Le dobson désinvolte (2) : Cassiopée ...

Cassiopée et fourche vers Andromède - Pégase et vers Persée

Toujours sur le premier axe de grande randonnée (Le GR1 ? Pas très poétique…La Transverse Stellaire 1 ?), en prolongeant la première barre intérieure du W, formé des étoiles Gamma et Delta (Ruchbah), on trouve la constellation de Persée, avec en chemin une merveille, le double amas et en arrivant au but, sur Alpha de Persée (Mirfak) une seconde merveille, Melotte 20, à déguster aux jumelles.

Partant maintenant de la seconde barre intérieure (Gamma – Alpha/Schedar), une prolongation rectiligne sans imagination nous conduit à un grand quadrilatère, presque carré, un peu plus grand que le récipient de la Grande Ourse. C'est le corps du cheval de la constellation de Pégase. Mais prolongeons donc cette barre de W de façon moins sèche, en l'incurvant harmonieusement vers le Sud (pour trouver la bonne courbe, on peut s'appuyer sur 2 étoiles brillantes, ce qui nous amène à 3 étoiles alignées, la dernière étant nettement la plus brillante (c'est Mirach, ou Beta d'Andromède). Et maintenant, à l'oeil ou aux jumelles selon le ciel, regardez bien très légèrement à droite de l'étoile supérieure de cet alignement tri-stellaire. Oui, c'est bien ça, il y là M31, très étendue (plusieurs Lunes !). La gigantesque galaxie voisine de la notre, qui nous fonce dessus depuis l’aube des temps. Accompagnée de deux autres galaxies (M32 et M110). Nous y reviendrons.

Cassiopée

Nous sommes arrivés sur Cassiopée par Béta (Caph). Procédons à la présentation des membres du W, en partant de Caph : En bas Alpha (Schedar), on remonte Gamma (Cih), on redescend Delta (Ruchbah ou Ksora (*)), on remonte Epsilon (Segin). La ligne Cih - Ruchbah, en descendant en ligne droite, sans se poser de questions, nous conduit au Double Amas. Il appartient à Persée. Mais il est autorisé d’aller y jeter un oeil ébloui, sans abuser, dès maintenant, bien que nous soyons présentement à traiter de la reine Cassiopée…

Maintenant allons-y, avec la trilogie instrumentale habituelle : œil, jumelles, dobson.

On tire la ligne Alpha - Beta (facile, non ?), une longueur, M52, un petit amas ouvert flanqué au Nord d’un petit losange aplati…

On descend à partir de Beta, perpendiculairement à la ligne Alpha - Beta, une demi-longueur (de Alpha - Beta) : NGC7789, un autre amas ouvert, encadré par deux étoiles, Rho (au Nord) et Sigma (au Sud). En fait, bien que la perpendiculaire mène à l’amas, on a tendance à arriver sur Rho. C’est comme ça. Le dobsonnien subit un tropisme stellaire. Une fois là, il faut descendre un peu.

De Ruchbah, on monte doucement, trèèès doucement, vers Segin : M103. Il faut bien regarder. Il est ténu ce petit amas ouvert triangulaire, précédant un petit arc d’étoiles...

Un peu après, le champ est littéralement truffé d’amas ouverts, des NGC. Ici, on reste désinvolte, on ne détaille pas tout ça. Allez-y à l’inspiration, promenez-vous…Allez consulter le parcellaire de LittleSoket, un atlas comme le Cambridge, un logiciel…

Toujours de Ruchbah, on descend en prolongeant la ligne Segin - Ruchbah, des deux tiers environ, et voilà le Hibou ! (ou la libellule, ou ET, ou NGC457…). A ne pas confondre avec la nébuleuse homonyme (M97, déjà vu pour ceux qui suivent…). Pour le trouver plus aisément, j’étends l’amas à droite et à gauche avec des étoiles qui semblent figurer de longs bâtons tenus horizontalement d’un côté et verticalement de l’autre par l’oiseau. Mon Hibou est donc employé d’aéroport, pour guider les avions vers leur aire de stationnement. Très facile, ainsi outillé, à localiser aux jumelles. Il a deux yeux bien brillants, le plus brillant est Phi Cassiopée, une étoile proprement colossale, appartenant selon toute vraisemblance à l’amas, donc situé à plus de 8000 années-lumière, et cependant si brillante. Imaginez un peu la gigantesque fournaise thermonucléaire…

Aparté cardinal

C’est toujours la même histoire, quand on utilise un GOTO, on a la possibilité de s’exonérer de la nécessité de comprendre l’ensemble, comment tout cela s’agence dans les cieux, parce que l’on peut pointer droit au but avec une précision meurtrière

Rien de tel en astronomie désinvolte, puisque, assurément on tout doit faire à la main et à l’œil, sans le secours des chiffres ni de l’informatique. Il faut s’orienter et comprendre comment cela bouge. Il faut consentir un effort théorique.

