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Vesper

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Tout ce qui a été posté par Vesper

  1. C'est peut-être moi, mais j'ai l'impression que l'oculaire n'est pas complètement enfoncé dans le porte-oculaire. Est-ce le cas ? Sinon, même réflexion que plus haut : utilise de préférence l'oculaire qui porte le chiffre le plus grand. Enfin, quand tu dis que tu ne vois rien, tu veux dire que c'est flou ? Ou que c'est tout noir ? Edit : le 20.
  2. Sacré bazar ! C'est impressionnant !
  3. Vesper

    Porta 2 + lulu 100

    J'ai une porta II et une lunette de 100mm, ça passe très bien (mais il est vrai que la lunette en question, une vieille Borg 100, est très légère). Au passage et en ce qui concerne la monture, je lui avais trouvé 2 défauts : - les mollettes de mouvements lents, en plastique argenté, sont indignes : elles s'enfichent simplement sur les axes (il n'y a pas de vis pour les serrer...) et présentent d'emblée du jeu : je les ai remplacées très rapidement pas des flexibles courts, chinois et pas chers, avec bonheur ; - il n'y a pas de poignée : il faut empoigner l'instrument à la main pour le déplacer...; A force de chercher j'ai trouvé ceci, ce n'est pas donné mais ça change la vie avec cette petite monture : Chercher "Kokusai Kohki Guide Handle for Vixen Porta II/ES Twilight I Mounts" (je ne suis en aucun cas affilié au vendeur...). A part ça, cette monture est sympathique, le système à friction fonctionne bien, elle est légère (même si la qualité du Vixen chinois n'a plus grand-chose à voir avec le Vixen japonais...).
  4. Merci, oui : si tu as des soucis de bricolage, n'hésite pas à me demander... Plus sérieusement : content d'avoir pu aider !
  5. Bonjour, Avant d'écrire mes bêtises je vais faire un petit disclaimer : je ne suis non seulement PAS un expert, mais je ne suis même pas bricoleur. En fait, j'ai même les deux mains dans une seule moufle. Ce qui suit ci-après devra donc être considéré avec les plus extrêmes précautions . Comme dit : c'est c* d'être désormais contraint par le collage de cette seule planche. D'où la question de béotien, qui vient naturellement à l'esprit : n'est-il pas possible de la décoller ? Par exemple, en la chauffant au décapeur thermique ? (hem) Ou alors en la... sciant, avec une scie très fine qui pourrait couper dans la colle entre les planches ? Pardon si mon intervention est complètement stupide et à côté de la plaque (sans mauvais jeu de mots, hein ) ! Bon courage !
  6. Et les voyages sous des cieux autrement cléments...
  7. Oui complètement : avec 50mm on est déjà autour du kg (+ ou - 10%...), pour moi qui aime les jumelles légères c'est déjà trop, on se crispe, le grossissement amplifie les tremblotements... Avec 42mm on est largement en-dessous du kg, on ne perd que 8mm d'ouverture, le champ est énorme, le grossissement de 8x amplifie moins les tremblements, qui sont déjà limités par le poids moindre, bref : la légèreté, c'est le pied ! Pour moi en tout cas.
  8. ...Sous réserve de ne pas finir obligé de la porter en permanence...
  9. Splendissime ! Sublime ! Vraiment ! Mille bravos !
  10. Bonjour, J'ai eu exactement les mêmes soucis, comme beaucoup ici j'ai l'impression (pas étonnant : mêmes causes, mêmes effets ). Solution de contournement : j'ai renoncé aux jumelles de plus de 1kg, ce qui exclut de fait tout ce qui est au-dessus de 50mm. J'utilise des 8*42, petites, légères (700gr), grand champ (8° !). Evidemment il n'y a que 42mm d'ouverture, mais c'est une plume, c'est un régal.
  11. ...et pareil aussi. Pour préparer des itinéraires de randonnées cosmiques, il y a l'incontournable Sue French : Comme le sous-titre l'indique, ce sont surtout les "petits" diamètres qui sont concernés (autour de 4", soit 100mm), mais les autres seront ravis également par la qualité des itinéraires de déambulation proposés... Alors bon c'est écrit dans la langue de Shakespeare, mais l'anglais scolaire suffit (mon cas) et puis une fois là-haut ce sont surtout les cartes qui parlent, et puis il n'y a plus de langues... Sinon, j'utilise l'inévitable PSA (je trouve que la version "jumbo" apporte un petit plus) et enfin le Deep Sky Hunter, de Vlasov, mais là on entre dans le royaume des abysses, des grands-fonds, avec une foultitude de détails. Il a le bon goût d'exister en deux versions : noir sur blanc et blanc sur noir, et d'être gratuit, en plus ! https://www.deepskywatch.com/deep-sky-hunter-atlas.html
  12. ...Je peux m'engager à poster un encouragement par semaine (au moins) !
