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Les deux prédictions réussies d'un brillant astrologue.


roger15

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Les deux prédictions réussies d'un brillant astrologue.

 

Bonjour à toutes et bonjour à tous, :)

 

Je tenais à rendre hommage sur ce forum Webastro à un grand astrologue envers qui chaque astronome amateur ou chaque amateur d'astronomie devrait être reconnaissant puisque qu'il est le père de la mécanique céleste actuelle : le très grand Johannes Kepler !…

 

Tout d'abord une précision préliminaire : Johannes Kepler (tout comme son "Maître" Tycho Brahé) devait bien vivre, et pour cela, outre ses prestigieux ouvrages sur la mécanique céleste (ainsi les extraordinaires "Tables Rudolphine" parues en 1627 après plus de 25 ans de recherches et de calculs), confectionnait (sans aucun état d'âme) des horoscopes pour les grands de ce monde à son époque… C'était donc un "astrologue alimentaire", et non point un de ces charlatans qui en cette fin de 2008 vont inonder les revues (souvent féminines, il faut bien le reconnaître…) d'horoscopes qui vont être hélas lus avec un grand intérêt !… Encore, ces "charlatans" ne sont pas les plus critiquables, ceux qui le sont vraiment c'est ceux qui osent faire passer pour des "astrologues professionnels" et qui vivent sans vergogne sur le dos de leurs clients désespérés ou inquiets venant les consulter (moyennant une rémunération substantielle…) pour entendre des paroles de réconfort. Là, on peut vraiment parler "d'escrocs" !… :confused: :confused: :confused:

 

Dans l'actuel sujet je vais insister sur un point peu connu des travaux (très en avance sur leur époque) de l'astrologue/astronome Johannes Kepler, qu'on peut traiter de tout, sauf "d'escroc" !... Je précise (car il est souhaitable de citer le plus possible ses sources) que ce que je vais indiquer s'inspire en grande partie de l'excellent article de Michel Toulmonde, (astronome à l'observatoire de Paris) paru dans le numéro de l'Astronomie (Bulletin de la Société Astronomique de France) de mars-avril 2003 (volume 117), pages 126 à 131.

 

Johannes Kepler (né le 27 décembre 1571 près de Stuttgart en Allemagne et mort le 15 novembre 1630 à Ratisbonne en Bavière) avait donc 58 ans en 1629 lorsqu'il a fait paraître son ouvrage en latin "Admonitio ad astronomos. De raris mirisque anni 1631. Phaenomenis, Veneris puta et Mercurii in Solem incursu" ("Avertissement aux astronomes. Au sujet de phénomènes rares et étonnants de l'an 1631 : l'incursion de Vénus et de Mercure sur le Soleil"), Leipzig 1629. Ce génial calculateur avait été frappé par le fait que DEUX passages de planètes inférieures allaient avoir lieu l'année suivante (ça ne se reproduira plus avant des millénaires sans doute…). Je pense que beaucoup d'entre vous savent déjà qu'il a correctement calculé le passage de Mercure devant le Soleil le 7 novembre 1631, effectivement observé par le chanoine Pierre Gassend (dit "Gassendi") qui avait lu son ouvrage. Hélas, Johannes Kepler n'était plus là pour en recevoir la gloire car il est décédé l'année précédente, à presque 59 ans... Sa première prédiction était donc réussie !…

 

En quoi était-elle importante ? Eh bien, tout simplement parce que les tenants du système "géocentrique" objectaient aux partisans du système copernicien "héliocentrique", que si vraiment c'étaient les planètes qui tournaient autour du Soleil et non l'inverse, on devrait pouvoir de temps en temps apercevoir les disques de Mercure et de Vénus se détacher sur le disque du Soleil. Or, avant Johannes Kepler, personne n'avait été capable de calculer à l'avance la date et les horaires d'un tel phénomène…

 

De plus, Kepler avait fait une deuxième prédiction : il avait indiqué que Vénus allait, un mois seulement après Mercure, passer à son tour devant le Soleil. Ce passage de Vénus, observable selon ses calculs aux Amériques, devait se produire le 6 décembre 1631 à 9 heures 41 minutes du matin en temps moyen d'Uraniborg au Danemark (comme quoi Kepler rendait hommage à son maître Tycho Brahé, même après le décès de ce dernier, le 24 octobre 1601). Seulement, même très perfectionnés par rapport à tout ce qui avait été publié jusqu'alors ses calculs étaient très légèrement inexacts et ce passage fut raté, Gassendi et d'autre en Europe et surtout aux Amériques (d'où il devait être visible d'après Kepler) tentèrent de l'observer mais en vain... Johannes Kepler s'était-il donc trompé ?…

 

Oui, mais seulement très légèrement… Michel Toulemonde dans l'article cité plus haut indique la raison pour laquelle ce passage n'a pas été observé : « En réalité, le passage de Vénus aura lieu huit heures plus tard que prévu, le 7 décembre 1631, et ne sera visible qu'en Asie et en Afrique. On ne connaît pas d'observateurs éventuels ».

 

Et pourtant, Johannes Kepler, qui sentait qu'il était au seuil de sa vie avait lancé en 1629 un vibrant et pathétique appel pour que ce passage de Vénus devant le Soleil soit réellement observé. Je suis toujours très ému lorsque je lis cet appel (très désintéressé puisqu'il donnait aux astronomes amateurs et professionnels du monde entier un rendez-vous dont il sentait très bien qu'il ne serait plus là pour en connaître la conclusion…). Je me fais un devoir (pour sa mémoire) de vous le retranscrire :

 

« J'exhorte tous et chacun, non seulement les patrons de navires qui vogueront sur l'océan, ou les savants qui habitent l'Amérique et les provinces voisines du Mexique, mais également les professeurs européens de mathématiques établis dans les académies, et aussi les Grands [de ce monde] à découvrir [grâce aux tubes célestes agrandissant qui divulguent très correctement] les tâches en vue ».