N’hésitons pas à visualiser avec audace : Nous nous tenons sur une sphère, la Terre, enveloppée d’une autre sphère, céleste celle-là. L’axe de rotation de la Terre transperce cette sphère céleste là où se tient Polaris. Nous sommes sous le pôle Nord céleste, ce qui est, vous en conviendrez, une position insolite ou en tout cas peu usuelle par rapport à notre expérience « terrestre » du Nord et des autres points cardinaux.

Une fois cela bien visualisé, le Nord céleste ce sont toutes les directions convergeant vers la Polaire. Le Sud c’est dans l’autre sens, les directions Est-Ouest et vice versa, ce sont les cercles perpendiculaires à ces directions Nord Sud.

Ces cercles, dès qu’ils sont suffisamment éloignées de la Polaire coupent l’horizon…Eh oui, les constellations se lèvent et se couchent…Mais pas toutes. Et, vues du pôle Nord terrestre, quand la Polaire est juste au-dessus de nous, aucune…

Bon…pas très clair peut-être. J’essaie autrement…

Il est question de s’orienter, Nord, Est, Ouest, à droite, à gauche, en haut, en bas… On peut s’y perdre, surtout avec les inversions optiques du Newton (et du chercheur, qui est une lunette non redressée) et encore surtout parce que le ciel tourne autour de la Polaire (ce qui est une façon de voir les choses). Il y a les points cardinaux terrestres, on les connaît, ils ne bougent pas (par rapport à l’observateur). Et ceux qui sont célestes, sur les cartes, à ne pas confondre avec la mention des points cardinaux des horizons terrestres sur les cartes célestes (qui elles ne sont valables qu’à une date et heure donnés, ou nécessitent un dispositif tournant, que l’on règle selon la date de l’année et l’heure).

Les cardinaux célestes ne bougent pas dans le ciel, et se définissent à partir de la rotation (apparente ) de tout ce beau monde autour de la polaire. Je l’ai déjà dit, mais il est utile de bien le répéter. Etre désinvolte n’est pas être fainéant, ni approximatif. Bon, d’accord !... Approximatif…Mais pas trop quand même.

Le Nord c’est vers l’étoile polaire. Réfléchissons deux secondes aux conséquences de cette assertion. Pour bien se représenter que ce n’est pas comme le Nord sur Terre pour nous qui vivons loin du pôle.

Le Sud c’est la direction qui s’éloigne de l’étoile polaire. Toutes les directions qui s’éloignent… Comme lorsqu’on est au pôle Nord. Le Sud est partout là où on n’est pas…

Pour l’Est et l’Ouest, l’astucieux dobson a ici un avantage compétitif sur les appareils sophistiqués et robotisés : Il n’y a pas de suivi (**) ! Donc c’est facile, l’Ouest c’est par où les astres sortent du champ. Et l’Est, c’est par où ils entrent. On ne risque pas de l’oublier, vu que les objets se sauvent – et d’autant plus vite que l’on grossit puissamment – et qu’il faut leur courir après constamment, rattraper l’Ouest…

Avec ces quelques considérations, on peut à présent bannir les mentions approximatives et relatives, à a gauche, en haut… Nous disposons d’un jeu de directions cardinales aussi solide que les marins.

Fin de l’aparté

Pour finir, nous allons tenter une cible un peu plus difficile, mais qui vaut le déplacement. En prenant comme base Ruchbah et Schedar, on cherche le sommet du triangle isocèle vers le Sud Est, à environ 8° (souvenez–vous des étalons, la Lune, la Grande Ourse…). Ce sommet est une étoile, Phi de Persée, légèrement au Nord d’une autre étoile, 51 d’Andromède. Un petit triangle rectangle, montant au Nord Est de Phi, le sommet le plus au Nord (qui n’est pas celui de l’angle droit) n’est pas une étoile, mais une nébuleuse qui vaut le coup d’œil : M76, également nommée Little Dumbell. Notez aussi la couleur de l’étoile située à l’angle droit. Bonne chasse…

(*) Il y a parfois plusieurs noms, selon les sources, pour une même étoile. La nomenclature Alpha, Beta…est plus rigoureuse, mais moins évocatrice. C’est comme pour les autoroutes : Lorsque je vais en Bretagne, plutôt que l’A11, je préfère emprunter l’Océane, et déjà ressentir les embruns (« tempête et rochers noirs ») au sortir de Paris…

(**) Oui je sais, il suffit de couper la motorisation sur une monture équatoriale…

Superbe Jeff!

