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Sous le signe de l'eau !


Jcco

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Bonjour à tous,

 

Je crois bien que j'ai pas mal de chance en ce moment car j'enchaîne les sorties les unes après les autres ce qui d'habitude n'arrive pas souvent ! Mardi 19 septembre, après une semaine assez pourrie et même quelques orages dans la matinée, la couverture nuageuses se déchire subitement pour laisser place à un ciel bien propre, d'un bleu profond !

je n'en crois pas mes yeux ! ça ne pouvait pas tomber mieux : je ne bosse pas le mercredi !

 

Un petit tour sur Météoblue me confirme que l'éclaircie devrait tenir au moins jusqu'au lendemain soir donc, dès la rentrée du boulot, je monte immédiatement le DOB dans le champ juste devant la grange.

 

Le ciel est fantastique ! Les orages récents ont bien nettoyé l'atmosphère qui est d'une limpidité rare. Et, contrairement à toute attente, la turbulence est faible...très faible...je devrais me régaler !

 

Mais, comme tout ne peut être parfait, je note quand même tout de suite la très forte humidité : en fait, l'herbe est encore mouillée des dernières pluies lorsque j'installe le tube ( sur une bâche bien sûr ). Pour ceux qui ne connaissent pas le magnifique département de la Creuse, je précise : c'est toujours humide habituellement mais, lorsqu'il vient de pleuvoir dans les jours précédents, là c'est carrément dégoulinant !!!

 

Je hais l'humidité, c'est mon pire cauchemar : tout devient beaucoup plus pénible à gérer ! Faut faire gaffe en permanence aux oculaires et penser à remettre les bouchons, faut protéger les chercheurs au maximum, les marches de l'escabeau deviennent glissantes, les filtres se couvrent de buées en 5 minutes si on les laisse sur le passe-filtre, les pages de l'atlas se gondolent et se collent entre elles...surtout, le temps nous est compté !...quand la buée touche le secondaire c'est cuit !!

 

Et pour cette raison, la soirée fut bien courte malheureusement!

 

Ce n'est que vers 22H30 que je rejoins le tube qui prend le frais depuis déjà un bon moment : la jupe est ruisselante d'eau, j'ai intérêt à ne pas perdre trop de temps !

 

Je monte les 2 chercheurs pour un alignement rapide. D'habitude cela ne prend que quelques secondes : je pointe approximativement une étoile assez brillante avec le Quickfinder, je la retrouve habituellement dans le champ du chercheur optique et du 24mm puis je n'ai plus qu'à centrer tout ça. Ben là, je deviens fou !! Je m'y reprends à plusieurs fois...je n'arrive pas à retrouver mon étoile de référence dans mes optiques...je cherche autour...Nada! J'enrage...j'y passe plusieurs minutes : à la fin je pointe Véga qui est l'astre le plus brillant que je puisse trouver depuis ma position et que je ne peux pas rater...RIEN! C'est alors que je me rends compte que j'ai mal enfoncé le Quickfinder sur son support et qu'il vise à plus de 10° de ma cible...quel boulet ! :bang:

 

Bon, puisque le tube pointe maintenant sur la Lyre, ma première cible sera M57 : Classique parmi les classiques et pourtant ce n'est pas souvent que je la vise celle-là...peut être justement parce que j'ai l'impression de la connaître par coeur : c'est un tort! Avec de bonnes conditions elle est vraiment sublime.

 

Au 24mm déjà elle est bien jolie même si je n'y perçois aucune couleur et on reconnait bien le "rond de fumée", mais c'est en poussant le grossissement qu'on en prend plein les mirettes!

En ce moment, j'enchaîne les soirées avec des conditions de seeing exceptionnelles et une fois de plus j'ai le plaisir de pouvoir sortir la barlow de la valise!

A 500x, la vision est merveilleuse : l'anneau, épais et très brillant, est texturé avec des zones plus lumineuses que d'autres et il donne presque une impression de volume et il se prolonge par deux "anses" beaucoup plus diffuses. Les nébulosités au centre, plus sombres, sont filamenteuses. Je note plusieurs étoiles en surimpression mais surtout...Je commence à glimpser l'étoile centrale : elle apparaît puis disparaît, plusieurs fois par minutes, parfois pendant plusieurs secondes! Finalement je pousse à 900X avec le 5mm/Barlow et l'image reste encore belle et la centrale est là en permanence ! Ce n'est pas la première fois que je la vois, toujours à fort GR et avec une turbulence faible...et ça fait toujours quelque chose ! C'est mon premier "Whaou" de cette magnifique nuit !