(d'après l'ouvrage "Passage de Mercure devant le Soleil – avec la préface de Frisch" du traducteur Jean Peyroux ; paru en décembre 1995 à la librairie Blanchard à Paris, page 51).

 

Passez toutes et tous une bonne journée. :)

 

Roger le Cantalien. :rolleyes:

 

 

Voici un portrait de Johannes Kepler :

 

JKepler.png

 

Et voici son ouvrage fondamental sur la mécanique céleste "Les Tables Rudolphines" (1627) :

 

800px-Frontispice_Tables_Rudolphines.jpg

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J'en profite cher Roger, pour rappeler que les tables Rudolphine ont été commencées par Tycho brahé avec ses mesures d'étoiles et que seul les livres III et IV ont été écrits (après le décés de Tycho Brahé) par Kepler qui faisait partie de son équipe plus spécialement pour les mesures des planètes.

Le nom des tables en quatre volumes était au départ Progymnasmata et c'est en l'honneur de l'empereur Rudolph de Hasbourg qu'il devint Tables Rudolphine.

Cet empereur passionné de sciences et d'arts pris sous sa protection Tycho Brahé et lui donna les moyens de continuer ses recherches.

Bonne nuit.

Luc.

PS : j'ai pas grand mérite je viens de terminer le livre Le château des Etoiles de Paul CHATEL qui romance la vie de Tycho Brahé.;):be::be::be:

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...(après le décés de Tycho Brahé)... Cet empereur passionné de sciences et d'arts pris sous sa protection Tycho Brahé et lui donna les moyens de continuer ses recherches.

PS : j'ai pas grand mérite je viens de terminer le livre Le château des Etoiles de Paul CHATEL qui romance la vie de Tycho Brahé.;):be::be::be:

 

J'ignore si Paul CHATEL en parle, mais sur la mort de Tycho Brahé et sur ses rapports (très hiérarchiques) avec l'empereur Rodolphe II, il existe une anecdote assez tragique.

 

Figurez-vous que Brahé voyageaient avec l'empereur. L'astronome fut saisi d'une forte envie de faire pipi... Mais je suppose que l'étiquette veut que l'on ne demande pas un arrêt pipi à son empereur. Il se retint donc, et il se retint tant et si bien qu'il mourut d'une septicémie foudroyante suite à rétention volontaire d'urine.

 

Source ici, mais on peut la trouver ailleurs

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J'ignore si Paul CHATEL en parle, mais sur la mort de Tycho Brahé et sur ses rapports (très hiérarchiques) avec l'empereur Rodolphe II, il existe une anecdote assez tragique.

 

Figurez-vous que Brahé voyageaient avec l'empereur. L'astronome fut saisi d'une forte envie de faire pipi... Mais je suppose que l'étiquette veut que l'on ne demande pas un arrêt pipi à son empereur. Il se retint donc, et il se retint tant et si bien qu'il mourut d'une septicémie foudroyante suite à rétention volontaire d'urine.

 

Source ici, mais on peut la trouver ailleurs

 

Dans le roman c'est au cour d'un repas qu'il se retint car l'usage voulait qu'on ne quitte pas la table avant la fin du repas.

Mais c'est un roman.;)

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J'ignore si Paul CHATEL en parle, mais sur la mort de Tycho Brahé et sur ses rapports (très hiérarchiques) avec l'empereur Rodolphe II, il existe une anecdote assez tragique.

 

Figurez-vous que Brahé voyageaient avec l'empereur. L'astronome fut saisi d'une forte envie de faire pipi... Mais je suppose que l'étiquette veut que l'on ne demande pas un arrêt pipi à son empereur. Il se retint donc, et il se retint tant et si bien qu'il mourut d'une septicémie foudroyante suite à rétention volontaire d'urine.

 

Source ici, mais on peut la trouver ailleurs

 

Bonjour Estonius, :)

 

Tout d'abord merci pour ton geste sympathique… ;)

 

Ensuite, ton anecdote sur la fin tragique de Tycho Brahé est en effet tout à fait véridique. On peut la retrouver dans l'ouvrage de Pierre Gassend (dit Gassendi) "Vies de Tycho Brahé, Copernic, Peurbach et Régiomontus" écrit en 1658 (traduction en français de Jean Peyroux, librairie Albert Blanchard 9 rue de Médicis Paris 6ème - 3ème trimestre de 1996) à la page 159 (livre V).

http://www.blanchard75.fr/item.php?itemType=blanchardedition&itemId=13382&number=6&from=search

 

Les dernières paroles de Tycho Brahé furent "Que je ne semble pas avoir vécu en vain".

 

 

13382.jpg

 

Je précise que cette librairie Albert Blanchard propose des tas d'ouvrages sur les textes fondamentaux de l'astronomie, et ce à un prix très correct… Ainsi 64,03 € pour l'ouvrage indiqué plus haut.

 

Elle propose même la traduction française des Tables Rudolphines de Jean Kepler (toujours avec une traduction de Jean Peyroux) pour 54,88 € (http://www.blanchard75.fr/item.php?itemType=blanchardedition&itemId=13404&number=10&from=search)

 

13404.jpg

 

J'en profite cher Roger, pour rappeler que les tables Rudolphine ont été commencées par Tycho brahé avec ses mesures d'étoiles et que seul les livres III et IV ont été écrits (après le décés de Tycho Brahé) par Kepler qui faisait partie de son équipe plus spécialement pour les mesures des planètes.

Le nom des tables en quatre volumes était au départ Progymnasmata et c'est en l'honneur de l'empereur Rudolph de Hasbourg qu'il devint Tables Rudolphine.