Je dévore tes randonnées une carte à la main et mes souvenirs en tête.

C'est magnifique et j'aime particulièrement les "trucs" difficiles pour nombre de personnes qui deviennent d'une simplicité enfantine: "il faut leur courir après constamment, rattraper l'Ouest"

Merci Jeff,

Patte.

Super sympa, de l'astro...la vraie

seb

Ah oui, c'est joli, Jeff! Mais revenons sur Terre (dur, dur après cette promenade) : Il faudrait regrouper avec le post épinglé, puisqu'il s'agit en fait de la suite du mode d'emploi du Dobson.

Qu'en penses tu? On le met à la suite et un jour, si tu en fais d'autres (on te sent inépuisable... ), cela fera un gros sujet? Dis nous...

GG

(texte cité)

Ah oui' date=' c'est joli, Jeff! Mais revenons sur Terre (dur, dur après cette promenade) : Il faudrait regrouper avec le post épinglé, puisqu'il s'agit en fait de la suite du mode d'emploi du Dobson.

 

Qu'en penses tu? On le met à la suite et un jour, si tu en fais d'autres (on te sent inépuisable... ), cela fera un gros sujet? Dis nous...

GG

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GG, je viens de voir ca avec lui sur MP, ce sera fait dans la journée, comme ca il pourra nous en faire pleins des ballades

Merci Maman Belette, merci Jeff! Encore, encore des bal(l)ades... Un livre? Tu y as pensé?

Belle plume Jeff, un régal, bravo!

C'est vrai qu'il y aurait matière à faire un bouquin sympa qund tu nous aura fait toutes les constellations boréales et australes

Merci pour vos réactions positives, j'en suis tout touché moi...

Mon idée, c'était juste donner quelques pistes persos (et donc subjectives et discutables...par exemple la façon dont je me représente l'orientation cardinale là-haut, parce que précisément ça ne m'a pas paru très facile au début, pas très instinctif...) pour les débutants (qui peuvent surestimer la complexité du pointage a la mano, et être aussi victimes envoutées par le champ des sirènes des commerçants technicistes qui propagent la robotisation dans le monde pour augmenter leur chiffre d'affaires... )

(texte cité)

qund tu nous aura fait toutes les constellations boréales et australes

Pour les austales, ça ne pourrait être malheureusement avec un dobson, les compagnies aériennes ne sont pas assez désinvoltes pour permettre de garder cela en bagage à main.

Ce serait plutôt un truc du genre "la petite apo aventurière"...

les débutants qui peuvent surestimer la complexité du pointage a la mano, et être aussi victimes envoutées par le champ des sirènes des commerçants technicistes qui propagent la robotisation dans le monde pour augmenter leur chiffre d'affaires

Ah, que c'est bien dit !!!!

Damned ! Avec une belle faute d'orthographe...Il s'agit bien sûr du chaNT des sirènes, rien à voir avec le champ des naglers...

Ce n'est pas parce qu'on a une équatoriale qu'on n'aime pas se bal(l)ader librement, la preuve, je garde et imprime ta Transverse Stellaire, histoire de potasser un peu avant le retour de Guenièvre (oublie pas, hein Patte).

Alors merci pour ce sympathique guide de rando !

takaya

EDIT : ne voyez aucun reproche dans cette remarque, c'est tout le contraire ! J'adhère complètement à la philosophie de la promenade désinvolte (avec une bonne dose qu'équatorialisme quand même )

Takaya : la robotisation dont faisait allusion Jeff, ça ne visait pas les montures équatoriales, je crois.

Mais heeeeeeeeeeeuuuuuuuuuu !!!!!!

Je me suis mal fait comprendre, désolée ... Je voulais juste remercier Jeff et le pseudo-rassurer (euh, d'accord, y'avait pas vraiment besoin ) sur le fait que ce texte serait utile à tous.

D'ailleurs la plupart du temps je mets mon scope en station pour être sûre, puis je pointe à la dobson, freins desserrés....

takaya

Dis Takaya, pourquoi pas te construire une base Dobson pour Arthur?

Un tube 150/1200 s'y prête encore mieux qu'un 200/1000 question longueur.

Patte.

PS: Guenièvre veux retourner chez sa môman, il y a trop de nuages ici!

Ouais, c'est épatant ce compte rendu. ça donne vraiment envie de bien connaître son ciel. C'est motivant.

