanguard-2C ne peut être placé sur orbite à la suite de la défaillance de son lanceur Vanguard SLV-2.

 

* 26 juillet 1958 : succès pour l'équipe de von Braun. Le satellite américain Explorer-4 est placé sur orbite par un lanceur Jupiter C.

 

Si j'insiste autant sur ces échecs, c'est qu'à long terme ils seront très formateurs pour les vols habités de la NASA. Lors des vols humains, Mercury, puis Gemini, et enfin Apollo, la NASA fera toujours projeter aux journalistes étrangers lorsqu'ils arriveront à Cap Canaveral un documentaire d'une dizaine de minutes leur montrant, en insistant très lourdement, toutes ces images d'explosion de fusées, et qui se terminait par ce bandeau "Voilà pourquoi aujourd'hui nous savons comment envoyer des fusées dans l'espace !…".

 

Les années 1958 à 1966 furent dans l'ensemble très favorables pour la conquête de l'espace : sondes spatiales lunaires et interplanétaires (Lunik 1, Lunik 2 et Lunik 3 sont restées mémorables), voyages humains habités d'abord autour de la Terre, puis vers la Lune, satellites de télécommunications (Telstar, Early Bird).

 

L'année 1967 fut en revanche une douche froide pour les deux nations spatiales :

 

* 27 janvier 1967 : la cabine Apollo 1 prend feu et ses trois occupants (Virgil Grissom, Edward White, et Roger Chaffee) périssent carbonisés…

 

* 24 avril 1967 : Wladimir Komarov se tue lors de l'atterrissage de Soyouz 1, à cause du mauvais fonctionnement de ses parachutes…

 

Ces deux accidents dramatiques ont réveillé le monde entier qui s'était habitué aux succès ininterrompus des vols spatiaux. L'envoi d'êtres humains dans l'espace était, est, et restera une entreprise à très hauts risques !…

 

Pour moi, la mission spatiale la plus extraordinaire, fut le vol Apollo 8, du 21 au 27 décembre 1968. Aujourd'hui, à cause du "petit pas pour un homme" de Neil Armstrong le 21 juillet 1969, on l'a pratiquement oublié, mais c'était le vol le plus risqué et le plus extraordinaire de toute la conquête spatiale, il permettait à ces trois astronautes de réaliser le rêve de Jules Verne : aller (et revenir !…) de la Terre à la Lune !...

 

Ce vol Apollo 8, un des derniers grands triomphes de l'équipe de Wernher von Braun, mériterait d'être raconté spécialement. ;) Je l'ai ai brièvement mentionné dans le "topic" "Qui se souvient aujourd'hui du premier vol lunaire habité ?"

http://ns26004.ovh.net/~webastro/forum/showthread.php?t=29241

 

Roger le Cantalien. :rolleyes:

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Pour moi, la mission spatiale la plus extraordinaire, fut le vol Apollo 8, du 21 au 27 décembre 1968. Aujourd'hui, à cause du "petit pas pour un homme" de Neil Armstrong le 21 juillet 1969, on l'a pratiquement oublié, mais c'était le vol le plus risqué et le plus extraordinaire de toute la conquête spatiale, il permettait à ces trois astronautes de réaliser le rêve de Jules Verne : aller (et revenir !…) de la Terre à la Lune !...

 

Ce vol Apollo 8, un des derniers grands triomphes de l'équipe de Wernher von Braun, mériterait d'être raconté spécialement. ;) Je l'ai ai brièvement mentionné dans le "topic" "Qui se souvient aujourd'hui du premier vol lunaire habité ?"

 

Roger le Cantalien. :rolleyes:

 

En effet, Apollo VIII fut une bien belle mission...

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C'est vrai que Apollo 8 avait tout pour plaire: un survol de la Lune la nuit de Noël, une vue d'un lever de Terre sur l'horizon lunaire et des voeux de la part des astronautes qui ont lu les premiers versets de la Bible (n'oublions pas qu'aux Etats-Unis Dieu est très présents..."In God We Trust", "God bless America"...). Chapeau pour la communication!

De la même manière, je doute que la mise en orbite de NEAR autour d'Eros le 14 février 2000 ou l'aterrissage de Mars Pathfinder le 4 juillet 1997 (date d'indépendance des Etats-Unis) aient été totalement involontaires...

 

Erwan

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Belle leçon d'histoire, merci Roger!

Au passage, merci de ne pas avoir omis de signaler le passé nazi, et même SS, de Von Braun. Il a lui-même demandé que des prisonniers de guerre, politiques, et des juifs, travaillent à ses projets, et sa base de Peenemünde fut l'un des pires camps de travail (D'après Historia).

 

:hm:

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Entre 1945 et 1957 Wernher von Braun s'est demandé souvent s'il avait fait le bon choix en choisissant le camp américain plutôt que le camp soviétique en mai 1945...