 

Hum… Luc, j'ignore qui est ce Monsieur Paul Chatel (sans doute bien un romancier…) car ce qu'il énonce me semble assez contestable… :confused: :confused: :confused:

 

D'ailleurs, en cliquant sur ces deux liens, Luc, tu constateras que les fameux "Progymnasmata" n'ont pas été écrits par Jean Kepler, mais par Tycho Brahé lui même... La preuve : http://www.blanchard75.fr/item.php?itemType=blanchardedition&itemId=13328&number=1&from=search

http://www.blanchard75.fr/item.php?itemType=blanchardedition&itemId=13331&number=4&from=search

 

Sinon, la librairie Albert Blanchard propose, pour seulement 25,92 € un livre à posséder absolument pour bien débuter "l'Année Internationale de l'Astronomie" (donc 2009) qui commencera dans seulement six jours :

http://www.blanchard75.fr/item.php?itemType=blanchardedition&itemId=13376&number=2&from=search

 

13376.jpg

 

Il s'agit du "Messager céleste" de Galilée suivi de la peu connue "Dissertation avec le messager céleste" de Johannes Kepler qui fait lui aussi un "CROA" de l'observation des quatre satellites de Jupiter du 30 août au 9 septembre 1611.



 

Un beau cadeau à se faire pour les fêtes de fin d'années… :):D:be:

 

Roger le Cantalien. :rolleyes:

Modifié par roger15
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Hum… Luc, j'ignore qui est ce Monsieur Paul Chatel (sans doute bien un romancier…) car ce qu'il énonce me semble assez contestable… :confused: :confused: :confused:

 

D'ailleurs, en cliquant sur ces deux liens, Luc, tu constateras que les fameux "Progymnasmata" n'ont pas été écrits par Jean Kepler, mais par Tycho Brahé lui même... La preuve : http://www.blanchard75.fr/item.php?itemType=blanchardedition&itemId=13328&number=1&from=search

http://www.blanchard75.fr/item.php?itemType=blanchardedition&itemId=13331&number=4&from=search

 

Bonsoir Roger tu confirmes bien ce que j'ai dit.

Tycho (et son équipe d'astronomes dont faisait partie Kepler vers la fin) a écrit les deux premiers volumes puis en l'honneur de l'empereur les deux derniers volumes des Progymnasmata sont devenus les tables Rudolphines compilées par Kepler.

Bonne nuit.

Luc.;)

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Pourquoi "astrologue" et pas "astronome"?

 

Le titre du post de Roger est en effet inapproprié, car les prédictions dont il est question sont le fait de son travail d'astronome, et non d'astrologue. Et de plus, rien ne permet d'affirmer que Kepler était "brillant" en tant qu'astrologue.

 

C'est un peu comme si on titrait "Une impressionnante théorie de la Relativité élaborée par un violoniste virtuose", au prétexte qu'Einstein jouait du violon. ;) ;)

 

Jouait-il bien d'ailleurs ? :?:

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Pourquoi "astrologue" et pas "astronome" ?

 

Bonsoir Vanessa, :)

 

Eh bien, j'ai voulu faire un titre "accrocheur" et un tantinet "provocateur" qui fasse un peu "sursauter" à sa lecture le lecteur de Webastro… ;) Un titre tel que "Les deux prédictions réussies d'un brillant astronome" n'aurait évidemment eu aucune chance d'inciter à sa lecture… :cry: :cry: :cry:

 

Roger le Cantalien. :rolleyes:

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Euh Roger :be:

 

Lasilla :> Cécile

Littlesoket :> Vanessa

 

:be:

 

Bonsoir Littlesoket, :)

 

Vous êtes tellement "sœurs siamoises" sur ce forum que j'en arrive à vous confondre… :be: :be: :be:

 

Désolé, et toutes mes excuses à vous deux. :cry: :cry: :cry:

 

Roger le Cantalien. :rolleyes:

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Merci roger 15, Bon, j'ai lu, faut que je travailles dessus maintenant, MERCI

:be:

J'ai réellement l'impression, quand l'on parle de Kepler, qu'il est brillant, et c'est le moins que l'on puisse dire !

 

Il a carrément révolutionné l'astronomie, oui !:wub:

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Il a carrément révolutionné l'astronomie, oui !:wub:

 

Il a arrêté à l'astronomie de tourner en rond, il a fait tourner en ellipse les planètes (à l'époque, c'était de la folie, même lui n'y croyait pas). Il était aux portes de l'équation de la gravité formulé par Newton.

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Tu es pardonné :)

Cela dit je te comprends, même nous on arrive à se confondre :be:

Sauf que moi, je suis celle des deux qui aime le rose.

Mais c'est vrai que si je n'en porte pas, du coup, ça devient dur de nous différencier...:D

 

Donc pour pallier, sur msn, j'écris en rose et non plus en vert comme je le faisais avant:be:

Comme ça, on sais qui de nous 2 dit quoi :D

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j'ai voulu faire un titre "accrocheur" et un tantinet "provocateur" qui fasse un peu "sursauter" à sa lecture le lecteur de Webastro

C'est pas très malin comme procédé, car je n'avais pas lu ce sujet hier - un sujet sur l'astrologie, bon OK, c'est sans doute lié à l'astronomie, mais ça ne m'intéressera sûrement pas...

 

Finalement j'y suis venu parce que je n'avais pas envie de me coucher tout de suite. Tu pourrais prévenir quand tu tapes des sujets intéressants ! :)

 

Mais revenons au sujet... Voici ce que disent Arkan Simaan et David Sellers dans Vénus devant le Soleil (Vuibert) : (Les remarques entre crochet sont de moi.)

 

« L'histoire du passage de Vénus commence en 1627, lorsque Johannes Kepler publie ses Tables Rudolphines qui renouvellent le calcul des orbites planétaires.

Malade et ruiné, il espère obtenir de cette publication quelques florins pour s'assurer un minimum vital. Il doit vite déchanter : c'est un échec commercial. Pourtant, rien ne laisse présager un tel revers : la navigation est en plein développement au XVIIè siècle, rendant indispensable l'amélioration des connaissances astronomiques.

[Dans la suite, l'auteur explique que ça vient de la guerre de Trente Ans.]