  13. Bonjour, Je ne serai d'aucune utilité , mais ici juste pour le suivi et les encouragements : bravo et courage !
  14. Oui tout à fait : "peu importe le flacon..." ! Merci pour ce CROA frais, humide et venteux !
  15. Salut, Qu'as-tu pensé de cette Giro Ercole ? ...Et merci pour ton CROA !
  16. Yes, mais ils ne dépendent pas d'applications pour fonctionner. Par ailleurs j'ai souvenir d'un excellent ETX-125 que j'ai possédé il y a longtemps : optique très bonne, monture qui s'autodétruisait. Les engrenages en plastique cassaient (le plastique devenant cassant avec le temps, il n'était même pas nécessaire de s'en servir pour qu'ils cassent : ils s'autodétruisaient) circuits électroniques qui s'oxydaient. Bref : j'ai dû jeter la monture, j'ai revendu la raquette et j'ai gardé le tube. Cela au moins, je pouvais le faire. Pas sûr qu'il soit possible d'extraire le tube de la gangue de plastique des produits actuels. Bon ce coup-ci : je sors.
  17. C'est exactement ce que je voulais dire, et ça résume parfaitement le sens de mon intervention. Après (et pour faire réponse - courte - aux réactions des uns et des autres) : c'est mon ressenti, subjectif. Je ne cherche pas à avoir raison, encore moins à polémiquer davantage. Notre seul ennemi (commun) ce sont... les nuages. Cieux étoilés à tous, donc, et ce quel que soit votre matériel (qui n'est que de la quincaillerie) !
  18. Bon... moi qui ne voulais pas rouvrir de polémiques... : Ces "smart telescopes" sont entièrement dépendants de leurs composants électroniques et logiciels. Qu'en restera-t-il dans disons, seulement 5 ans ? Les applications dont ils sont terriblement dépendants seront-elles encore compatibles avec les téléphones d'alors (ou ce qui en tiendra lieu ?). Quant à la pratique elle-même de ces smarts bidules, je suis plus que perplexe : sortir le gadget sur son balcon et rentrer continuer à regarder une série Netflix ? Aucun contact avec le ciel (et, par extension : aucune possibilité d'avoir simplement l'occasion d'apprendre le ciel). Regarder des objets sur un écran de téléphone ou de tablette ? A mon sens, autant aller chercher des images sur le net : les moteurs de recherche font ça parfaitement. On y trouvera même des images d'aussi basse qualité que celles délivrées par ces smarts bidules, si on veut faire réaliste (et ce sera gratuit). Non : l'obsolescence rapide (ils en sont déjà à la version combien, chez unistellar par exemple ? v2 ? La v3 doit être en préparation... On trouve régulièrement la v1 dans les petites annonces... ben oui, il faut avoir la dernière version. A 4k l'appareil neuf, et vu la décote en occasion (si jamais il y a acquéreur), ça fait chaud au portefeuille... A mon avis (que je continue à partager ), ces appareils sont coûteux, fragiles, et leur cycle d'obsolescence (voulu et non voulu) est rapide. Alors que deux miroirs et un peu de bois tiendront une vie (ou plusieurs même). Bon voilà : c'était mon avis sur les smart-bidules, rien à voir ici avec votre projet. ...Et pour quelqu'un qui ne voulait pas polémiquer, je me pose un peu là...