 

Bonjour à toutes, et bonjour à tous, :)

 

 

1945 - 1957 : que faire du "prisonnier" Wernher von Braun ?

 

 

Wernher von Braun s'est donc rendu aux soldats américains le 2 mai 1945. La première chose qu'ils font rapidement c'est de le mettre à l'abri le plus loin possible des troupes de l'armée rouge. Ensuite s'est rapidement posé la question : que faire de ce "prisonnier" si spécial ?

 

 

Roger le Cantalien. :rolleyes:

 

Bon, vous êtes visiblement un connaisseur de l'histoire de l'aéronautique:)

 

(je ne le conteste point)

 

j'ai lu aussi l'épopée de WVB, Ok sur beaucoup de points mais pas tous tout à fait...au cas ,je dis bien "au cas" ou on se ferait des idée fausses,je souhaite souligner quelques points à éclaircir:

 

-WVB a tout fait absolument pour se faire capturer,par les USA son équipe aussi.

il a intrigué pour échapper a la surveillance nazie,il a disséminé son equipe

pour mieux y parvenir ,caché les plans des V1et V2 et a envoyé son frere au devant des américains.il avait luiet ses proches unplan tout afait bien reflechi

 

les américains etaient son seul choix possible (:argent ,visa, et science)

 

les Russes ont tout fait pour etre les premiers a capturer WVB,les américains ont doublé les russes. Ils les ont coiffés au poteau

 

ceux ci n'ont eu que du materiel,des techniciens ,les usines, et un bon ingénieur en second

 

les plans(des camions de plans) et le meilleur(WVB et les meilleurs de son équipe)(une centaine triés par WVB ont été recupérés par une mission militaire secrete US... les militaires US ont donc tout fait pour ramener la creme de l'aeronautique allemande.. ensuite ils ont fait les idiots

et ont lamentablement "nadouillé" pendant deux ans(pas 11ans) : crise morale entre les militaires et les politiques: "doit on laisser aux mains des ces nazis la sécurité du pays"... ils ont perdu 2ans ensuite WVB a eu "carte blanche"... sous surveillance américaine effectivement techniquement incompétente

 

 

les russes n'ont pas eu cette crise morale ils ont su tirer immédiatement tout le profit de l'experience de ce bon ingénieur(grotupp)et ses techniciens..et des machines. Cet ingénieur n'avait pas le génie de WVB

mais connaissait bien son métier.

 

5 ans apres ils ont su voler par eux même; Grotupp et ses techniciens ont été remerciés et sont revenus en allemagne..( les russes refaisaient en douce toutes les experiences de Grotupp)

 

ils ont pas trop perdu de terrain par rapport aux américains,et même ont fait semblant d'avoir une avance, le vol de Gagarine aurait été une forme de supercherie publicitaire....les russes dans ces années 57-60 avaient une certaine avance en matiere balistique mais pas au niveau vol humain...le vol de gagarine etait dit on "une aventure,une improvisation", qui a bien tourné(il est revenu en parachute) les russes à cette époque,n'etaient pas plus avancés que les américians au niveau vol spatiaux,on sait la verité maintenant.(ils ont fait comme les américains ont balancé la haut plein de chiens,les américains des chimpanzés-ok pour Laika,mais iols l'ont laissé crevé la haut, il n'y avait pas de biberon empoisonné,elle a crevé lentement,dans de grandes souffrances, de chaleur)

 

l'amérique et les russes ont abondament exploité la science nazie, WVB a été blanchi de son passé nazi tant que l'Amérique avait besoin de lui..

ce n'est plus le cas maintenant,...hypocrisie des médias qui l'ont jadis encensé..."dans les années 60 à 80 il n'y avait pas mieux que lui"

 

il y a eu un deni collectif mondial de son passé nazi.Nous avons tous effectué ce deni...

 

En realité WVB n'etait pas un enfant de coeur, il etait parfaitement impliqué

dans la machine de guerre allemande, l'utilisation des camps de la mort,son génie au service d'une mauvaise cause, la machine de guerre nazie et des milliers de morts concentrationnaires(et londoniens) ont alimenté notre essort aeronautique qui vit là dessus, en beneficiant de cette maniere de 25 ans d'accéleration ...

 

bon c'etait un résumé disons " critique":cry:

 

vous ne m'en voudrez pas j'espère:cool:

 

(la paix dans les chaumieres)

 

 

la bonne nuit

 

 

Albatros

 

(la verité n'est pas toujours plaisante,et le monde peut etre ni "blanc ni noir"mais gris)

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  • 2 mois plus tard...

J'ajouterais à propos du jeudi 5 décembre 1957, date du premier lancement (et du premier echec) américain, la presse à "ironiquement" évoqué l'évenement de "flopnik" américain.

 

Mais quelle belle époque cela devait être !

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