Dans cette ambiance guerrière, les Tables Rudolphines rencontrent peu d'intérêt en Europe centrale où elles sont mises en vente, et encore moins leur complément que Kepler publie en 1629 pour annoncer clairement les passages de Mercure devant le Soleil en novembre 1631 et celui de Vénus le mois suivant. Ignorant que cette dernière planète défilera encore une fois devant le Soleil en 1639, Kepler pense que le prochain passage de Vénus surviendra uniquement en 1761.

Désireux de vérifier la justesse des Tables Rudolphines, Pierre Gassendi (1592-1655) suit le transit de Mercure le 7 novembre 1631. Son entreprise faillit échouer en raison d'une erreur des Tables : la taille de la planète était trop petite par rapport aux évaluations de Kepler. Il fallut beaucoup de perspicacité au savant pour identifier comme étant Mercure le point minuscule qu'il voit se déplacer sur l'image du disque solaire, et il rapport ce succès comme une confirmation des thèses de Kepler.

Encouragé, il se prépare alors pour voir le passage de Vénus le 4 décembre, mais les Tables se trompent encore une fois : lorsque la planète se présente devant le Soleil, il faut nuit en Europe. Sa déception est d'autant plus grande qu'il ignore (comme Kepler) que ce phénomène se reproduira dans huit ans. Pour le savoir, il aurait fallu que Gassendi connaisse des calculs qui n'avaient pas encore été faits : ils le seront par un jeune Anglais qui sort juste de l'enfance, Horrocks (1618-1641).

[Encadré sur Horrocks : ]

Horrocks étudie les tables astronomiques que Philip Van Lansberg (1561-1632) avait publiées pour démontrer la supériorité du système copernicien, tout en refusant les orbites elliptiques de Kepler : elles donc des résultats inférieurs aux Tables Rudolphines. En confrontant ces deux tables avec ses propres observations et celles de Crabtree, Horrocks découvre l'existence d'un passage de Vénus pour le 24 novembre 1639 (en fait c'était le 4 décembre 1639 : l'Angleterre utilisait encore le calendrier julien). Avec Crabtree, ils l'observent séparément en projetant avec une lunette sur un écran l'image du Soleil. Horrocks ajuste sur cette image un cercle divisé en degrés et dont le diamètre est partagé en 120 parties.

Même s'il ne voit pas les contacts, Horrocks assiste au milieu de l'après-midi au "plus agréable des spectacles", une tache noire d'environ 1/30è du diamètre du Soleil bougeant lentement sur l'écran. Le succès est total. Cet instant historique apporte une nouvelle confirmation des lois de Kepler ! Il enregistre trois positions de la planète sur l'image du Soleil, alors que Crabtree, gêné par le mauvais temps, n'en obtient qu'un aperçu furtif. Horrocks utilisera ses observations pour évaluer de manière élégante la parallaxe solaire [donc sa distance] : il s'agit de la première tentative de mesurer cette grandeur à l'aide du passage de Vénus. (Notons cependant que la méthode de Horrocks est différente de celle de Halley. Il fonde son raisonnement sur une hypothèse fausse, mais répandue dans son temps, qu'il y a proportionnalité entre le diamètre d'une planète et le rayon de son orbite.)

[Fin de l'encadré]

L'empereur Rodolphe II ne vécut pas assez longtemps pour assister à l'édition des tables astronomiques portant son nom. La publication des Tables Rudolphines en 1627 par Johannes Kepler est à l'origine de l'astronomie moderne, basée sur les positions précises des objets. Jusque là, les tables existantes avaient déterminé la position du Soleil, de la Lune et des planètes avec des erreurs équivalant à 5 fois le diamètre de la Lune. Les tables de Kepler sont 50 fois plus précises.

En 1629, Kepler envoya une missive [sans doute celle que Roger cite] au monde astronomique concernant une remarquable double conjonction prévue, selon les tables, en 1631 : un passage de Mercure devant le Soleil le 7 novembre, suivie par un passage de Vénus un mois plus tard, le 6 décembre. Kepler était convaincu que ces deux transits seraient des événements spectaculaires. Il pensait que le disque de Vénus aurait une taille approchant un quart de la surface du Soleil.

Kepler n'eut jamais l'occasion de vérifier ses prévisions. Il décéda en 1630. Mais d'autres astronomes de renommée avaient lu sa missive et, en novembre 1631, firent les observations nécessaires. À Paris, Pierre Gassendi observa depuis l'obscurité de son propre grenier. À l'aide d'un petit télescope de modèle galiléen [une lunette !], il projeta une image du Soleil sur une feuille de papier. Kepler, incertain de la réelle précision de ses tables, avait conseillé de commencer les observations trois jours à l'avance ! Gassendi prit ce conseil au sérieux et commença une observation attentive du Soleil le 5 novembre. Dans une pièce située en dessous du grenier obscur, un assistant attendait avec un quadrant, prêt à mesurer la position du Soleil dès que Gassendi frapperait sur le plancher.

Le mauvais temps empêcha toute observation les deux premiers jours. Le troisième jour cependant, la patience de Gassendi fut récompensée. Au début, il prit le minuscule point sombre pour une tache sur le Soleil. En effet, il pensait que le diamètre de Mercure représentait au minimum 1/15è de la taille du Soleil. La tache qu'il observait était seulement d'1/90è. La vitesse avec laquelle la tache progressa sur la surface la convainquit bientôt qu'il s'agissait vraiment de la planète. Il frappa sur le plancher mais malheureusement son assistant, après deux jours de temps couvert où le Soleil avait refusé de se montrer, avait quitté son poste. À son retour, il ne lui restait que le temps d'effectuer une seule mesure de la position du Soleil.

[...]

Inspiré par le succès de Gassendi, le monde astronomique observa le Soleil pour y détecter une apparition de Vénus le jour prévu en décembre. Cette observation fut un échec. Le passage de Vénus eut bien lieu, mais pendant la nuit en Europe. Seuls les observateurs américains auraient pu le voir, mais aucun n'était, semble-t-il, au courant du rare cadeau que cachait la lumière éblouissante du Soleil.