Merci pour ce partage.

c'est tellement indispensable que je fais remonter ce topic.

(texte cité)

Dis Takaya' date=' pourquoi pas te construire une base Dobson pour Arthur?[/quote']

 

 

Le suivi, cher ami, le suivi....

Tout à l'heure, j'étais en train d'observer Mars avec le Dobson 300 mm, sorti sur la terrasse. Le ciel était relativement stable, et j'ai reconnu la Grande syrte. Il y a encore quelque chose à voir sur ce minuscule disque ! Du coup, j'ai voulu commencer un dessin. Zut, la lampe rouge ! Je l'avais laissée à la maison. Eh bien je suis allé la chercher, et quand je suis revenu au télescope, il m'a suffit de le bouger légèrement dans le bon sens pour retrouver Mars. Et la difficulté du dessin ne venait pas du suivi mais de la petitesse des détails.

Bref, le suivi, attention : c'est un inconvénient pour certains, et pas pour d'autres. Question de goût sans doute. Mais n'effrayons pas tout le monde avec ça !

Hier soir un copain est venu voir pour le première fois Saturne.

Il était collé à l'Antares 5,7 de Takaya et je l'aidais au suivi en centrant l'annelée au chercheur du 200/1000 monté en Dobson.

Au bout d'une demi heure j'en avais marre et je l'ai laissé se débrouiller tout seul.

Eh bien ça allait: pour une première fois, un peu déconcerté au début par l'inversion d'image, il a vite compris.

(je me suis cassé les reins pour rien)

Même qu'avec quelques tâtonnements il parvenait à passer de Saturne à M44 et vice-versa, avec un 28 mm cependant.

Patte.

Hi!

Et une galaxie invisible à l'oeil et à peine perceptible dans le chercheur, ou imperceptible dans le chercheur, tu aurais fait comment avec ton pote?

Montrer le chemin, rien d'autre à faire...

Comment ferais-je?

Prenons comme exemple M51.

Disons pour commencer lui apprendre à se bal(l)ader le long du timon, reconnaître Alcor, apprécier Mizar A et B et lui demander s'il a bien remarqué "l'intruse" dans ce couple à trois (à quatre donc)

A ce stade il va aussi apprendre à sentir le champ de vision en comparant le champ du chercheur avec celui de l'oculaire 28mm et des grossissements plus importants.

Après une pause cigarette, d'Alcor repère bien emmagasiné il ira se promener alternativement vers ses plus grosses voisines à l'aide du chercheur.

Petite parenthèse: hier soir je lui ai expliqué le "truc" de la superposition d'images en cherchant au chercheur.

Le pauvre à du mal car il est gaucher de l'oeil et le chercheur est mal placé, il doit se coller la joue au tube et n'arrive pas à mettre sa tête bien perpendiculaire au chercheur...

Admettons qu'il devienne un chercheur sachant chercher sans chercheur bien placé.

Il arrive à pointer Alkaïd et Alioth, on fête cela avec une chopinette et on consulte une carte routière céleste. M51 est indiqué par une flèche (une fois de plus!): près d'Alkaid ( à l'Est) on trouve un triangle allongé, le côté à trois étoiles indique la direction à suivre, la longueur de ce côté indique la distance.

Il va au chercheur repérer le panneau routier et se familiariser avec les notions "points cardinaux" célestes.

Evidemment je contrôle soit au chercheur soit à l'oculaire pendant qu'avec ses sales pattes il manipule mon beau tuyau.

Si ça ne va pas je ferai le chemin au chercheur, lentement, et il suit le trajet à l'oculaire et le contraire.

Après suivront la vision décalée et tout ça...

Patte.

C'est plus une visite-émerveillement, c'est un stage, ça!

Ah ben oui, un mini-stage!

Une soirée d'initiation avec des ami(e)s doit être impregnée de l'âme du bourlingeur des étoiles: chercher, se tromper, re-chercher, faire une pause, re-re-chercher et enfin la récompense: on abandonne et se tape un p'tit remontant.

A la fin on trouve de toute façon...

Et c'est l'émerveillement!

Sinon les visites classiques au Dobson ça marche comme sur du teflon.

Tiens, rien que pour tes beaux yeux d'autruchon, je vais te faire un cartoon "les conseils (astro-drague) de Syncopatte" version Dobson.

Un de ces 4, quand le temps s'y prête.

Patte.

Je m'associe aux milles mercis exprimés ici.

Récent acquéreur d'un Dobson pour ma fille passionnée mais jeune, c'est le meilleur point d'entrée que je n'ai jamais vu pour sortir du planétaire....