  19. Je m'étais volontairement limité plus haut à de sincères encouragements, pour ne pas rouvrir une polémique souvent stérile et aussi parce que je soutiens l'innovation, l'audace et la persévérance qu'il faut pour mener à bien un tel projet. ...Mais bon, puisqu'on en parle : Je ne peux pas être plus d'accord. Je ne voulais pas le mentionner (sur le mode : "ah, on va encore nous opposer le strock"...) mais si, je vais évoquer l'inévitable strock : - pour le 250 : 44 x 36 x 16 cm, 7 kg miroirs inclus. En avion, ça passe en cabine. Sur le terrain : 5mn de montage, 3mn de démontage. Et c'est un 250. Comme on a toujours tendance à rester sur le plus grand diamètre qu'on possède, je ne verrais pas l'intérêt de redescendre par exemple sur un 150, pour de l'observation visuelle en tout cas. Je suis navré, mais votre concept est tout à la fois plus lourd, plus encombrant, plus cher, et la "modularité" supposée, obtenue au prix de tous ces inconvénients, n'est pas utile à mon avis. Sauf peut-être à trouver un bénéfice dans un changement de formule optique, pour certains projets photographiques... peut-être. Mais si j'ai bien compris c'est un projet dans le projet... Bon désolé : je ne voulais pas me lancer là-dedans, et je ne voudrais pas que ce soit perçu comme une critique gratuite, c'est simplement mon opinion (et je la partage ). J'espère me tromper !
  20. Je ne le comprends pas (encore) non plus, mais cela ne m'empêche pas de vous souhaiter plein succès et "bon vent" (je suis un vieux fan de Pernoud) ! 🙂
  21. IV- Nuits publiques et jours indolents “Quand on regarde quelqu’un, on n’en voit que la moitié” Christian Vincent Je suis un peu ours et passerai à côté de quelques personnes et non des moindres. Tel astro-dessinateur réputé, tel autre ténor des forums… Ce n’est pas désintérêt, bien au contraire. Alors quoi, le syndrome de l’observateur solitaire ? Peut-être. Mais je ne bouderai pas les nuits publiques. J’en suis, et plus souvent qu’à mon tour. C’est peut-être ma position, un peu avancée sur la route, qui m’expose. Xavier lui, le rusé, est en retrait. D’ailleurs un peu plus tard, au cœur de la nuit, il m’avouera que parfois il part se cacher derrière un arbre. Moi seul tiendrai ferme la barre. Je suis aux avant-postes. Un couple se présente et j’entame un tour de découverte du ciel d’été. Je suis encore frais et dispo, et tout y passe, en partant du Sagittaire je remonte toutes les flaques de lumière, jusqu’aux dentelles, en passant par Saturne (“Oh !”). Il est vrai qu’elle claque bien, et d’ailleurs j’ai un souvenir mémorable d’une autre nuit : Saturne figée, un trou de turbulence, les anneaux parcourus de microsillons (Encke ? En tout cas je l’ai cru), le disque crémeux rayé de bandes en nuances de bruns. Un de ces moments, rares, où l’atmosphère veut bien s’effacer. Ce soir elle est très bien, même si la grâce est absente. Mais les gens sont heureux et d’ailleurs ils s’en vont, ce qui me permet de revenir à mes observations, voire de revenir à moi. Je file dans Andromède revoir l’inévitable M 31 qui est d’ailleurs obligatoire, quand je suis dans le coin. Pour une fois elle est bien contrastée, certes laiteuse à souhait comme toujours, mais alors contrastée, contrastée ! Et puis il y a comme des zones de densité différentes, on devine qu’elles sont structurées différemment. Ça n'est pas ce brouillard laiteux mais délavé habituel, c’est une pâte de lait plus dense, plus opaque, plus profonde, avec des zones crémeuses plus ou moins renforcées. Avec M32 et M110 dans le même champ au 30mm, c’est beau. Vraiment beau. Et cela me conforte intérieurement dans ma pratique de ré-observation systématique des classiques, quand je suis de passage dans le secteur. J’ai bien fait, très bien fait même : j’ai une demi-épiphanie sur cet objet, classique parmi les classiques, mais souvent dilué. Dans Pégase je fais mes hommages à M15, le globulaire vedette du coin. Son cœur est toujours spectaculaire par sa densité. A déguster avec un peu de puissance : aux 8 et 5mm. Puis je passe au véritable sujet de ma visite : NGC 7331, qui se révèle splendide. Je me l’étais