Kepler avait expliqué que le passage de Vénus en 1631 ne se reproduirait pas avant 120 ans. Mais moins d'un an après l'observation du passage de Mercure par Gassendi, un jeune adolescent de quartoze ans qui commençait ses études à l'université de Cambridge, en Angleterre, allait noter une occasion d'observer un transit de Vénus que Kepler n'avait pas remarquée.

Lorsque ce jeune garçon, Jeremiah Horrocks, entra à Cambridge, on n'y enseignait ni l'astronomie, ni les sciences, ni les mathématiques. En l'absence de maîtres, il apprit l'astronomie par lui-même dans les livres. Il commença à lire avidement les écrits de Copernic, Galilée, Kepler et d'autres astronomes. Lorsqu'il quitta l'université en 1635 pour retourner dans sa ville natale de Liverpool, il possédait une bonne connaissance du ciel nocturne. »

[J'abrège... Bref, Horrocks rencontre Crabtree et compare les calculs de Van Lansberg avec ses propres observations, comme expliqué dans l'encadré. Il conclut que les seules tables valables sont les Tables Rudolphines. Il se met lui même à faire les calculs... et découvre le deuxième passage de Vénus. (C'est en 1639, il a maintenant vingt-et-un ans.)]

« Il écrivit alors à Crabtree, lui recommandant de surveiller le Soleil pour observer le phénomène :

"Je vous demande de façon urgente de regarder attentivement avec votre télescope et de faire toutes les observations possibles en particulier en ce qui concerne le diamètre de Vénus, que Kepler indique être de 7', Lansberg de 11' et que je pense n'être que de 1' au maximum.''

[il a parfaitement raison !]

[...] Vint le 4 décembre. Horrocks avait déjà observé le Soleil pendant une journée entière. Son équipement était à peu près le même que celui de Gassendi : un télecope galiléen de 40 mm de diamètre [donc une lunette...] projetant une image du Soleil sur une feuille de papier graduée dans une pièce assombrie. [...] En cet après-midi d'hiver, le Soeil n'était pas loin de se coucher. Après avoir réaligné l'image du Soleil avec sa feuille de papier, il se trouva devant "un très agréable spectacle... une tache de taille inhabituelle et parfaitement circulaire, qui se trouvait entièrement dans le disque solaire".

[bref, il reporte la petite tache sur le papier, et comme il a estimé le diamètre solaire à 31'30" grâce à de précédentes observations, il en déduit que Vénus fait 1'16" de diamètre.]

[...] Crabtree, à Manchester, subit presque le même sort [que le frère d'Horrocks, le mauvais temps] mais eut la chance d'apercevoir Vénus durant des éclaircies. Il fut tellement excité par ce très bref succès qu'il oublia complètement de faire des mesures précises. Il fut cependant capable de confirmer que Vénus était d'un diamètre aussi petit que ce qu'Horrocks avait annoncé.

Sur la base de ses observations, Horrocks put alors déterminer la position du noeud ascendant de l'obite de Vénus et l'heure exacte de la conjonction. Grâce à cette information, les astronomes allaient être capables de calculer de façon plus précise la date des futurs passages.

Horrocks en tira alors une conclusion remarquable à propos de la distance du Soleil. Il savait, en suivant la troisième loi de Kepler, que le jour du passage, Vénus était deux fois plus éloignée du Soleil que de la Terre. Il en déduit que si le diamètre apparent de Vénus est de 1'16" vu de la Terre, ce diamètre devait être réduit de moitié vu du Soleil. [Ensuite, il fait l'hypothèse que Vénus est plus petite que la Terre dans un rapport égal au rapport de leurs distances au Soleil, hypothèse admise à l'époque, d'où il en déduit le diamètre de la Terre vue du Soleil.] Comme le diamètre exact de la Terre était bien connu, la connaissance de sa taille apparente depuis le Soleil permit à Horrocks de calculer la distance entre le Soleil et la Terre, ce que nous appelons aujourd'hui l'unité astronomique. Il calcula que la distance Terre-Soleil était de quelque 94 millions de km, quatre fois plus que les estimations de l'époque. » [s'il avait supposé que Vénus avait le même diamètre que la Terre, il aurait trouvé quasiment la bonne valeur...]

[Horrocks, après avoir rédigé un long document sur ses observations, prévient Crabtree qu'il va lui rendre visite le 4 janvier 1641 pour lui soumettre le document qu'il compte publier. Hélas, il meurt le 3 janvier. Il n'avait que vingt-deux ans. Horrocks a pourtant eu le temps de faire pas mal de découvertes.]

« C'est lui qui montra le premier que l'orbite de la Lune est une ellipse, et que l'axe de cette ellipse possède un mouvement de rotation. C'est à juste titre que Sir John Herschel plus tard dira d'Horrocks qu'il était "la fierté de l'astronomie anglaise". Mais au moment de sa mort, peu de gens avaient connaissance de ces résultats. La plupart de ses écrits furent perdus à jamais. Heureusement, Venus in Sole Visa fut sauvé par Crabtree et quelques années plus tard le document se trouva entre les mains de l'astronome germano-polonais Hevelius, qui le publia en marge de son propre rapport sur le transit de Mercure en 1661. Ainsi furent sauvés de l'oubli Horrocks et sa décisive observation. »

 

Et voilà voilà... Le livre contient pas mal de récits historiques des observations de transits au milieu de pas mal de calculs...

 

Bon, cette fois il est temps de se coucher. Je me suis fait un bon petit décalage horaire pour demain soir, soirée astro prévue si tout va bien...

 

J'ai réellement l'impression, quand l'on parle de Kepler, qu'il est brillant, et c'est le moins que l'on puisse dire !

Pour moi, de son époque, c'est Galilée qui a eu l'influence la plus grande sur les sciences. Mais ce qui est dommage, c'est que tandis que Kepler s'intéressait à ce que faisait Galilée, lui demandait les plans de sa lunette, lui envoyait tous ses résultats, Galilée est resté relativement indifférent à Kepler. Ah s'ils avaient pu collaborer... (et Kepler aurait sans doute signé tout de suite !) Je ne sais pas trop d'où vient cette indifférence. Peut-être une question de classe sociale : Galilée était un universitaire, un professionnel, alors que Kepler était une sorte de saltimbanque de la science, un marginal pas vraiment intégré dans le système. (Qu'en penses-tu Roger ?)