 

Par contre, vu qu'on sort de l'été, j'ai pas encore bien repris mes habitudes anti humidité : absorbé dans cette belle vision j'ai laissé le 13mm sans capuchons sur le haut de l'escabeau...Pas Glop !! J'en suis quitte pour le rentrer au chaud et m'en priver une bonne 1/2 heure en attendant qu'il soit de nouveau utilisable!

 

Vu les bonnes conditions atmosphériques, autant que j'en profite avec des cibles bien choisies pour en tirer tout le potentiel : direction le Dragon pour tenter " L'Oeil de Chat ", NGC 6543.

Bien plus petite que la précédente, cette NP bien connue claque bien dans le 24 mm, avec cette fois une teinte verte notable et une centrale très brillante.  Pour la première fois ( mais j'avoue ne jamais l'avoir vraiment cherchée avant ) je note la présence d'une très faible nébulosité juste à côté qui doit correspondre à IC 4677. Je me concentre cependant sur 6543 et je monte rapidement dans les GR. Au début, la clarté de l'étoile centrale est un peu gênante pour bien percevoir la structure et je ne vois qu'une espèce de grosse "amande" gazeuse entouré d'un halo diffus un peu plus faible. Mais avec 500X de grossissement, la vision change : l'éclat de la centrale est un peu moins prégnant et de la structure commence à apparaître. On dirait comme deux coquilles d'escargot imbriquées l'une dans l'autre et tournant dans le sens opposé...difficile à décrire. Finalement, c'est avec 900x que le tout devient vraiment visible et assez impressionnant...la structure est complexe, c'est beau !! Ce n'est que la seconde fois que j'ai la chance de l'observer avec autant de détails...c'est mon second "Whaou" de la soirée !

 

Bon ben je viens déjà de passer 1h15 sur seulement deux objets et le chercheur optique est déjà mort ! Tout est dégoulinant d'eau : télescope, table, mallette, escabeau...d'ailleurs j'ai déjà failli me casser la binette !

 

Je me hâte donc vers ma prochaine cible, après avoir récupéré mon 13mm, qui sera une galaxies afin de profiter de la bonne transparence de l'atmosphère aujourd'hui. Je retourne donc faire un petit tour sur NGC 6946 : par rapport à ma dernière tentative, y a pas photo! Là où je n'avais qu'une vague tache grisâtre, il y a une dizaine de jours, se déploie sous mes yeux ébahis une magnifique spirale vue de face! Pas besoin de forcer, les bras sont là en vision directe, faibles mais assez évidents qui s'enroulent tout autour! J'en compte d'abord quatre puis un cinquième plus discret qui apparait en vision décalée ! Elle est grande et prend une bonne partie du champ du 13mm. Le noyau, pas très dense, est visible comme un léger renforcement lumineux. La vision décalée me permet de noter quelques renforcements lumineux dans les bras principaux...C'est le "Whaou" N°3 !

 

Tant qu'à faire, je vise une seconde galaxie : NGC 6503 dans le Dragon. Et je me rends compte que c'est la toute première fois que je m'y essaie avec le 450 ! Je suis obligé d'utiliser mon 28mm pour faire du cheminement d'étoile vu que le chercheur coudé a été mis KO par la buée...c'est moins pratique mais je m'en sors pas mal et la cible est facile à trouver : elle est quand même bien brillante pour une galaxie.

Elle est vue de côté mais pas exactement par la tranche et elle claque bien dans ce ciel bien noir même si elle est proche d'une étoile assez éclatante pour être un tantinet gênante.

Au premier abord, on voit surtout le coeur bien brillant de la galaxie mais on se rend assez vite compte qu'il est prolongé des deux côtés par un halo plus diffus. Elle n'est pas symétrique, un des bords étant plus épais et plus arrondi que l'autre, qui est plus effilé avec un halo qui continu bien plus loin et qui se termine lui aussi en pointe. On pourrait s'arrêter là mais il y a encore du détail à glaner en poussant un peu plus le GR : vers 200x, le coeur, qui semblait lisse, commence à montrer une structure granuleuse ! à 320x et 450x c'est évident : il y a des grumeaux, des renforcements lumineux...on dirait NGC253 en moins évident !!  J'adore ces galaxies qui se dévoilent petit à petit lorsque le ciel est bon...et voilà...quatrième "Whaou" d'affilé !