notée comme étant à revoir sous un ciel de qualité et mes vœux sont exaucés : sa structure apparaît dès la vision directe, le bulbe saute aux yeux (ou plutôt : à l'œil). En vision décalée, des zones de densité variées émergent peu à peu, formant très certainement les bras. Une vraie crise de beauté à l’oculaire. J’y passe un long moment en essayant d’intégrer le maximum de photons anciens. Les vieux photons, voici mon péché mignon, me dis-je. Curieuse monomanie ! Quoi qu’il en soit c’est une très belle observation. Je lis rétrospectivement qu’on a longtemps pensé à NGC 7331 comme à une jumelle de notre voie lactée (BURNHAM Jr., Robert, “Burnham’s Celestial Handbook”, Dover publications Inc., 1978, vol. III, p. 1387) mais qu’entre-temps la nôtre s’est barrée, si j’ose dire, et que la comparaison n’est plus de mise. Mais peu importe, il y a des observations qui réconcilient et compensent toute la litanie des nuits banales, molles, et celle-ci en fait partie. Ah c’est bon, le pep’s ! Je m’apprête à me délecter visuellement du Quintette de Stephan quand trois touristes débarquent, comme surgis de nulle part. C’est le syndrome des soirées publiques : on y est interrompu à la brutale. Si on y ajoute le syndrome commun à toutes les star-partys, qui veut qu’on ait des autres que des murmures et des ombres chinoises, il y a de quoi sursauter à l’occasion. Je repars illico pour une mini-excursion “des-merveilles-du-ciel-d’été”. Mon sourire doit être un peu crispé, mais heureusement ça ne se voit pas (le coup des ombres chinoises. Pratique). Une heure plus tard et croyant toujours en ma chance, je me dis que ça y est, je vais pouvoir jouir du moment pour revoir le Quintette de Stephan. Je retourne dans Pégase. Cherche. Eh bien… eh bien il faut faire preuve de persévérance pour ne compter que 4 galaxies. Je n’arrive pas à séparer NGC 7318 A de 7318 B. Voilà qui contrarie l’observation et l’observateur par la même occasion. Bigre ! D’un moment à l’autre, le ciel reprend ses faveurs. Il eut fallu pouvoir profiter davantage de l’instant de grâce constaté tantôt ! Ah ces touristes ! D’ailleurs pas de NGC 7320 C non plus, mais bon là il ne faut pas pousser : je n’y comptais pas, la nuit est belle mais quand même. Je ne peux pas tout mettre sur le dos des passants (quoique…). Et puis je n’ai que 300mm sous la pédale, enfin sous l’oeil. Je vais me consoler sur NGC 7662, la boule de neige bleue, que je vois bleu-vert. Mieux sans aucun filtre, au naturel. L’étoile proche qui l’accompagne dans le champ est bien visible (mag. 13,2), mais malgré mes efforts je ne parviens pas à distinguer la centrale. Je ne suis d’ailleurs pas certain qu’elle soit à portée de 300. Mais l’enveloppe est belle, j’ai l’impression qu’elle s’assombrit vers le centre en arborant une teinte bleutée. La nuit continue et sur les avant-postes, toujours je suis. J’y reste. Et du coup, j’assume. Je débite du touriste sauvagement, deux ou trois personnes d’âge certain se présentent encore, allez on y va, je sens maintenant venir une vocation de montreur du ciel, voire de médiateur scientifique, hahaha rien ne m’arrête plus, je suis un véritable go-to humain, je… je suis fatigué. Vers 2h du mat’, je cale. J’ai dû montrer les dentelles une bonne dizaine de fois, et les autres vedettes du ciel d’été itou. J’ai soif. Faim. Une diversion s’impose. Je vais, moi aussi, jouer au touriste, il n’y a pas de raisons tiens, et file vers le bas du parking. Il y a là un 500 que j’avais repéré en journée, et surtout son propriétaire, détenteur d’un bidule qui intensifie la lumière, qui prend les photons et les multiplie, j’en prends deux et je t’en rends vingt, enfin un tour de passe-passe du genre. Le propriétaire en question m’accueille gentiment et me prévient aussitôt : chaque fois que j’émettrai un juron ou autre interjection du genre en regardant dans son binoculaire truc-muche intensificateur, il faudra que je verse 1 €. J’accepte en riant et il me tend l’appareil. Dans le noir complet je ne distingue pas grand-chose, c’est un objet qui arbore approximativement les formes et dimensions d’une petite paire de