Modifié par 'Bruno
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Bonjour 'Bruno, :)

 

Merci pour ta très longue réponse… :be::be::be:

 

Pour moi' date=' de son époque, c'est Galilée qui a eu l'influence la plus grande sur les sciences. Mais ce qui est dommage, c'est que tandis que Kepler s'intéressait à ce que faisait Galilée, lui demandait les plans de sa lunette, lui envoyait tous ses résultats, Galilée est resté relativement indifférent à Kepler. Ah s'ils avaient pu collaborer... (et Kepler aurait sans doute signé tout de suite !) Je ne sais pas trop d'où vient cette indifférence. Peut-être une question de classe sociale : Galilée était un universitaire, un professionnel, alors que Kepler était une sorte de saltimbanque de la science, un marginal pas vraiment intégré dans le système. (Qu'en penses-tu Roger ?) [/quote']

 

J'en pense que Johannes Kepler était un génial touche à tout qui admirait le travail de Galilée, il est effectivement très dommage que Galilée fut si indifférent aux très nombreux écrits de Kepler… Leur collaboration aurait pu faire avancer les connaissances astronomiques de très nombreuses années… :confused: :confused: :confused:

 

En ce qui concerne la première observation du passage de Vénus devant le Soleil, le 4 décembre 1639, voici ce qu'en disait Joseph Jérôme Lefrançois de Lalande (1732-1807) dans son ouvrage "Astronomie" paru en deux tomes en 1764 :

 

« Nous avons dit que Kepler avait annoncé un passage de Vénus pour l’année 1631, & qu’il n’y en avait point eu ; mais il y en eut un 8 ans après en 1639.

 

Gassendi qui était déjà à Paris en 1631, se rendit très attentif au passage que Kepler avait annoncé pour 1631 ; il raconte fort au long ses tentatives à ce sujet (Mercurius in sole visus, & Venus invisa) ; mais elles furent infructueuses.

 

Le passage de Vénus qu’il y eut en 1639 fut donc le premier qu’on observa ; mais ce fut par un hasard heureux. Horox s’était occupé à calculer des Ephémérides sur les Tables de Lansberge [note de Roger le Cantalien : Philippe van Lansberg (1560-1632) publia en 1632 des "Tables" selon la théorie de Copernic] beaucoup moins parfaites que les Tables Rudolphines. Ces Tables de Lansberge donnaient une erreur de 16 minutes en latitude, & les Tables Rudolphines une erreur de 8 minutes seulement ; mais l’erreur de Labsberge faisait remonter Vénus sur le Soleil, & celle de Kepler la faisait passer au-dessous. C’est ainsi que de mauvaises Tables occasionnèrent une bonne observation. Sur la foi de ces Tables, que Lansberge avait célébrées avec une assurance capable d’en imposer, Horoxius se prépara à ce passage et le 24 novembre 1639 vieux style ou le 4 décembre au soir, il vit en effet pendant environ une demi-heure Vénus sur le Soleil. Il en avait donné avis à Crabtrée son ami, qui était à quelques lieues de Hoole & qui l’observa également […].

 

Dans le temps qu’on observa le passage de Vénus sur le Soleil en 1639, on ne connaissait pas encore toute l’utilité qu’on retirerait un jour de ces sortes de phénomènes. Ce fut M. Halley qui en 1677 aperçut que la durée d’un passage de Mercure ou de Vénus sur le Soleil pouvait servir à trouver sa parallaxe. Il essaya même de la trouver par le moyen d’un passage de Mercure. Mais en 1691 il donna dans ses Transactions Philosophiques un Mémoire exprès sur les passages de Vénus, où il parla de 17 passages, c’est-à-dire, de ceux qui avaient dû avoir lieu depuis 918 ou qu’on pouvait espérer jusqu’à l’an 2004 (chapitre 1578) (The Philosophical Transactions Abr. By John Lowtorp, page 434). [note de Roger le Cantalien : en réalité dans le chapitre 1578, pages 756 et 757 du tome 2, Lalande reproduit la liste des 17 passages de Vénus calculés par Edmund Halley, de 918 à 2117 et non à 2004]. Il fit remarquer dans ce Mémoire les périodes de 8 ans, de 235 ans & de 243 ans.»

 

C’est donc Edmund Halley qui a découvert les périodes de 8 ans, 235 ans et 243 ans ramenant les dates des passages de Vénus devant le disque du Soleil.

 

Dans "L'histoire de l'astronomie moderne en Europe", paru comme ouvrage posthume en 1805, Jean-Sylvain Bailly évoque les passages de Mercure et de Vénus devant le Soleil à partir de la page 156. Voici ce qu'il en dit :

 

« On était fort attentif à chercher le moment d'apercevoir les petites planètes de Vénus et de Mercure sur le disque du Soleil. On attendait encore cette confirmation du système de Copernic et des anciens Egyptiens. Averroès avait cru apercevoir Mercure sur le Soleil ; Kepler crut aussi le voir à la vue simple, mais il reconnut depuis que ce ne pouvait être qu'une tache. Dès qu'il eut achevé le travail des Tables Rodolphines, il s'empressa de calculer les moments de ces passages, et de les annoncer dans un écrit public, afin que les astronomes fussent attentifs à les observer. Il annonça un passage de Mercure pour le 7 novembre 1631, et deux passages de Vénus, l'un pour le 6 décembre 1631, l'autre pour l'année 1761. Gassendi se prépara à observer Mercure sur le Soleil, mais le temps fut couvert le 7 novembre, le Soleil parut dans les nuages.