 

Après m'en être mis plein les yeux, je décide de retourner du côté de Céphée pour essayer de terminer le programme d'observation entamé la semaine précédente.

 

Je commence à bien galérer avec les cartes! J'ai découpé les pages de mon atlas que je garde sous pochettes plastique ce qui me permet de n'emporter sur le terrain que celles qui me sont utiles pour la soirée. Mais les pochettes sont maintenant recouvertes de buée et d'eau et je ne peux plus lire à travers ! Je suis obligé de sortir les pages qui se gorgent d'eau et se gondolent dès que je les poses quelques secondes sur une quelconque surface...et mes lunettes s'embuent toutes les deux minutes !!

 

J'arrive quand même, tant bien que mal, à pointer ma cible suivante, NGC 7354, une NP dans la constellation de Céphée.

Elle est petite mais pas stellaire car elle apparaît déjà comme un minuscule disque grisâtre dans le 24mm. En grossissant elle prend une forme légèrement étirée donc pas tout à fait circulaire. C'est une petite pastille toute grise entouré d'un très faible halo diffus avec 320X de grossissement. Je ne discerne pas l'étoile centrale, elle semble d'un éclat homogène sur toute la surface du petit disque. Je ne pousse pas plus loin...pas beaucoup de détails mais c'est une vision sympathique et je ne l'avais jamais observé.

 

Je glisse en redescendant de l'escabeau et me prend un gadin : heureusement sans mal pour le dob mais assez douloureux pour mon genoux !

 

Le Quickfinder est tout embué lui aussi mais au moins je peux l'essuyer avec mon chiffon à lunettes car la vitre sur laquelle se projette la mire n'est pas aussi fragile que la lentille du chercheur optique...mais je dois maintenant passer un coup de chiffon dessus toutes les 5 minutes !

 

J'ai laissé le 24mm sans surveillance et il est mort lui aussi ! Il me reste le 28mm pour le grand champ et la recherche mais ça me gonfle de devoir passer du coulant 2" au 1,25" régulièrement.

 

Je décide de tenter une seconde NP dans la même constellation, NGC 7139, mais, au passage, je fais un petit arrêt sur NGC 7129 pour comparer avec la vision de la semaine précédente : cela confirme la grande amélioration de la transparence entre les deux soirées ! Les nébulosités autour des étoiles de l'amas sont très facilement visibles alors que je ne les avais qu'à peine soupçonnées la dernière fois ! Bon, ça casse toujours pas des briques : l'amas est toujours aussi peu intéressant même avec ses 4 ou 5 étoiles nimbées d'un faible halo nébuleux !

 

Je passe donc à la NP qui ne se trouve pas bien loin, NGC 7139...Ben je la cherche encore !! Pas trouvée même après de longue minutes à arpenter la zone au 28mm ! J'abandonne car ça devient galère...Je retenterai une autre fois.

 

Je pars à la recherche de quelques amas que j'avais délaissés ou oubliés la semaine précédente comme NGC 7510 par exemple...mais je fais "chou blanc" !...quelque chose cloche !

Je passe rapidement sur M52 et je constate qu'il apparait bien fade et ne ressort pas bien...C'est une vision assez terne de ce pourtant très brillant amas !

 

Bon, pour en avoir le coeur net, je jette vite fait un coup d'oeil à Saturne : je vois bien la planète avec ses magnifiques anneaux mais là aussi c'est une vision atténuée et bien fade! D'ailleurs elle apparaît presque grise, sans nuances, comme si j'utilisais un filtre polarisant !

 

Allez ! J'éclaire avec mon briquet l'intérieur de la cage du secondaire et je constate, comme je m'y attendais, que le miroir est complètement recouvert de buée !! Fini le CP !

 

J'avoue que, un bref instant, j'ai caressé l'idée de tirer une rallonge depuis la grange et d'aller chercher le sèche-cheveux de Madame JCCO...mais je me suis vite ravisé en imaginant la tête de ma chère et tendre, réveillée en sursaut, me découvrant au milieu de la nuit en train de farfouiller dans le placard de la salle de bain attenante à notre chambre !!

 

Ce qui est marrant, c'est que les planètes sont tellement brillantes qu'on peut encore les observer avec un secondaire tout embué : j'arrive encore à choper des détails dans les bandes nuageuses de jupiter à 320x ! 