jumelles, disons des 8x40, et c’est léger. - “Alors bon, regarde d’abord autour de toi, hein, pour t’habituer… Je te demande uniquement de ne pas fixer longuement des sources de lumières intenses…”. Je me demande de quoi il veut parler : il n’y a aucune source de lumière intense, à part bien sûr les quelques inévitables loupiottes rouges qui… “- OH purée !! (en vrai j’ai dit un mot moins noble) ; -1 €. - Hein quoi ? -1 € : tu as dit : p**. - Ah oui. Mais… OH la vache !! -1 €.” Autour de moi, il fait subitement jour. Incroyable : on se croirait réellement en plein jour. Un jour un peu grisâtre, un peu granuleux. Mais jour. Je me rends compte que j’ai plus de personnes autour de moi que je ne le pensais. Ils ont l’air un peu hagards, comme s’ils regardaient dans le vide. C’est que pour eux, il fait nuit noire et leurs regards sont tournés vers… le néant. Du moins, c’est l’impression qu’ils donnent. Me revient l’expression bien connue : “au royaume des aveugles, les borgnes sont rois”. Sauf que je ne suis d’ailleurs pas borgne, mais bien binoculaire. C’est réellement spectaculaire : je pourrais me promener au milieu de cette petite assemblée tel l’homme invisible, héhéhé. De quoi se prendre pour superman, ou au moins pour un soldat d’élite pendant quelques minutes… - “- Et maintenant, regarde le ciel. La voix de l’heureux propriétaire me tire de mes rêveries de super-pouvoirs. - Oh p*** !!. - 1 € - Hein quoi ? Ah oui, les jurons tout ça… Nân mais arrête… Mais purée (“1 €”, dit l’écho) mais c’est complètement fou : sous mes yeux une voie lactée surréaliste se déploie, brillante et tourmentée. Tous les nuages obscurs sont visibles d’emblée, les Barnard, les que sais-je, et toutes les nébuleuses brillent comme des oasis de lumière, incroyable. C’est saisissant. Un peu gris, un peu granuleux, d’accord, mais saisissant. Oh purée… - 1 €. - Ah oui, m*** - Et 1€. - Mais screugneugneu, débranchez-le ! …Non !! Attends encore un peu… - Si tu veux, on peut le monter sur mon 500. - Ah mais oui ! J’étais d’abord venu pour ça, et sous le coup des ébahissements répétés j’avais oublié (!). Ni une ni deux, le schmilibilick est dans le porte oculaire, tel une bino ordinaire. J’y colle les yeux : - “Va sur NGC 7000”, me susurre la voix. Je pivote, tel une tourelle de DCA, sur North America. - “Oh purée !!” - 1€, fait l’écho. Que dire, tout y est et plus encore. La Floride, le golfe éponyme, la Californie, les extensions, des radicelles de fumées obscures qui irriguent tout ça, c’est Byzance, enfin non c’est l’Amérique ma parole ! Incroyable. Non mais c’est vraiment fou, tout en vision directe, et qui resplendoit, en plus, enfin qui luit, qui scintille, quoi. Ah oui ! Mince alors (“1 €”. Je commence à comprendre comment il rembourse le crédit du bidule) ! On file sur Pacman, qui apparaît là encore de façon surréelle : la silhouette typique de l’animal, oui mais pas que, tout scintille, il y a de la matière, l’image est photographique. Il ne manque que la musique du jeu. Tiens, ce serait une idée d’option ça… Non mais sérieusement : c’est spectaculaire. Tout tient en ce seul mot : spectaculaire. C’est sorcerie ! J’en reste baba un long moment, je dois avoir la bouche ouverte, heureusement que les autres ne voient rien. Puis je réalise que le mot spectaculaire, qui dit tout, comporte aussi sa part d’ombre : le spectacle est assuré, certes. Les images sont brillantes et sautent aux yeux. Mais quid du patient et lent décryptage qu’impose la vision naturelle (appelons-la comme ça) ? Quid de la patiente découverte et de la lente assimilation des détails ? De l’effeuillage, couche par couche, de la réalité ? Là au contraire, tout est donné d’emblée, sans pudeur. Le spectacle est assuré, certes, mais où est la lente séduction ? J’ai l’impression que la nature esthétique de l’univers ne se dévoile qu’aux observateurs, non aux indiscrets. J’ai presque l’impression d’avoir commis une effraction, ou à tout le moins une infraction. Je ne veux pas paraître ingrat : l’instrument donne à voir un spectacle, et je suis reconnaissant à son propriétaire de m’avoir permis d’essayer. C’est le festival