 

Le passage de Vénus, attendu le 6 décembre [1631] manqua ; alors que Gassendi y fut très attentif ; il suivit le Soleil les jours précédents et suivants : Vénus se déroba aux regards curieux qui la cherchaient. On croit aujourd'hui qu'elle a passé pendant la nuit, et lorsque le Soleil est dans l'autre hémisphère. [...]

 

Un jeune anglais, nommé Jérémie Horrocks, est le premier homme qui ait joui de ce spectacle ; ce bonheur qui a rendu son nom célèbre ne fut point l'effet du hasard, mais le fruit de ses connaissances et de son assiduité à l'observation. Né en 1619, d'une famille peu avantagée de la fortune, il fit des études ordinaires et se livra à l'astronomie dès l'année 1633. Revenu dans une campagne que son père avait près de Liverpool, ville de la province de Lancastre, il s'y trouva destitué de livres, de maîtres et d'émules. Il n'y fut guidé et soutenu que par l'amour de l'étude. [...] Le hasard lui procura en 1636 un compagnon de travail, c'était William Crabtree, devenu célèbre par l'amitié d'Horrocks. Cependant leurs habitations étaient séparées, ils ne pouvaient s'aider et se consoler que par leurs lettres, mais elles procuraient toujours un double examen des diffilcultés, et un commerce de lumières. Horrocks, sans expérience, avait perdu ses premières années sur les tables que Philippe Lansberg, mathématicien flamand, avait publié en 1632, et que leur titre magnifique lui avait fait préférer aux tables de Kepler et de Tycho. Crabtree l'avertit de se méfier de ces tables remplis d'erreurs, cependant ce sont ces mauvaises tables qui ont procuré à Horrocks l'avantage d'une observation nouvelle. Ces tables annonçaient un passage de Vénus sur le Soleil en 1639. Horrocks en avertit Crabtree et tous deux se préparèrent à l'observer. Chacun de leur côté ils eurent, le 4 décembre 1639, la satisfaction de voir Vénus sur le Soleil pendant une demi-heure avant le coucher de cet astre.

 

Jérémie Horrocks mourut le 14 janvier 1641, son ami William Crabtree périt à peu près à la même époque, tous deux victimes de la guerre civile. »

 

Enfin, 'Bruno, j'espère que tu ne voudras pas, avant de terminer, de saluer la mémoire de mon compatriote cantalien, l'abbé Jean Chappe d'Auteroche martyre de l'observation astronomique…

 

L'abbé Jean Chappe d'Auteroche (l'oncle du fameux télégraphiste Claude Chappe) est né à Mauriac en Auvergne (actuel département du Cantal) en 1728. Il prit l'état ecclésiastique et se consacra à l'astronomie. Il fut envoyé à Tobolsk en Sibérie (ville fondée en 1587 au confluent de l'Irtych et du Tobol) pour observer le passage de Vénus devant le Soleil fixé au 6 juin 1761. Il en publia la relation en 1768 en deux volumes in-quarto, avec un atlas in-folio, sous le titre "Relation de mon voyage en Sibérie" . Huit ans plus tard, à l'occasion du passage de Vénus devant le Soleil du 3 juin 1769, c'est en Basse-Californie au Mexique (alors colonie du royaume d'Espagne) qu'il se rendit. Il tomba malade de la fièvre jaune lors de ce voyage d'observation et en mourut dans la ville de San Lucas en Basse-Californie le 1er août 1769, à l'âge de 41 ans seulement. Ses observations sur ce passage de Vénus du 3 juin 1769 furent publiées par César François Cassini de Thury (dit Cassini III) en 1772, en un volume in-quarto, sous le titre de "Voyage de Californie" .

 

Dans son roman "Le rendez-vous de Vénus" paru en août 1999 aux éditions Jean-Claude Lattès à Paris, Jean-Pierre Luminet donne des précisions sur les observations de l’abbé Jean Chappe d'Auteroche :

 

-1°) à propos du voyage à Tobolsk en Sibérie pour le passage du samedi 6 juin 1761 :

 

Pages 172 et 173 : « Le point-clé de l’observation était le chronométrage des instants de contact : le moment où Vénus mordait pour la première fois le disque du Soleil, puis, cinq ou six heures plus tard, celui où elle le quitterait. Soudain, la tache de Vénus parut. Chappe vit distinctement comme une atmosphère ou une ombre obscure autour du corps de la planète, qui perturba l’appréciation exacte du premier contact. A cet instant précis, la tache noire de la planète sembla rester connectée comme une gouttelette à la frontière du limbe solaire, jusqu’à ce que soudain la connexion fût cassée et que la planète fût vue bien après la bordure. L’astronome jura intérieurement. Il n’avait pas prévu cet effet, et il lui faudrait plus tard faire des corrections, en tenant compte de l’écart moyen mesuré par divers observateurs. Chappe fut ensuite étonné de voir combien la tache enfin nette de Vénus était petite : un minuscule cercle noir maculait la face radieuse du Soleil, et le traversait majestueusement, sans se presser. La caresse dura cinq heures trente-sept minutes. Le dernier contact avec Vénus fut aussi difficile à mesurer que le premier. Plus de dix secondes avant, la tache redint gouttelette, irrésistiblement allongée en direction du bord solaire. Puis elle disparut brusquement.

 

Sitôt le phénomène terminé, Chappe reporta fébrilement le fruit de son travail dans ses carnets, le vérifia et le revérifia. Puis il rédigea une communication et confia le lettre cachetée à son sergent qui, immédiatement pris la route de Saint-Pétersbourg. Elle arriva à Paris à peine un mois plus tard. »

 

-2°) à propos du voyage au cap San-Lucas, en Basse-Californie, pour le passage du samedi 3 juin 1769 :

 

Page 288 : « Jamais sans doute, en Basse-Californie, le ciel ne fut plus pur qu’en cette après-midi du 3 juin 1769. Un petit cercle noir apparut sur le Soleil. Fidèle à la technique de projection qui lui avait si bien réussi en Sibérie, Chappe avait fixé une feuille de carton graduée à l’arrière des lunettes. L’image du Soleil la remplissait, maculée seulement par la petite tache noire qui progressait lentement. (…) Cinq heures après, quand le passage fut terminé, ils se regardèrent, épuisés. »

 

D’après Jean-Pierre Luminet c’est au sommet du clocher de l’ancienne mission jésuite de San-José, à une lieue (4 km) du cap San-Lucas, que l’abbé Jean Chappe d'Auteroche avait installé ses instruments d’observation. [Précision de Roger le Cantalien : cette ancienne mission jésuite est située à San-José-del-Cabo par 22°51' de latitude Nord et à 109° 54' de longitude Ouest].