 

Bon, je range vite fait la valise, les cartes, la table et la chaise. Je laisse le 450 dehors...Il aura le temps de bien sécher au soleil avant que je le plie le lendemain Je suis super content de cette magnifique soirée même si la séance  a dû se terminer prématurément : pas beaucoup d'objets observés mais de sacrées belles images gravées sur la rétine avec ce ciel de compet !

 

C'était certainement ma dernière séance pour cette lunaison vue la météo annoncée pour les jours à venir. RDV d'ici quelques semaines, si les conditions sont bonnes, pour un prochain CROA d'automne.

 

Merci de m'avoir lu,

JC

 

 

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Il y a 22 heures, Jcco a dit :

la centrale est là en permanence ! Ce n'est pas la première fois que je la vois, toujours à fort GR et avec une turbulence faible...et ça fait toujours quelque chose !

Je n'ai jamais pu l'observer. Mais je tente et retente chaque fois que je passe par là !

Il y a 22 heures, Jcco a dit :

je note la présence d'une très faible nébulosité juste à côté qui doit correspondre à IC 4677. 

Je ne l'ai jamais aperçue non plus, il semble qu'elle soit éteinte par la proximité de l'oeil de chat juste à côté. Le ciel devait réellement être très bon, on oublie souvent que c'est lui, le juge de Paix ! L'instrument et l'observateur ne sont que 2 des 3 conditions nécessaires pour qu'observation il y ait (et encore, dans le fond, l'instrument n'est pas indispensable : seuls sont indispensables l'observateur et l'observé ;)).
En tout cas voilà un CROA qui, lui, ne tombe pas à... l'eau ! :) Merci pour ce récit !

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Oui, la nuit de mardi à mercredi était très transparente en Gironde aussi, ciel bien lavé après les pluies du week-end, le 500 a pu faire des merveilles sur le programme Astrosurf du bimestre et notamment sur Abell 326, l'amas de galaxies décrit par Yapo dans sa rubrique 'ciel extrême', tout semblait facile, évident, sans besoin de s'arracher les yeux en VI, rien à voir avec les nuits d'août! Ça ne m'étonne pas que 6946  et ses spires diaphanes soient bien ressorties dans ces conditions, et sous le ciel creusois ( que j'ai bien connu) , ça devait être un beau spectacle...

Par ailleurs, j'aime beaucoup ta description tellement juste des cieux creusois et de leur humidité légendaire ! C'est là-bas que j'ai eu, en plein été, pour la seule fois de ma vie, de la buée sur le primaire d'un tube plein, c'est dire! Dommage, car ce sont des contrées ou on gagne 'gratuitement' du diamètre en sortant juste dans son jardin ( même pas besoin de se déplacer dans la plupart des cas, tellement il y a peu d'éclairages ) par rapport aux cieux de plaines rurales plus standards des autres régions!

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  • 4 semaines plus tard...
Le 22/09/2023 à 11:33, Jcco a dit :

Mais, comme tout ne peut être parfait, je note quand même tout de suite la très forte humidité : en fait, l'herbe est encore mouillée des dernières pluies lorsque j'installe le tube ( sur une bâche bien sûr ). Pour ceux qui ne connaissent pas le magnifique département de la Creuse, je précise : c'est toujours humide habituellement mais, lorsqu'il vient de pleuvoir dans les jours précédents, là c'est carrément dégoulinant !!!

 

Ce n'est pas en déblatérant ces propos désobligeant que tu vas aider au repeuplement de ce département. :)

 

Le 22/09/2023 à 11:33, Jcco a dit :

Je hais l'humidité, c'est mon pire cauchemar : tout devient beaucoup plus pénible à gérer ! Faut faire gaffe en permanence aux oculaires et penser à remettre les bouchons, faut protéger les chercheurs au maximum, les marches de l'escabeau deviennent glissantes, les filtres se couvrent de buées en 5 minutes si on les laisse sur le passe-filtre, les pages de l'atlas se gondolent et se collent entre elles...surtout, le temps nous est compté !...quand la buée touche le secondaire c'est cuit !!

 

Ahlala, je me reconnais tellement dans ce paragraphe, que j'ai pleuré de rire en lisant ton CROA, un peu comme quand je repense aux galères que j'ai pu avoir dans mes divers voyages en routard. 

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