des lumières ! C’est sûrement un complément intéressant à la découverte. Mais ça n’est pas la chose elle-même, c’est une représentation (amplifiée) de la chose. Elle ne remplace pas, à mes yeux, la lente intégration des détails qui, ici, sont noyés dans la lumière. Non, je lui préfère les photons anciens, les photons vieux, “originaux” si ce mot à un sens. Plutôt que la visualisation amplifiée, assistée (je ne veux pas ici rouvrir le débat), je préfère l’observation naturelle. Voilà, je crois que j’ai trouvé la terminologie adéquate : observation naturelle. Néanmoins je l’ai dit, c’est certainement intéressant comme outil de découverte, et c’est idéal dans les star-party ! Et le mode de refinancement du propriétaire est intéressant (et nécessaire, quand on connaît le coût de la chose : prévoyez cinq chiffres ) ! Je retourne dans mes pénates et sur mes observations (naturelles). Des touristes noctambules passent, et tout est à nouveau entrecoupé de coups d'œil sur les vedettes du ciel d’été. Dans un moment de tranquillité je repars vers Andromède, plus précisément sur le Triangle, M33, dont je distingue les spires. Une jolie observation de cette galaxie, mais le meilleur instant de la nuit ne se reproduit pas. Il y aura également encore, dans le Verseau, M 72, petit et faible, à fleur de montagne, puis M 73, amas ouvert carrément étique, remarquable de pauvreté, dont Burnham lui-même affirme : “Cet objet, qui n’est pas un véritable amas, n’est qu’un noeud de quatre petites étoiles” (trad. libre) et un peu plus loin, citant le fameux Amiral Smith : “Un trio d'étoiles de 10ème magnitude dans un champ pauvre - c'est M73. Je le donne par respect pour la mémoire de Messier" (in BURNHAM Jr., Robert, “Burnham’s Celestial Handbook”, vol. I, pp.189-190.). Une sorte de curiosité à l’envers, en somme. Des touristes passent, jettent des coups d'œil, repartent. Xavier me montre la supernova de M 101 dans son 500, qui semble avoir bien décru (la supernova, pas son 500). Elle reste néanmoins plus brillante que ce que j’ai pu en voir au 300 ces derniers temps. Une dame d’un âge certain m’accapare un moment, je repars sur les-merveilles-du-ciel-d’été. Du côté de Xavier, on n’entend plus que des crayons. Cette dame est du coin, on sympathise, on discute de l’époque, du retour de l’obscurantisme, on refait le monde. Une fois partie, Xavier, depuis l’arbre où il était caché, m’informe que j’ai dit deux ou trois bêtises. Du style : j’ai mis le trou noir de M 87 dans M 82. Oui bon, un détail, quoi. Moi je n’ai pas noté que le ciel avait basculé pour autant. Ce n’est pas la mort du petit cheval… Xavier pointe NGC 6503 dans le Dragon. Je distingue une bande d'absorption horizontale, et peut-être comme des bandes sombres verticales à certains endroits, à moins que ce ne soient des zones de moindre densité. J’en profite pour comparer avec le 300, où le fuseau reste évident, mais sans détails. En visite de courtoisie, je vais comme de juste rendre visite à NGC 6543. L'œil de chat apparaît ovalisé, structuré, complexe. Belle observation ! Je finis sur Kemble 2, petit astérisme en forme de Cassiopée. Il est mieux au 30mm, dans son environnement. C’est curieux et mignon comme tout, cette mini-cassiopée au fond de son champ étoilé. Ces deux nuits touristiques (oui : je regroupe ici plusieurs nuits) sont étranges, entrecoupées qu’elles sont de voix dans la nuit. Clairement, ça perturbe les listes d’observation, mais c’est sympa et gratifiant, il faut le dire aussi. Ça bruisse de mouvement, on est frôlé dans la nuit, c’est la salle des pas perdus. Il y a le syndrome des stars parties : on n’a des gens que leurs ombres et leurs voix, des voix fantomatiques dans la nuit, et peu voire aucune image mentale. Quelques ombres chinoises. La nuit protège (tiens, il y a quelque chose, là). C’est aussi un peu frustrant. Il y a les “oooohhh” et les “aaahhhh” ! Il y a les discussions à bâtons rompus jusqu’à plus d’heures du mat’. On refait le monde, on refait la nuit. J’en garde un très bon souvenir. Jours indolents “La nuit ne communique pas avec le jour, Elle y brûle” Matthias Enard Les journées