 

Jean-Pierre Luminet indique que l’abbé Jean Chappe d'Auteroche, atteint de la fièvre jaune (le vomito negro) tint avant de mourir à observer une dernière éclipse de Lune, celle de la soirée du dimanche18 juin 1769. Selon lui ses derniers mots auraient été : « Dix heures quarante cinq : on aperçoit à la vue que la Lune entre dans la pénombre. A onze heures et huit minutes l’éclipse a commencé. L’ombre est si clair et la lune si bien terminée que je pense avoir terminé ce commencement trop tard ... (…) Les cratères entrent dans l’ombre les uns après les autres : Grimaldus, Galieus, Gassendus, Keplerus, Aristarchus, Tycho. N’est-ce pas le sort des astronomes que d’enter ainsi dans l’ombre ? et moi qui n’atteindrai jamais la célébrité des précédents, la grande ombre va-t-elle me saisir bientôt à tout jamais, dans l’oubli ? »

 

Roger le Cantalien. :rolleyes:

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Jeff:

C'est un peu comme si on titrait "Une impressionnante théorie de la Relativité élaborée par un violoniste virtuose", au prétexte qu'Einstein jouait du violon.

 

Jouait-il bien d'ailleurs ?

 

Va savoir !

 

einsteinviolon.jpg

Modifié par Dédé de St Fé
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C'est un peu comme si on titrait "Une impressionnante théorie de la Relativité élaborée par un violoniste virtuose", au prétexte qu'Einstein jouait du violon. ;) ;)

 

Jouait-il bien d'ailleurs ? :?:

 

La réponse est: ça dépend par rapport à qui, car tout est relatif...:p.

C'était un bon amateur je crois.

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Je ne sais pas trop pourquoi on se passionne tout d'un coup pour le passage de Vénus, mais bon... :) Je trouve très intéressant les extraits des livres anciens (Lalande et Bailly), il y a même un côté "rustique" dans leur façon de traduire les noms propres en français ou en latin...

 

Par contre, je n'ai pas l'impression qu'Horrocks ait observé le transit par hasard. Oui, il était peut-être prévu par les tables erronées de Lansberg, mais si j'ai bien compris, Horrocks a tout recalculé. En effet, il faisait lui même des mesures et les comparait aux prévisions de Kepler et Lansberg, et il a constaté le désaccord (avec Crabtree), du coup j'ai l'impression que s'il a refait les calculs, c'était justement pour savoir si, en fin de compte, il y aurait bien transit ou non. Disons que le hasard l'a placé devant ce problème.

 

Mais bon...

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  • 2 semaines plus tard...

 

 

Pour moi' date=' de son époque, c'est Galilée qui a eu l'influence la plus grande sur les sciences. Mais ce qui est dommage, c'est que tandis que Kepler s'intéressait à ce que faisait Galilée, lui demandait les plans de sa lunette, lui envoyait tous ses résultats, Galilée est resté relativement indifférent à Kepler. Ah s'ils avaient pu collaborer... (et Kepler aurait sans doute signé tout de suite !) Je ne sais pas trop d'où vient cette indifférence. Peut-être une question de classe sociale : Galilée était un universitaire, un professionnel, alors que Kepler était une sorte de saltimbanque de la science, un marginal pas vraiment intégré dans le système. (Qu'en penses-tu Roger ?)[/quote']

 

Kepler, "saltimbanque de la science" ?

Ce n'est pas du tout l'effet qu'il me fait. Il a été nommé professeur très tôt, il a toujours été mathématicien ou astronome non ?

Il a été formé a l'université par un disciple de Copernic.

Je ne connais sa vie qu'à travers un roman de Jean-Pierre Luminet, et quelques article de magazine astro, mais il ne me donne pas l'impression d'un saltimbanque.

Il a juste eu le malheur d'être protestant pendant les guerres de religion.

C'est peut-être ça qui a retenu Galilée de lui écrire...

 

Enfin, je ne veux pas faire croire que je méprise Galilée, c'est un immense savant.

Mais il a un peu moins de mérite que Kepler (bravo Roger pour ce texte !).

 

Eri

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  • 11 années plus tard...

 

Complément du samedi 3 octobre 2020 sur l'historique des passages de Vénus devant le disque du Soleil :

 

 

 

En parcourant récemment sur Internet les très intéressants documents en français numérisés par le site américain archive.org je suis tombé par hasard sur le très intéressant ouvrage de Edmond-Paulin Dubois (1822-1891), examinateur-hydrographe de la Marine publié en 1873 par la librairie Gauthier-Villars à Paris intitulé Les passages de Vénus sur le disque solaire ( https://archive.org/details/lespassagesdevn01dubogoog/page/n5/mode/1up?q=passage+de+Mercure+devant+le+Soleil ).

 

 

 

f5.highres

 

 

De la page 180 à la page 245 Edmond-Paulin Dubois fait l'historique des observations des trois premiers passages de Vénus devant le disque du Soleil entre celui du 4 décembre 1639 et celui des 3 et 4 juin 1769. Je ne puis que vous conseiller de lire cet historique abondamment documenté   :)   : https://archive.org/details/lespassagesdevn01dubogoog/page/n196/mode/1up?q=Passages+de+V%C3%A9nus+sur+le+disque+solaire+par+Edmond+Dubois  .


Roger le Cantalien.   :rolleyes:

 

index.aspx?type=boutique&id=10472&url=_s

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