sont un peu molles, indolentes quoi, mais c’est bien normal : on est zombifié par la fatigue. A la fatigue initiale de la route s’ajoutent les fatigues des nuits blanches qui se succèdent. On ne revient jamais tout à fait à soi. On évolue ainsi dans une version un peu terne de soi-même, mais la tête encore pleine des richesses de la nuit. Les plus courageux, dont je ne fais pas partie, peuvent se livrer à quelques activités : pour les familles, mini-golf, tir à l’arc, tyrolienne et, pour les plus téméraires, Deval’kart, une sorte de caisse à savon qui dévale la montagne. Pour les astrams, il y a une conférence dans l’après-midi. Etant arrivé après celles dont les thèmes auraient pu m’intéresser, j’ai préféré craquer pour la sieste. Pour tout le monde, il y a le soleil et le grand air, qui sont abondants. Et à propos de soleil, on trouve dans le campement quantité d’instruments dédiés. J’observe d’abord dans la Lunt de Xavier. Le disque orange est marqué de quelques taches et facules, et sur son bord ouest il y a une belle protubérance. C’est assez spectaculaire. Mais il y a plus loin une gigantesque lunette : une TEC 180, avec une bino. Ah c’est grandiose, et je parle tout à la fois de l’ensemble matériel (avec la longueur du tube, la bino, les rallonges et tout, on dirait une mini-grue !) et de l’image. En bino la sensation de relief est bien là, l’immersion est complète. On perçoit le soleil comme une sphère, quelques taches solaires sont distribuées dessus, c’est splendide ! Ça vaut surtout pour la sensation de relief. La plus belle vision viendra cependant d’un instrument d’apparence (un peu) plus modeste : une autre Lunt, mais “double-stack” cette fois-ci. Les deux étages de filtration permettent d’accéder simultanément à plusieurs couches du soleil. Et bien que monoculaire, la vision fut saisissante : le disque orange était parcouru de marbrures blanches, les facules, où évoluaient également des taches solaires. Il y avait une sensation de profondeur et même de relief, bien qu’on soit en mode cyclope je l’ai dit. Clou du spectacle, des protubérances ceinturaient le disque ! Elles étaient de tailles variées, petites pour la plupart, mais l’une d’elles formait une arche de matière qui devait être colossale. L’image était petite, mais fine et précise, on pouvait distinguer dans cette arche comme des filaments, des fibrilles, des arcs qu’on devinait magnétiques, enfin c’était splendide. Au retour Xavier me demanda si j'avais vu des baobabs, sur le coup je ne compris pas : il parlait en fait des protubérances qui, oui, apparaissaient à la surface du disque, non sur le pourtours, comme en relief ou en surimpression sur fond orange. C’était une splendeur. Il fallut cependant se remettre en route vers des cieux moins cléments, moins propices à l’observation, même si nettement plus confortables. Mais l’inconfort matériel participait à la libération de l’esprit. Oui : j’ai vu des forêts de baobabs. Et bien des flambées d’étoiles ! Le ciel là-bas en vaut la peine. Il faut y aller. Il faut y retourner 🙂. * Bibliographie : TRUSOCK, Tom, “Small wonders”, Cloudy Nights ; FRENCH, Sue, “Celestial sampler”, Sky & Telescope Media ; KEPPLE (George Robert), SANNER (Glenn W.), “The Night Sky Observer’s Guide”, Willmann-Bell, Inc., 2002 5e édition. BURNHAM Jr., Robert, “Burnham’s Celestial Handbook”, Dover publications Inc., 1978. Bande-son de l’épisode : Jimi Hendrix (“Little wing”...) ; Joe Satriani (“Why”...) ; Led Zeppelin ; Tangerine dream ; Agar Agar (“Je collectionne les synthétiseurs ; c’est cher, mais je n’achète plus de vêtements” Armand Bultheel. :-D) ; Daft punk ;
  22. Vesper

    Une nuit bien sympa

    Hello, Ahh oui en effet, c'est un atlas photographique ! Un véritable goto humain ! Moi qui aime la lenteur, je suis servi. Intéressant et instructif, merci !
  23. Vesper

    Dobson Taurus T400 Pro

    Salut, Non non, pas Astroshop : Taurus. Le patron répond toujours vite. Et qui ne tente rien n'a rien... Après, oui, tu peux aussi le garder : "on sait ce qu'on a, on ne sait pas ce qu'on aura" !
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